1. On peut se placer du côté de l'objet linguistique, dans
une analyse matérielle des productions objectivables : une
séquence sonore enregistrée, un texte écrit,... C'est I'ana-
lyse textuelle, I'approche du code linguistique. On aborde
les troubles du langage dans un cadre analytique, en phase
avec la linguistique descriptive des années 60. Cette
démarche est aussi, et c'est important, proche de la repré-
sentation du langage pour les patients et leur entourage:
une séquence sonore plus ou moins normée et plus ou
moins difficile à produire.
2. On peut aussi se placer du côté des acteurs et envisager
la communication comme le propose la pragmatique du
langage,... On note alors I'efficacité du langage dans la vie
sociale du côté de l'oral ou de l'écrit.
3. Enfin on peut se placer dans le contexte de la sémioti-
que des situations ; une situation est une série prédicative,
une stratégie dans l'espace et dans le temps.- On est du
côté de la signification comme élément de première ana-
lyse: c'est le cadre de l'énonciation, du discours en acte,
conçu comme une approche d'« ensembles signifiants en
construction et en devenir » (Fontanille, 1998).
Sur un plan pratique, et sans doute trop schématique,
la sémiologie diagnostique de l'aphasie utilise de façon
préférentielle l'analyse de l'objet linguistique (que l'on
peut détacher du corps et figer dans un énoncé intempo-
rel), et la sémiologie fonctionnelle privilégie l'analyse des
situations en devenir.
LES TROUBLES DU LANGAGE
LES CIRCONSTANCES D'OBSERVATION
DES TROUBLES DU LANGAGE
Les troubles du langage en rééducation sont observés
au décours de lésions cérébrales focales ou plus diffuses
(accidents vasculaires cérébratx, traumatismes crâniens,
infections, tumeurs,...). De façon usuelle, on va s'intéres-
ser aux troubles de la communication en considérant les
déficits sur le plan neurologique du plus périphérique,
vers le plus central. On note d'abord les troubles arthri-
ques (difficultés motrices pour articuler, produire les sons,
les dysarthrios,...), puis les troubles du langage (comme
l'aphasie,...), enfin les troubles du discours, comme dans
les démences. Ces trois registres sont des dominantes, per-
tinents sur le plan anatomo-clinique, mais dans la réalité
des situations de communication, il y a volontiers un
mélange des trois aspects (tableau II).
TABLEAU II. - Les troubles de la communication
(quelques exemples).
DÉFICIENCE DÉ,NOMINATION MALADIES
(exemples)
LA PAROLE Dysarthrie Parkinson,
syndrome cérébelleux,
LE
LANGAGE Aphasie Hémiplégie, AVC, .
LE
DISCOURS Démence Alzheimer,
LA SÉMIOLOGIE DIAGNOSTIQUE
DES « APHASIES »
La sémiologie diagnostique a pour but d'identifier
qu'il s'agit, d'un trouble du langage et non pas d'un trou-
ble de la parole, ni du discours, ni de la communication
sociale,... et que ce trouble est en rapport avec des lésions
cérébrales. C'est la définition de l'aphasie : un désordre du
langage qui renvoie à des localisations cérébrales focales.
Au-delà du cadre générique de l'« aphasie », il y a la pos-
sibilité de définir différentes entités anatomo-cliniques :
aphasie de Broca, de Wernicke,... et de préciser encore
davantage les localisations lésionnelles. Même si les pro-
grès et la disponibilité de l'imagerie médicale ont trans-
formé le rôle de l'analyse neuropsychologique l2l, elle
conserve son utilité en clinique comme outil d'évaluation,
d'identification des troubles (tableau III).
Le diagnostic générique d'aphasie repose sur des élé-
ments cliniques principaux :
1. la production d'erreurs très singulières dans l'énoncé et
2. la coexistence d'autres déficits neurologiques.
On doit alors obtenir pour définir l'aphasie comme
signe, une dichotomie claire : il y a ou il n'y a pas d'apha-
sie. Etre << un peu >> aphasique n'a pas de sens en terme de
sémiologie diagnostique.
Le cadre syndromique de l'affection neurologique
en cause
Lorsque de façon brusque surviennent de façon
conjointe un déficit moteur de l'hémicorps droit et un
trouble du langage, le diagnostic d'aphasie s'impose. Cette
séquence est typique et permet le diagnostic de l'hémiplé-
gie et du trouble du langage. L'imagerie médicale (scan-
ner, IRM) confirme le diagnostic, précise la cause
ischémique ou hémorragique de l'accident vasculaire
cérébral et localise les lésions. Mais le trouble du langage
peut être moins caricatural dans sa survenue et se présen-
ter comme une anomalie isolée, parfois associée à des
troubles du comportement.
Le cadre lîngaistique de I'aphasie
L'aphasie répond à certains types d'anomalies
morphologiques dans les énoncés
Le langage de l'aphasique est reconnu lorsque l'on
observe les faits cliniques suivants :
1. Sur le plan analytique :
a) La production d'erreurs caractéristiques dans les énon-
cés. Ces << erreurs » dites paraphasies sont par exemple
TABLEAU III. - L'aphasie comme signe.
LE SIGNE: « APHASIE »
signifiant (symptôme) signifié
(signification pour le médecin)
Trouble du langage Lésions cérébrales focales
(cerveau gauche)
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