Journal Identification = PNV Article Identification = 0519 Date: February 28, 2015 Time: 9:21 am
V. Cochen De Cock, A. Terminet
par la présence de corps de Lewy au niveau du cortex lim-
bique de l’hippocampe et de l’amygdale, puis du cortex
associatif. Les corps de Lewy sont des inclusions neu-
ronales intra-cytoplasmiques faites d’agrégats fibrillaires
insolubles d’alpha-synucléine qui s’accumulent dans les
neurones et les cellules gliales.
La DLC serait la deuxième cause d’atteinte démentielle
dégénérative après la maladie d’Alzheimer chez les sujets
âgés. Il existe peu d’études épidémiologiques à ce sujet. La
prévalence de la DCL pourrait atteindre 5 % dans la popu-
lation générale et varierait de 11 à 35 % dans tous les cas
de démence confondus. L’incidence augmente avec l’âge.
Elle serait de 0,1 % par an pour la population générale et de
3,2 % par an pour tous les nouveaux cas de démences [2].
Le diagnostic de la DCL est principalement clinique et
repose sur les critères de Mc Keith et al. [3]. L’existence
d’un trouble cognitif évolutif entraînant un retentissement
sur l’autonomie et les relations sociales ou professionnelles
est une condition nécessaire au diagnostic de DCL. Le
profil cognitif comprend des signes en faveur d’atteintes
corticales et sous-corticales associées à des déficits atten-
tionnels importants et un dysfonctionnement visuo-spatial
et exécutif marqué. Il existe trois signes cardinaux, essen-
tiels au diagnostic de DCL : 1) les fluctuations cognitives,
avec des variations prononcées de l’attention et de la vigi-
lance ; 2) des hallucinations visuelles récurrentes bien
détaillées et construites et 3) la présence d’un syndrome
parkinsonien moteur, à prédominance axiale avec grande
instabilité posturale. D’autres manifestations sont évoca-
trices d’une DCL, en particulier le TCSP. On retrouve
également une hypersensibilité aux neuroleptiques et/ou,
en scintigraphie, une réduction de la fixation du transpor-
teur de dopamine dans le striatum ou du MIBG au niveau
cardiaque.
Le diagnostic de DCL est «probable »en présence
de deux signes cardinaux ou d’un signe cardinal associé
à une autre manifestation évocatrice. Le diagnostic est
«possible »en présence d’un signe cardinal ou d’une
manifestation évocatrice. D’autres symptômes sont fré-
quemment présents, mais manquent de spécificité comme
les chutes répétées et les syncopes, les pertes de connais-
sance brèves inexpliquées, une dysautonomie sévère,
d’autres hallucinations que visuelles, des idées délirantes
systématisées, une dépression...
Des examens paracliniques peuvent être utiles au
diagnostic en cas d’incertitude. L’IRM montre une préserva-
tion du volume de l’hippocampe et une relative préservation
des structures temporales internes. Le DAT Scan met en
évidence une diminution du nombre de transporteurs de
la dopamine présynaptiques au niveau du striatum. L’EEG
peut montrer des ondes lentes avec activité pointue transi-
toire dans les régions temporales. Le TEMP objective une
diminution de fixation généralisée du traceur de perfusion
avec réduction de l’activité temporale.
La prise en charge de la DCL nécessite une détection
et un diagnostic précoce de la maladie. Le TCSP fait partie
des critères diagnostiques. Il est donc utile de le recher-
cher. Ses conséquences (chutes, agitations nocturnes...)
justifient souvent une prise en charge spécifique.
Le trouble du comportement
en sommeil paradoxal, signe
annonciateur de démence
à corps de Lewy
Le TCSP peut précéder de plusieurs années les pre-
miers signes des maladies neurodégénératives [4]. Un suivi
de cohorte de patients présentant un TCSPi confirmé en
polysomnographie a été réalisé dans quatre groupes diffé-
rents (tableau 1), aux États Unis [4, 5], au Canada [6], en
Chine [7] et en Espagne [8]. Ces études montrent que la
probabilité de développer un syndrome parkinsonien varie
de 8,5 à 38 % à cinq ans après le diagnostic de TCSP et peut
atteindre plus de 90 % lors du suivi à plus long terme. Parmi
ces synucléinopathies, les patients ont développé une mala-
die de Parkinson dans 34 à 62 % des cas en fonction des
études, une DCL dans5à45%descasouuneatrophie
multi-systématisée dans0à10%descasetdestroubles
cognitifs de type MCI dans 18 % des cas. Ces derniers
rentreront probablement dans quelques années dans les
critères d’une de ces différentes synucléinopathies.
Le TCSPi est associé à d’autres marqueurs précoces
de maladies neurodégénératives : troubles de la percep-
tion et de la discrimination olfactives, atteinte des fonctions
exécutives et de la mémoire épisodique, troubles visuo-
constructifs et visuo-spatiaux, troubles de la perception et
de la discrimination des couleurs, troubles végétatifs, ralen-
tissement de l’EEG avec augmentation de la puissance
thêta au niveau du cortex frontal, temporal et occipital,
réduction du transporteur de la dopamine présynaptique au
niveau striatal et diminution du débit sanguin cérébral au
niveau du cortex frontal [9].
Certains éléments semblent pouvoir orienter dès la
découverte des TCSPi vers une future DCL. Une étude
récente [10] vient en effet de démontrer que certains
patients avec TCSPi avaient des anomalies diffuses du
métabolisme du glucose en occipital, anomalie classique-
ment retrouvée chez les patients avec DCL. De plus, ces
patients avaient des troubles visuo-spatiaux dont l’intensité
était corrélée à l’hypométabolisme occipital. Le suivi
84 Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, n ◦1, mars 2015
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