Dossier La dépression de l’enfant Yves Gloanec , Nicole Garret-Gloanec Service de pédopsychiatrie 2, CHU de Nantes, 11-13, rue du Douet-Garnier, 44000 Nantes <[email protected]> Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Résumé Les travaux concernant les symptômes dépressifs des enfants prépubères remontent aux années 1970. La dépression doit être replacée dans une compréhension globale du développement de l’enfant incluant des moments dépressifs limités dans le temps. Quelques modèles de compréhension seront proposés. Elle reste un diagnostic fréquent dans les consultations pédopsychiatriques même si la prévalence se situe sous les 3 % pour les 6-12 ans. Outre la description clinique de la dépression de l’enfant, des précisions seront apportées sur les places conjointes de la psychothérapie et des traitements médicamenteux. Leur bonne connaissance de l’histoire d’un enfant et de sa famille met le médecin traitant et le pédiatre dans une situation privilégiée pour le repérage des premiers symptômes dépressifs. Une symptomatologie persistante justifiera alors le recours à un pédopsychiatre. Mots clés : dépression de l’enfant, trouble dépressif majeur, évolution, épidémiologie, traitement Considérations générales Tirés à part : Y. Gloanec 100 mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 doi: 10.1684/mtp.2008.0161 mtp L’enfant a toujours à faire avec la dépression dans la mesure où les phénomènes dépressifs s’inscrivent dans le développement (séparations, pertes, déconvenues, manque d’espoir). La dépression est un diagnostic fréquent dans le cadre des consultations pédopsychiatriques (> 10 %) et sa reconnaissance a été renforcée par l’augmentation de ce motif de consultation (supérieur à la prévalence) ainsi que par la demande d’aide de l’enfant et de ses parents pour ce type de souffrance. Les pédopsychiatres constatent que beaucoup d’enfants sont passés par des épisodes dépressifs et pour certains par plusieurs épisodes. La comorbidité associe à la dépression anxiété et troubles comportementaux. Le suicide est rare avant 10 ans mais les idéations suicidaires sont cependant à rechercher. L’existence des troubles de l’humeur chez l’enfant est reconnue depuis longtemps (Maudsley en 1867 décrit la mélancolie et la manie chez l’enfant), mais peu d’écrits psychiatriques sont publiés à ce propos pendant 100 ans. La réticence des adultes à admettre qu’un enfant puisse être déprimé a souvent été évoquée pour expliquer ce temps très long avant la reconnaissance de ce diagnostic (« Est-il possible que cet âge joyeux soit frappé du plus redoutable fléau qui puisse atteindre l’être pensant », Moreau de Tours 1885). Suite aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, la littérature a plutôt étudié les effets de la séparation chez l’enfant (A. Freud et D. Burlingham) et le nouveau-né (Spitz, Bowlby). L’intérêt pour la dépression chez l’enfant apparaît dans les années 1960 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. (Toolan 1962, Dugas 1966, Frommer 1968, Glaser 1967) et en 1971, le 4e Congrès de l’Union Européenne des Psychiatres à Stockholm prend pour thème : « États dépressifs dans l’enfance et l’adolescence » (Annel 1972) et précise que celle-ci est un trouble important et relativement répandu dans l’enfance et l’adolescence. Les Américains reconnaissent son existence chez l’enfant dans les années 1970. En 1980, M. Dugas et MC. Mouren publient Les Troubles de l’humeur chez l’enfant de moins de 13 ans [5] et animent en 1983 un symposium sur : La Dépression chez l’enfant : théories et réalités. La première conférence de consensus à ce propos remonte à 1995 [3], mais, depuis, très peu de publications, sinon celles concernant la dépression des mères, les troubles bipolaires et les antidépresseurs, ce conjointement à l’importance des études sur l’hyperactivité, les troubles des conduites et le lien entre stress posttraumatique et dépression. L’étude 2002 de l’Inserm [6] avance l’augmentation des phénomènes dépressifs dans la génération d’aprèsguerre. Ainsi, depuis les années 1970, les dépressions de l’enfant sont reconnues mais difficilement classables ; maladie ou réaction, lutte chronique identique à celle de l’adulte ou située dans des tableaux symptomatiques divers. On retrouve la dépression comme position existentielle, symptôme, syndrome ou entité morbide. Restent des difficultés à préciser la place du processus, des défenses, de la spirale auto-aggravante, des surinvestissements (le sport), du degré de structuration. Les cadres cliniques moins solidement établis de la pédopsychiatrie, sa résistance à la prescription médicamenteuse, le poids de l’évolutif, du maturatif, de la réponse familiale, et l’absence de continuité entre les entités de l’enfant et celle de l’adulte expliquent les différences d’approches des psychiatres d’enfants et d’adultes. La réflexion actuelle aborde avec beaucoup d’incertitudes les liens entre certaines composantes comportementales prévalentes et les nouvelles formes de dépression, le poids des évènements de la vie sur d’éventuelles modifications biologiques, les risques dépressifs pour les enfants précoces. Modèles de compréhension Modèle des carences affectives Sptiz décrit la « réaction anaclitique » (manque d’appui) du nourrisson de 6 à 18 mois lors d’une séparation maternelle brutale pour un environnement défavorable, suivie du retournement des décharges agressives contre lui-même. Ses observations ont amené à prendre en compte la dimension carentielle lors du placement de jeunes enfants dans des institutions et les études actuelles se sont déplacées au sein des familles (hospitalisme intrafamilial). Bowlby a observé les effets d’une séparation prolongée chez des enfants âgés de 5 mois à 3 ans décrivant la séquence comportementale de la prostration au détachement. Il retient l’effet traumatique des séparations et carences maternelles comme cause de la pathologie dépressive. En ce qui concerne les conséquences de la dépression parentale, de nombreuses études ont révélé la grande fréquence des troubles psychiques chez les enfants mais pas forcement dans la lignée dépressive. Modèle psychanalytique Ce modèle est intéressant pour apprécier les éléments de continuité et de discontinuité entre les variations de la normale et le trouble mais aussi pour comprendre les différences d’expression selon l’âge. Le concept psychanalytique de « position dépressive » (M. Klein) précise que la maturation progressive du bébé amène celui-ci à percevoir la globalité de l’être humain mais aussi à craindre de perdre ses objets d’attachement avec le souci constant de la réparation suite à ses attaques agressives. Ce « premier vécu dépressif » servira de modèle à ses futures expériences de recherche de liens avec ses proches. Très tôt l’enfant développe des sentiments de toute puissance, de maîtrise, de déni de sa propre dépendance pour éviter de ressentir des sentiments dépressifs (défenses maniaques) [4, 20]. Normalement, l’enfant répare les fautes réelles et imaginaires par les voies de la sublimation. Il peut cependant garder une crainte excessive de rétorsion et maintenir une vigilance agressive qui l’épuise. Pour J. Sandler et WG. Joffe, la réponse dépressive est une réaction affective de base identique à l’anxiété et non nécessairement une dépression vraie. Modèle des évènements de vie L’existence d’une perte ou d’une séparation réelle est fréquente sinon constante dans l’histoire (séparation du couple parental, décès ou éloignement d’un parent, mise à distance de l’enfant, moindre disponibilité psychique des parents). Cependant la majorité des enfants qui ont vécu de tels événements ne développent pas de trouble dépressif. L’événement est d’autant plus traumatisant que l’enfant a un âge critique (6 mois à 5 ans) et qu’aucun repère permanent ne persiste. La séparation peut être temporaire mais susciter une angoisse d’abandon qui persiste bien au-delà du retour à la situation normale. Modèle génétique Les études de jumeaux et la prédominance de troubles dépressifs chez les enfants de parents maniaco-dépressifs sembleraient plaider pour une participation génétique. mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 101 La dépression de l’enfant Les conclusions restent cependant prudentes dans la mesure des faibles cohortes et du poids des interactions avec le parent malade [22]. Des différences existent ainsi entre les modèles, selon l’importance accordée à la séparation, au processus normal de maturation, à la réponse affective de base à l’élaboration psychique ou au modèle éthologique. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Description clinique de la dépression de l’enfant 102 La clinique du trouble dépressif est fonction de la maturation affective et cognitive de l’enfant et de la différenciation de son appareil psychique. La tristesse, qui est un sentiment normal, n’est un critère de définition de dépression qu’associée à des symptômes secondaires comme l’inhibition ou des mécanismes défensifs comme l’état maniaque. On parle de trouble dépressif lorsque celui-ci est durable (> à 2 semaines) et qu’il interfère avec le fonctionnement familial et social. La symptomatologie est à recueillir auprès de l’enfant mais aussi de son entourage. Le trouble dépressif majeur Il marque une rupture par rapport à un état antérieur. Véritable « noyau dur » de la dépression, il associe : humeur dépressive, ralentissement psychomoteur, inhibition intellectuelle et troubles somatiques. Habituellement, l’enfant éprouve un sentiment d’ennui, d’infériorité, d’échec, ainsi qu’un moindre intérêt pour ses activités habituelles. Il s’isole, devient fatigable, souvent irritable et agité. Sa tristesse est durable, sa mimique pauvre avec des pleurs pour des motifs futils. Son rendement scolaire ralentit. Les plaintes somatiques concernent plutôt le sommeil que l’alimentation. La culpabilité est excessive et inappropriée et les idées suicidaires sont toujours à rechercher. La tristesse ou l’humeur dépressive n’est en général pas exprimée même quand elle existe ; elle est remplacée par un visage souvent sérieux ou un air absent, les traits de la physionomie étant peu mobiles. L’enfant, irritable, est généralement qualifié de « méchant, coléreux ou nerveux » ou encore les parents disent de lui : « Il n’est jamais content, il n’est jamais d’accord, il dit toujours non, on ne peut jamais lui faire plaisir. » La perte d’intérêt et de plaisir devient de plus en plus évidente avec l’âge de l’enfant mais plus celui-ci est jeune, plus l’irritabilité et la décharge pulsionnelle s’expriment dans des jeux où l’excitabilité devient débordante et ou l’épuisement est recherché ; « il s’énerve pour un rien », disent les parents. Ils se plaignent encore qu’« il ne peut pas rester en place », expression habituelle de l’agitation ou de l’instabilité. Quant au sentiment d’indignité, de dévalorisation, de perte d’estime de soi, il se traduit chez l’enfant par les expressions « je suis nul, j’y arrive pas, je suis bon à rien ». Des expressions comme « mes parents ne m’aiment pas » montrent le sentiment de dévalorisation et de culpabilité. L’expression consciente du sentiment de culpabilité prend volontiers la forme de « je suis méchant », « je suis pas gentil avec mes parents » mais peut aussi s’exprimer directement par « c’est de ma faute ». La difficulté à penser, à être attentif au travail et à se concentrer entraîne souvent une fuite, un évitement ou un refus du travail scolaire, appelé volontiers « paresse » par les parents mais aussi par l’enfant lui-même, et aboutissant à l’échec scolaire. Dans quelques cas, l’enfant passe au contraire de longues heures, tous les soirs, sur ses livres et cahiers mais il est incapable d’apprendre et plus encore de mémoriser. Parmi les troubles de l’appétit, plutôt un comportement anorectique dans la petite enfance et un comportement de boulimie ou de grignotage chez le grand enfant ou le préadolescent. Le sommeil est plutôt marqué par des oppositions au coucher qui amplifient le conflit avec les parents qui peuvent susciter des mesures punitives et accentuent l’irritabilité des uns et des autres. Les cauchemars participent de la composante anxieuse de même que les peurs fréquentes, en particulier celles d’accidents chez les parents. Maux de ventre et maux de tête fréquents sont la jonction des problématiques anxieuse et dépressive. Il n’est pas rare que les idées de mort ou de suicide soient exprimées par une lettre écrite aux parents dans laquelle l’enfant déclare « qu’il n’est pas aimé et qu’il va mourir ou se tuer ». Cette lettre ou cet aveu a souvent été le motif déclenchant la consultation. Quand l’enfant déprimé est seul avec le consultant, il répète volontiers en particulier devant la feuille blanche : « je sais pas », « j’y arrive pas », etc. L’ébauche d’un dessin s’accompagne souvent de commentaires négatifs : « c’est raté, c’est pas bien, c’est pas beau ». On note une sensibilité exacerbée aux imperfections ou aux objets cassés : « c’est cassé ». Et bien entendu la thématique de l’échec, de l’incapacité à réaliser le dessin, la tâche, le jeu entrepris, reste au premier plan. Ces constatations avec l’enfant seul renforcent les données de l’entretien avec les parents et confirment la probabilité diagnostique. Le trouble dysthymique Ce trouble chronique de l’humeur à type d’humeur dépressive ou d’irritabilité (DSM-IV) est présent la majorité du temps pendant au moins une année [1]. La symptomatologie reste cependant assez peu distincte de la dépression majeure et réunit, outre l’humeur dépressive, deux critères minimum parmi les 6 suivants : mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. perte de l’appétit, insomnie, fatigue, faible estime de soi, difficultés de concentration, sentiment de perte d’espoir. L’âge de début serait plus précoce, la durée plus longue et le fonctionnement scolaire moins bon que dans la dépression majeure. Les troubles bipolaires précoces Ce diagnostic est rarissime chez l’enfant et l’adolescent et la prévalence selon la littérature internationale de 1 % [13, 19]. Les jeunes dépressifs pouvant développer un trouble bipolaire précoce montreraient une hypersensibilité et une labilité émotionnelle importante. Le taux de récidive est fréquent dans les deux ans avec accès brefs de désinhibition et d’hypersociabilité. L’accès d’allure maniaque peut être évoqué sur une symptomatologie variée : familiarité excessive, agitation motrice, mégalomanie, pulsions addictives et sexuelles incontrôlées. Distinction des états dépressifs de l’enfant dans la classification CFTMEA Cette classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent reste très utilisée en France dans les secteurs de pédopsychiatrie [17]. La clinique névrotique associe tristesse, anxiété, inhibition, symptômes phobiques, manifestations somatiques, une souffrance de l’enfant reconnue par ses parents et une efficacité de la psychothérapie seule. La dépression chronique d’une pathologie narcissique est marquée par le passage à l’acte fréquent lié à une intolérance constante à la frustration, des difficultés scolaires, des discontinuités de soins parentaux dans la petite enfance ainsi que l’ambivalence des parents à la réponse thérapeutique avec rupture fréquente de celle-ci. Le tableau dépressif est moins typique dans la « dépression réactionnelle », avec une bonne adaptation antérieure et l’amélioration rapide par l’intervention du pédopsychiatre. Les « mouvements dépressifs », représentent des états assez isolés, d’intensité variable, sans facteur déclenchant précis, dans un environnement parental plutôt positif. La dépression psychotique associe l’humeur dysphorique, des sentiments d’incapacité importants et le repli schizoïde. Comorbidité Les dépressions de l’enfant sont rarement isolées et s’accompagnent d’un ou de plusieurs troubles. Ces combinaisons formeraient des tableaux assez spécifiques. L’état dépressif majeur peut associer des troubles anxieux (30-50 %) et du comportement (jusqu’à 25 %) ou même les caractéristiques symptomatologiques de la dysthymie. La dépression est fréquemment associée aux troubles hyperkinétiques (30 à 50 %). Pour les troubles obsessionnels compulsifs, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un trouble associé ou d’une conséquence de l’épuisement de l’enfant. Les états dysthymiques surajoutent très fréquemment dans les 5 ans de leur suivi un état dépressif majeur, des troubles anxieux (40 %), des troubles des conduites (30 %), de l’hyperactivité (25 %), de l’énurésie et de l’encoprésie (15 %) [14]. Un enfant psychotique ou autiste peut présenter des épisodes dépressifs, soit à certaines périodes de son évolution, y compris positive, soit en réaction à certains évènements ou contextes particuliers (séparation, changement). Les troubles comorbides augmentent la potentialité suicidaire et le handicap social [7], et les troubles des conduites l’abus de substances toxiques (sous-groupe distinct dans la CM10) [2]. Formes cliniques selon l’âge Au-delà d’un an, les manifestations cliniques sont variées mais le retrait reste l’élément central avec isolement, tristesse, absence de jeu, et parfois attitudes autocalmantes. L’instabilité peut remplacer l’inhibition et l’intégration dans les groupes reste très difficile à la crèche ou en maternelle. Pour les manques affectifs partiels, plus l’enfant est jeune, plus la symptomatologie s’inscrit dans des conduites psychosomatiques, anorexie et troubles du sommeil étant les plus fréquentes. 3 à 5 ans Pratiquement toute la sémiologie dépressive apparaît. Le plus caractéristique serait la notion d’un changement marqué par rapport au comportement et au mode relationnel antérieurs, l’association et la persistance de cinq ou six signes habituellement décrits, et la coloration bien particulière de ce que l’enfant peut communiquer de sa souffrance à travers sa façon d’être, son discours, ses dessins... Les perturbations comportementales sont au premier plan : agitation, conduites auto/hétéroagressives, aspect chaotique de l’état affectif. Les acquisitions sociales sont troublées : il ne joue pas avec les autres enfants et a peu d’autonomisation. Les perturbations somatiques sont aussi fréquentes : difficultés de sommeil, troubles de l’appétit, énurésie. La sensibilité est extrême à la séparation avec l’adulte, la quête relationnelle intense. 6 à 12 ans Tristesse, ralentissement, attitude de retrait sont plus marqués et les troubles du comportement restent majeurs : instabilité, agressivité, allure euphorique. mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 103 La dépression de l’enfant On ne note pas de différence significative de fréquence et de sévérité entre les prépubères et les adolescents sinon quelques nuances symptomatiques (apparence plus déprimée et plaintes somatiques pour les prépubères, désespoir et abus de drogues ou d’alcool pour les adolescents) [21]. Quelques épisodes dépressifs majeurs avec hallucinations (surtout auditives) seraient notés chez l’enfant. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Évolution La durée de l’épisode dépressif majeur va de 1 mois à 4 ans (M. Dugas et MC. Mouren) et la disparition des troubles du sommeil ainsi que la reprise de l’intérêt pour les jeux sont les premiers indices d’une évolution favorable. Les enquêtes épidémiologiques montrent un risque évolutif non négligeable, avec à court terme : – une chute de l’efficience scolaire qui s’inscrit dans une dynamique de stratégies défensives contre l’envahissement dépressif, qui détourne l’énergie psychique de secteurs tels que l’apprentissage ou de façon plus générale les champs intellectuels et artistiques ; – les troubles anxieux, qui seraient liés à l’inquiétude envers des schémas de pensée négatifs instaurés depuis peu, qu’il ne connaît pas et qui le rendraient anxieux. La comorbidité serait de 30 à 75 % pour D. Marcelli [15, 16] ; – le risque suicidaire : onze fois plus élevé chez l’enfant présentant un trouble dépressif plutôt qu’un autre trouble, 5 à 10 % des suicides surviennent dans les 15 années suivant le premier épisode dépressif. Les facteurs de risques à évaluer sont les antécédents suicidaires, le degré de désespoir, la présence d’un trouble psychotique, les traits d’impulsivité, l’abus de substance, une famille peu soutenante ; – les troubles des conduites, estimés à 20 %, plus fréquents chez les garçons, et persistants pour certains après la résolution de l’épisode dépressif ; – la consommation toxicomaniaque de produits et les troubles des conduites alimentaires apparaissent en général à la préadolescence (11-13 ans) ou à l’adolescence ; – le trouble bipolaire : 20 à 30 %. Le taux de rechute est important, estimé à 45 % dans les deux ans, ce qui rejoint les chiffres des adultes. De façon générale, la dépression chez l’enfant et l’adolescent augmente le risque de dépression à l’âge adulte, sachant que la corrélation entre épisode dépressif majeur à l’âge adulte et antécédent dépressif dans l’enfance est plus forte quand l’épisode dépressif est apparu après la puberté. Différence par sexe La surreprésentation des femmes, constante chez les adultes, n’est pas retrouvée avant 14 ans et au-delà de cet âge les résultats ne sont pas concordants. La plupart des auteurs soulignent que la différence par sexe moins grande avant 13 ans croît à partir de 14 ans. Pour Kashani [17], il n’y a pas de prédominance d’un sexe à 9 ans. Troubles associés Épidémiologie Diversité des populations étudiées Les recherches épidémiologiques sont relativement récentes et avant tout de langue anglaise. 104 À partir des années 1970 beaucoup de psychiatres américains ont spéculé sur une augmentation de la dépression du fait de l’accroissement du nombre de patients reconnus tels dans les services hospitaliers et avec un âge plus bas que supposé. Au début des années 1980, le DSM-III avance une catégorie spécifique pour les troubles affectifs et la CIM-10 pour les troubles de l’humeur. Cependant, l’hétérogénéité des populations étudiées entraîne une variabilité des résultats rendant difficile les comparaisons. La diversité des méthodologies employées repose en grande partie sur des différences d’objectifs selon que l’on recherche des troubles de l’humeur ou un syndrome dépressif. Mais que ce soit en population générale ou en population traitée, toutes les enquêtes ont montré l’existence de troubles dépressifs chez l’enfant et même chez le jeune enfant. La dépression en tant que plainte de l’individu dans un auto-questionnaire est trop courante pour discriminer un déprimé d’un non déprimé [8]. De fait, plus rigoureuse et systématique est la définition de la dépression, moins fréquente elle apparaît. Les questionnaires standardisés proposés aux enseignants orientent les réponses plus sur les troubles de conduites que sur la tristesse ou le retrait, alors que les parents avec les mêmes questionnaires ont tendance à surestimer les symptômes dépressifs que ce soit en population générale ou en population qui consulte [11]. Les pourcentages relevés par les cliniciens se situent, pour les moins de 10 ans, autour de 1 à 2 % en population générale et de 4 % pour ceux pris en charge [11] tout en précisant un probable sous-enregistrement durant l’enfance. En population générale, D. Kashani et al. [12] qui n’avaient pas observé plus de 2 % de déprimés chez les moins de 12 ans, révèlent un pourcentage de 8 % chez les 14-16 ans. Ils estiment que la prévalence élevée des troubles dépressifs dans ces tranches d’âge peut expliquer la 2e cause de mortalité par suicide, la perte d’intérêts et l’arrêt des études pour les étudiants. L’importance des troubles psychiatriques associés (anxiété, phobies, plaintes somatiques) est fréquemment notée et justifie la demande de consultation spécialisée (problèmes de comportement.) mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Parmi les facteurs le plus souvent associés à la dépression, on retrouve : un ou des parents dépressif [11], séparation des couples, évènements de vie négatifs, alors que les performances cognitives et le développement moteur ne sont pas significatifs. Effets de génération Dans les études américaines, la prévalence de la dépression apparaît plus marquée pour les cohortes nées après la Seconde Guerre mondiale avec un âge d’apparition plus jeune et une prévalence des femmes. Les biais existent cependant (sans réelle incidence dans ces études) : critères diagnostics moins restrictifs, conceptions psychopathologiques des psychiatres, attention médicale pour des modalités d’expression sociale. Traitement Dans la conférence de consensus sur « Les troubles dépressifs chez l’enfant : reconnaître, soigner, prévenir, devenir » publiée en décembre 1997, il est noté que le rôle des médecins généralistes et des pédiatres est important aussi bien au plan diagnostic que thérapeutique et que tout affect dépressif durable, résistant à cette première approche, justifie alors le recours au pédopsychiatre. Cette conférence précise que seuls les tableaux sévères et durables des dépressions, entravant de manière massive le fonctionnement psychosocial, et ne réagissant pas aux interventions psychothérapeutiques, pourraient justifier la prescription d’antidépresseurs. L’intérêt des anxiolytiques n’a pas été prouvé chez l’enfant déprimé et toute polychimiothérapie reste à proscrire. Les thérapies Il faut savoir que la simple reconnaissance de cet état dépressif peut avoir une valeur thérapeutique d’autant qu’il est réactionnel. Les parents y sont sensibles et trouvent souvent eux-mêmes des réponses sous forme d’une meilleure compréhension des difficultés de leur enfant, surtout lorsque leurs craintes d’une accusation par le consultant s’atténuent. Quand les symptômes de lutte et de déni sont au premier plan (colères, agressivité...), et que la dynamique des relations familiales se trouve dominée par du déni, l’énoncé du diagnostic seul n’entraînera pas de changement ou même pourra amener une réaction parentale de désignation pathologique de l’enfant. On utilisera alors des approches psychothérapeutiques et/ou environnementales. Une thérapie est mise en place si l’enfant et son entourage l’acceptent et sont capables d’une stabilité pour conduire le traitement à terme. La technique est fonction de l’âge de l’enfant, du thérapeute, des conditions locales et l’aide à apporter aux parents surtout pour l’enfant jeune. La thérapie mère-enfant est intéressante chez les 2-6 ans ; restauration narcissique de la mère. La psychothérapie psychodynamique se justifie lors d’une dépression survenant dans un contexte névrotique ; mise en évidence des conflits et résolution par leur interprétation en utilisant fréquemment le dessin ou les jeux chez l’enfant. Le psychodrame et les psychothérapies de groupe trouvent leurs indications dans les dépressions de l’enfant quand une relation duelle ne peut s’établir ; reviviscence d’une situation traumatique au sein du jeu. Les thérapies cognitivo-comportementales sont les plus documentées mais plus limitées dans le temps et suivies fréquemment de rechutes. Le trouble est considéré comme un comportement appris de façon inadéquate et peut être changé en modifiant l’environnement et/ou les pensées de l’enfant. L’intervention sur l’environnement est fonction de l’importance des facteurs externes ou internes comme un décès parental, une angoisse d’abandon. Son but est de restaurer un lien mère-enfant plus satisfaisant (guidance parentale, hospitalisation couplée mère-enfant chez les très jeunes enfants) ou même d’instaurer un nouveau lien faute de pouvoir intervenir sur le précédent : placement familial pour les jeunes enfants, internat pour les plus grands et, entre les deux, prise en charge à temps partiel en hôpital de jour pédopsychiatrique. Les traitements pharmacologiques Les antidépresseurs tricycliques En France, seuls l’amitryptiline et la clomipramine ont obtenu l’autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la dépression des enfants de moins de 15 ans, avec une surveillance étroite du fait de leurs effets secondaires. La méta-analyse de Cochrane en 2002, portant sur les tricycliques, ne leur montre pas d’efficacité supérieure au placebo pour les enfants prépubères. Les effets secondaires fréquents et handicapants, les risques cardiaques et de morts subites ont fait préférer l’utilisation des ISRS. Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la séronotine (ISRS) La prescription d’un traitement anti-dépresseur par ISRS est débattue depuis 2003 et a entraîné des interdictions aux États-Unis et en Europe (Mitlea), les décisions étant motivées par l’absence de certitude sur l’efficacité par ISRS mais surtout par la suspicion d’un risque suicidaire majoré. La réponse plus favorable aux enfants pubères mérite d’être confirmée. Les enfants ont une intensité de réponse élevée au placebo (70 %) et les épisodes dépressifs d’intensité légère inclus dans les études sont généralement sensibles à l’ap- mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 105 La dépression de l’enfant Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. proche psychothérapeutique. L’efficacité des ISRS resterait cependant supérieure au placebo (entre 10 et 25 %) Dans les troubles bipolaires L’utilisation de thymorégulateurs est le plus souvent évoquée à partir du moment où le diagnostic de manie devient évident. En France, aucun normothymique utilisé chez l’adulte ne possède une indication claire dans le cadre de l’AMM en pédiatrie pour les troubles bipolaires. Aux États-Unis, le lithium est autorisé à partir de 12 ans et il est recommandé d’utiliser les formes à libération prolongée pour éviter des pics plasmatiques élevés. La surveillance clinique et pharmacocinétique reste similaire à celle de l’adulte [10]. Les antiépileptiques comme la carbamazépine ou le valproate possèdent un large recul concernant la surveillance thérapeutique en neurologie chez l’enfant, en particulier pour sa cinétique. Le volproate aurait une meilleure tolérance que le lithium [10]. Il est aussi important de tenir compte des facteurs liés à l’environnement comme les conditions de vie, le degré d’information des parents sur la maladie, leur capacité à encadrer le traitement, notamment lors de la prescription de lithium. Conseils à la prescription Les doses les plus faibles possibles sont à proposer. Il n’existe pas de données sur la durée du traitement pharmacologique et, par analogie avec l’adulte, ce traitement est maintenu 6 mois pour un état dépressif majeur. La durée minimale du traitement antidépresseur nécessaire avant de conclure à l’absence d’effet thérapeutique est de 10 semaines en raison de la possibilité de réponse tardive. En l’absence d’effet thérapeutique les experts recommandent une adaptation posologique avant d’envisager le choix d’une autre molécule en monothérapie. Dans le cas de dépression résistante définie par l’échec de deux traitements antidépresseurs à dose et durée suffisantes, des stratégies d’association entre antidépresseurs et lithium pourraient avoir un intérêt [18]. Le risque suicidaire sous antidépresseurs Le risque majoré de suicide et d’automutilation sous antidépresseurs a amené l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) en 2004 à faire le point sur ces risques associés à l’utilisation de certains antidépresseurs (ISRS) chez l’enfant et l’adolescent. Elle conclut qu’en première intention la dépression de l’enfant et de l’adolescent sera traitée par une prise en charge psychothérapeutique (thérapie comportementale, familiale, d’inspiration analytique, psychodrame psychanalytique), et que la prescription d’antidépresseurs, si elle est envisagée, ne doit intervenir qu’en seconde intention, 106 dans le cadre d’une dépression majeure, avec une prise en compte de l’ensemble des bénéfices attendus et des risques possibles. En cas de prescription, une surveillance étroite du patient doit être effectuée et s’accompagner de la recherche d’un comportement suicidaire surtout à son début. Ce risque suicidaire ne dépendrait pas du type d’antidépresseur mais du début du traitement (au cours des 9 premiers jours), ce qui correspond à la classique levée de l’inhibition décrite chez les adultes. Ce risque peut également s’expliquer par l’erreur d’évaluation diagnostique (émergence psychotique ou épisode mixte bipolaire). Cette dangerosité de l’antidépresseur (ISRS) n’est cependant pas apparente dans quelques études, qui ne notent pas d’augmentation des suicides lors de l’augmentation de la prescription médicamenteuse [10]. Cependant la prudence est de mise, le risque suicidaire étant difficilement évaluable par les études actuelles (exclusion des sujets suicidaires, durée brève de suivi, petit nombre de patients, troubles psychotiques associés...) [10]. Ce risque doit être systématiquement évalué, avant et tout au long du suivi, par la recherche de facteurs favorisant le passage à l’acte comme un antécédent suicidaire, l’intensité du désespoir, la présence d’un trouble psychotique, des traits d’impulsivité ou une famille peu soutenante [10]. Conclusion Le sentiment de tristesse a une place naturelle dans le développement de l’enfant mais il ne faut pas passer à côté d’un épisode dépressif potentiellement lourd de conséquences. Le diagnostic demeure difficile et la comorbidité fréquente. La dépression relève de causes multiples et leur reconnaissance permet des actions de prévention sur la relation mère-enfant, les conditions des placements, la sensibilisation des professionnels dans les institutions. L’aspect thérapeutique envisage à la fois l’importance d’un abord psychothérapique et l’utilisation des antidépresseurs. L’indication d’un traitement médicamenteux est surtout à retenir dans les situations où l’état dépressif est sévère, où l’humeur dépressive est en elle-même génératrice de réactions parentales et sociales aggravantes, et dans celles où il est peu probable que les parents répondent favorablement à une proposition de traitement psychothérapique de l’enfant déprimé. Le recours à un dispositif institutionnel se justifie dans le cas d’une souffrance dépressive intense, de passages à l’acte dangereux et d’un entourage peu aidant. mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. La souffrance psychique de l’enfant paraît actuellement mieux perçue par les parents et les médecins, ce qui facilite la demande de consultation et la prise en compte plus précoce de sa dépression [9]. On sait que la capacité de l’enfant à surmonter cet état reste dépendante des aides fournies. 10. Hjalmarsson L, Corcos M, Jeammet P. Traitement biologique et prescription chez l’enfant et l’adolescent souffrant d’un épisode dépressif majeur. Inf Psychiatr 2005 ; 81 : 803-10. Références 13. Kochman F. Troubles bipolaires précoces. Pertinence et validité du concept. Inf Psychiatr 2005 ; 10 : 928-9. 1. American Psychiatric Association. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. DSM IV, 1994. Paris : Masson, 1996 ; (1008 p). 14. Kovacs M, Akiskal HS, Gatsonis C, Parrone PH. Childhood onset dysthymic disorder. Clinical features and prospective naturalistic outcome. Arch Gen Psychiatry 1994 ; 51 : 365-74. 2. OMS. Classification Internationale des Troubles Mentaux et des Troubles du Comportement. Descriptions cliniques et directives pour le diagnostic. CIM-10/ICD-10.. Paris : OMS/Masson, 1993 ; (305 p). 15. Marcelli D. Episode dépressif et « maladie dépressive » chez l’enfant. In : Enfance et Psychopathologie. Les âges de la vie. 6e édition. Paris : Masson, 1998 : 378-404. 3. Conférence de Consensus : texte des experts. Les Troubles dépressifs chez l’enfant : reconnaître, soigner, prévenir, devenir. Paris : Frison-Roche, 1997 ; (331 p). 16. Marcelli D. Dépression chez l’Enfant. Encyl. Med. Chir. (Elsevier, Paris). Psychiatrie 1998 ; 37-201-A-20. 4. Denis P. La dépression chez l’enfant : réaction innée ou élaboration? Psychiatr Enfant 1987 ; 30(2) : 301-28. 5. Dugas M, Mouren MC. Les Troubles de l’humeur de l’enfant de moins de 13 ans. Paris : PUF, 1980 ; (258 p). 6. Expertise collective : Troubles mentaux. Dépistage et prévention chez l’enfant et l’adolescent. Éd. Inserm, 2002 ; (900 p). 7. Ferro T, Carlson GA, Grayson P, Klein DN. Depressive disorders : distinctions in children. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1994 ; 33 : 664-70. 8. Gabrielle A. Carlson and Dennis P, Cantwell. A survey of depressive symptoms. Syndrome and disorder in a child psychiatric population. J Child Psycholo Psychit 1980 ; 21 : 19-25. 9. Gloanec Y, Robin D. Réflexions sur la dynamique suicidaire de l’enfant d’âge pré-scolaire. Voir ou ne pas voir. Actual Psychiatr 1998 : 9. 11. Kashani JH, Holcomb WR, Orvaschel H. Depression and Depressive Symptoms in Preschool Children from the General Population. Am J Psychiatry 1986 ; 143 : 9. 12. Kashani JH, et al. Depression, Depressive Symptoms, and Depressed Mood among a Community Sample of Adolescents. Am J Psychiatry 1987 ; 144 : 7. 17. Mises R, Quemada N, et al. Une nouvelle édition de la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent : le CFTMEA R-2000. Neuropsychiatr Enfance Adolescenc 2002 ; 50 : 233-61. 18. Mouren-Simeoni MC, Bouvard MP. Médicaments psychotropes chez l’enfant : règles de prescription et tolérance. Encl Med Chir (Paris France), Psychiatrie 1994 ; 37-218-A-30. 19. Othman S, Bailly D, Bouden A, Rufo M, Halayem MB. Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent. Une étude clinique à partir de 50 cas. Ann Med Psychol (Paris) 2005 ; 163 : 138-46. 20. Penot B. Contribution à l’étude des dépressions infantiles. Psychiatr Enfant 1974 ; XVI : 301-80. 21. Rao U. Unipolar depression in adolescents : clinical outcome in adulthood. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1995 ; 34 : 566-78. 22. Vissher PM, Yazdi MH, Jackson AD, et al. Genetic survival analysis of age-at-oset of bipolar disorder. Evidence for anticipation or cohort effect in families. Psychiatr Genet 2001 ; 11 : 129-37. mt pédiatrie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2008 107