La contraception orale est-elle en cause dans l’augmentation de l’incidence du cancer du sein ?
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26es journées de la SFSPM, Nancy, novembre 2004
La plupart des femmes avait
commencé leur CO avant 1970 et
l’avait interrompue avant 1980.
La majorité des CO utilisées
n’est plus prescrite actuellement.
Globalement aucune modifica-
tion du risque n’était observé en
fonction du type de pilule, et en
particulier de la dose d’estrogè-
nes entrant dans sa composition.
Cependant, pour les femmes
ayant interrompu leur CO depuis
plus de 10 ans, plus la dose d’es-
trogènes était élevée, plus le
risque de cancer du sein était fai-
ble (p < 0,02). Très peu de femmes avaient utilisé des CO contenant des progestatifs de troi-
sième génération.
Deux hypothèses peuvent être émises au vu de ces résult a t s : 1) un biais de dépistage, les
femmes utilisant une CO étant mieux surveillées donc mieux dépistées par rapport aux femmes
non utilisatrices ;2) un rôle promoteur de la CO vers des tumeurs biologiquement moins agres-
sives.
Ces résultats doivent être replacés dans le contexte plus global de l’utilisation d’une contra-
ception et des bénéfices et risques potentiels liés à cette utilisation. Ainsi la CGHFBC a cal-
culé un nombre de cancers du sein attribuable en fonction de l’âge des patientes utilisatrices
de CO (tableau II). L’incidence du cancer du sein reste en effet faible aux âges d’utilisation
de la CO et n’augmente que secondairement.
Les publications postérieures à celle du groupe de CGHFBC n’ont pas contredit ces résul-
tats. La Wo m e n ’s Care Study [ 3 ], par exemple, analyse des femmes âgées de 35 à 64 ans dont
76 à 78 % ont utilisé au moins une fois dans leur vie une CO. Les résultats ne montrent aucune
augmentation de risque de cancer du sein quelle que soit la durée d’utilisation, odd ratio à 1,0
(0,8-1,3) pour les durées d’utilisation supérieures à 15 ans. Les résultats concernant les fortes
doses d’estrogènes (50 µg ou plus) sont associés à une diminution du risque pour les femmes
ayant arrêté leur CO (OR : 0,8 (0,7-0,9) alors que les résultats concernant les femmes ayant
utilisé des pilules plus faiblement dosées en estrogène ne montrent aucune modification du
risque. Si l’on tient compte du type de progestatif contenu dans les pilules, aucune modifica-
tion du risque n’est observé avec les pilules actuellement prescrites (deuxième ou troisième
génération). Les effectifs dans le groupe des femmes ayant utilisé des dérivés gonanes sont
plus importants que dans la méta-analyse d’Oxford, conduisant à une estimation plus puis-
sante de ces risques. En ce qui concerne les dérivés estranes, les femmes utilisant au moment
du diagnostic de cancer du sein une pilule contenant du diacétate d’éthynodiol ont un risque
de 3,5 (1,1-10,7 ; intervalle de confiance à 95 %). Cependant, l’effectif de ce sous-groupe est
très faible (15 femmes dans le groupe des cas et 4 femmes dans le groupe témoin). L’ i n t e r-
prétation est donc délicate. Ces résultats soulignent bien l’importance du climat hormonal
 g eU t i l i s a t r i c e s Non Nombre cumulé
u t i l i s a t r i c e s en excès ± SD
1 6 - 1 94 , 5 4 0,5 ±0 , 1
2 0 - 2 41 7 , 51 6 1,5 ± 0,4
2 5 - 2 94 8 , 74 4 54,7 ± 1,0
3 0 - 3 411 01 0 0 11,1 ± 2,1
3 5 - 3 91 8 01 6 0 21,0 ± 3,6
4 0 - 4 52 6 02 3 0 32,0 ± 5,0
SD : déviation standard.
Tableau II.
Nombre de cancers du sein estimé en fonction
de l’utilisation d’une CO pour 10 000 femmes utilisatrices
en Europe.