en rapport avec le saignement d’angiodysplasies, connue
sous le nom de syndrome de Heyde, est expliquée par ce
mécanisme [2]. Le déficit en facteur Willebrand rend
compte aussi d’une hyperangiogenèse sous forme d’angio-
dysplasies en particulier digestives, plus fréquentes, plus
nombreuses, plus récidivantes et plus facilement hémor-
ragiques que chez le sujet normal [3] ;
–avec l’âge, la prescription d’antiplaquettaires et/ou d’anti-
coagulants est aujourd’hui très large en pathologie cardio-
vasculaire. Leur principale complication est la survenue
d’hémorragies digestives dont l’origine, après élimination
d’une autre cause par une endoscopie digestive haute et
basse soigneuse, est volontiers rapportée au saignement de
télangiectasies. Celles-ci peuvent être gastroduodénales ou
localisées au cæcum. Parfois, elles sont situées sur l’intestin
grêle où elles étaient méconnues jusqu’il y a peu de temps
en raison de l’inaccessibilité de ce long segment du tube
digestif à l’endoscopie. Elles sont aujourd’hui révélées par
une exploration de l’intestin grêle par la vidéocapsule.
•L’ingestion d’une caméra vidéo miniaturisée sous la
forme d’une capsule relève en effet, aujourd’hui, le défi
de l’exploration complète, en quelques heures, de manière
parfaitement tolérée puisque non invasive et ambulatoire,
de l’intestin grêle. Le système comprend une capsule endo-
scopique à usage unique (figure 3), un système d’antennes
collées sur l’abdomen et reliées à un capteur externe por-
table alimenté par une batterie et une station informatique
de génération puis de lecture de l’enregistrement. La capsule
pèse 3,7 g et mesure 26 mm de long pour 11 mm de diamè-
tre. L’alimentation du dispositif optique, de l’éclairage et de
la transmission des données est assurée par deux batteries
miniatures et autonomes. La capsule est avalée le matin, à
jeun. La prise de boisson est autorisée deux heures après
son ingestion, et il est possible de manger après quatre heu-
res. La capsule transmet deux images par seconde au cap-
teur pendant la durée de l’examen, habituellement six à huit
heures. Sa propulsion est passive, liée au péristaltisme
intestinal, au sein d’une lumière virtuelle qui autorise un
examen relativement exhaustif de la muqueuse. Elle est
éliminée ensuite dans les selles. Après l’examen, les images
sont téléchargées du capteur externe vers la station de lec-
ture. L’analyse des images par le médecin prend environ
60 minutes…Sa principale indication est constituée par
les hémorragies digestives d’origine indéterminée lorsque
le bilan endoscopique est négatif. Elle peut ainsi révéler des
lésions hémorragiques auparavant méconnues, en particu-
lier donc des angiodysplasies (mais aussi plus rarement des
ulcérations soit iatrogènes [AINS], soit inflammatoires
[maladie de Crohn] et exceptionnellement des tumeurs).
Le traitement endoscopique des angiodysplasies ne doit
pas être systématique mais limité à celles qui saignent. En
effet, si elles rendent compte d’un certain nombre d’hémor-
ragies digestives, leur caractère souvent latent justifie une
abstention thérapeutique en cas de découverte fortuite.
Le traitement est donc à réserver aux angiodysplasies dont
la responsabilité dans la spoliation sanguine est établie,
après élimination de toute autre cause (cancer) au terme
d’un inventaire, en particulier endoscopique, exhaustif.
La correction stable de l’hémoglobine après traitement
constitue un argument diagnostique supplémentaire
bien que :
–la récidive hémorragique d’une angiodysplasie non
traitée ne soit pas inéluctable ;
–une récidive après traitement présumé satisfaisant soit
fréquente ou bien par méconnaissance et traitement incom-
plet d’angiodysplasies multiples, ou bien du fait de l’appa-
rition ultérieure de nouvelles angiodysplasies (figure 4).
Enfin, le traitement endoscopique ne doit pas faire négliger
la compensation des carences en facteurs de l’hémato-
poïèse, et en premier lieu en fer, dont la prescription
a été révolutionnée par la possibilité d’une administration
parentérale.
En effet, depuis une vingtaine d’années, le traitement électif
des angiodysplasies digestives accessibles en endoscopie
(gastroduodénales et coliques) est leur coagulation,
initialement photocoagulation par laser, aujourd’hui plus
simplement électrocoagulation par plasma argon. C’est un
traitement efficace à condition d’être exhaustif et sûr sous
réserve de ne pas exercer une coagulation trop insistante
sur une lésion qui saigne. Ses limites ont longtemps été
Figure 3.Vidéocapsule.
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STV, vol. 22, n°7, septembre 2010
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