Journal Identification = IPE Article Identification = 1121 Date: December 5, 2013 Time: 2:53 pm
Comment les auteurs, psychanalystes,
soutiennent-ils leur pratique concrète avec
ces patients - enfants aussi bien qu’adultes
- pour lesquels Melman avait introduit le
terme de nouvelle économie psychique ?
Sans doute la clinique contemporaine
impose à l’analyste de « savoir y faire ».
Non pas de « savoir-faire », au sens
où elle demanderait un savoir technique
descriptible. Mais de se mettre dans la
position éthique d’accepter que les réalités
cliniques nouvelles puissent le déranger,
d’accepter d’inventer sans trop bien savoir
ce qu’il invente. À cette seule condition,
il pourra « faire avec»:faire avec ce
qui, quotidiennement, vient interroger son
désir, et sa responsabilité. À partir de leurs
assises théoriques et de leur pratique cli-
nique, les auteurs contribuent, chacun, à
élaborer l’éthique qui leur permet de se
constituer un lieu d’adresse pour ces sujets
en mal de parole.
Anne M. Lovell, Stefania Pan-
dolfo, Veena Das, Sandra laugier
Face aux désastres. Une conversation
à quatre voix sur la folie, le care et les
grandes détresses collectives.
Paris : Éditions d’Ithaque, collection
«Philosophie, anthropologie, psycha-
nalyse », 208 p. + 12 p. d’illustrations
en couleur hors-texte, 23 D
Une nouvelle anthropologie de la folie
est en train de naître. Elle n’a plus pour
centre de gravité l’étude critique de la
répression des déviants et des anormaux,
qu’elle retrouve toutefois en analysant en
détail la fragilité que tout un chacun res-
sent quand il s’efforce, au quotidien, de
trouver sa voix propre. La folie ainsi revi-
sitée devient une tragédie de l’ordinaire ».
Elle surgit quand l’ensemble d’un monde
social et naturel, et pas seulement le cer-
veau de tel individu malade, entre en
crise.
Or rien ne révèle mieux cette tragédie
de l’ordinaire que les désastres collectifs
extraordinaires où la vulnérabilité fon-
cière des êtres humains est mise à nu. La
Nouvelle-Orléans ravagée par Katrina, les
bidonvilles de Rabat ou de Delhi sont les
théâtres paradoxaux où, dans la détresse
et le dénuement, s’inventent de nouvelles
manières d’exister et de s’exprimer.
Trois anthropologues et une philo-
sophe explorent ici les terrains où cette
fac¸on inédite de considérer la condi-
tion humaine au prisme de la folie s’est
imposée à elles avec force, et en tirent
les conséquences politiques, éthiques et
scientifiques, en termes de care.
Anne M. Lovell, anthropologue, est
directrice de recherche émérite à l’Inserm.
Stefania Pandolfo, spécialiste du
Maghreb et de l’islam, est profes-
seure d’anthropologie à l’université de
Californie à Berkeley.
Veena Das est Krieger-
Eisenhower Professor au département
d’anthropologie de l’université Johns
Hopkins à Baltimore.
Sandra Laugier est professeure de phi-
losophie à l’université Paris-I Panthéon-
Sorbonne.
Michel Minard
Le DSM·roi. La psychiatrie américaine
et la fabrique des diagnostics.
(Préface de Allen Frances, psychiatre
américain, artisan du DSM-IV.)
Toulouse : Érès, collection
«Des Travaux et des Jours »,30D
« Michel Minard connaît bien mieux
l’histoire des diagnostics psychiatriques
américains que je ne la connais moi-
même. J’ai pourtant étudié ces diagnostics
pendant trente-cinq ans de ma vie profes-
sionnelle et j’ai personnellement joué un
rôle dans leur évolution. Sa connaissance
de petits détails reflète ses compétences
de détective et son appétit insatiable pour
la lecture. Dans cette masse de données,
son habileté à repérer et à tirer au clair
les thèmes les plus importants témoigne
de sa maîtrise de la théorie, mais aussi
de son expérience concrète de la pratique
psychiatrique.
L’histoire qu’il nous raconte est
émaillée de personnages pittoresques et de
nombreuses anecdotes, parfois drôles, par-
fois tristes, mais toujours révélatrices. Il ne
dépeint pas une psychiatrie parfaite, mais
toujours une psychiatrie humaine, vivante
et intéressante, inscrite dans les grands
mouvements de l’histoire des États-Unis.
« Ce livre passionnant est à la fois
accessible aux lecteurs non-spécialistes et
enrichissant pour les professionnels de la
santé mentale. Il n’est à aucun moment
dogmatique et il permet au lecteur de
se forger sa propre opinion, une fois les
faits connus. Ce qui ne l’empêche pas de
prendre position, ici ou là, mais jamais de
manière arrogante ou définitive. Vous allez
vous régaler ! ».
(Allen Frances)
Michel Minard est psychiatre hono-
raire des hôpitaux, engagé dans la
formation initiale des étudiants du sec-
teur social et dans la formation continue
des professionnels de la psychiatrie et du
médicosocial. Il est membre du comité
de pilotage du projet de recherche plu-
ridisciplinaire c2sm (Classification des
catégories en santé mentale) financé par
la région Aquitaine. Il est codirecteur de
la collection «Des travaux et des jours »et
corédacteur en chef de la revue Sud/Nord,
folies et cultures aux Éditions Érès.
Alain Castera, Brigitte Chamak,
Mario Colucci, Pierangelo Di Vit-
torio, Patrick Faugeras, Franc¸ois
Gonon, Jacques Hochmann, Dimi-
tri Karavokyros, Olivier Labouret,
Christian Laval, Anne-Marie Ley-
reloup, Michel Minard, Jean-Noel
Missa, Nicole Rumeau, Marcel
Sassolas, Isabelle Von Bueltzing-
sloewen
Le Militantisme en psychiatrie
Numéro 25
Toulouse : Érès, «Sud/nord - folies et
cultures »
« L’évolution de la psychiatrie, le
progrès dans l’accueil des malades et
dans le soutien qui leur est apporté sont
historiquement indissociables d’un cer-
tain engagement éthique et politique des
soignants en psychiatrie, d’une certaine
valeur accordée à la dignité humaine et
d’un combat contre ce qui dévalorise
l’homme. ».
(Jacques Hochmann)
Les maladies mentales, plus que toute
autre maladie humaine, sont sources de
stigmatisation, de rejet social, de mépris,
de mauvais traitements et de peur. Et ce
d’autant plus que, dans la grande majo-
rité des cas, on ignore encore aujourd’hui
l’origine exacte de ces troubles, ce qui
laisse libre cours à toutes les théories expli-
catives, y compris les plus hasardeuses.
Dans une société où la démocratie
recule et où la subjectivité de chacun est
réduite au statut d’entrepreneur de soi-
même en compétition avec les autres, la
psychiatrie se réduit-elle « au service du
nouvel ordre économique»?Lemili-
tantisme n’a pas disparu. Il anime en
particulier les associations de patients et,
parfois de manière très offensive, des asso-
ciations de familles, ainsi que tous ceux,
confrontés à la précarité qui se préoc-
cupent, dans une perspective de santé men-
tale, des nouvelles souffrances sociales
engendrées par la crise économique,
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 89, N◦9 - NOVEMBRE 2013 767
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