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La Lettre du Pneumologue - Vol. II - n° 5 - octobre 1999
absorbées lors de leur passage pulmonaire. La distinction entre
shunt intracardiaque et shunt intrapulmonaire est basée sur leur
délai d’apparition dans les cavités cardiaques gauches. Dans
les shunts intracardiaques, les microbulles apparaissent un à
trois battements après leur passage dans les cavités droites ; un
délai de quatre à six systoles suggère l’existence d’un shunt
intrapulmonaire. L’utilisation de la voie transœsophagienne
sensibilise la technique et précise la provenance des micro-
bulles (habituellement veines lobaires inférieures). Une écho-
cardiographie de contraste normale exclut quasiment le dia-
gnostic de SHP (2).
Le développement de l’échocardiographie a réduit les indica-
tions de l’angiographie pulmonaire, méthode invasive qui indi-
vidualise des lésions de type 1 et/ou exceptionnellement de
type 2 (2), qui peuvent aussi être mises en évidence par
l’angioscanner.
TRAITEMENT
La valeur de la PaO2, en air ambiant et sous 100 % d’O2, guide
les choix thérapeutiques (4) (tableau I). L’oxygénothérapie a
une efficacité variable selon l’importance des lésions vascu-
laires. La persistance d’une hypoxémie sévère sous O2traduit
habituellement un shunt important. Les données physiopatho-
logiques, encore incomplètes, ne permettent pas actuellement
de proposer un traitement pharmacologique efficace.
L’objectif est une correction de l’hypoxémie par la restaura-
tion d’un tonus vasculaire pulmonaire normal avec l’utilisation
d’antagonistes de vasodilatateurs, de vasoconstricteurs pulmo-
naires, ou en diminuant les taux plasmatiques de médiateurs
présents en excès au cours du SHP (6). Il n’y a pas d’améliora-
tion significative avec les inhibiteurs des prostaglandines
(indométacine), les analogues de la somatostatine, le bismési-
late d’almitrine, les sympathomimétiques (isoprénaline) ou les
bêtabloquants (propranolol), les antagonistes des estrogènes
(tamoxifène) ou les échanges plasmatiques (2). Dans un cas de
lymphadénopathie immuno-angioblastique, le SHP a guéri
après traitement étiologique de la maladie auto-immune (8).
Toutefois, l’amélioration d’un SHP sous traitement médical est
exceptionnelle (2).
La pose d’un shunt portosystémique intrahépatique (TIPS)
a été exceptionnellement associée à la régression d’une
hypoxémie sévère, mais ce succès, inexpliqué, n’a pas été
confirmé (9).
L’angiographie pulmonaire permet la mise en évidence et
l’embolisation de fistules artérioveineuses. Elle est proposée
quand la PaO2est inférieure à 150 mmHg sous 100 % d’O2, car
elle révèle parfois des fistules artérioveineuses qui peuvent
être embolisées (4).
La transplantation hépatique corrige parfois l’hypoxémie (4,
10). Le SHP peut être une indication de transplantation hépa-
tique en cas d’hypoxémie sévère, inférieure à 50 mmHg (2, 4,
10). La mortalité postopératoire est corrélée à la sévérité de
l’hypoxémie (4, 10). Le taux de succès de la transplantation
hépatique est plus élevé quand la PaO2préopératoire est supé-
rieure à 400 mmHg sous 100 % d’O2, valeur seuil proposée
pour retenir l’indication d’une transplantation hépatique (4).
L’intérêt de la transplantation hépatique n’est pas établi chez
les patients très hypoxémiques, avec une faible réponse sous
100 % d’O2. Dans cette situation, l’indication est discutée au
cas par cas selon les résultats de l’angiographie (4).
CONCLUSION
Au cours du SHP, les dilatations vasculaires pulmonaires sont
à l’origine d’une hypoxémie dont la sévérité peut altérer le
pronostic vital. L’hypoxémie peut être une indication de trans-
plantation hépatique, seul traitement efficace actuellement. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Contexte hypertension portale, dyspnée d’effort
PaO2hypoxémie, orthodéoxie fréquente
RP normale habituellement
EFR volumes et débits normaux, TCO abaissé
Scintigraphie de perfusion shunt D-G (fixation extrapulmonaire)
Échocardiographie de contraste shunt D-G intrapulmonaire
PaO2(100 % O2)> 400 mmHg ➪transplantation hépatique ?
< 150 mmHg ➪angiographie pulmonaire
➪embolisation si fistule artérioveineuse
Tableau I. Diagnostic et traitement du SHP.
ANNONCEURS
BRISTOL-MYERS SQUIBB (Taxol), p. 166 ; RHÔNE-POULENC RORER (Institutionnelle, Nasacort), p. 168, p. 172 ;
PROMEDICA (Beclojet 250), p. 183 ; GÉNOPHARM (Logecine), p. 177 ;
GLAXOWELLCOME (Flixotide, Serevent), p. 186, p. 187 ; PASTEUR VACCINS (Pneumo 23), p. 203 ; SYNTHÉLABO (Mizollen), p. 204.