Sur L`exposant de Densité des Nombres Algébriques

Adamczewski,B. (2007)“Sur L’exposant de Densit ´
edesNombresAlg
´
ebriques,
International Mathematics Research Notices,Vol. 2007,Article ID 024,6 pages.
doi:10.1093/imrn/rnm024
Sur L’exposant de Densit ´
edesNombresAlg´
ebriques
Boris Adamczewski
CNRS & Universit´
e Claude Bernard Lyon 1,Institut Camille Jordan,21
avenue Claude Bernard,69622 Villeurbanne cedex France
Correspondence to be sent to: Boris Adamczewski,CNRS & Universit´
eClaudeBernardLyon1,
Institut Camille Jordan,21 avenue Claude Bernard,69622 Villeurbanne cedex France.
Dans un travail r´
ecent,Fischler et Rivoal ont propos´
e une nouvelle fac¸on de mesurer
l’irrationalit´
e d’un nombre r ´
eel. Il s’agit d’associer `
a tout nombre r ´
eel irrationnel un
exposant,appel´
e exposant de densit ´
e,qui a la particularit ´
e de prendre uniquement en
compte les suites d’approximations rationnelles dont les d´
enominateurs croissent de
fac¸onauplusg
´
eom´
etrique. En r ´
eponse `
a une question des auteurs,nous d´
emontrons
que l’exposant de densit ´
e de tout nombre alg ´
ebrique irrationnel est fini.
1 Introduction
L’ar t ic l e [1]a pour but d’introduire un nouvel exposant permettant de mesurer l’irra-
tionalit´
e du nombre r ´
eel ξ.Cetexposant de densit´
eprend uniquement en compte les
suites d’approximations rationnelles dont les d´
enominateurs croissent de fac¸on au plus
g´
eom´
etrique. Cette restriction est source de dicult´
es et rend a priori tr`
es di´
erente
l’´
etude de l’exposant de densit ´
e de celle de l’exposant d’irrationalit ´
e usuel.
Nous rappelons `
apr
´
esent la d´
efinition de l’exposant de densit ´
e. Etant donn´
es
ξun nombre r ´
eel irrationnel et u=(un)n1une suite croissante d’entiers strictement
positifs,on pose
αξ(u)=lim sup
n→∞
un+1ξ
unξet β(u)=lim sup
n→∞
un+1
un
,
Received October 2,2006;Revised February 21,2007;Accepted February 25,2007
See http://www.oxfordjournals.org/our journals/imrn/ for proper citation instructions.
c
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2 Boris Adamczewski
o`
uxd´
esigne la distance `
a l’entier le plus proche du r´
eel x. L’exposant de densit ´
edeξ,
not´
eν(ξ),est alors d´
efini comme l’infimum des nombres r ´
eels de la forme
1
2log(αξ(u)β(u)),
lorsque ud´
ecrit l’ensemble des suites croissantes d’entier positifs telles que αξ(u)<1
et β(u)<+. Lorsqu’il n’existe aucune suite uv´
erifiant ces conditions,on opte pour la
convention ν(ξ)=+.
Plusieurs probl`
emes motivant l’introduction de cet exposant peuvent ˆ
etre
trouv´
es dans [1]. Dans cet article,Fischler et Rivoal d´
emontrent entre autres choses
que ν(ξ)=0 pour presque tout nombre r ´
eel ξau sens de la mesure de Lebesgue,
que ν(ξ)=0 pour les nombres quadratiques et que ν(ξ)est fini pour tout nombre
alg´
ebrique poss´
edant au moins un conjugu ´
e de Galois r ´
eel (di´
erent de ξlui-mˆ
eme).
Comme cons´
equence imm´
ediate de ce dernier r ´
esultat,ils obtiennent que l’exposant de
densit´
e est fini pour tout nombre alg´
ebrique de degr ´
e pair. Cependant,la question de la
finitude de l’exposant de densit ´
edetoutnombrealg
´
ebrique irrationnel est laiss´
ee ou-
verte.
L’objet de cette note est de r´
epondre (positivement)`
a cette question.
Th ´
eor `
eme 1.1. L’exposant de densit ´
edetoutnombrealg
´
ebrique irrationnel est fini.
Fischler et Rivoal conjecturent en fait un r´
esultat bien plus pr´
ecis que celui
donn´
eparleth
´
eor`
eme 1,`
a savoir que l’exposant de densit ´
e des nombres alg ´
ebriques
irrationnels est toujours nul. Notons ´
egalement que l’approche que nous proposons ici
peut ˆ
etre rendue eective. Elle permet par exemple de montrer que ν(ξ)1.2359,o`
uξ
d´
esignelepluspetitnombredePisot,c’est- `
a-dire,l’unique racine r´
eelle du polyn ˆ
ome
X3X1.
2D
´
emonstration du Th ´
eor `
eme 1.1
Une premi`
ere ´
etape dans la d´
emonstration du th´
eor`
eme 1.1 consiste `
ad
´
emontrer que
tout corps de nombres r´
eel admet un nombre de Pisot comme ´
el´
ement primitif et qu’il
est possible d’imposer une condition suppl´
ementaire sur les modules des conjugu´
es de
Galois de cet ´
el´
ement primitif.
Lemme 2.1. Soient ξun nombre alg ´
ebrique r´
eel,d=[Q(ξ):Q]et r1(resp. r2)le nombre
de plongements r ´
eels (resp. complexes)de Q(ξ)dans C. Notons σ1,σ2,...,σr1(resp.
Sur L’exposant de Densit ´
edesNombresAlg
´
ebriques 3
σr1+1,...,σr1+r2)les plongements r ´
eels (resp. complexes)de sorte que σ1=id. Alors,il
existe un entier alg´
ebrique βqui est un ´
el´
ement primitif de Q(ξ)et tel que
β>1>|σ2(β)|>|σ3(β)|>···>|σr1+r2(β)|.
D´
emonstration. Il sut de reprendre l’argument donn´
eaud´
ebut de la d´
emonstration du
th´
eor`
eme 5 de [1].
Nous sommes maintenant pr ˆ
ets `
ad
´
emontrer le th´
eor`
eme 1.1.
D´
emonstration du th´
eor`
eme 1.1. Soit ξun nombre alg´
ebrique r´
eel irrationnel. Nous al-
lons d´
emontrer que ν(ξ)est n´
ecessairement fini. Nous conservons les notations du
Lemme 2.1 et notons dans la suite z(resp. (z))le conjugu´
e complexe (resp. la partie
r´
eelle)du nombre complexe z.
Tout d’abord,le lemme 2.1 assure l’existence d’un entier alg ´
ebrique βv´
erifiant
les deux conditions suivantes:
(i)il existe un polyn ˆ
ome QQ[X]tel que ξ=Q(β);
(ii)β>1>|β2|>|β3|···>|βr1+r2|.
Ici βj,1jr1d´
esigne l’ensemble des r1conjugu ´
es de Galois r ´
eels de β(avec la
convention β1:= β)et (βj,βj),r1<jr1+r2d´
esigne l’ensemble des r2paires de
conjugu´
es de Galois complexes de β. Posons ´
egalement βr1+r2+j:= βr1+jpour 1 jr2et
Q(X):= c0+c1X+···+cdXd. A priori les coecients cksont rationnels,mais nous pouvons
supposer sans perte de g´
en´
eralit´
e qu’il s’agit d’entiers relatifs. En eet,si td´
esigne le
ppcm des d´
enominateurs des entiers ck,alors tξ=tQ(β),tQ est `
acoecients dans Zet
ν(ξ)=ν(tξ)d’apr`
es le lemme 3 de [1]puisque test entier.
Notons P(X):= a0+a1X+··· +ad1Xd1+Xdle polyn ˆ
ome minimal de β
et consid´
erons une suite (un)n1de nombres r´
eels v´
erifiant la relation de r ´
ecurrence
lin´
eaire dont le polyn ˆ
ome caract´
eristique est le polyn ˆ
ome P,c’est- `
a-dire,telle que
n1,un+d=−ad1un+d1ad2un+d2···a0un.
Puisque Pest le polyn ˆ
ome minimal de β,Pest `
a racines simples et il existe des nombres
complexes uniques λj,1jd,avec λr1+r2+j=λr1+jpour 1 jr2,tels que
n1,un=λ1βn+
d
j=2
λjβn
j.(2.1)
4 Boris Adamczewski
Naturellement,la suite (un)n1est d´
etermin´
ee par la donn´
ee du vecteur (u1,u2,
...,ud). Si ce dernier est choisi `
a coordonn´
ees enti`
eres alors unZpour tout npuisque
les coecients de Psont eux-m ˆ
emes des entiers relatifs et que Pest unitaire. Une
autre remarque est que la suite (un)n1ne peut ˆ
etre identiquement nulle `
apartirdun
certain rang d`
es lors que (u1,u2,...,ud)=(0,0,...,0). Nous supposons `
apr
´
esent que
(u1,u2,...,ud)est un d-uplet d’entiers strictement positifs. Ainsi,d’apr`
es (ii)et (2.1), on
aλ1=0etdonc
un
n→∞
λ1βn.(2.2)
De plus,quitte `
a remplacer (u1,...,ud)par (u1,...,ud),on peut toujours supposer
λ1>0,c’est- `
a-dire que unest un entier strictement positif pour nassez grand.
D’apr`
es (2.1), pour tout entier k1,on a :
n1,unβkun+k=
d
j=2
λj(βkβk
j)βn
j.(2.3)
Pour tout entier j,2jd,posons
Cj:= λj
d
k=0
ck(βkβk
j).(2.4)
D’autre part,
unξ
d
k=0
ckun+k=und
k=0
ckβk
d
k=0
ckun+k=
d
k=0
ckunβkun+k.
En posant vn=
d
k=0
ckun+k,les ´
egalit´
es (2.3)et (2.4)donnent
unξvn=
d
j=2
Cjβn
j.(2.5)
Remarquons maintenant qu’il existe un entier minimal l,2lr1+r2,tel que
Cl=0. En eet,le contraire impliquerait la rationalit ´
edeξpuisque unest un entier non
nul pour nassez grand.
Sur L’exposant de Densit ´
edesNombresAlg
´
ebriques 5
Nous devons distinguer deux cas. Si lr1,alors βlest r ´
eel et d’apr`
es (ii)et (2.5)
il vient
|unξvn|=|Cl||βl|n+o(|βl|n).
On en d´
eduit que ν(ξ)est fini puisque
lim sup
n→∞
|un+1ξvn+1|
|unξvn|=|βl|<1
et que d’apr`
es (2.2)
lim sup
n→∞
un+1
un
=β<+.
Supposons `
apr
´
esent que l>r1.Alorsβlest un nombre complexe non r ´
eel et
d’apr`
es (ii), (2.4)et (2.5), il vient
|unξvn|=2|(Clβn
l)|+o(|βl|n)=2|Cl||βl|n|cos(nθ+x)|+o(|βl|n),(2.6)
avec θappartenant `
a]0,π[]π,2π[et xappartenant `
a[0,2π].
Supposons dans un premier temps que θ/2πest un nombre rationnel. Alors la
suite (nθ)n1est p´
eriodique modulo 2π,disons de p ´
eriode p.Deplus,il existe un entier
n0tel que cos(n0θ+x)=0 puisque θ]0,π[]π,2π[. En posant Un=upn+n0et Vn=vpn+n0,
on obtient d’apr`
es (2.6)
lim sup
n+
|Un+1ξVn+1|
|UnξVn|=|βl|p<1
et
lim sup
n+
Un+1
Un
=lim sup
n→∞
up(n+1)+n0
upn+n0
=βp<+,
ce qui prouve que ν(ξ)est fini.
Supposons maintenant que θ/2πest irrationnel. Fixons un nombre εstrictement
positif. Il existe alors 0 <δ<π/2 tel que (x,y)]δ,δ[2,
(1ε)<|cos x|/|cos y|<(1+ε).(2.7)
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