Compte rendu du Colloque organisé par l’Office International de la Viande sur les besoins en protéines pour vivre au meilleur de sa forme à toutes les étapes de sa vie 16 septembre 2013. Grenade, Espagne « Alors que la population mondiale augmente rapidement tout en devant faire face aux contraintes imposées par la limitation des terres, des ressources alimentaires et de l’eau, il est plus important que jamais de pouvoir déterminer avec précision le volume et la qualité des protéines nécessaires pour répondre aux besoins nutritionnels de l’homme et de décrire au mieux les protéines apportées. » (Evaluation de la qualité des protéines alimentaires en nutrition humaine : rapport d’une consultation d’experts de la FAO, 2013) Au vu du rôle fondamental des protéines dans les besoins alimentaires actuels et futurs d’une population mondiale croissante et des nouvelles données scientifiques pointant du doigt les éventuelles insuffisances des recommandations existantes en matière de protéines, l’Office International de la Viande (OIV) a accueilli un colloque sur les besoins en protéines pour jouir d’un niveau de santé optimal à toutes les étapes de la vie, à l’occasion du Congrès international de nutrition placé sous l’égide de l’Union Internationale des Sciences de la Nutrition (IUNS) à Grenade, Espagne, en septembre 2013. L’ordre du jour prévoyait la présence de quatre scientifiques renommés spécialisés dans les protéines, lesquels ont apporté des informations fiables sur les qualités nutritionnelles de la viande et son rôle dans un régime sain et durable. La séance était coordonnée par la présidente du Comité sur l’alimentation et la santé humaine de l’Office International de la Viande. Résumé du colloque D’éminents scientifiques, experts en protéines, ont démontré, preuves à l’appui, les effets bénéfiques d’une consommation accrue de protéines de haute qualité à toutes les étapes de la vie. Le Comité sur l’alimentation et la santé humaine de l’Office International de la Viande a accueilli cet événement d’importance mondiale lors du Congrès international de nutrition placé sous l’égide de l’Union Internationale des Sciences de la Nutrition, qui s’est tenu à Grenade, en Espagne, le 16 septembre 2013. Deux intervenants, les professeurs Paul Moughan et Rajavel Elango, ont expliqué pourquoi le mode de calcul des Apports Nutritionnels Recommandés (ANR) à toutes les étapes de la vie ne tient peut-être pas compte de tous les facteurs pertinents et ont proposé de nouvelles solutions pour définir des ANR plus précis. Les professeurs Nancy Rodriguez et Caryl Nowson ont évoqué la nécessité de tenir compte des résultats fonctionnels lors de l’évaluation des besoins en protéines tout au long du cycle de vie. Le professeur Moughan s’est appuyé sur la consultation d’experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour examiner les recommandations portant sur la caractérisation de la qualité des protéines alimentaires chez l’homme. L’une des principales conclusions de la consultation d’experts concernait la nécessité d’évaluer chaque acide aminé alimentaire indispensable individuel comme un nutriment à part entière, dans la mesure où un important corpus de recherche indique que les différents acides aminés jouent des rôles physiologiques et régulateurs distincts. Afin d’illustrer plus précisément la digestion des protéines chez l’homme, il est recommandé d’évaluer la véritable digestibilité iléale des acides aminés pour chaque acide aminé alimentaire indispensable, plutôt que la valeur de digestibilité fécale des protéines brutes. D’autres recherches sont indispensables pour pouvoir complètement mettre en œuvre l’indice DIAAS (Digestible indispensable amino acid score – Score des acides aminés indispensables digestibles). Le professeur Elango a également abordé un nouveau mode de calcul des besoins en protéines pour les adultes et les enfants. Le calcul des ANR à partir d’études du bilan azoté (N) présente plusieurs inconvénients. La méthode de l’indicateur de l’oxydation des acides aminés (IAAO) est apparue comme une solution viable permettant de déterminer les besoins en acides aminés essentiels chez l’adulte. Cette méthode s’appuie sur le concept selon lequel tous les acides aminés dans le corps sont en surnombre et sont par conséquent oxydés dès lors qu’un acide aminé essentiel ne suffit pas à la synthèse des protéines. Le professeur Elango explique comment déterminer les besoins en protéines chez l’adulte et chez les enfants grâce à la technique IAAO. Les données découlant de l’utilisation du mode de calcul IAAO laissent à penser que les ANR chez l’adulte et l’enfant sont vraisemblablement sous-estimés d’au moins 50 pour cent. Le professeur Rodriguez s’est intéressé à l’importance d’une consommation de protéines appropriée conjuguée à un mode de vie actif, favorisant ainsi un vieillissement en bonne santé, la bonne solidité des os et la prévention de la sarcopénie. De récentes études montrent que la consommation d’environ 25 à 30 grammes de protéines de qualité supérieure stimule au maximum la synthèse des protéines musculaires tant chez les personnes âgées que chez les jeunes. Des recherches approfondies suggèrent qu’une consommation de protéines de 25 à 30 grammes trois fois par jour pourrait permettre aux personnes âgées d’entretenir leur masse musculaire. Ceci se traduit par un apport quotidien de 1,1 à 1,5 gramme de protéines/kg/jour. Une augmentation de la consommation de protéines s’est également avérée bénéfique pour la santé osseuse en renforçant l’absorption du calcium, annihilant ainsi toute preuve antérieure du contraire. En outre, les protéines de grande qualité constituent une source riche en de nombreux micronutriments essentiels, qui contribuent à l’état nutritionnel des personnes âgées. Le professeur Nowson a orienté sa présentation sur les besoins en protéines des personnes âgées. Une étude antérieure montre que des personnes âgées ayant respecté les ANR aux Etats-Unis pendant dix jours présentaient un bilan azoté négatif. Il apparaît que le corps perdra si nécessaire de la masse musculaire maigre pour maintenir le bilan azoté. De plus, les personnes âgées ont tendance à avoir une vitesse de synthèse des protéines et de fragmentation des protéines dans tout l’organisme plus faible en réaction à un stimulus anabolisant. On constate, d’après des essais cliniques aléatoires, qu’un régime incluant au moins 1,3 g de protéines/kg/jour, associé à des exercices de résistance progressive deux fois par semaine, a sans aucun doute des effets positifs sur les personnes âgées, en ce qu’ils augmentent la masse musculaire maigre et renforcent la force des jambes. C’est pour cette raison que des stratégies fondées sur l’alimentation et les repas, plutôt que sur des boissons complémentaires, sont susceptibles d’être plus durables et devraient constituer le point de départ pour optimiser la consommation de protéines chez les personnes âgées. Les experts estiment que des apports de protéines plus élevés, de l’ordre de 1,1 à 1,5 g/kg/jour, devraient permettre une meilleure conservation des muscles et des os tout en améliorant la qualité de vie. Les enfants, pour leur croissance, ont des besoins en protéines encore plus élevés ; à titre d’exemple, les enfants en âge d’être scolarisés (entre 6 et 10 ans) devraient consommer au moins 1,55 g de protéines/kg/jour. Les chercheurs recommandent qu’au moins deux repas par jour (trois dans l’idéal) contiennent de 25 à 30 grammes de protéines de qualité, issues d’aliments naturellement riches en nutriments pour jouir d’une santé optimale. Pour clore le colloque, Mary Ann Binnie, la présidente du Comité sur l’alimentation et la santé humaine de l’Office International de la Viande, a rappelé que le fait d’augmenter la consommation de protéines alimentaires tout au long de la de vie pouvait être bénéfique. Elle a soutenu la nouvelle méthodologie proposée par la FAO visant à déterminer la qualité des protéines, ce qui va permettre une caractérisation plus précise de la véritable qualité des protéines. Mme Binnie a remercié les intervenants au nom de l’Office International de la Viande pour avoir partagé leurs dernières recherches, lesquelles symbolisent un formidable pas en avant pour comprendre quels aliments pourraient répondre au mieux aux besoins en protéines et permettre ainsi de vivre au mieux de sa forme à toutes les étapes de sa vie.