que la disparition d’un symptôme donné [12, 13]. Les
échelles de qualité de vie permettent cependant
d’approcher de façon globale l’effet d’une intervention
[14], mais de façon déconnectée de l’évaluation des
symptômes. L’ensemble de ces insuffisances ont fait
conclure, lors d’une récente réunion d’experts, à la
nécessité de développer un programme de recherche
afin de disposer d’outils d’évaluation de l’ensemble
des symptômes présents chez un malade atteint de
RGO [15]. Cette nécessité est aussi d’ordre adminis-
tratif et économique, les autorités européennes, émet-
tant face à des pathologies répandues et coûteuses de
plus en plus de recommmandations (guidelines), afin
de définir de façon plus rigoureuse les paramètres de
jugement des traitements et partant de leur utilisation
future en pratique clinique [16].
Les caractéristiques générales d’une échelle idéale
pour le suivi des symptômes des patients ayant un RGO
sont résumées dans le tableau 1 [17]. Ces caractéristi-
ques permettent de définir un cadre robuste pour la
constitution d’une telle échelle.
L’échelle doit permettre le suivi des symptômes des
patients, aussi bien ceux ayant des lésions endoscopi-
ques (conditions diagnostiques de certitude) que ceux
sans lésions endoscopiques. Dans une échelle de suivi,
le diagnostic est considéré établi ; ainsi dans le couple
sensibilité–spécificité, l’objectif à privilégier est alors la
sensibilité pour détecter les changements de symptô-
mes. La recherche d’une sensibilité élevée, associée au
caractère intermittent de la symptomatologie du RGO,
impose une fréquence d’échantillonnage élevée,
même si en pratique il est difficile d’envisager des
évaluations pluriquotidiennes.
L’intérêt de l’auto-administration du questionnaire est,
d’une part, d’assurer cet échantillonnage plus fin des
mesures et aussi d’assurer une mesure par le patient
lui-même. Ainsi, même si cette donnée n’est pas ferme-
ment établie dans le RGO, il a été montré que dans
plusieurs pathologies (insuffisance veineuse chronique
et intestin irritable), l’intensité de la symptomatologie
était plus sous-estimée lorsqu’elle était évaluée par le
médecin généraliste que si elle l’était par le patient
[18].
Les performances psychométriques d’une échelle de
suivi doivent être élevées, et notamment la fiabilité de
l’échelle qui traduira sa stabilité ou sa reproductibilité
même en condition de mesures répétées. La validité de
l’échelle traduit le degré avec lequel l’échelle mesure
ce qu’elle doit mesurer. Elle s’évalue par les corréla-
tions entre les scores mesurés et d’autres paramètres
évaluables, comme par exemple la pression de repos
du SIO, l’exposition acide de l’œsophage, des scores
de qualité de vie. La réactivité traduit l’aptitude de
l’échelle à détecter des changements modestes de la
symptomatologie, et ce dans les délais les plus courts
possibles (ce qui dépend à nouveau de la fréquence
d’échantillonnage).
Le développement d’une échelle de suivi des symptô-
mes chez les malades ayant un RGO est donc un travail
particulièrement lourd, et jusqu’à maintenant aucune
des échelles proposées ne permettait de satisfaire
l’ensemble des caractéristiques identifiées dans le
tableau 1.
La mise au point selon une approche originale (CTT) de
l’échelle ReQuest
™
semble remplir la plupart de ces
caractéristiques. L’échelle ReQuest
™
a été développée
en mettant dans un modèle mathématique tous les
symptômes qui peuvent être présents chez les malades
ayant un RGO. Les données concernant cette nouvelle
échelle ont été revues et détaillées par des membres du
consortium CRITERE, et font l’objet de l’article publié
dans ce numéro par Philippe Ducrotté et Frank Zerbib.
Nous espérons qu’elle fournira ainsi l’accès à ce nou-
vel outil et son utilisation pour les futures études consa-
crées au RGO, notamment dans sa forme non érosive.
Références
1
. Bruley des Varannes S, Galmiche JP, Bernades P, Bader JP. Douleurs
épigastriques et régurgitations : épidémiologie descriptive dans un
échantillon représentatif de la population française adulte. Gastroenterol
Clin Biol 1988 ; 12 : 721-8.
2
. Bruley des Varannes S, Marek L, Humeau B, Lecasble M, Colin R.
Gastroesophageal reflux disease in primary care. Prevalence, epidemio-
logy and quality of life of patients. Gastroenterol Clin Biol 2006 ; 30 :
364-70.
3
. Bretagne JF, Richard-Molard B, Honnorat C, Caeckaert A,
Barthélemy P. Le reflux gastro-œsophagien dans la population générale
française. Résultats d’une enquête sur 8000 sujets adultes. Presse Med
2006 ; 35 : 23-31.
4
. Galmiche JP. Bruley des Varannes S. Symptoms and disease severity in
gastro-oesophageal reflux disease. Scand J Gastroenterol 1994 ; 201 :
62-8.
Tableau 1.Caractéristiques d’une échelle idéale pour le suivi
des symptômes des patients ayant un RGO.
•Sensibilité
•Prise en compte de la fréquence et de l’intensité des symptômes
typiques et atypiques
•Caractère multidimensionnel (prise en compte de toutes les
dimensions symptomatiques des patients)
•Robustesse pour les paramètres psychométriques (fiabilité,
validité, réactivité)
•Sensibilité au changement sur de brèves périodes (réactivité
temporelle)
•Auto-administration possible
•Utilisation de termes imagés compréhensibles par tous
•Facilité d’utilisation
•Faible coût
•Possibilité d’usage quotidien (pour évaluation pendant et après
un traitement)
•Validation dans différentes langues pour une utilisation
internationale
Éditorial
Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007
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