EthicaCLinica,n°83–Septembre2016 1
Quandl’entouragedupatientfait
problème
Lepatientpeutêtremalaccompagné,oupasaccompagnédutout.Danslesdeuxcas,çadevientvite
unproblème.Ilyadifférentesfaçonsd’êtremalaccompagné:onsonge,entoutpremierlieu,àune
famillemalveillante,voireviolenteàl’égarddupatient,àmoinsquecesoitcedernierquisoit
maltraitant.Ilestévidentqu’uneinterventions’imposesil’intégritéphysique,voirepsychiquedela
personneviséeestmenacée.Maismêmedanscetypedecasoùilnefaitaucundoutequ’ilfaut
protégerlavictime,iln’estpasrarequelesprofessionnelssoientcontraintsd’improviser,fautede
prévoyance.Commentintervenir?Quiappeler?Quellesinitiativesprendreaprèslacrise?Comment
reprendrecontactavecleoulesagresseur(s)?Certes,onnedoitpasattendredesprocédures
qu’ellesrépondentàtouteslessituations,nimêmequ’encasdecrise,ellessoientsuiviesàlalettre.
Maisn’avoiraucunsrepèresgénérauxaccroîtlestressetledésarroi,etpeut,dansdescasgraves,
pousseràl’erreur.Unedespistesconsisteàorganiserunetriangulation.Dèsqu’ilyaviolenceentre
deuxpersonnes,ilfautqu’untiersintervienne.S’ildevientlui‐mêmelacibledelaviolence,un
secondtiers(lemédiateurparexemple?)doitavoirétéprévu,quis’interposeraaussitôt.Endernier
recours,ceserabienévidemmentàlajusticedetriangulerlarelation.Pourquoifaut‐ilorganiserce
typed’intervention?Parcequetoutlemonden’estpasàl’aiseaveclaviolence:certains
professionnels,eneffet,perdenttousleursmoyensoudeviennenteux‐mêmesviolents.Ilconvient
doncque,dansuneéquipeouuneinstitution,chacunpuissesepositionnersanssesentirjugé.Bref,
ilimportedesavoirquiappeler,selonquelleprocédure,pourfairequoi,afindepréserverleplus
possibleunclimatdesécuritépourtous.
Maisilarrivequelespatientssoient«mal»accompagnés,ausensoùl’entourageestexclusivement
composédepersonnes,sansdoutetrèsgentilles,maissansstatutofficiel:unami,unvoisin,un
amantouunemaitresse,etc.Silepatientmanifesteparsoncomportementimplicite,oulorsd’une
déclarationexplicite,queceluioucellequil’accompagneestsapersonnedeconfianceouson
représentant(sonmandataire),iln’yalàaucunproblème.Ou,pourêtreplusprécis,lesproblèmesse
déplacentversl’entourageofficiel(leconjoint,lesparents,lesenfants)quiréclameuneplacequene
luiaccordepluslepatient.Lessoignantssontalorsmalprisentrelesdeuxparties.Peuvent‐ilsquand
mêmedonnerdesinformations–aussivaguesqu’onvoudra–pourrassurerceuxquisonttenusà
l’écartsanscomprendrepourquoi?Revient‐ilauxsoignantsd’organiserune(ré)conciliation?N’est‐
cepassemêlerdelavieprivéed’unpatientqui,leplussouventenpareilcas,nedemandequ’une
chose,àsavoirquesaproprefamillesoittenueàl’écart?Maispourrépondreàtoutescesquestions,
ilconvientsansdouteaupréalabledesedemanderpourquoionéprouvelebesoinderéparerces
famillesblessées?Quetouchentennousleurssouffrances,quipourtantnesontpaslesnôtres,pour
quel’onnepuisses’empêcherd’intervenir?
Lorsquelepatientestseuletqu’iln’estpluscapabledes’exprimerclairement,laprésencede
personnessanslien«officiel»metparfoismalàl’aise.Quelsdroitsleurreconnaître?Comment
éventuellementobtenird’euxdeprécieusesinformationssurlepatient,sanstoutefoistrahirle
secretprofessionnel?Oufaut‐il,aucontraire,prendrelerisquedetransgressercesecretdans
l’intérêtdupatient?Autredifficulté,commentnepastomberdanslepiègedelasuspicion?Ilest
tentant,eneffet,d’épierlemoindrefaitetgestequiprouveraitquecesinconnus,suspects
puisqu’inconnus,sontmalintentionnésoutrèsintéressés.Onfinittoujoursparreleverundétail
étrange.Alors,quandledoutes’installepeuàpeu,doutequelesbavardagesetlesrumeurs