L’Information psychiatrique 2013 ; 89 : 766–8 Sélection de livres Rubrique coordonnée par A.-L. Simonnot Éva-Marie Golder Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Au seuil de la clinique infantile Toulouse : Érès, collection « Psychanalyse et clinique », 296 p., 28 D Que se passe-t-il dans une séance psychanalytique avec un enfant avec la famille ? L’auteur développe ses outils de travail que sont les concepts et les modes d’écriture (transcription des séances notamment) pour répondre à cette question. Les concepts sont définis dans leur contexte théorique et appliqués à la pratique dans la séance et dans l’écriture de la séance. Comment les utiliser ? En séance même, leur connaissance donne à la fois les moyens différentiels de situer la/les structures de l’enfant en jeu (psychotique, névrotique...) et d’en tenir compte dans le maniement du transfert. Les modalités spécifiques de la structuration de l’enfant apparaissent dans l’écriture de la séance qui pointe les accidents du discours comme éléments cliniques et transférentiels significatifs. Philippe Duverger, Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau Crise et urgence à l’adolescence Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson, collection « Psychopathologie », 352 p. 766 Nathalie Dumet (dir.) De la maladie à la création Toulouse : Érès, Collection « l’Ailleurs du corps », 210 p. Aux sources de cet ouvrage, le souhait d’approcher, d’étudier les liens possibles sinon pensables entre deux réalités distinctes : celle de la maladie, d’une part, et celle de la création, d’autre part. Quels peuvent être l’impact de la maladie somatique ou psychique sur l’artiste ou plus encore, sur sa capacité créatrice, et le devenir possible de cette expérience de création, qu’elle soit picturale, littéraire, musicale ou autre ? En retour, l’aptitude créatrice, la création artistique ont-elles un effet sur la maladie, l’équilibre ou le déséquilibre somatique de son auteur, l’apaisement, sinon la guérison, de cette atteinte ? Si la maladie, l’expérience traumatique sont avant tout des événements en soi désorganisateurs qui provoquent douleur, chaos, détresse, elles peuvent aussi comporter un potentiel de vie, et de devenir des moteurs de (re)mobilisation créative chez le sujet, qu’il soit homme ou femme d’exception ou individu tout-venant. Corrélativement, quel peut être le rôle de la création ou des créations, dans l’approche psychothérapeutique de patients malades ? Les auteurs, psychologues, psychiatres, psychanalystes pensent, dans la continuité, les processus psychiques créateurs mobilisés dans la personnalité de l’artiste comme chez le sujet en souffrance psychique et/ou somatique. Ils développent ici leurs hypothèses métapsychologiques, leurs expériences de médiations artistiques et leur engagement de soignant/thérapeute auprès de patients touchés dans leur « psychosoma ». Nathalie Dumet est psychologue clinicienne, professeur de psychopathologie clinique à l’Institut de psychologie de l’Université Lyon-II. Elle est présidente et cofondatrice de la société Rhône-Alpes de psychosomatique. Avec la participation de : Anne Brun, Danièle Deschamps, Suzanne FerrièrePestureau, Gisèle Harrus-Révidi, Olivia Lempen, Anne-Marie Perrin, Jena-Paul Bernard Petit, Anne-Sophie Le Poder, Pascal Roman, Hugues Rousset, Emmanuel Venet, Jean-Pierre Vidit. Jean-Pierre Lebrun (dir.) Désir et responsabilité de l’analyste face à la clinique actuelle Toulouse : Érès, Collection « Humus, le désir de l’analyste en acte », 280 p. 25 D L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 89, N◦ 9 - NOVEMBRE 2013 Pour citer cet article : . L’Information psychiatrique 2013 ; 89 : 766-8 doi:10.1684/ipe.2013.1121 doi:10.1684/ipe.2013.1121 Chaque âge de la vie présente ses spécificités : le fonctionnement psychique n’y échappe pas. Du nourrisson au sujet âgé, la psychopathologie ne peut se comprendre en fonction d’un même paramètre. L’interaction et l’intrication des modèles de compréhension, qu’ils soient physiologiques, sociologiques, psychanalytiques, cognitifs et éducatifs sont la règle en pratique clinique. La collection « Les âges de la vie » dirigée par Daniel Marcelli propose une approche complète, nosologique, clinique, thérapeutique et socio-économique des problèmes psychopathologiques propres aux différents âges de la vie. Crise, urgence des mots utilisés par les adolescents eux-mêmes et porteurs de confusion. À travers la sexualisation du corps et la distanciation d’avec les figures parentales, le processus d’adolescence a pour conséquence une fragilisation du moi de l’individu. Cet ouvrage, écrit par deux spécialistes de l’adolescence, propose des repères d’évaluation pour différencier une crise maturante, celle qui conduit à une impasse du développement et celle qui nécessite une réponse urgente. L’ ouvrage clarifie tout d’abord les concepts de crise et d’urgence puis présente les nombreux aspects cliniques de la crise à l’adolescence (violence, signes annonciateurs, motifs cliniques de la demande en urgence, approche nosographique). Il développe ensuite la prise en charge : 1er rencontre, suivi téléphonique, évaluation et orientation des soins (ambulatoire, hospitalisation, prescription). Philippe Duverger est professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, au CHU d’Angers. Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau est psychiatre, chef de service du centre psychiatrique d’orientation et d’accueil (CPOA) de l’hôpital Sainte-Anne, à Paris. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Comment les auteurs, psychanalystes, soutiennent-ils leur pratique concrète avec ces patients - enfants aussi bien qu’adultes - pour lesquels Melman avait introduit le terme de nouvelle économie psychique ? Sans doute la clinique contemporaine impose à l’analyste de « savoir y faire ». Non pas de « savoir-faire », au sens où elle demanderait un savoir technique descriptible. Mais de se mettre dans la position éthique d’accepter que les réalités cliniques nouvelles puissent le déranger, d’accepter d’inventer sans trop bien savoir ce qu’il invente. À cette seule condition, il pourra « faire avec » : faire avec ce qui, quotidiennement, vient interroger son désir, et sa responsabilité. À partir de leurs assises théoriques et de leur pratique clinique, les auteurs contribuent, chacun, à élaborer l’éthique qui leur permet de se constituer un lieu d’adresse pour ces sujets en mal de parole. Anne M. Lovell, Stefania Pan- dolfo, Veena Das, Sandra laugier Face aux désastres. Une conversation à quatre voix sur la folie, le care et les grandes détresses collectives. Paris : Éditions d’Ithaque, collection « Philosophie, anthropologie, psychanalyse », 208 p. + 12 p. d’illustrations en couleur hors-texte, 23 D Une nouvelle anthropologie de la folie est en train de naître. Elle n’a plus pour centre de gravité l’étude critique de la répression des déviants et des anormaux, qu’elle retrouve toutefois en analysant en détail la fragilité que tout un chacun ressent quand il s’efforce, au quotidien, de trouver sa voix propre. La folie ainsi revisitée devient une tragédie de l’ordinaire ». Elle surgit quand l’ensemble d’un monde social et naturel, et pas seulement le cerveau de tel individu malade, entre en crise. Or rien ne révèle mieux cette tragédie de l’ordinaire que les désastres collectifs extraordinaires où la vulnérabilité foncière des êtres humains est mise à nu. La Nouvelle-Orléans ravagée par Katrina, les bidonvilles de Rabat ou de Delhi sont les théâtres paradoxaux où, dans la détresse et le dénuement, s’inventent de nouvelles manières d’exister et de s’exprimer. Trois anthropologues et une philosophe explorent ici les terrains où cette façon inédite de considérer la condition humaine au prisme de la folie s’est imposée à elles avec force, et en tirent les conséquences politiques, éthiques et scientifiques, en termes de care. Anne M. Lovell, anthropologue, est directrice de recherche émérite à l’Inserm. Stefania Pandolfo, spécialiste du Maghreb et de l’islam, est professeure d’anthropologie à l’université de Californie à Berkeley. Veena Das est KriegerEisenhower Professor au département d’anthropologie de l’université Johns Hopkins à Baltimore. Sandra Laugier est professeure de philosophie à l’université Paris-I PanthéonSorbonne. Michel Minard Le DSM·roi. La psychiatrie américaine et la fabrique des diagnostics. (Préface de Allen Frances, psychiatre américain, artisan du DSM-IV.) Toulouse : Érès, collection « Des Travaux et des Jours », 30 D « Michel Minard connaît bien mieux l’histoire des diagnostics psychiatriques américains que je ne la connais moimême. J’ai pourtant étudié ces diagnostics pendant trente-cinq ans de ma vie professionnelle et j’ai personnellement joué un rôle dans leur évolution. Sa connaissance de petits détails reflète ses compétences de détective et son appétit insatiable pour la lecture. Dans cette masse de données, son habileté à repérer et à tirer au clair les thèmes les plus importants témoigne de sa maîtrise de la théorie, mais aussi de son expérience concrète de la pratique psychiatrique. L’histoire qu’il nous raconte est émaillée de personnages pittoresques et de nombreuses anecdotes, parfois drôles, parfois tristes, mais toujours révélatrices. Il ne dépeint pas une psychiatrie parfaite, mais toujours une psychiatrie humaine, vivante et intéressante, inscrite dans les grands mouvements de l’histoire des États-Unis. « Ce livre passionnant est à la fois accessible aux lecteurs non-spécialistes et enrichissant pour les professionnels de la santé mentale. Il n’est à aucun moment dogmatique et il permet au lecteur de se forger sa propre opinion, une fois les faits connus. Ce qui ne l’empêche pas de prendre position, ici ou là, mais jamais de manière arrogante ou définitive. Vous allez vous régaler ! ». (Allen Frances) Michel Minard est psychiatre honoraire des hôpitaux, engagé dans la formation initiale des étudiants du secteur social et dans la formation continue des professionnels de la psychiatrie et du médicosocial. Il est membre du comité de pilotage du projet de recherche pluridisciplinaire c2sm (Classification des catégories en santé mentale) financé par la région Aquitaine. Il est codirecteur de la collection « Des travaux et des jours » et corédacteur en chef de la revue Sud/Nord, folies et cultures aux Éditions Érès. Alain Castera, Brigitte Chamak, Mario Colucci, Pierangelo Di Vittorio, Patrick Faugeras, François Gonon, Jacques Hochmann, Dimitri Karavokyros, Olivier Labouret, Christian Laval, Anne-Marie Leyreloup, Michel Minard, Jean-Noel Missa, Nicole Rumeau, Marcel Sassolas, Isabelle Von Bueltzingsloewen Le Militantisme en psychiatrie Numéro 25 Toulouse : Érès, « Sud/nord - folies et cultures » « L’évolution de la psychiatrie, le progrès dans l’accueil des malades et dans le soutien qui leur est apporté sont historiquement indissociables d’un certain engagement éthique et politique des soignants en psychiatrie, d’une certaine valeur accordée à la dignité humaine et d’un combat contre ce qui dévalorise l’homme. ». (Jacques Hochmann) Les maladies mentales, plus que toute autre maladie humaine, sont sources de stigmatisation, de rejet social, de mépris, de mauvais traitements et de peur. Et ce d’autant plus que, dans la grande majorité des cas, on ignore encore aujourd’hui l’origine exacte de ces troubles, ce qui laisse libre cours à toutes les théories explicatives, y compris les plus hasardeuses. Dans une société où la démocratie recule et où la subjectivité de chacun est réduite au statut d’entrepreneur de soimême en compétition avec les autres, la psychiatrie se réduit-elle « au service du nouvel ordre économique » ? Le militantisme n’a pas disparu. Il anime en particulier les associations de patients et, parfois de manière très offensive, des associations de familles, ainsi que tous ceux, confrontés à la précarité qui se préoccupent, dans une perspective de santé mentale, des nouvelles souffrances sociales engendrées par la crise économique, L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 89, N◦ 9 - NOVEMBRE 2013 767 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. la paupérisation et la migration. Devant une organisation de la santé de plus en plus technocratique, la psychiatrie, si elle veut rester fidèle à sa mission, peut-elle faire autre chose alors que « nager à contre courant » ? Le militantisme serait donc consubstantiel à la psychiatrie. Il coexisterait avec la prise en compte également nécessaire des missions d’ordre social, le souci du confort de l’environnement et la protection contre la dangerosité. Militer en psychiatrie, c’est peut-être lutter contre la normalisation imposée et pour le maintien de positions paradoxales, pour la défense de la prise en compte de la subjectivité malade sans annuler les contraintes organiques et sociales qui pèsent sur cette subjectivité. Positions inconfortables s’il en est, mais qui a dit que le militantisme était une aire de repos ? Théodore Cherbuliez Le Thérapeute et le patient Digne les Bains : Baroch éditions, 17 D Une méthode de travail, fruit de 55 ans d’expérience, associant l’analyse freudienne et jungienne à la modernité de l’approche systémique avec une dimension toute particulière : les champs d’influences. Le Thérapeute et le patient est le premier livre d’un jeune homme de 86 ans qui va bouleverser les certitudes et les habitudes de nombreux professionnels de la santé. Il nous offre sa méthode de travail, fruit de ses 55 ans d’expérience. Théodore Cherbuliez, médecin, pédopsychiatre et psychanalyste d’origine suisse qui exerce aux États-Unis depuis le 768 milieu des années 1960, nous livre enfin ses clés thérapeutiques qu’il a appliquées auprès de milliers de patients. Original, atypique, d’une efficacité tranquille, il navigue depuis plusieurs décennies dans les méandres de l’esprit humain avec persévérance et curiosité, en traçant un chemin que personne n’avait emprunté avant lui. Alliant les protocoles classiques de l’analyse freudienne et jungienne à la modernité de l’approche systémique, il nous montre comment dépasser les standards classiques de la relation entre le thérapeute et le patient pour nous ouvrir à une nouvelle technique libérée du carcan de la distance relationnelle enseignée dans de nombreuses écoles et universités. Il y ajoute une dimension toute particulière : les champs d’influences. Ce concept qu’il définit très clairement dans cet ouvrage, lui permettre de comprendre bien des dynamiques comportementales chez les patients, dans leurs familles mais aussi dans les équipes médicales les entourant. D’une franchise implacable, les pages sur sa conception des violences domestiques ou celles concernant son approche du suicide susciteront certainement des réactions très contradictoires. Le Thérapeute et le patient est une lecture captivante qui ne laissera personne indifférent et fera certainement date dans l’histoire de la compréhension de l’esprit et de ses méandres. B. Vellas, P. Robert (dir.) Traité sur la maladie d’Alzheimer Paris : Springer-Verlag France, 430 p., 130 D Ce Traité sur la maladie d’Alzheimer propose une approche exhaustive de la maladie fondée sur l’expérience des Centres mémoire de ressources et de recherche. L’ouvrage est découpé en deux grandes parties : la phase du repérage et du diagnostic et celle de la prise en charge. Les textes rassemblés dans la première partie révèlent la complexité de la maladie, ses multiples facettes et la difficulté de son repérage tant elle est proche de pathologies apparentées. De nouveaux outils facilitent néanmoins le travail du clinicien dans cette phase de diagnostic, tels que les marqueurs biologiques ou comportementaux, l’imagerie ou les tests génétiques. La deuxième partie aborde la prise en charge de ces patients, la gestion des pathologies associées, la dépendance iatrogène et la délicate question du maintien à domicile. Les questions juridiques sont également regroupées au sein d’un chapitre. L’objectif des coordinateurs et des différents contributeurs de l’ouvrage est non seulement d’aider à avancer dans la compréhension de la maladie et de son traitement mais aussi d’apporter un réel soutien aux patients et à leurs familles. Le professeur Bruno Vellas est le Président de l’IAGG. Il est également rédacteur en chef de la revue The Journal of Nutrition, Health & Aging, ainsi que des Cahiers de l’année gérontologique. Le professeur Phillipe Robert est le représentant de la Fédération nationale des Centres Mémoire de Ressources et de Recherche et dirige le CMRR au CHU de Nice. L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 89, N◦ 9 - NOVEMBRE 2013