Revue SOAO - N° 01 - 2009, pp. 26-31
TYC. SOWAGNON et al.
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pigmentaire (EP); Spitznas8 en 1980
reprend la théorie de Gass mais privilégie
plutôt un facteur pathogénique de nature
immunologique, infectieuse et vasculaire6.
Une altération diffuse de l’EP est également
nécessaire. Cette altération de l’EP peut être
soit isolée, soit le résultat d’une ischémie
de la choriocapillaire comme l’a suggéré
Scheider9 à partir d’observations de CRSC
suivies à l’angiographie en infrarouge au
vert d’indocyanine. Selon Marmor10, le uide
sous rétinien est le résultat d’un gradient
de pression issu de la choroïde à travers
une altération localisée de l’épithélium
pigmentaire et de la diminution des forces
d’adhésion rétinienne. D’autres hypothèses
plus récentes sont en faveur d’une altération
étendue du couple épithélium pigmentaire-
choriocapillaire, le point de fuite visible à
l’angiographie ne serait que le phénomène
déclenchant. Si ces hypothèses tentent
d’expliquer le mécanisme de survenue de la
CRSC, il reste qu’un facteur déclenchant soit
nécessaire. Plusieurs auteurs évoquent une
personnalité de type A (personnalité anxieuse
avec un sens élevé de la compétitivité, tendance
nette au psychosomatisme)11, le taux élevé
de cortisol plasmatique12 chez des patients
traités par des glucocorticoïdes pour des
affections inammatoires (lupus érythémateux
disséminé, polyarthrite rhumatoïde…) ou qui
sont sous immunosuppresseurs pour une
greffe d’organe2. L’hypertension artérielle et
l’anémie sont également souvent présentes13.
Le stress comme facteur déterminant a été
largement incriminé dans la littérature4,14.
Fanny a retrouvé dans son étude 6 cas
de CRSC diagnostiqués pendant la crise
militaro-politique ayant touché la Côte
d’Ivoire dans des situations variées. Mais,
toutes en rapport avec l’instabilité psychique
conséquence du stress, des émotions, du
doute et de l’incertitude dans laquelle vivaient
ces patients. Notre patient était en proie à
une situation de stress intense causée par
l’évaluation de son bilan d’activité annuel.
D’autres auteurs notamment Ahnoux5,
Giusti15, Mauget-Faysse16 et Musiuk17 ont
rapporté des cas de CRSC associés à une
recherche positive d’hélicobacter pylori (Hp).
La comparaison des proportions dans la
population générale (25,4% des 58419710
français en 1999) et des patients de l’étude de
Ahnoux5 (39,7% des 78 patients) par le Chi2
relèverait une liaison hautement signicative
(p=0,0036) entre la positivité du test et le fait
d’avoir une CRSC. Selon Giusti15, la CRSC
pourrait être une manifestation extra diges-
tive de l’hélicobacter pylori. La recherche
d’hélicobacter pylori est positive dans 70%
des cas dans les ulcères gastriques et dans
90% des cas dans les ulcères duodénaux.
La prévalence d’hélicobacter pylori dans les
ulcères18 est bien plus élevée que chez les
patients atteints de CRSC ; mais cela n’em-
pêche pas que cette infection puisse être un
des facteurs favorisants de la CRSC. De plus
ces deux affections ont toute une composante
psychique. Ce facteur digestif n’a pas été
retrouvé chez notre patient.
A l’instar de l’infection à hélicobacter
pylori et du stress psychique, l’usage
systémique des glucocorticoïdes à forte dose
ou tout état susceptible d’engendrer une
élévation du taux de cortisol plasmatique
semblerait être à l’origine de certains cas de
CRSC. Bouzas19 et Fastenberg12 ont rapporté
respectivement 3 cas de CRSC chez des
patients présentant un syndrome de Cushing
endogène et 2 cas de CRSC au cours de la
grossesse, vraisemblement liés au taux élevé
de cortisol plasmatique. De même Chaine2 a
rapporte 3 cas de CRSC en rapport avec une
corticothérapie systémique avec majoration
des doses. Gass et Little20 ont également
rapporté 3 cas de CRSC bilatéraux au cours
d’une corticothérapie systémique. Dans un
contexte un peu différent, Bouzas21 quant à
lui a rapporté 2 cas de CRSC après usage
locale de glucocorticoïdes. Selon Gass, les
taux élevés de cortisol plasmatique peuvent
être responsables de l’aggravation de la
perméabilité de la choriocapillaire. Il est en
effet bien connu que les corticostéroïdes
inhibent la prolifération broblastique et la
cicatrisation. Nos investigations n’ont pas
retrouvé chez notre patient un traitement
au long cours par les corticostéroïdes. Il est
vraisemblable qu’il y a une corrélation entre
les hauts niveaux de cortisol plasmatique
au cours de la grossesse, de la maladie de
Cushing ou des corticothérapies systémiques
et un risque important de développer une
CRSC. Celle-ci peut être soit typique avec un