de la personnalité étaient considérés comme inaccessibles aux soins et comme
fond des altérations permanentes du moi, à savoir les personnalités pathologi-
ques. Cette vision contrastait avec les modifications pathologiques liées à
l’expérience actuelle avec possibilité d’une seconde lecture des symptômes
devenus refuge de la psychopathologie et seuls accessibles aux traitements.
Certains auteurs soulignent la difficulté diagnostique du trouble bipolaire chez
les personnalités pathologiques, mais le trouble de la personnalité est fréquem-
ment abordé sous l’angle de la comorbidité avec cette idée que deux tiers des
patients atteints présenteront tôt ou tard d’autres problèmes : certains dévelop-
peront des troubles de la personnalité, d’autres une angoisse maladive et
beaucoup abuseront d’alcool ou de stupéfiants. Une majorité de patients
présentera des troubles alimentaires et nombre d’entre eux auront des difficul-
tés de concentration et d’hyperactivité.
Le trouble bipolaire est classé dans l’axe I du DSM4 en tant que « trouble de
l’humeur caractérisé par la périodicité de troubles dépressifs et maniaques
ou hypomanes ». Les troubles de la personnalité, classés dans l’axe II du
DSM4, sont définis comme « des comportements ou traits caractéristiques à
la fois du comportement récent et du comportement au long cours depuis
l’âge adulte », définition qui mélange les notions de personnalité pré ou
postmorbide.
Cette comorbidité complique à la fois le tableau clinique de la bipolarité, le
repérage diagnostique et la prise en charge. Différentes hypothèses sont évo-
quées pour discuter la pathogénie, l’étiopathogénie et les liens qui unissent
trouble bipolaire et personnalité.
Sont discutées les notions de personnalité prémorbide (exemple : antisociale
avec tendance dysphorique, la cyclothymie ou les troubles de la personnalité
limite que Akiskal classe d’ailleurs dans le spectre des troubles de l’humeur) et
de personnalité postmorbide. La littérature distingue trois types de modifica-
tions postmorbide de la personnalité :
– les modifications durant l’épisode affectif lui-même comme la labilité émo-
tionnelle, la tension anxieuse, la confiance en soi ;
– les modifications à court terme (< 1 an) avec fréquence du mauvais ajuste-
ment personnel et de difficultés relationnelles conjugales ;
– les modifications à long terme (> 2 ans) à type de perte de confiance en soi,
dépendance personnelle et sentiment d’insécurité (mais ces symptômes ne sont
pas spécifiques et se retrouvent dans d’autres pathologies chroniques).
Il est bien connu en clinique que les caractéristiques de la personnalité influen-
cent le cours évolutif des troubles de l’humeur, les problèmes d’observance aux
soins tout comme les conséquences psychosociales de deux troubles (problè-
mes affectifs, financiers, sociaux). Cette approche clinique soulève différentes
questions non tranchées : Les caractéristiques de la personnalité constituent-
elles des séquelles des troubles bipolaires ? Prédisposent-elles aux troubles de
l’humeur ? Influencent-elles son cours évolutif ? Sont-elles une forme atténue
de la bipolarité (exemple : cyclothymie) ?
La clinique de la bipolarité montre que le regard change tant en pédopsychia-
trie qu’en psychiatrie sur la question de la personnalité avec l’émergence d’une
M.-F. Gisselmann-Patris
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 83, N° 6 - JUIN-JUILLET 2007442
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.