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(souche Pasteur), décidait d'arrêter sa production en
faveur du BCG-IT (souche Connaught) qui présentait
plusieurs avantages. Le BCG-IT (souche Connaught)
était en effet déjà enregistré, entre autres en France, aux
Etats-Unis et au Canada, dans l'indication bien particu-
lière de la thérapie endovésicale. Par ailleurs ce produit
lyophilisé autorisait un délai de conservation de deux
ans, contre 6 mois pour le BCG-IT (souche Pasteur)
non lyophilisé. Le BCG-IT (souche Connaught) a donc
été commercialisé en France pour la première fois en
septembre 1996 et le BCG-IT (souche Pasteur) arrêté
en décembre 1996, ce qui, compte tenu de la durée de
péremption de ce produit, permet de dire que le BCG-
IT (souche Connaught) a été le seul BCG administré
par voie intravésicale en France à partir de juin 1997.
Dès le début du développement du BCG dans cette
indication, certains auteurs ont attiré l'attention sur la
tolérance de ce produit. En 1985, STEG décrivait les
complications systémiques de la BCG thérapie endové-
sicale [25] qui ont été régulièrement reprises depuis
dans des publications françaises soit en description de
cas individuels soit en présentation de série de cas.
Dans le même temps aux Etats-Unis, LAMM publiait
une revue d'évènements indésirables (EI) liés à la BCG
thérapie endovésicale portant sur plus de 2600 patients
inclus dans des études d'efficacité utilisant différentes
souches de BCG alors disponibles dans le monde dans
cette indication. Il établissait ainsi le tableau compara-
tif selon les souches du profil de tolérance du produit,
ne montrant pas de différences significatives au niveau
des souches elles mêmes, mais plutôt au niveau des
schémas d'utilisation et des pratiques de notification
des évènements indésirables selon les pays [16]. Plus
récemment un travail original français est venu confir-
mer cette absence de différence du profil de tolérance
entre les souches Pasteur et Connaught [5].
L'objectif de cet article est de présenter les données
françaises de pharmacovigilance du BCG-IT (souche
Connaught) sur les cas graves rapportés spontanément
au département central de pharmacovigilance de la
société Aventis Pasteur produisant et commercialisant
ce médicament et sur les cas publiés dans la littérature
médicale, au cours d'une période de 3 ans, du 1er sep-
tembre 1996 au 31 août 1999.
MATERIEL ET METHODES
En pharmacovigilance, on appelle événement indési-
rable (EI), tout événement de nature médicale fortuit,
pour lequel la causalité avec le médicament est suspec-
té mais pas nécessairement prouvée (ICH E2A1994).
On appelle réaction indésirable toute réponse fortuite et
nocive liée au médicament administré dans les condi-
tions décrites dans l'Autorisation de Mise sur le Marché
(AMM). Un événement ou une réaction indésirable est
qualifié de grave s'il remplit une des conditions sui-
vantes : entraîne ou prolonge une hospitalisation,
entraîne une incapacité permanente ou significative,
met en jeu le pronostic vital, entraîne le décès. Un évé-
nement ou une réaction indésirable est qualifié d'atten-
du s'il est décrit dans le Résumé des Caractéristiques du
Produit (RCP) et sera considéré inattendu dans le cas
inverse.
Selon le décret n° 95-278 qui régit les activités de
pharmacovigilance en France, le fabricant est tenu de
déclarer à l'Agence du Médicament (Agence Française
de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé ou
AFSSAPS), immédiatement, tout événement indési-
rable grave qui lui a été notifié sur le sol français et
tous les évènements graves et inattendus rapportés
dans les pays en dehors de l'Union Européenne.
Périodiquement, le détenteur de l’AMM doit égale-
ment rédiger un rapport de pharmacovigilance présen-
tant à la fois les cas graves et non graves qui lui ont été
notifiés. Par ailleurs, l'AFSSAPS informe le fabricant
des cas graves qui lui sont notifiés par les Centres
Régionaux de Pharmacovigilance (CRPV). L'objectif
final de ce dispositif étant d'améliorer la tolérance du
médicament auprès des patients par une meilleure
connaissance du produit et une meilleure information
des médecins prescripteurs à l'aide de l'actualisation du
RCP.
Notre travail a donc consisté à analyser tous les EI rap-
portés selon les bonnes pratiques de pharmacovigilan-
ce décrites ci-dessus. Une fois ce travail d’analyse
effectué, il a été décidé, d’un commun accord avec les
Autorités de Santé, de ne pas inclure pour le travail de
synthèse les évènements ou réactions indésirables non
graves. Ces derniers en effet, présentaient le même pro-
fil que les EIG, et ne permettaient pas de dégager des
éléments d'information différents. En outre, pour ce qui
est des données quantitatives, nous avons supposé que
le degré de sous-notification de la part des médecins
prescripteurs du BCG-IT (souche Connaught) était plus
faible pour un EIG que pour un événement ou une réac-
tion non grave, ou a fortiori attendu, ne serait-ce qu’en
raison des demandes de renseignements concernant la
conduite à tenir en cas d'EIG.
Une fois ce travail de synthèse réalisé, nous avons sou-
haiter décrire les circonstances ayant présidé à l’appa-
rition des ces EIG. Ces circonstances sont parfois
explicites, mais peuvent aussi relever d’une hypothèse
plausible qui a été discutée avec les membres du grou-
pe de travail désignés pour conduire l’enquête de phar-
macovigilance.
Enfin, à l’issue de cette étape, nous avons mis à jour les
précautions d’emploi ou contre-indications du médica-
ment, la liste de ses évènements indésirables attendus
ainsi que leur prise en charge thérapeutique.
H. Debois et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 458-465