La dépression est rentrée dans le langage courant si bien que ce terme est souvent vulgarisé et parfois utilisé de façon abusive. Sa définition et ses symptômes ne sont pas toujours bien repérés, aussi il est proposé au travers de cette fiche de resituer la dépression dans sa forme pathologique. Définition Il s’agit d’un trouble de l’humeur qui affecte les émotions, le comportement, les pensées mais aussi les fonctions organiques. Une personne qui éprouve de la tristesse ne traverse pas obligatoirement un épisode dépressif. Cet état se caractérise par : ›U ne tristesse inhabituellement intense ; ›U ne perte d’intérêt et de plaisir dans tous les actes et domaine de la vie de la personne ; ›L a présence de symptômes qui entravent la vie quotidienne (exemple : perte de sommeil). Elle n’est pas toujours bien perçue ou acceptée par l’entourage. La volonté ne conditionne pas à elle seule la guérison et la famille est souvent démunie face à la perte de motivation de la personne malade. Epidémiologie La dernière enquête est celle du baromètre santé de 2005 réalisée par l’INPES. Elle révèle que 7.8% des français de 15 à 75 ans ont vécu une dépression au cours des 12 derniers mois. Les femmes seraient deux fois plus touchées que les hommes et davantage exposées aux risques de rechute ou de chronicité de la maladie. SANTÉ PHYSIQUE ET MORALE - Les troubles au quotidien La dépression L’identifier Les symptômes Selon la définition du DSM-IV , la dépression se manifeste à travers des épisodes qui durent plus de 15 jours. Durant cette période, au moins cinq des symptômes suivants apparaissent : ›U ne humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet ou observée par les autres. Eventuellement irritabilité chez les enfants ou les adolescents ; ›U ne diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours ; ›U ne perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime, ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours ; ›U ne insomnie ou hypersomnie presque tous les jours ; ›U ne agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours ; ›U ne fatigue ou une perte d’énergie presque tous les jours ; ›U n sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée presque tous les jours ; ›U ne diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou une indécision presque tous les jours ; ›D es pensées de morts récurrentes, des idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou des tentatives de suicide ou un plan précis pour se suicider ; Il peut aussi s’y joindre des signes comme : ›U ne sensibilité émotionnelle excessive (un rien provoque des larmes) ; ›U ne baisse de la libido ; ›D es maux de tête, des douleurs au ventre ou au dos. Les différentes formes La dépression peut prendre divers visages : elle peut être plus ou moins sévère (intensité des symptômes variable, avec risque suicidaire (cf. Le suicide)), et se manifester à des périodes spécifiques de la vie (maternité, saison, deuil). Cependant, le trouble dépressif prend 2 formes principales : ›L ’état dépressif majeur : présence d’au moins 5 des symptômes sur un minimum de 15 jours. ›L a dépression chronique : au moins 5 symptômes sont présents sur une durée allant jusqu’à plusieurs années. Il est important de distinguer le trouble dépressif du trouble bipolaire. Il s’agit là d’une succession d’épisodes dépressifs et d’épisodes « maniaque » - d’excitation ou d’euphorie importante. www.psya.fr 1 Prévention & gestion des risques psychosociaux Les causes ou facteurs de vulnérabilité L’origine de cette maladie est attribuée à différents facteurs de risque qui favorisent l’apparition des symptômes. Les facteurs biologiques Il peut s’agir d’une perturbation du fonctionnement du cerveau qui entraine un dysfonctionnement dans la transmission de neurotransmetteurs. Le traitement médicamenteux vient restaurer ce mécanisme. Un dérèglement hormonal ou des carences alimentaires peuvent également favoriser l’apparition de symptômes dépressifs. Les facteurs psychologiques Certaines personnalités ayant des mécanismes psychologiques spécifiques peuvent contribuer à l’installation d’une dépression. Ces personnes ont des croyances négatives (« je me sens incapable »), une mauvaise estime de soi et ont des modes de défense relativement faible. Ainsi une séparation, un deuil ou un évènement traumatisant favoriseront les pensées dépressives. Les facteurs liés à l’environnement social ou familial Traverser des évènements traumatisants ou de perte sur une période prolongée favorise l’entrée dans un trouble dépressif. Les problèmes familiaux, les conflits sur le lieu de travail peuvent également renforcer cet état. L’hérédité n’a pas été formellement identifiée comme un facteur à risque par les recherches sur la dépression. Elle serait davantage perçue comme une stratégie de réaction face aux événements de vie importants que l’enfant reproduirait. SANTÉ PHYSIQUE ET MORALE - Les troubles au quotidien La dépression (suite) Accompagner une personne dépressive L’entourage Les personnes qui vivent avec un proche souffrant de dépression peuvent avoir un rôle important à jouer. Cependant, ce n’est pas une période facile à vivre pour eux non plus. Cette maladie n’est pas facile à comprendre et elle peut être source de conflit au sein des familles. Il est essentiel de se montrer à l’écoute et d’avoir une attitude bienveillante afin de rassurer la personne. Il faut éviter de la culpabiliser avec des phrases comme « A ta place je ferais… » ou encore « Sors un peu… Réveille-toi !... ». Les encouragements passent par la valorisation des efforts consentis même minimes. Les proches doivent continuer leurs activités quotidiennes en incluant la personne souffrant de dépression, elle refusera dans un premier temps jusqu’au jour où elle acceptera une promenade. L’aide de professionnels L’entourage peut être un déclencheur pour amener la personne à consulter un professionnel. Il peut passer par le médecin traitant ou contacter un psychiatre. (cf. Trouver son professionnel). Il est à noter que la prise de médicament de type antidépresseur peut être d’un bon soutien mais cette prise doit s’accompagner d’un suivi avec un psychiatre ou un psychologue. Une hospitalisation (cf. fiche Hospitalisation) pourra être proposée pour les formes les plus sévères. Dans cette éventualité, les proches devront se montrer présents et soutenant. La personne aura besoin de se sentir rassurée et accompagnée dans ce moment difficile pour elle. LIENS POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS Sites internet › www.info-depression.fr › www.france-depression.org › www.sante.gouv.fr Livres › LÖO. P, LÖO, H. (2001). La dépression. PUF Que sais-je ? www.psya.fr 2 Prévention & gestion des risques psychosociaux