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LES QUATRE SAISONS
DU JARDINAGE
JARDIN
Le kiwi
ce fruit qui grimpe aux murs
Quasiment inconnue
il y a vingt ans, la souris
végétale, alias kiwi
ou actinidia,
est devenue un grand
classique de nos vergers.
Productif, vigoureux,
très peu sensible aux
maladies, c’est un des
fruitiers les plus accessibles
au jardinier débutant.
L’
actinidia, cette liane qui pousse à l’état spontané dans les forêts
du centre de la Chine, ne fait partie du cortège des plantes cultivées
que depuis moins d’un siècle. Une domestication qui ne lui a rien
fait perdre de son tempérament escaladeur, puisqu’elle s’obstine
toujours à s’accrocher aux arbres qui passent à sa portée. Je l’ai vue
au sommet de grands poiriers, à plus de dix mètres de hauteur, qui
cherchait encore à s’élever.
PAS AUSSI FRILEUSE QU’ON LE DIT.
Contrairement à une
opinion encore répandue, c’est une plante rustique, qui supporte
sans broncher des températures hivernales de - 20 °C. Les fortes
gelées de 1985 ont d’ailleurs fait plus de dégâts sur les plantations
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de kiwis du Roussillon, où le climat trop chaud du
début de l’hiver n’avait pas permis un arrêt végé-
tatif marqué, que dans le reste du pays.
Bien qu’ayant besoin de chaleur en été, l’actini-
dia a gardé de ses origines forestières une prédi-
lection pour les ambiances suffisamment
humides et peu ventées. Plantez-le en situation
abritée, de préférence à exposition est ou sud-
est. En dehors du Nord de la France ou de la mon-
tagne, ou une exposition chaude est nécessaire,
évitez le plein sud et le sud-ouest, beaucoup trop
ensoleillés.
Malgré une floraison plutôt tardive, il demeure
sensible au gel de printemps, qui peut en une
nuit détruire tout espoir de récolte. On peut s’en
protéger en couvrant la tonnelle où se trouvent
les kiwis d’un voile de forçage, juste au moment
de la floraison. La rapidité de croissance de la
plante ne permet pas de conserver cette couver-
ture plus longtemps.
Le sol dans lequel on le plante doit être profond
et frais, riche en humus. Attention à l’excès de
calcaire, qui provoque la chlorose (jaunissement
des feuilles, ralentissement de la croissance).
DE L’IMPORTANCE DE LA TAILLE.
Dans les
vergers de production, on compte en moyenne
un plant mâle pour six plants femelles. Inutile de
vous encombrer d’un tel harem en culture d’ama-
teur. Un sujet femelle, flanqué de son indispen-
sable compagnon, suffira largement aux besoins
d’une famille. L’actinidia fait preuve d’une
vigueur qu’on mesure mal à la vue du jeune plant
gringalet, lové autour de son petit tuteur de
bambou. Il faut pour le porter, ou plus exacte-
ment pour porter le couple, une grande pergola
de cinq à six mètres de longueur, sur trois de lar-
geur, soutenue par de solides poteaux de bois,
d’au moins deux mètres cinquante en hauteur
pour ne pas ressentir une impression d’écrase-
ment. Dans ces conditions, l’ombrage d’une ton-
nelle de kiwi, avec ses larges feuilles vert sombre
sous laquelle pendent des ribambelles de petits
fruits bruns, est des plus agréables.
L’actinidia pousse à toute allure et, arrivé à l’âge
de dix ans, demande à être fermement tenu.
La taille est indispensable, non pas pour la mise à
fruit, qui se produit naturellement au bout de
quatre à cinq ans, mais pour contenir la végétation
exubérante.
JARDIN
A. BOSSE-PLATIÈRE
Les variétés
w‘Abbot’ : petits fruits très
parfumés, maturité fin octobre.
w‘Bruno’ : fruits allongés ;
très productive, c’est la variété
la plus précoce.
w‘Hayward’ : la variété la plus
cultivée. Très gros fruits,
maturité début novembre.
w‘Monty’ : fruits de bon calibre,
parfumés, maturité début
novembre.
w‘Jenny’ : une variété qui
mériterait d’être plus diffusée,
car elle est autofertile.
Un seul plant suffit donc
à assurer la production.
Étonnant kiw
Cette espèce voisine du kiwi,
Actinidia arguta, produit de
petits fruits à peau lisse,
qui rappellent par la taille
et par la saveur les groseilles
à maquereau. Les fruits
mûrissent en août-septembre
et ne se conservent pas
longtemps.
Leur mode de culture est
semblable à celui des kiwis,
y compris pour ce qui est
de la pollinisation.
Les gestes
à ne pas manquer
wPlantation : apporter 3 à
4 pelletées de compost mûr
dans le trou au moment
d’installer le plant.
wPrévoir un tuteurage
solide, sur pergola.
wTaille : en été, raccourcir les
rameaux fruitiers ; en hiver,
éclaircir en supprimant les
rameaux les plus âgés.
wSoins : en été, pailler,
arroser régulièrement ;
en hiver, apporter 4 à
5 pelletées de compost
au pied.
Le kiwi
C’est une plante dioïque,
dans laquelle fleurs mâles
et fleurs femelles sont
portées par des pieds séparés.
Chacun des sexes arbore en
avril de grosses fleurs blanc
crème qui rappellent les
anémones, et qu’il n’est pas
facile de différencier.
Toutes les deux ont
des étamines, mais celles
des fleurs femelles sont
stériles. Les fleurs mâles n’ont
qu’un pistil atrophié très
peu marqué, au centre
de la corolle.
Multipliez-le
simplement
Les sujets du commerce
sont généralement greffés
en écusson, sur des plants
de semis.
En culture d’amateur,
on préfère le marcottage
qui ne demande aucune
connaissance particulière.
Couchez en terre vers
la fin juin une longue
pousse de l’année,
et enterrez-la sur une
vingtaine de centimètres.
Séparez du pied-mère
au printemps, et repiquez
en place ou dans un
conteneur.
A. P.
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En été, raccourcissez les rameaux fructifères, à
quatre ou cinq feuilles au-delà du dernier fruit, et
n’hésitez pas à supprimer complètement près de
la moitié des nouvelles pousses, entre fin juin et
début juillet. La taille d’hiver en sera grandement
simplifiée.
Éclaircissez l’enchevêtrement de la couronne en
hiver, en supprimant les rameaux les plus âgés au
ras de leur empattement. C’est un travail assez
délicat, car il faut souvent détortiller la branche
pour l’extraire du fouillis des ramifications.
Surtout ne vous amusez pas à raccourcir toutes les
pousses à trois ou quatre yeux, comme il est dit
parfois. Vous seriez vite en face d’une masse inex-
tricable.
UNE PLANTE JAMAIS MALADE.
De l’eau et
de l’humus, voilà les besoins de l’actinidia.
Chaque hiver apportez quatre ou cinq pelletées
de compost au pied de l’arbre, et incorporez-les
par griffage sur un rayon de deux à trois mètres
autour du tronc. Couvrez en été avec de la paille
ou du broyat végétal, ou des paillettes de lin. Et
surtout ne négligez pas les arrosages en été,
quand le temps devient chaud.
Difficile de faire plus naturellement bio que l’ac-
tinidia. Avec lui l’objectif zéro traitement est des
plus facile à atteindre. Ni les pucerons, ni les che-
nilles, ni les limaces ne trouvent à leur goût ses
pousses hérissées de poils raides, ses feuilles
coriaces et rêches. Seule la cochenille du mûrier
s’en accommode, fort heureusement une petite
guêpe prédatrice, Prospaltella berlosa, intervient
naturellement pour limiter les pullulations.
Le pseudomonas siringea, provoqué par une bac-
térie, (taches rondes sur les feuilles et dessèche-
ment des fleurs) n’apparaît que dans les sols mal
drainés : il faut de l’eau au kiwi, mais pas d’humi-
dité stagnante en hiver.
LE TEMPS DE LA RÉCOLTE.
Un sujet adulte
produit plus de cinquante kilos de fruits, que l’on
cueille d’octobre à novembre quand ils commen-
cent à devenir moins durs. Dans les régions
froides les feuilles peuvent être déjà tombées au
moment de la récolte, c’est sans incidence sur la
qualité des fruits. En revanche il faut impérative-
ment les cueillir avant les gelées. Les kiwis conti-
nuent d’évoluer plusieurs semaines après récolte,
avant d’atteindre leur pleine maturité. Ils se
conservent environ trois mois dans un local frais,
à condition de ne pas être mis en présence de
pommes. Le gaz éthylène, dégagé par les
pommes en train de mûrir, accélère la maturation
des kiwis et réduit leur durée de conservation.
Les kiwis font partie des fruits les plus riches en
vitamine C, ils sont délicieux crus, simplement
épluchés, dans les salades de fruits, les sorbets, ou
les tartes. Ma recette fétiche ? Peler quatre kiwis,
mettre dans un grand verre avec de l’eau et un
peu de jus de pomme, et passer au mixer. Pour le
petit déjeuner, ça vaut largement tous les jus
d’orange du commerce.
Alain Pontoppidan
Technicien arboricole, Alain Pontoppidan est spécialisé dans
la vulgarisation et la formation. Il est l’auteur de deux livres
sur la taille aux éditions terre vivante.
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