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Introduction
L’utilité socio-économique des équipements collectifs, notamment les
réseaux d’infrastructures dépasse souvent leur rentabilité privée. Les autorités
publiques ont toujours joué le premier rôle dans la conception et le financement.
L’implication du secteur privé a d’ailleurs été historiquement forte en France. Notre
pays a une longue tradition d’association public-privé dans la fourniture de services
d’infrastructures. Le régime de la concession à l’initiative privée de la construction, du
financement et de l’exploitation d’infrastructures, a été abondamment utilisé depuis
le Moyen Âge. Au XIXe siècle et jusqu'aux années 1930, la vapeur, le gaz, l’électricité,
le télégraphe, le chemin de fer, le métro, le tramway, les canaux naissent sous forme
de concession. Même après la Seconde Guerre Mondiale, lorsque certains grands
réseaux de transport ou d’énergie sont nationalisés, la concession demeure très
utilisée, dans les autoroutes ou la distribution d’eau, par exemple.
Plus récemment, nous assistons dans la plupart des pays européens à un
regain d’intérêt pour le partenariat public-privé en matière d’infrastructures. À côté
de la concession ou de l’affermage, de nouvelles formes de contrat ont vu le jour,
comme l’Initiative de financement privé, la Private Finance Initiative (PFI)
britannique ou le Contrat de partenariat (CP) français. S’il est vrai que le modèle des
partenariats public-privé tire une partie de ses racines d’une approche contractualisée
de l’action publique, la mise en œuvre de ces derniers repose principalement sur un
certain nombre d’avantages économiques que les débats autour de tel ou tel contrat
ne doivent pas occulter.
Ce Prisme vise à éclairer et dans une certaine mesure à dépassionner les
termes du débat au travers d’une évaluation des conditions de pertinence et des
limites de ces contrats. Il s’agit de mettre en exergue les déterminants qui peuvent
conduire une collectivité publique, soucieuse du bon usage de ses deniers ainsi que de
l’efficacité et de la qualité du service rendu à l’usager, à opter pour un arrangement
partenarial avec le secteur privé. Il s’agit également de montrer les limites et les
risques que ces montages sont susceptibles d’induire s’ils sont utilisés mal à propos ou
si les termes contractuels ne permettent pas de concilier les intérêts des deux
partenaires. Si nous devions en quelques lignes définir les avantages potentiels liés à
© Centre Cournot, novembre 2013