QU’EST- CE QUE LA CONCURRENCE ?
Le glossaire d’économie industrielle et de droit à la concurrence de l’OCDE définit la concurrence
comme étant « la situation du marché dans laquelle des entreprises ou des vendeurs, agissant en
toute indépendance, s’efforcent d’attirer des clients pour atteindre un objectif commercial précis
exprimé en termes de bénéfice, de volume des ventes ou des parts de marchés. Cette concurrence
peut s’exercer entre deux ou plusieurs firmes. Elle peut porter sur les prix, la qualité, les services ou
plusieurs de ces facteurs simultanément ainsi que sur divers autres éléments déterminants pour le
choix des acheteurs. Pour les entreprises, les chances de gagner ou de perdre les faveurs de la
clientèle sont égales et réciproques ».
Le droit de la concurrence organise donc les conditions dans lesquelles s’exerce la rivalité entre
opérateurs économiques.
La politique de la concurrence est connue, dans différents pays, sous le nom de politique
« antitrust », politique « anti monopole » ou politique en matière de pratiques commerciales loyales.
POURQUOI LA CONCURRENCE EST- ELLE IMPORTANTE ?
La concurrence est perçue comme un processus clef qui contraint les entreprises à faire preuve
d’efficience et à commercialiser à moindre prix un plus large éventail de produits et services ; elle se
traduit par un gain de bien-être pour le consommateur. Elle concourt également à l’efficience
dynamique en favorisant l’innovation, le changement technologique et le progrès technique.
elle offre des prix réduits et élargit le choix du consommateur
elle permet d’assurer une efficacité économique maximale à la fois au sens statique (des prix
égaux aux coûts marginaux) et au sens dynamique (un taux optimal d’innovation et /ou
d’adoption de nouvelles technologies à terme ;
elle permet de surmonter les obstacles qui empêchent les pays de tirer profit des
opportunités offertes par la libéralisation du commerce.
Il convient cependant de faire une distinction nette entre les pratiques anticoncurrentielles qui
relèvent de la compétence de la Commission Nationale de la Concurrence et la concurrence
déloyale qui relève de la compétence des tribunaux de droit commun.
QUELLE EST LA PLACE DE LA CONCURRENCE DANS LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU CAMEROUN ?
La concurrence est l’un des principes de base de la politique économique du Cameroun. Le respect
du droit de la concurrence est garanti par la Charte des Investissements. Tous les textes législatifs
pris dans le domaine économique depuis 1990 garantissent le libre exercice de la concurrence dans
tous les secteurs.
QUELS SONT LES TEXTES DE BASE REGISSANT LA CONCURRENCE ?
la loi n°98 /013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence ;
le décret n°2005/1363/PM du 06 mai 2005 fixant la composition et modalités de
fonctionnement de la Commission Nationale de la Concurrence ;
les textes communautaires de la CEMAC ;
QU’EST-CE QUE LA COMMISSION NATIONALE DE LA CONCURRENCE ?
La Commission Nationale de la Concurrence est l’Autorité de la concurrence au Cameroun. Elle a
pour mission de veiller au respect, par tous les opérateurs économiques des différents secteurs,
des règles de la concurrence. Créée par la loi n°98/013 du 14 juillet 1998 relative à la
concurrence dont les modalités d’organisation et de fonctionnement sont fixées par le décret
n°2005/1363/PM du 06 mai 2005, elle est rattachée au Ministère chargé des problèmes de
concurrence. Actuellement, il s’agit du Ministère du Commerce.
Une Autorité de la concurrence est incontournable dans tout pays à économie libérale. Les
appellations varient d’un pays à l’autre. On peut citer :
Autorité de la Concurrence(France), Conseil de la Concurrence (Tunisie, Algérie, Madagascar),
Antitrust Division (USA), Antimonopoly Division (Chine), Egyptian Competition Agency,
Monopolies and Prices Commission (Kenya), Commission Nationale de la Concurrence et de la
Consommation (Burkina Faso), Fair Competition Commission (Tanzanie)
OU EST-ELLE SITUEE ?
Le siège de la Commission Nationale de la Concurrence est à Yaoundé, au 2ème étage de
l’immeuble de la Croix Rouge Camerounaise (derrière les anciens bâtiments du Ministère de la
Santé Publique).
B.P. 5082, Yaoundé-Nlongkak
Téléphone : 22 09 43 37
QUELLES SONT SES ATTRIBUTIONS ?
La Commission Nationale de la Concurrence est chargée :
d’examiner et émettre un avis sur toutes les questions relatives à la politique nationale
de la concurrence a ainsi que sur les projets de textes législatifs et réglementaires
susceptibles d’influencer l’exercice de la concurrence sur le marché intérieur ;
de rechercher, constater, poursuivre et sanctionner les infractions à la législation de la
concurrence ;
d’apporter son expertise aux tribunaux dans la prise des décisions en matière de
concurrence ;
de contrôler les fusions et les acquisitions d’entreprises ;
La Commission peut être saisie par :
toute personne physique ou morale, publique ou privée intéressée ;
les agences de régulation pour les infractions à la concurrence commises dans leurs
secteurs respectifs ;
enfin, la Commission peut s’auto-saisir de toute affaire dont elle a pu avoir
connaissance dans tous les secteurs de l’économie nationale.
QUELLE EST SA COMPOSITION ?
Présidée par une personnalité nommée par le Premier Ministre, elle comprend en son sein quinze
(15) membres représentants :
les Administrations publiques (MINCOMMERCE, MINIMIDT, MINPMEESA, MINJUSTICE,
MINEFI) ;
les organisations socio-professionnelles (CCIMA, GICAM, SYNDUSTRICAM, CHAGRI, SCIEC,
Ordre des experts-comptables et Barreau) ;
la société civile notamment les associations des consommateurs.
QUELLES SONT LES INFRACTIONS QUI RELEVENT DE SA COMPETENCE ?
Les pratiques anticoncurrentielles, c’est-à-dire toutes les pratiques qui auraient pour effet
d’empêcher, de fausser ou de restreindre de manière sensible l’exercice de la concurrence sur le
marché intérieur. On peut distinguer :
les ententes anticoncurrentielles entre les entreprises (entente sur les prix ou soumission
collusoire aux appels d’offres par exemple) ;
les abus de positions dominantes (imposition des prix, pratique des prix discriminatoires,
pratique de prix de prédation, refus de vente ou de prestation de service, limitation de la
production, etc.
les concentrations (fusions et acquisitions d’entreprises). Etant susceptible de fausser la
concurrence, les concentrations doivent se faire sous le contrôle de l’autorité de concurrence
qui peut interdire celles qui diminuent la concurrence ou aurait cet effet.
QUELLES SONT LES SANCTIONS QUE LA COMMISSION PEUT PRONONCER ?
LA Commission peut :
adresser des injonctions de mettre fin aux pratiques incriminées éventuellement assorties
d’astreinte et paiement des dommages et intérêts en cas d’abus de position dominante ;
infliger des amandes de l’ordre de 50% du bénéfice et 20% du chiffre d’affaires (en matière
d’entente notamment). Le non-paiement de l’amande dans un délai de 60 jours à compter
de la date de notification est sanctionné par une pénalité dont le montant par jour de retard
est égal au centième de l’amande initiale ;
annuler l’accord incriminé en partie ou en totalité en matière de fusion et d’acquisition
d’entreprise.
Le montant des amandes ci-dessus est doublé en cas de récidive.
La Commission peut, en outre, ordonner la fermeture temporaire de l’entreprise dans les cas
suivants :
1-non respect des injonctions de la Commission concernant les abus de position dominante ou les
fusions et les acquisitions d’entreprises ;
2-non paiement de l’amande.
LES DECISIONS DE LA COMMISSION SONT-ELLES SUSCEPTIBLES DE RECOURS ?
Les décisions de la Commission sont susceptibles de recours devant le Tribunal de Première Instance
du siège de la Commission (Yaoundé-Centre administratif). Le contrevenant peut contester la
décision de la Commission par lettre adressée à son Président dans les 45 jours suivant la notification
de la décision. Si aucun accord n’est trouvé avec la Commission dans les quinze (15) jours qui suivent
la réception de la lettre de contestation, l’affaire peut être portée devant le Tribunal de Première
Instance qui statue en dernier ressort.
La commission peut accorder des dommages et intérêts. Ses décisions sont publiées dans deux
journaux à fort tirage et par voix de radio aux frais du contrevenant.
NB : le recours n’est pas suspensif.
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