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Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2013
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dossier thématique
Virus et cancers
d’une bicouche lipidique associée à 3 glycoprotéines
d’enveloppe, dont l’antigène (Ag) HBs, ainsi que d’un
capside constituée de 240 copies d’une protéine unique
appelée “core”. Le génome est composé d’ADN circu-
laire (3 200 nucléotides environ) double brin. Dans le
sang, il existe 3 types de particules : les particules de
Dane (particules virales complètes et infectieuses) et des
sphères et tubules composés uniquement de l’Ag HBs.
Il existe 4 cadres ouverts de lecture (P, C, S et X), qui
codent pour des protéines virales différentes :
✓
les 3 protéines d’enveloppe HBs de 24 kDa, M de
34 kDa et L de 39 kDa (S) ;
✓la protéine de capside p22c de 22 kDa et une pro-
téine non structurale, HBe, de 17 kDa (C) ;
✓
l’ADN polymérase de 82 kDa (P), qui possède une
activité de transcriptase inverse et RNAseH ;
✓
une protéine transactivatrice oncogénique (X), aux
fonctions longuement débattues (11).
Histoire naturelle du VHB
Évolution de l’infection
Dans 95 % des cas, les infections primaires chez les
adultes sont éliminées. Dans les autres cas, on observe
tout d’abord une phase d’immunotolérance caractérisée
par la présence de l’Ag HBs, de l’Ag HBe et de l’ADN
viral dans le sang. Cette phase représente la période
d’incubation consécutive à une infection aiguë qui
dure de 2 à 4 semaines (les porteurs dits “immuno-
tolérants” sont en général infectés congénitalement,
très virémiques, et n’évoluent que très lentement dans
la maladie). Une phase immunoactive lui succède, avec
une décroissance de l’ADN viral et une augmentation
de la concentration en ALAT représentant ainsi la lyse
des hépatocytes infectés grâce au système immunitaire.
L’Ag HBe peut disparaître du sang spontanément à un
moment donné et, quelques semaines plus tard, des
anticorps anti-HBe apparaissent. Cette séroconversion
HBe reflète l’évolution de la maladie vers l’état de “por-
teur inactif” avirémique (ADN viral qui diminue très
fortement lors de cette période) et vers la guérison
dans seulement 4 à 12 % des cas par an. Toutefois, une
réactivation virale avec une augmentation spontanée
de la quantité d’ADN viral et des ALAT peut apparaître.
Ces épisodes peuvent être multiples et entraînent à
chaque fois des dommages importants favorisant la
fibrose. Certaines personnes éliminent l’Ag HBs spon-
tanément et développent des anticorps anti-HBs, ce qui
caractérise une guérison. Ce phénomène a lieu chez 1 à
2 % des individus par an dans les pays occidentaux. Le
CHC se développe préférentiellement chez les patients
en phase immunoactive au stade de cirrhose, mais peut
aussi survenir chez des immunotolérants et chez des
porteurs inactifs. La cirrhose se développe chez environ
20 % des malades chroniquement infectés (12).
Carcinogenèse
Le VHB présente la particularité de pouvoir s’intégrer
directement dans le génome de l’hôte de façon aléa-
toire, ce qui se traduit par une instabilité du génome
et de probables délétions et transpositions. Cette ins-
tabilité génétique est également favorisée par l’action
de différentes protéines virales, protéine X et protéines
de surface qui vont entraîner une activation de gènes
cellulaires impliqués dans le cycle cellulaire mais aussi
du stress oxydatif et une prolifération cellulaire (méca-
nismes détaillés dans la figure 1) [13].
Le VHB entraîne également une inflammation et une
régénération hépatocytaire liée à la réaction du sys-
tème immunitaire de l’hôte, événement associé à de
nombreux cancers. On observe, en parallèle de cette
réaction immunitaire, l’apparition d’hépatocytes par
expansion clonale résistant à l’infection par le VHB (ils
ne présentent pas d’antigènes viraux). Cette population
d’hépatocytes mutants favorise le risque de développer
un CHC (14).
Tableau. Les différents traitements du CHC.
Stade du CHC Caractéristiques Traitements recommandés
Précoce - Difficiles à déceler
– Maladie asymptomatique,
lésion < 2 cm de diamètre, sans
métastase vasculaire ou distale
– Injection percutanée d’éthanol (taux
de survie de 41 % sur 5ans)
– Résection chirurgicale (taux
de survie de 50 % sur 5 ans)
– Transplantation (taux de survie
de75 % sur 5 ans). Critères d’éligibilité :
le score de MELD (Model for End-Stage
Liver Disease) ainsi que les critères
deMilan
– Ablation par radiofréquence (RFA).
Letaux de rechute sur 5 ans est de 70 %.
Intermédiaire – Cirrhose compensée
asymptomatique
– Pas d’invasion vasculaire, mais
de larges lésions multifocales
– Chimio-embolisation transartérielle
(TACE) [taux de survie sur 2ans de 20
à25 %] : embolisation par billes coatées
à la doxorubicine ou à l’épirubicine (8)
– Radio-embolisation transartérielle
(TARE) : technique qui fait intervenir
des billes sur lesquelles sont fixés des
composés émettant un rayonnement
radio
Avancé – Symptomatique
– Invasion vasculaire
– Chimiothérapie antiangiogénique
parvoie orale : le sorafénib
Terminal – Patient en insuffisance
hépatique
– Vascularisation importante
dela tumeur
– Métastases
– Aucun des traitements cités ici
dufait du faible taux de survie sur 1 an
(moins de 10 %).