La contribution du Tribunal des droits de la personne
(2012) 42 R.D.U.S. à l’élimination de la discrimination 85
reliée à la précarité en emploi
Le travail est l’un des aspects les
plus fondamentaux de la vie d’une
personne, un moyen de subvenir à
ses besoins financiers et, ce qui est
tout aussi important, de jouer un rôle
utile dans la société. L’emploi est
une composante essentielle du sens
de l’identité d’une personne, de sa
valorisation et de son bien-être sur le
plan émotionnel. C’est pourquoi, les
conditions dans lesquelles une per-
sonne travaille sont très importantes
pour ce qui est de façonner
l’ensemble des aspects psycholo-
giques, émotionnels et physiques de
sa dignité et du respect qu’elle a
d’elle-même1.
INTRODUCTION
L'inconfort, voire la frilosité des tribunaux de droit commun
à l'endroit des questions de droit nouveau soulevées à compter de
l’entrée en vigueur de la Charte des droits et libertés de la per-
sonne2 sont au nombre des motifs ayant conduit à la création,
quelque 15 ans plus tard, d'un tribunal spécialisé en matière de
droits de la personne3.
Au Québec, l’activité du Tribunal des droits de la personne4
débute ainsi dans un contexte et une culture juridiques fortement
1. Renvoi relatif à la Public Service Employee Relations Act (Alb.), [1987] 1
R.C.S. 313, 368 (j. Dickson, motif min.).
2. L.R.Q., c. C-12 (ci-après « la Charte »), adoptée le 27 juin 1975 et entrée
en vigueur le 28 juin 1976.
3. Loi modifiant la Charte des droits et libertés de la personne concernant la
Commission et instituant le Tribunal, L.Q. 1989, c. 51. Les dispositions re-
latives au Tribunal sont entrées en vigueur le 10 décembre 1990, date-
anniversaire de l’adoption, par l’Assemblée générale des Nations Unies,
de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Rés. 217 A (III), Doc.
off. A.G.N.U., 3
e
sess., suppl. n°13, p.17, Doc. N.U. A/810 (1948).
4. Tribunal unique parce qu'il demeure le seul au Canada où siègent des
juges de l'ordre judiciaire; (ci-après « le Tribunal »).