Cours de mathématiques 3e année niveau 2 Analyse 2012 – 2013 Bernard Lenggenhager : [email protected] Collège de Genève Version du 5 janvier 2013 ii Table des matières Table des matières iii 1 Introduction 1 2 Entrée en matière 3 3 Principes de base 5 4 Limite 4.1 Notion de limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Propriétés des limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 Asymptotes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 11 12 14 5 Continuité 5.1 Continuité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2 Continuité sur I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 19 21 6 Dérivée 6.1 La dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6.2 Règles de dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 25 27 7 Calcul diff. 7.1 Les accroissements finis 7.2 Croissance . . . . . . . 7.3 Extremum relatif . . . 7.4 Courbure . . . . . . . 31 31 33 34 35 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Étude de fonction 39 9 Fonctions trigonométriques 9.1 Rappel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9.2 Dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 41 43 10 Optimisation 45 iii 11 Taux relatifs 11.1 Notion de différentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11.2 Taux relatifs ou taux liés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 47 49 12 L’intégrale 12.1 Primitive . . . . . . . . 12.2 Vitesse et accélération 12.3 Aire . . . . . . . . . . 12.4 Théorème Fondamental 12.5 Règles d’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 51 53 55 57 58 13 Le calcul intégral 13.1 Aire entre deux courbes 13.2 La moyenne . . . . . . . 13.3 Le volume de révolution 13.4 La longueur d’arc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 63 64 66 66 Bibliographie 69 Index 69 iv 1 Introduction Quelles sont les racines du calcul différentiel et intégral ? Elles viennent probablement de Pythagore (environ 500 av J.-C.), plus spécialement d’une découverte qui l’humilia et le bouleversa : les nombres entiers sont insuffisants pour bâtir les mathématiques. (Pythagore prêchait que toute la nature, l’univers entier, toutes choses mathématiques reposaient sur le modèle discret des nombres entiers : 1, 2, 3, ...) Voilà cette découverte : le rapport du côté d’un carré à sa diagonale ne peut pas s’exprimer par le rapport de deux nombres entiers. On ne peut pas trouver deux nombres entiers tels que le carré de l’un √ soit égal au double du carré de l’autre. (équivalent : 2 n’est pas un nombre rationnel !) Citons également Archimède (287 à 212 av J.-C.) qui cherchait à déterminer des longueurs de courbes ou l’aire de surfaces gauches (non planes). Il remarqua que les axiomes généraux ne suffisaient pas. Archimède va faire de l’approximation et de l’intégration (cela ne s’appelle pas encore ainsi). Il est considéré comme le précurseur du calcul intégral (calcul d’aire avec sa méthode d’exhaustion) et différentiel (tangente à des spirales). Il faudra attendre la fin du XVIIe siècle pour voir éclore le calcul différentiel et intégral avec Newton (1642 – 1727) et Leibniz (1646 – 1716) qui développent parallèlement et chacun à leur manière cette nouvelle théorie (1670 – 1700). On ne parle pas encore de limite. Newton parle de « fluente » et de « fluxion » alors que Leibniz utilise la notion de « nombre infiniment petit » (cette notion est en contradiction avec la propriété archimédienne des nombres réels). Voici ce que disait l’évêque Georges Berkley, un contemporain de Newton et Leibniz : « Que sont ces fluxions ? Les vitesses d’accroissements infiniment petits. Et que sont ces accroissements infiniment petits eux-mêmes ? Ce ne sont ni des quantités finies, ni des quantités infiniment petites, pas même rien. Ne pouvons-nous pas les appeler des fantômes de quantités disparues ? » Néanmoins, tous les résultats obtenus par Leibniz et Newton étaient corrects et ont été utilisés jusqu’au milieu du XIXe siècle. Cette contradiction va amener les mathématiciens de l’époque à rechercher une approche qui permette de la contourner. Il faudra attendre encore quelques années et la venue des mathématiciens Euler (vers 1750), Cauchy (1821), Bolzano (1781 – 1848), Weierstrass (1815 – 1897. 1861 : définition rigoureuse de la limite et en usage depuis) et d’autres pour compléter la théorie des limites en particulier et du calcul différentiel et intégral en général. Dans les années 1960, des mathématiciens ont tenté de redonner vie à la notion de nombre infiniment petit (Abraham Robinson, 1 CHAPITRE 1. INTRODUCTION Edouard Nelson). Cette approche s’appelle l’analyse non-standard. Elle est actuellement en plein développement. La théorie du calcul différentiel et intégral aura mis environ 200 ans pour être formulée telle qu’elle est aujourd’hui. Alors qu’il ne vous faudra qu’une petite année pour l’étudier ! 2 2 Entrée en matière Activité 1 Dans un aéro-club il y a un type d’avion qui décolle dès qu’il atteint la vitesse de 30 m/s (soit 108 km/h). Un pilote observe qu’au roulage (et également quelques secondes après le décollage), la position p en mètres de son avion en fonction du temps t en secondes est t3 . donnée par la fonction p : t 7→ 10 (1) Est-ce que l’avion décolle ou a décollé après 5 secondes ? (2) Est-ce que l’avion décolle ou a décollé après 10 secondes ? (3) Est-ce que l’avion décolle ou a décollé après 20 secondes ? Activité 2 Supposons qu’une voiture se déplace avec une vitesse constante égale à 60 km/h. (1) Soit p la fonction qui décrit la position de la voiture en fonction du temps. Dessiner le graphe de la position p de la voiture en fonction du temps t, pour des valeurs de t variant de 0 à 3 heures. (2) Soit v la fonction qui décrit la vitesse de la voiture en fonction du temps. Dessiner le graphe de la vitesse v de la voiture en fonction du temps t, pour des valeurs de t variant de 0 à 3 heures. (3) Connaissant le graphe de la position, comment peut-on dessiner le graphe de la vitesse de la voiture à chaque instant ? (4) Connaissant le graphe de la vitesse, comment peut-on dessiner le graphe de la position de la voiture à chaque instant ? 3 CHAPITRE 2. ENTRÉE EN MATIÈRE Activité 3 La vitesse v d’une voiture (en km/h) est donnée par la fonction suivante dépendante du temps t (en h) : 60 si 0 ≤ t ≤ 0, 5 120 si 0, 5 < t ≤ 2 v : t 7→ . 80 si 2 < t ≤ 2, 5 60 si 2, 5 < t ≤ 3 Calculer la position de la voiture aux temps t = 1, t = 2 et t = 3. Dessiner le graphe de la vitesse et indiquer sur le graphique de la vitesse où la position au temps t = 2 peut être dessinée. Activité 4 La courbe suivante peut être approximée par une fonction linéaire par morceaux dont la pente pour chaque morceau est facile à calculer. Si cette courbe est la représentation de la fonction position p d’un objet en mouvement, utiliser la fonction linéaire par morceaux pour représenter graphiquement la fonction vitesse v. (Les valeurs exactes ne sont pas importantes ici, des valeurs approximatives feront l’affaire.) p 30 20 10 1 2 t 3 Activité 5 30 La courbe suivante peut être approximée par une fonction en « escalier ». Si cette courbe représente la fonction vitesse v d’un objet en mouvement, utiliser les rectangles pour donner une représentation graphique de la fonction position p. (Les valeurs exactes ne sont pas importantes ici, des valeurs approximatives feront l’affaire.) v en km/h 20 10 1 2 3 t en h Le but principal du sujet appelé analyse consiste à déterminer quand et comment approximer une courbe par des morceaux de droites et d’approximer des aires par des rectangles et de comprendre comment les utiliser pour calculer. Intuitivement, il paraît claire que, pour que l’approximation soit bonne, les morceaux de droites ou les rectangles doivent être petit. La question est : petit comment ? Ou le nombre de parties à prendre doit être grand relativement à la question : grand comment ? 4 3 Principes de base Niveau de référence Les réels R sont constitués de niveaux imbriqués. Au niveau le plus grossier on observe, par exemple, les nombres √ 1 3 ; ; 2 ; π. 10 4 1010 On peut considérer une métaphore tirée de la physique. Au niveau le plus grossier se trouvent les nombres qu’on peut observer sans microscope ni télescope. Chaque expérience détermine un contexte et, relativement à ce contexte, certains nombres ne sont pas observables parce que trop petits ou trop grands. Pensez au millimètre comparé à la distance terre-lune. Mais les nombres réels sont en quantité infinie. On ne peut pas tous les observer aussi facilement. Il y a des nombres dont ont sait qu’ils existent mais qui sont moins observables. On peut penser à l’intervalle [0; 1]. Il contient une infinité de nombres qui sont tellement serrés les uns contre les autres qu’on peut imaginer que certains sont, d’une certaine manière, séparés par une distance ultrapetite. Ceci permet de concevoir les niveaux plus fins. Proche de zéro, il y a des nombres qui sont tellement petits (on dira ultrapetits) qu’on ne peut pas les observer. Ils ne sont pas du niveau le plus grossier. Mais on pourra utiliser leur propriété d’être ultrapetit. Leur inverse sera ultragrand. Si on voulait imaginer écrire sous forme décimale un nombre ultrapetit, on écrirait « 0, suivi d’un nombre ultragrand de zéros, suivis d’au moins une décimale non nulle ». Mais un nombre ultragrand de zéros, c’est un nombre tellement grand qu’il est en quelque sorte au delà de notre horizon de connaissance. Mais il n’y a pas que le niveau le plus grossier et un autre niveau plus fin. Relativement à chaque niveau, il existe des niveaux plus fins. Même quand on utilise un microscope, il se trouve des nombres qui ne sont pas observables à l’aide de ce microscope. Chaque niveau est contenu dans les niveaux plus fins. 10 0 ; 1 ; 7 ; −3 ; 1010 ; 5 CHAPITRE 3. PRINCIPES DE BASE En résumé : Propriétés des niveaux (1) Les nombres définis sans référence au concept de niveau sont observables au niveau le plus grossier. (2) Soient x1 , . . . , xn . Il existe un niveau le plus grossier où x1 , . . . , xn sont observables. (3) Si un nombre est observable à un niveau, il est aussi observable à tous les niveaux plus fins. Définition 1 Le niveau d’un nombre réel x est le niveau le plus grossier où x est observable. On étend la notion de niveau de la manière suivante : – Le niveau de a, b, c, . . . , x est le niveau le plus grossier où a, b, c, . . . , x sont observables. – Si une fonction d’une variable x est définie au moyen des paramètres a, b, c, . . . , on dira que le niveau de la fonction est le niveau des paramètres de a, b, c . . . . – Le niveau d’un intervalle I est le niveau des bornes de l’intervalle. Le niveau d’une fonction, d’une propriété ou d’un ensemble est donc le niveau des paramètres dont on a besoin pour définir la fonction, la propriété ou l’ensemble. Ceci définit le niveau de référence : Niveau de référence : Le niveau de référence d’une propriété c’est le niveau de tous les paramètres de cette propriété. On pourra aussi parler de niveau d’observation comme synonyme pour le niveau de référence. On travaillera toujours relativement à un niveau de référence. Par exemple, cela veut dire que si on désire étudier une fonction f en a, alors on va travailler relativement au niveau de f et a. Si l’on désire étudier le comportement de deux fonctions f et g sur un intervalle [a; b], alors on travaillera relativement au niveau de f , g, a et b. Définition 2 Relativement à un niveau de référence : (1) On dira qu’un nombre est ultrapetit s’il est non nul et plus petit, en valeur absolue, que n’importe quel nombre positif du niveau de référence. (2) On dira qu’un nombre est ultragrand s’il est plus grand, en valeur absolue, que n’importe quel nombre du niveau de référence. (3) On dira que deux nombres a et b sont ultraproches, ce qu’on écrit a ' b, si leur différence est ultrapetite relativement au niveau de référence ou nulle. 6 CHAPITRE 3. PRINCIPES DE BASE Existence des ultrapetits et des ultragrands : Relativement à n’importe quel niveau de référence, il existe des ultrapetits et des ultragrands. Si un nombre est ultrapetit ou ultragrand relativement au niveau de référence, il ne peut être dans le niveau de référence. Par définition, si x est ultragrand (ou ultrapetit) alors −x est ultragrand (ou ultrapetit). Notons que si x 6= 0 est un nombre réel, alors, relativement au niveau de référence, il y a trois possibilités exclusives : – x est ultrapetit. – Il existe des nombres positifs r1 , r2 du niveau de référence tels que r1 < |x| < r2 . – x est ultragrand. Relativement à un niveau les ultrapetits sont par là 0 Relativement à un niveau les ultragrands sont par là-bas / / / / / / / / 0 Pour terminer, les niveaux sont imbriqués les uns dans les autres. Dans le niveau le plus grossier se trouvent les nombres observables, ceux avec lesquels vous avez l’habitude de travailler. Dans un niveau plus fin, on trouvera des nombres ultrapetits, des nombres ultragrands relativement aux nombres du niveau le plus grossier, et également des nombres ultraproches des nombres du niveau le plus grossier. 7 CHAPITRE 3. PRINCIPES DE BASE ... δ, 1 , δ 1 + δ, . . . ε, 1ε , 1 + ε, . . . √ 0, 1, 2, π, . . . ε ultrapetit relativement au niveau le plus grossier. δ ultrapetit relativement au niveau de ε. Principe de Clôture Le principe de clôture nous dit qu’il est impossible de quitter le niveau de référence en effectuant des opérations sur des données du niveau de référence. Principe de clôture Les nombres définis en utilisant des données dans un niveau sont dans ce niveau. Le principe de clôture implique qu’un nombre est du niveau contenant toute l’information nécessaire à le calculer. Il se peut que le niveau de ce nombre soit plus grossier. Par exemple, a + b, a − b, a · b, a/b pour b 6= 0, ab , . . . sont du niveau de a et de b (ou d’un niveau plus grossier). Si on peut observer toute l’information nécessaire à calculer un nombre, alors on peut observer ce nombre. En particulier, on a f (x) est du niveau de f et de x. Exemples Soit ε un ultrapetit relativement au niveau le plus grossier. (1) 3 + ε est-il du niveau le plus grossier ? (2) Trouver deux nombres r1 et r2 du niveau le plus grossier tels que r1 < 3 + ε < r2 . (3) Soit f : x 7→ x2 + x + 1. Quel est le niveau de référence de cette fonction ? Peut-on calculer l’image de 3 + ε ? Théorème 1 Relativement à un niveau de référence : si a et b sont du niveau de référence et si a ' b, alors a = b. 8 CHAPITRE 3. PRINCIPES DE BASE Activité 6 Les affirmations suivantes sont-elles vraies ou fausses. Justifier par une preuve ou un contre-exemple. (1) Soient x ' 2 et y ' 3. (a) x + y ' 5 2 3 (b) x − y ' −1 (c) x · y ' 6 (d) x y ' (b) x − y ' −3 (c) x · y ' 0 (d) x y '0 (d) x y ' (d) x y '0 (2) Soient x ' 0 et y ' 3. (a) x + y ' 3 (3) Soient x ' N et y ' M avec M et N ultragrands positifs. (a) x+y ' N +M (b) x−y ' N −M (c) x · y ' N · M N M (4) Soient x ' 0 et y ' M avec M ultragrands positifs. (a) x + y ' M (b) x − y ' −M (c) x · y ' 0 Théorème 2 (Ultracalcul) Relativement à un niveau de référence : Si a ' x et b ' y, alors (1) a + b ' x + y. (2) a − b ' x − y. (3) Si a et b ne sont pas ultragrands, alors a · b ' x · y. a x (4) Si a n’est pas ultragrand et b 6' 0, alors ' . b y Le théorème précédent sera souvent utilisé dans la suite. Nous nous y référerons en disant simplement « par ultracalcul ». Exemple Soit x ultragrand relativement au niveau de référence. Peut-on dire que x 1+ 1 x ' x? Principe de la partie observable Le principe suivant reflète que les niveaux sont tellement imbriqués que si un nombre n’est pas ultragrand alors il est ultraproche de ou égale à un nombre du niveau de référence. Il est de la forme x = a+δ avec a observable et δ ultrapetit. a sera donc la partie observable de x. Principe de la partie observable Relativement à un niveau de référence : Si un nombre n’est pas ultragrand, alors il existe un nombre du niveau de référence qui en est ultraproche. 9 CHAPITRE 3. PRINCIPES DE BASE Exemple Montrer que si x n’est pas ultragrand, il n’existe qu’un seul nombre du niveau de référence ultraproche de x. Ce nombre unique dans le niveau de référence s’appelle la partie observable de x. On utilisera souvent le fait suivant : Théorème 3 Soit [a; b] un intervalle. Le niveau de référence est le niveau de a et b. Si x ∈ [a; b], alors sa partie observable se trouve dans [a; b]. C’est faux pour les autres types d’intervalles : par exemple si x ∈]0; 1] est ultrapetit (relativement au niveau le plus grossier), sa partie observable est 0 et n’est pas dans l’intervalle. De même si x ∈ [a; +∞[ (relativement au niveau de a) est ultragrand, il n’a pas de partie observable. Convention et Principe de Référence Nous avons défini de nouveaux concepts relatifs comme ultrapetit, ultragrand et ultraproche. Il faut donc donner des règles pour les utiliser correctement, c’est-à-dire sans créer de situations paradoxales. Pour cela, il suffira de respecter la convention suivante : Convention de Référence Dans une propriété, si on se réfère à un niveau, ça ne peut être qu’au niveau de référence ou à un niveau plus fin. En particulier, les concepts d’ultrapetit, ultragrand et ultraproche sont toujours interprétés relativement au niveau de référence. On peut maintenant énoncer le dernier principe : Principe de Référence Une propriété est vraie relativement à son niveau de référence si et seulement si elle est vraie relativement à n’importe quel niveau plus fin. Le principe de référence nous dit que le choix du niveau de référence n’a pas d’importance s’il est suffisamment fin. 10 4 Limite 4.1 Notion de limite Activité 7 On considère les fonctions f et g données par 100 000 − (100 − (x − 2)30 )2 f : x 7→ (x − 2)30 √ et g : x 7→ x+2−2 . x−2 Ces deux fonctions ne sont pas définie pour x = 2. Examiner le comportement de f et g autour de 2 (pour des valeurs de x « proches » de 2) Activité 8 On pose S1 = 12 , S2 = 1 2 + 14 , S3 = 1 2 + 14 + 18 , S4 = 1 2 + 14 + 81 + 1 , 16 etc.. (1) Calculer la valeur numérique (décimale) de S1 , S2 , S3 et S4 . (2) Calculer la valeur en fraction de S1 , S2 , S3 et S4 . (3) Peut-on prédire la valeur de Sn lorsque n devient très grand (n → +∞) ? (4) Un peu de géométrie ! Voici un carré de côté 1. R1 R5 R4 R6 R2 R3 (a) Calculer l’aire des différents rectangles R1 , R2 , R3 , R4 . (b) Calculer R1 + R2 + R3 + R4 . (c) Comparer le résultat obtenu en (2) avec celui obtenu en (4b). (d) Peut-on prédire la valeur de R1 + R2 + R3 + R4 + . . . + Rn lorsque n devient très grand (n → +∞) ? 11 4.2. PROPRIÉTÉS DES LIMITES CHAPITRE 4. LIMITE On va définir la notion de limite qui est une propriété de f et de a, le niveau de référence est celui de f et a. Pour cela, il faut d’abord que f soit définie autour de a, c’est-à-dire que f (x) existe pour x ' a, mais pas nécessairement en a. Définition 3 Soit f une fonction réelle définie autour de a (mais pas nécessairement en a). Le niveau de référence est le niveau de f et de a. On dit que f possède une limite en a, s’il existe un nombre L du niveau de référence, tel que pour chaque x x ' a et x 6= a implique f (x) ' L. Formellement, ∀x x ' a et x 6= a =⇒ f (x) ' L. Si f possède une limite en a, alors c’est la partie observable de f (a + dx) dans le niveau de référence, pour dx ' 0. Par le résultat sur la partie observable, si f possède une limite en x = a, cette limite est unique. Si f possède la limite L en a on écrira lim f (x) = L, x→a ce qu’on lit aussi « f (x) tend vers L quand x tend vers a » ou lim f (a + h) = L. h→0 Exemples Calculer, si elles existent, les limites suivantes : x2 + 2x + 1 x→−1 x+1 x3 − 2x + 1 x→1 x−1 (1) lim 4.2 (2) lim Propriétés des limites La propriété « f possède une limite en a » satisfait la convention de référence. Ainsi, par le principe de référence, on va pouvoir travailler relativement à n’importe quel niveau au moins aussi fin que le niveau de f et a, ce qui va nous permettre de combiner les fonctions. 12 CHAPITRE 4. LIMITE 4.2. PROPRIÉTÉS DES LIMITES Théorème 4 Soient f et g des fonctions réelles et c un nombre. Supposons que lim f (x) = L et lim g(x) = K. x→a x→a Alors (1) lim (c · f )(x) = c · L = c · lim f (x). x→a x→a (2) lim (f + g)(x) = L + K = lim f (x) + lim g(x). x→a x→a x→a (3) lim (f − g)(x) = L − K = lim f (x) − lim g(x). x→a x→a x→a (4) lim (f · g)(x) = L · K = lim f (x) · lim g(x). x→a x→a x→a lim f (x) L f (x) = = x→a . (5) Si K = 6 0 alors lim x→a g K lim g(x) x→a Activité 9 Considérons la fonction sgn, définie par −1 si x < 0, sgn : x 7→ 0 si x = 0, +1 si x > 0. Vérifier que f est définie autour de 0. Possède-t-elle une limite en 0 ? Expliquer ce qui se passe. Dans l’activité précédente, on a vu qu’on pouvait regarder la limite à gauche et à droite. On dit qu’une fonction est définie à gauche (respectivement à droite) de a, si f (x) existe pour x ' a, x < a (respectivement x ' a, x > a.) Définition 4 Soit f une fonction définie à gauche de a. On dit que f possède une limite à gauche en a, s’il existe un nombre L du niveau de référence tel que pour chaque x x ' a et x < a impliquent f (x) ' L. Remarque Si la limite à gauche existe, alors elle est unique (c’est la partie observable des valeurs f (x), pour x ' a, x < a) et on écrit : lim f (x) = L ou lim− f (x) = L, x→a x<a x→a ce qu’on lit f tend vers L quand x tend vers a par la gauche. Le symbole a− indique que l’on choisit des nombres x qui sont inférieurs à a. De manière similaire, 13 4.3. ASYMPTOTES CHAPITRE 4. LIMITE Définition 5 Soit f une fonction définie à droite de a. On dit que f possède une limite à droite en a, s’il existe L du niveau de référence tel que f (x) ' L, pour chaque x ' a, x > a. Remarque Si la limite à droite existe, alors elle est unique et on écrit : lim f (x) = L ou lim+ f (x) = L, x→a x>a x→a ce qu’on lit f tend vers L quand x tend vers a par la droite. Le symbole a+ indique que l’on choisit des nombres x qui sont supérieurs à a. Exemples Calculer, si elles existent, les limites suivantes : √ √ x+3−3 x2 − 5 − 2 (1) lim+ . (2) lim− . x→6 6−x x→3 x−3 4.3 Asymptotes Activité 10 Observons la courbe de la fonction f : x 7→ 1 x 5 4 3 2 1 0 −5 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 2 3 4 5 −2 −3 −4 −5 (1) Quel est le domaine de définition de cette fonction ? (2) Comment caractériser la courbe de cette fonction proche de l’axe vertical, c’est-à-dire pour x proche de zéro ? Considérer des valeurs ultrapetites (relativement au niveau de référence). 14 CHAPITRE 4. LIMITE 4.3. ASYMPTOTES (3) Comment caractériser la courbe de cette fonction pour de très grandes valeurs de x ? Considérer x ultragrand (positif ou négatif). (4) Dessiner cette fonction pour un intervalle horizontal [−100; 100] et un intervalle vertical [−100; 100]. (5) Est-ce que f possède une limite en 0 ? Donnée une courbe, une asymptote est une droite (du niveau de la courbe) telle que le graphe de la courbe et le graphe de la droite sont ultraproches dès que la coordonnée horizontale est ultragrande, ou que la coordonnée verticale est ultragrande (relativement au niveau de la courbe). On va distinguer trois sortes d’asymptote : verticale (lorsque la droite est verticale), horizontale (lorsque la droite est horizontale), ou oblique (lorsque la droite n’est ni verticale ni horizontale). Nous allons les décrire en utilisant les limites. Pour cela nous étendons la définition de limite pour les cas où la fonction atteint des valeurs ultragrandes. Définition 6 Soit f une fonction réelle définie autour de a. Le niveau de référence est le niveau de f et a. On dira que f tend vers +∞ (respectivement −∞) quand x tend vers a, ce qu’on écrira lim f (x) = +∞ (respectivement −∞), x→a si f (x) est ultragrand positif (respectivement négatif) pour chaque x ' a, x 6= a. On écrira lim f (x) = ±∞ x→a si lim f (x) = +∞ ou lim f (x) = −∞. x→a x→a On étend de manière similaire les définitions pour les limites infinies à gauche et à droite. le symbole ∞ ne représente pas un nombre. Ce symbole ne peut donc pas être utilisé pour effectuer des opérations. Il indique seulement que dans certains intervalles, la fonction atteint des valeurs ultragrandes. Définition 7 On dit que f a une asymptote verticale en x = a si lim f (x) = +∞ ou lim f (x) = +∞ ou x→a x<a lim f (x) = −∞. x→a x<a ou x→a x>a lim f (x) = −∞. x→a x>a Dans le cas d’une asymptote verticale, la droite est x = a : le graphe de f et le graphe de la droite sont ultraproche (x ' a) quand la coordonnée verticale est ultragrande. Exemple La fonction f : x 7→ 1 x a une asymptote verticale en x = 0, puisque si dx > 0 est ultrapetit 15 4.3. ASYMPTOTES CHAPITRE 4. LIMITE (par rapport au niveau le plus grossier), alors f (dx) = 1 dx est ultragrand et positif donc lim f (x) = +∞. x→0 x>0 On peut aussi s’intéresser au comportement asymptotique d’une fonction en regardant la valeur de f (x) pour x ultragrand (par rapport à f ). Il faut pour cela que f soit définie sur un intervalle de la forme [b; +∞[ ou ] − ∞; b]. Par clôture, on peut toujours trouver un tel b du niveau de f . Définition 8 Soit f une fonction réelle définie sur un intervalle de la forme [b; +∞[ (respectivement ] − ∞; b]), où b est du niveau de f . Le niveau de référence est le niveau de f . Soit L du niveau de référence. On dira que f tend vers L quand x tend vers +∞ (respectivement −∞), ce qu’on écrira lim f (x) = L (respectivement lim f (x) = L), x→+∞ x→−∞ si f (x) ' L pour chaque x ultragrand positif (respectivement négatif). Définition 9 On dit que f a une asymptote horizontale lorsque x tend vers +∞ (respectivement −∞) d’équation y = L, s’il existe un nombre L du niveau de f , tel que lim f (x) = L (respectivement lim f (x) = L). x→+∞ x→−∞ Le niveau de référence est celui de f , donc x est pris comme ultragrand par rapport au niveau de f . Dans ce cas, l’asymptote est la droite y = L : le graphe de f et le graphe de la droite sont ultraproches (f (x) ' L) dès que la coordonnée horizontale x est ultragrande. Exemple Considérons la limite 2x2 − 3x + 1 . x→+∞ x2 + 1 lim 2x2 − 3x + 1 est définie sur tout R et son niveau est le niveau le plus x2 + 1 grossier. Soit x ultragrand. Alors La fonction f : x 7→ f (x) = x2 (2 − x3 + x12 ) 2 − x3 + x12 2x2 − 3x + 1 2−0+0 = = ' = 2, 1 1 x2 + 1 1+0 x2 (1 + x2 ) 1 + x2 par ultracalculs. On en conclut que f a une asymptote horizontale d’équation y = 2 lorsque x tend vers +∞ ou lorsque x tend vers −∞. 16 CHAPITRE 4. LIMITE 4.3. ASYMPTOTES On termine ce chapitre avec les asymptotes obliques. Définition 10 Une fonction f a une asymptote oblique lorsque x tend vers +∞ (respectivement −∞) s’il existe des nombres m, h du niveau de f tels que lim [f (x) − (mx + h)] = 0 (respectivement lim [f (x) − (mx + h)] = 0). x→+∞ x→−∞ On dit que la droite d’équation y = mx + h est l’asymptote oblique de f lorsque x tend vers +∞ (respectivement −∞.) L’existence de l’asymptote oblique est une propriété de f , donc la limite est à prendre au sens du niveau de f . Dans ce cas, l’asymptote est la droite y = mx+h : le graphe de f et le graphe de la droite sont ultraproches (f (x) ' mx + h) dès que la coordonnée horizontale x est ultragrande. Exemple Considérons la fonction x3 + 2x2 + x − 1 x2 + 1 définie partout dans R. En utilisant l’algorithme de division des polynômes on a f : x 7→ f (x) = x + 2 − x2 3 . +1 Soit x ultragrand par rapport à f , c’est-à-dire relativement au niveau le plus grossier. On a −3 f (x) − (x + 2) = 2 ' 0, x +1 puisque x2 +1 est ultragrand. On en déduit que f possède une asymptote oblique d’équation y = x + 2 (lorsque x tend vers +∞ ou −∞), c’est-à-dire que m = 1 et h = 2. Pour trouver m et h dans des cas plus généraux que les fonctions rationnelles, on utilisera le théorème suivant. Théorème 5 Soit f une fonction. Soient m, h du niveau de f . Alors f a une asymptote oblique d’équation y = mx + h lorsque x tend vers +∞ (respectivement −∞) si et seulement si f (x) =m x→+∞ x lim lim [f (x) − mx] = h et x→+∞ (respectivement f (x) =m x→−∞ x lim lim [f (x) − mx] = h.) et x→−∞ Remarque Lorsque m = 0, l’équation y = mx + h devient y = h, soit une asymptote horizontale. Nous finissons ce chapitre par un résumé sur les asymptotes pour les fonctions rationnelles sous la forme d’un exercice. 17 4.3. ASYMPTOTES CHAPITRE 4. LIMITE Exercice On rappelle que f est une fonction rationnelle s’il existe des polynômes p et q tels que p(x) . f (x) = q(x) Le domaine de f est l’ensemble des nombres x tels que q(x) 6= 0. Considérons une fonction rationnelle f : x 7→ p(x) q(x) où p et q sont des polynômes. (1) Démontrer que la fonction f possède une asymptote verticale d’équation x = a si p(a) 6= 0 et q(a) = 0. (2) Soient n le degré de p et m le degré de q, (Rappel : le degré d’un polynôme est la plus haute puissance à laquelle on rencontre l’inconnue.) Conjecturer puis démontrer la conjecture : (a) Dans quels cas a-t-on une asymptote horizontale ? (b) Dans quels cas a-t-on une asymptote horizontale d’équation y = 0 ? (c) Dans quels cas a-t-on une asymptote oblique ? Remarque On observera que si une fonction f possède une asymptote oblique y = mx + h avec m > 0, alors pour x ultragrand positif, la fonction et l’asymptote atteignent toutes deux des valeurs ultragrandes positives mais ultraproches l’une de l’autre. Il faut donc faire attention en manipulant les ultragrands et ne pas aboutir hâtivement à de fausses conclusions. Une asymptote oblique indique que la fonction « part à l’infini » mais quasiment comme une droite. Exemples Déterminer toutes les asymptotes de la fonction f suivante et indiquer la position de la courbe relativement aux asymptotes : (1) f : x 7→ x . x−3 (2) f : x 7→ 18 x2 +3 . x+2 5 Continuité 5.1 Continuité en un point Activité 11 Un observateur regarde les avions décoller. De son emplacement, il voit les avions disparaître derrière la tour de contrôle. Un de ces avions a une longueur apparente exactement égale à la largeur de la tour de contrôle et se trouve complètement caché 5 secondes après le décollage. Immédiatement avant ou après, une partie de l’avion est visible. La hauteur h de l’avion, en mètres, en fonction du temps t mesuré en secondes, peu après qu’il a décollé et pendant les premières secondes de vol, est donnée par h : t 7→ 2t2 − 4t − 30 . t−5 On observe que la hauteur n’est pas définie en t = 5 (division par zéro) car l’avion n’est pas visible à cet instant. Est-il possible de calculer la hauteur de l’avion au moment où il est caché ? Définition 11 (Continuité) Soit f une fonction réelle définie autour de a. On dit que f est continue en a, si pour chaque x, x ' a implique f (x) ' f (a). Plus formellement, f est continue en a si ∀x x ' a =⇒ 19 f (x) ' f (a). 5.1. CONTINUITÉ EN UN POINT CHAPITRE 5. CONTINUITÉ La continuité de f en a est une propriété de f et de a. Par notre convention de référence, on interprète cette définition relativement à un niveau contenant f et a (par le principe de référence, peu importe lequel !). Une autre manière d’exprimer la continuité, est de dire que si a est la partie observable de x, alors f (a) est la partie observable de f (x). On peut aussi récrire la définition de la manière suivante : La fonction f est continue en a si, pour dx ultrapetit quelconque, f (a + dx) ' f (a). Avec la notation de limite, la définition devient Définition 12 (Continuité) Soit f une fonction réelle définie autour de a. On dit que f est continue en a, si lim f (x) = f (a) ou x→a lim f (a + h) = f (a). h→0 Exemples Montrer que la fonction f est une fonction continue en a si : (2) f : x 7→ x2 − x et a = 0. (1) f : x 7→ 2x − 1 et a = 2. Notation : La différence f (a + dx) − f (a) sera souvent notée ∆f (a). Donc, f est continue en a si et seulement si ∆f (a) ' 0 (avec la notation de limite : limx→a ∆f (x) = 0) Théorème 6 Soient f et g deux fonctions continues en a. Alors (1) f ± g est continue en a. (2) f · g est continue en a. f (3) est continue en a, si g(a) 6= 0. g Rappelons que si g est définie en a et f est définie en g(a), on définit (f ◦g)(a) = f (g(a)). Théorème 7 Supposons que g soit continue en a et f continue en g(a). Alors la fonction f ◦g est continue en a. Une fonction f est définie à gauche de a (resp. à droite de a) si f (x) est définie pour chaque x ' a, x < a (resp. x > a). Il est clair que f est définie autour de a si et seulement si f est définie à gauche et à droite de a. 20 5.2. CONTINUITÉ SUR I CHAPITRE 5. CONTINUITÉ Définition 13 (Continuité à gauche et à droite) Soit f une fonction et a ∈ R. (1) Supposons que f soit définie à gauche de a. Alors f est continue à gauche en a si pour chaque x, x < a et x ' a impliquent f (x) ' f (a). (2) Supposons que f est définie à droite de a. Alors f est continue à droite en a si pour chaque x, x > a et x ' a impliquent f (x) ' f (a). On voit immédiatement que f est continue en a si et seulement si f est continue à gauche et à droite en a. Avec la notation de la limite, les définitions deviennent : Définition 14 (Continuité à gauche et à droite) Soit f une fonction et a ∈ R. (1) Supposons que f soit définie à gauche de a. Alors f est continue à gauche en a si lim− f (x) = f (a). x→a (2) Supposons que f est définie à droite de a. Alors f est continue à droite en a si lim+ f (x) = f (a). x→a Exemples ( (1) Montrer que f : x 7→ √x+2 x+2 si x > −2 0 si x = −2 (√ (2) La fonction f : x 7→ 5.2 5−x 5−x 0 est une fonction continue à droite de −2. si x < 5 est-elle continue à gauche de 5 ? si x = 5 Continuité sur un intervalle Nous étendons maintenant la continuité d’un point à un intervalle. Définition 15 (Continuité sur un intervalle) (1) Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert ]a; b[. On dit que f est continue sur ]a; b[ si f est continue en chaque x ∈]a; b[. (2) Soit f une fonction définie sur un intervalle fermé [a; b]. On dit que f est continue sur [a; b] si f est continue en chaque x ∈]a; b[ et si, de plus, f est continue à droite en a et à gauche en b. Informellement : une fonction f est continue sur un intervalle si la courbe représentative de f peut être dessinée sans lever le crayon sur tout l’intervalle, ou si la fonction est là où vous espérez qu’elle soit si vous la cachez par une droite verticale. 21 5.2. CONTINUITÉ SUR I CHAPITRE 5. CONTINUITÉ Exemples (1) Montrer que la fonction f : x 7→ 2 − x est une fonction continue sur R. 2−x (2) Montrer que la fonction f : x 7→ x−1 est une fonction continue sur R\{1}. En étendant l’exercice précédent, on montre que tous les polynômes sont continus sur R et par conséquent les fonctions rationnelles (le quotient de deux polynômes) sont également continues sur leur domaine (les nombres pour lesquels le dénominateur est non nul). Rappelons que si f : I → J est une fonction bijective, sa réciproque rf : J → I est la seule fonction qui satisfait rf (f (x)) = x (pour tout x ∈ I) et f (rf (y)) = y (pour tout y ∈ J). Théorème 8 Soit f : I → J continue et bijective, avec I, J des intervalles fermés. Alors rf : J → I est continue. ∆x ∆y x y ∆y ∆x f rf x y On déduit que la réciproque d’une fonction continue et bijective sur tout type d’intervalle est également continue. Comme les puissances sont continues, les racines (qui sont les réciproques) sont également continues sur leur domaine (R ou [0; +∞[). Activité 12 (1) Soit f : Q −→ Q x 7→ x2 − 2. On calcule aisément que f (0) = −2 et f (2) = 2. (a) Existe-t-il un nombre c dans l’intervalle [0; 2] tel que f (c) = −1 ? (b) Existe-t-il un nombre c dans l’intervalle [0; 2] tel que f (c) = 0 ? (2) Soit f : R −→ R x 7→ x2 − 2. 22 5.2. CONTINUITÉ SUR I CHAPITRE 5. CONTINUITÉ (a) Existe-t-il un nombre c dans l’intervalle [0; 2] tel que f (c) = −1 ? (b) Existe-t-il un nombre c dans l’intervalle [0; 2] tel que f (c) = 0 ? (c) Existe-t-il, pour n’importe quel y dans l’intervalle [−2; 2], un nombre x dans l’intervalle [0; 2] tel que f (x) = y ? (3) Soit la fonction f : R −→ R x 7→ x5 + x4 − 3. A nouveau on calcule aisément que f (0) = −3 et f (2) = 45. Comme la fonction f est continue, intuitivement, on voit bien qu’il devrait y avoir une valeur c ∈ [0; 2] pour laquelle f (c) = 0, c’est-à-dire que l’on aimerait trouver une solution de l’équation x5 + x4 − 3 = 0 entre 0 et 2. (a) Diviser l’intervalle [0; 2] en 10 sous-intervalles de longueur identique : x0 = 0, x1 , . . . , x10 = 2. En partant de la gauche, calculer les image par f de x0 = 0, x1 , . . . , x10 = 2 jusqu’à ce que le signe change entre deux valeurs consécutives. (b) Répéter la procédure sur l’intervalle [xj ; xj+1 ] (intervalle où la fonction f change de signe). La racine se trouve alors comprise entre deux valeurs plus proches. Quelles sont ces valeurs ? (c) Combien de fois faudrait-il répéter l’opération pour avoir un résultat avec une précision de 10−8 ? (Ne pas faire le calcul) (d) Comment peut-on procéder pour montrer qu’il existe une valeur ultraproche de la racine de la fonction f ? Théorème 9 (Théorème de la valeur intermédiaire) Soit f une fonction continue sur [a; b]. Alors f admet un maximum absolu, un minimum absolu sur cet intervalle, et prend toutes les valeurs entre ces extremums. y M f (a) m =f (b) f a x b Exemple On considère l’équation x3 − x2 + 1 = 0. Montrer que cette équation possède une solution entre −1 et 0. Déterminer sa valeur avec 2 décimales exactes en utilisant la même démarche que dans l’activité 12 point (3). 23 5.2. CONTINUITÉ SUR I CHAPITRE 5. CONTINUITÉ En résumé, toutes les fonctions usuelles (polynomiales, racines, rationnelles) sont continues sur leur domaine. De plus, toutes les autres fonctions obtenues à partir de ces fonctions par addition, soustraction, multiplication, division et composition, sont donc également continues sur leur domaine. Remarque On a vu dans ce chapitre deux outils importants. Pour analyser le comportement local d’une fonction, c’est-à-dire le comportement d’une fonction f dans un voisinage d’un nombre déterminé a, on utilise des x ultraproches du nombre a en posant x = a + dx. Pour analyser le comportement global d’une fonction, c’est-à-dire le comportement d’une fonction f sur un intervalle, disons [a; b], on partitionne l’intervalle en un nombre N ultragrand d’intervalles ultrapetits. Ces deux outils nous suffiront pour développer toute l’analyse. 24 6 Dérivée 6.1 La dérivée Soit h > 0. Soit f une fonction réelle définie sur l’intervalle [a; a + h]. Le taux de variation moyen de f sur l’intervalle [a; a + h] est donné par le quotient f (a + h) − f (a) . h f f (a + h) f (a + h) − f (a) f (a) h a a+h Par exemple, si f représente la position d’un objet en fonction du temps, alors ce taux de variation moyen représente la vitesse moyenne de cet objet pendant l’intervalle [a; a + h]. Géométriquement, ce taux de variation moyen représente la pente moyenne de f sur l’intervalle [a; a + h]. Si l’on s’intéresse au taux de variation instantané, il est naturel de considérer le taux de variation moyen pour un intervalle ultracourt, c’est-à-dire pour un h ultrapetit. Considérons par exemple, la fonction f : x 7→ x2 en a = 3. Le niveau de référence est le niveau de f et a, c’est-à-dire le niveau le plus grossier. Soit h ultrapetit relativement au niveau de référence. On a f (a + h) − f (a) (3 + h)2 − 32 32 + 6h + h2 − 32 = = = 6 + h ' 6. h h h Le nombre 6 est indépendant de l’ultrapetit choisi (c’est le même résultat si h est négatif), c’est la contribution du taux de variation moyen qui est détectable au niveau de référence lorsque l’intervalle est ultracourt. On dira que le taux de variation instantané de f en 3 est 6. Si on zoom suffisamment sur la fonction f au point (3; f (3)), elle devient dans ce cas 25 6.1. LA DÉRIVÉE CHAPITRE 6. DÉRIVÉE indistinguable d’une droite : la valeur 6 est la composante de la pente de cette droite qui est observable au niveau de référence. Géométriquement, c’est la pente de la fonction en ce point. Si f est la position d’un objet en fonction du temps, alors ce taux de variation instantané représente la vitesse instantanée. Le taux d’accroissement instantané s’appelle la dérivée. On formalise la définition cidessous. Pour la définition de la dérivée en a, il faut que f soit définie au moins sur un intervalle ouvert ]b; c[ contenant a. Comme le domaine de f est du niveau de f , nous pouvons toujours supposer que b et c sont du niveau de f (par clôture). Définition 16 Soit a un nombre réel et f une fonction réelle définie sur un intervalle ouvert contenant a. Le niveau de référence est le niveau de f et de a. On dit que f est dérivable en a si il existe L du niveau de référence tel que f (x) − f (a) ' L pour chaque x ' a (x 6= a), x−a On note la dérivée f 0 (a) lorsqu’elle existe et on appelle f 0 (a) la dérivée de f en a. Remarques – Cette définition concerne f au point (a; f (a)). Son niveau de référence est donc le (a) . Par unicité de la partie niveau de f et de a. L est la partie observable de f (x)−f x−a 0 observable, le nombre f (a) est unique et se trouve dans ce même niveau. – Notation : On utilise souvent le symbole dx pour désigner un accroissement (appelé aussi incrément) ultrapetit de la variable x relativement au niveau de référence. On souligne le fait que dx est un symbole unique à deux lettres et ne suit pas la convention habituelle de la juxtaposition des lettres : dx ne signifie pas d multiplié par x. – En posant x = a + dx avec dx ' 0, la définition devient f 0 (a) ' f (a + dx) − f (a) . dx – En utilisant la notation avec la limite, la définition devient : f (x) − f (a) x→a x−a f 0 (a) = lim f (a + h) − f (a) . h→0 h ou f 0 (a) = lim Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en x = 0 si f est définie par : (1) f : x 7→ x2 − 1 (2) f : x 7→ |x| Notation : Soit dx ultrapetit relativement au niveau de f et x. On écrit ∆f (a) = f (a + dx) − f (a) ou f (a + dx) = f (a) + ∆f (a). Avec cette notation, si f est dérivable en a, on a ∆f (a) ' f 0 (a) ou dx 26 ∆f (a) . h→0 h lim CHAPITRE 6. DÉRIVÉE f (a + dx) ∆f (a) f (a) 6.2. RÈGLES DE DÉRIVATION Note : les dessins contenant des ultrapetits et des ultragrands ne sont pas dessiné à l’échelle et ne donnent pas une représentation correcte. Le but est d’aider à se faire une idée et non pas d’être une preuve. adx a + dx Définition 17 Soit f une fonction dérivable en a. La droite tangente à f au point (a; f (a)), notée Ta , est l’unique droite passant par (a; f (a)) de pente f 0 (a). Théorème 10 (Équation de la tangente) Soit f une fonction dérivable en a. L’équation de la droite tangente au graphe de f en x = a est donnée par : Ta : x 7→ f 0 (a)(x − a) + f (a). Exemples Déterminer l’équation de la droite tangente au graphe de f en a si : (1) f : x 7→ x2 + x et a = 2. (2) f : x 7→ x3 et a = 1. Nous montrons maintenant une conséquence importante de la dérivabilité de f en a. Théorème 11 Soit f une fonction réelle et a un nombre réel. Si f est dérivable en a alors f est continue en a. 6.2 Règles de dérivation Maintenant, au lieu d’étudier des fonctions particulières, nous allons démontrer des résultats sur les fonctions en général. Cela va paraître difficile car cela veut dire que l’on va travailler sur des objet dont on ne connaît pas grand chose, excepté qu’ils ont certaines propriétés. Rappelons que si f et g sont définies en a, on définit (f ± g)(a) = f (a) ± g(a), (f · (a) f g)(a) = f (a) · g(a), (a) = fg(a) , si g(a) 6= 0 et si g est définie en a et f est définie en g g(a), on définit (f ◦ g)(a) = f (g(a)). Théorème 12 (La dérivée d’une constante) Soit λ ∈ R, I un intervalle ouvert et f : I → R définie par f : x 7→ λ. Soit a ∈ I. Alors f 0 (a) = 0. 27 6.2. RÈGLES DE DÉRIVATION CHAPITRE 6. DÉRIVÉE Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en a si : (1) f : x 7→ 4 et a = 3. (2) f : x 7→ −12 et a = 5. Théorème 13 (Dérivée de xn , avec n rationnel) Soit n rationnel (n ∈ Q), alors (xn )0 = n · xn−1 . Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en a si : (1) f : x 7→ x2 et a = −2 (2) f : x 7→ x3 et a = √ 2. Théorème 14 (La dérivée du produit d’une fonction par une constante) Soit λ ∈ R. Soit f une fonction dérivable en a. Alors la fonction λ · f est dérivable en a et (λ · f )0 (a) = λ · f 0 (a). Exemples Calculer la dérivée de la fonction f définie par : (1) f : x 7→ 4x2 (2) f : x 7→ 5x4 Nous considérons maintenant la somme, le produit et le quotient de fonctions. Théorème 15 (La dérivée d’une somme de deux fonctions) Soient f et g des fonctions dérivables en a. Alors la fonction f + g est dérivable en a et on a (f + g)0 (a) = f 0 (a) + g 0 (a). Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en a si : (1) f : x 7→ x2 + x et a = 0 (2) f : x 7→ x3 + 4x2 + 2 et a = −1. Théorème 16 (La dérivée d’un produit de deux fonctions) Soient f et g des fonctions dérivables en a. Alors la fonction f · g est dérivable en a et on a (f · g)0 (a) = f 0 (a) · g(a) + f (a) · g 0 (a). 28 CHAPITRE 6. DÉRIVÉE 6.2. RÈGLES DE DÉRIVATION Exemples Calculer la dérivée de la fonction f si : (1) f : x 7→ x3 · x5 (2) f : x 7→ x4 · x2 Théorème 17 (La dérivée d’un quotient de deux fonctions ) Supposons que f et g sont des fonctions dérivables en a et que, de plus, g(a) 6= 0. Alors la f fonction est dérivable en a et on a g 0 f f 0 (a) · g(a) − f (a) · g 0 (a) (a) = . g g 2 (a) Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en a si : (1) f : x 7→ x x2 +1 (2) f : x 7→ et a = 1 2x2 x3 +x et a = 2. Théorème 18 (Règle de dérivation en chaîne) Soit a ∈ R. Soient f et g des fonctions telles que g soit dérivable en a et f soit dérivable en g(a). Alors la fonction f ◦ g est dérivable en a et on a (f ◦ g)0 (a) = f 0 (g(a)) · g 0 (a). Exemples Calculer la dérivée de la fonction f en a si : (1) f : x 7→ (x2 + x)5 (2) f : x 7→ (x3 − 2x2 + x)6 Théorème 19 (Dérivée de la réciproque) Soit f : I → J dérivable et bijective (I et J sont des intervalles fermés). Soit x ∈ I avec f 0 (x) 6= 0. Alors rf : J → I est dérivable en y = f (x) et (rf )0 (y) = 1 f 0 (x) = 1 f 0 (rf (y)) . Exemples Calculer la dérivée de la fonction rf si : (2) f : x 7→ x2 (1) f : x 7→ 3x − 1 29 6.2. RÈGLES DE DÉRIVATION CHAPITRE 6. DÉRIVÉE 30 7 Le calcul différentiel Activité 13 Considérons la fonction f définie par f : x 7→ x5 − 5x3 + 10x + 1. On donne les images par f suivantes : x f (x) −2 −11 −1 −5 0 1 1 7 2 13 Dessiner la courbe représentative de la fonction f sur l’intervalle [−2; 2] 7.1 Théorèmes de Rolle et des accroissements finis Définition 18 On dit qu’une fonction f atteint son maximum (respectivement son minimum) sur l’intervalle I s’il existe c ∈ I tel que f (c) ≥ f (x) pour tout x ∈ I (respectivement f (c) ≤ f (x) pour tout x ∈ I). Remarque Le théorème de la valeur intermédiaire (théorème 9) nous dit que si une fonction f est continue sur un intervalle fermé [a; b], alors elle atteint son maximum et son minimum sur [a; b]. Théorème 20 (La dérivée en un maximum et un minimum) Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert ]a; b[ et dérivable en c ∈]a; b[. Si f (c) est un maximum (ou un minimum) alors f 0 (c) = 0. Remarque Pour une fonction dérivable, la condition f 0 (c) = 0 est nécessaire pour avoir un extremum 31 7.1. LES ACCROISSEMENTS FINIS CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. mais elle n’est pas suffisante, c’est-à-dire que si f 0 (c) = 0, f (c) n’est pas nécessairement un extremum. En effet, pour la fonction f : x 7→ x3 , on a bien f 0 (0) = 0, pourtant f (0) n’est pas un extremum de f . y f x Exemple Soit la fonction f : x 7→ ax2 + bx + c dont la représentation graphique est une parabole. b ∆ On sait que l’extemum de la parabole se trouve en (− 2a ; − 4a ). Vérifier que la dérivée de f s’annule pour cette valeur de x. Théorème 21 (Théorème de Rolle a ) Soit f une fonction continue sur l’intervalle fermé borné [a; b] et dérivable sur l’intervalle ouvert ]a; b[. Si f (a) = f (b), alors il existe c ∈]a; b[ tel que f 0 (c) = 0. a. Michel Rolle, 1652 – 1719 Interprétation graphique y f (c) f (a) = f (b) Tc f a c x b Exemple Trouver la valeur de c prévue par le théorème de Rolle pour la fonction f définie par f : x 7→ x2 − 3x sur l’intervalle [0; 3]. Théorème 22 (Théorème des accroissements finis ou de Lagrange a ) Soit f une fonction continue sur l’intervalle fermé borné [a; b] et dérivable sur l’intervalle ouvert ]a; b[. Alors il existe un nombre c dans l’intervalle ]a; b[ tel que f (b) − f (a) = f 0 (c) · (b − a). a. Joseph-Louis Lagrange, 1736 – 1813 32 CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. 7.2. CROISSANCE Interprétation graphique y Tc f (c) S f (b) f f (a) a c x b Exemple Trouver la valeur de c prévue par le théorème des accroissements finis pour la fonction f définie par f : x 7→ x3 + 3x sur l’intervalle [0; 2]. 7.2 Croissance Nous déduisons maintenant un théorème liant la croissance d’une fonction et sa dérivée. Définition 19 Soit f une fonction définie sur un intervalle I. (1) On dit que f est (strictement) croissante sur I si f (x) ≤ f (y) (resp. f (x) < f (y)), pour chaque x < y dans I. (2) On dit que f est (strictement) décroissante sur I si f (x) ≥ f (y) (resp. f (x) > f (y)), pour chaque x < y dans I. y y f f (x) f (y) y I x y x I x x f (y) f (x) f Théorème 23 (Croissance et dérivée première) Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I. Alors (1) Si f 0 (x) ≥ 0 (> 0) pour chaque x ∈ I alors f est (resp. strictement) croissante sur I. (2) Si f 0 (x) ≤ 0 (< 0) pour chaque x ∈ I alors f est (resp. strictement) décroissante sur I. (3) Si f 0 (x) = 0 sur I alors f est constante sur I. Exemples Étudier la croissance des fonctions f suivantes : 33 7.3. EXTREMUM RELATIF CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. (2) f : x 7→ x3 − 3x2 . (1) f : x 7→ −2x + 6. 7.3 Extremum relatif Définition 20 (Extremum relatif ) Soit f une fonction continue en a. On dit que f (a) est – un maximum relatif (ou maximum local) de la fonction f , s’il existe un intervalle ouvert I autour de a tel que f (x) ≤ f (a) pour tout x ∈ I ; – un minimum relatif de la fonction f , s’il existe un intervalle ouvert I autour de a tel que f (x) ≥ f (a) pour tout x ∈ I ; – un extremum relatif de la fonction f , si c’est un maximum local ou un minimum local. Exemples y y 1 4 f x −1 0 −1 1 2 3 4 3 5 2 −2 1 f −3 −3 −2 −1 0 −1 −4 1 2 x 3 Théorème 24 (Extremum relatif) Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I et a ∈ I. Si f 0 (a) = 0 et f 0 (x) change de signe autour de a, alors f (a) est un extremum relatif. Remarque D’après le théorème 24, pour trouver les extrema relatifs d’une fonction f , il faudra : (1) Chercher f 0 (x) et résoudre l’équation f 0 (x) = 0, (2) Étudier le signe de f 0 pour déterminer si f 0 (x) change de signe autour des zéros de f 0. Exemples Déterminer les extrema relatifs de la fonction f définie par : 34 CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. (1) f : x 7→ (2) f : x 7→ x3 − 3 2 x −4 x−3 7.4. COURBURE 3x2 + 5x − 1 (3) f : x 7→ √ 3 x2 On peut résumer la situation avec le schéma suivant : Calcul de f 0 (x) f 0 (a) @ f discontinue en x = a pas de min/max 7.4 f 0 (a) = 0 f continue en x = a f 0 (x) ne change pas de signe autour de x = a f 0 (x) change de signe autour de x = a pas de min/max min/max f 0 (x) ne change pas de signe autour de x = a f 0 (x) change de signe autour de x = a pas de min/max min/max Concavité/convexité Nous démontrons maintenant le lien entre la concavité et la dérivée seconde. La dérivée seconde de f est simplement la dérivée de la fonction f 0 : x 7→ f 0 (x). On écrit f 00 (x) = (f 0 (x))0 et on dit que f est deux fois dérivable sur un intervalle si f 00 (x) existe pour tous les x sur cet intervalle. Exemples Calculer la dérivée seconde des fonctions f dérinies par : (1) f : x 7→ (2) f : x 7→ x3 − 3 2 x −4 x−3 3x2 + 5x − 1 (3) f : x 7→ √ 3 x2 Définition 21 Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I. On dit que f est convexe sur I si pour chaque u, v ∈ I, f (v) se trouve au dessus de la tangente de f en (u, f (u)), c’est-à-dire : Si pour tout u, v ∈ I, f (v) ≥ f 0 (u)(v − u) + f (u) . On dit que f est concave sur I si −f est convexe. f (v) t(v) f (u) u v 35 7.4. COURBURE CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. Théorème 25 (Concavité et dérivée seconde) Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I. Alors (1) Si f 00 (x) ≥ 0 pour chaque x ∈ I alors f est convexe sur I. (2) Si f 00 (x) ≤ 0 pour chaque x ∈ I alors f est concave sur I. Exemple Montrer que la fonction f : x 7→ x2 − 2x est convexe sur R. Définition 22 (Point d’inflexion) On appelle point d’inflexion d’une courbe y = f (x) d’une fonction f continue le point P de la courbe où il y a un changement de courbure. Exemple Reprenons la fonction f : x 7→ x3 . On a f 00 (x) = 6x et f 00 (0) = 0. De plus, f 00 change de signe autour de 0. Le point (0; 0) est un point d’inflexion. y f x Comment trouver les points d’inflexions C’est en calculant la dérivée seconde, en considérant les changements de signes de cette dérivée seconde autour d’un point où elle s’annule ou n’existe pas et en s’assurant de l’existence du point sur la courbe que l’on peut trouver les points d’inflexion. Résumons la recherche des points d’inflexion dans le schéma suivant : Calcul de f 00 (x) f 00 (a) @ f discontinue en x = a pas de P.I. f 00 (a) = 0 f continue en x = a f 00 (x) ne change pas f 00 (x) change de de signe autour signe autour de x = a de x = a pas de P.I. P.I. en x = a 36 f 00 (x) ne change pas de signe autour de x = a f 00 (x) change de signe autour de x = a pas de P.I. en x = a P.I. en x = a CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. 7.4. COURBURE Remarque Pour étudier la convexité/concavité d’une fonction f , il faudra (1) Chercher f 00 (x) et résoudre l’équation f 00 (x) = 0, (2) Étudier le signe de f 00 . Exemples Étudier la convexité/concavité des fonctions f suivantes : √ 3 x. √ 3 (4) f : x 7→ x2 . (1) f : x 7→ x2 . (3) f : x 7→ (2) f : x 7→ x3 − 3x2 . 37 7.4. COURBURE CHAPITRE 7. CALCUL DIFF. 38 8 Étude de fonction Pour étudier une fonction, on prendra le soin de traiter les points suivants : Marche à suivre : + déterminer le domaine de définition ; + déterminer l’intersection avec les axes ; + déterminer l’équation de toutes les asymptotes (limites aux bornes du domaine) ; + déterminer la dérivée première et ses zéros ; + étudier la croissance à l’aide d’un tableau des signes et déterminer les extrema locaux ; + déterminer la dérivée seconde et ses zéros ; + étudier la concavité à l’aide d’un tableau des signes et déterminer les points d’inflexions ; + à l’aide de toutes les informations récoltées, choisir une échelle convenable et représenter graphiquement la fonction. Exemple Étudier complètement la fonction f définie par f : x 7→ 39 x2 x−5 CHAPITRE 8. ÉTUDE DE FONCTION 40 9 Fonctions trigonométriques 9.1 Rappel Activité 14 Rappel : La mesure d’un angle en radians est le quotient de la longueur de l’arc de cercle intercepté par le rayon du cercle. Sur le cercle trigonométrique, la mesure d’un angle en radians représente la longueur de l’arc de cercle intercepté par l’angle, mais sans unité. y 1 x x O −1 1 x −1 On aimerait connaître la valeur de lim x→0 sin(x) . x Pour cela, compléter le tableau ci-dessous ( x −0, 1 −0, 01 −0, 001 → : les angles sont en radians). 0 sin(x) x Conjecturer la valeur de lim x→0 sin(x) . x 41 ← 0, 001 0, 01 0, 1 9.1. RAPPEL CHAPITRE 9. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES y 1 B sin(x) x A x O −1 x cos(x)1 On définit les fonctions trigonométriques (appelées également fonctions circulaires) de la manière suivante : soit le cercle trigonométrique (cercle de rayon 1 et centré en O). Le point situé en A se déplace sur le cercle et parcours un chemin de longueur x sur celui-ci pour s’arrêter au point B. La valeur x de la longueur de l’arc de cercle parcouru par le point représente la valeur de l’angle en radians (mesure [ sans unité) de l’angle au centre AOB. Par définition, on appelle sin(x) la coordonnée verticale du point B et cos(x) la coordonnée horizontale du point B : −1 B(cos(x); sin(x)) . Lorsque le point tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (sens trigonométrique) la valeur de l’angle (orienté) est positive et lorsque le point tourne dans le sens des aiguilles d’une montre (sens rétrograde) la valeur de l’angle est négative. Activité 15 Considérons f définie par 1 f : x 7→ sin , x pour x > 0. Vérifier que f est définie à droite de 0. Possède-t-elle une limite à droite en 0 ? Expliquer. 42 CHAPITRE 9. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 9.2 9.2. DÉRIVÉE Dérivée des fonctions trigonométriques Pour la dérivée des fonctions sinus et cosinus, on utilise la définition de la dérivée. Nous allons avoir besoin des théorèmes suivants : Théorème 26 Les fonctions trigonométriques sin, cos et tan sont continues sur leur domaine. Théorème 27 sin(x) = 1. x→0 x lim Théorème 28 (1) sin0 (x) = cos(x). (2) cos0 (x) = − sin(x). 1 = 1 + tan2 (x). (3) tan0 (x) = cos2 (x) Exemples Calculer la dérivée des fonctions f suivantes : (1) f : x 7→ sin2 (x) (2) f : x 7→ cos(x2 ) Le théorème suivant va nous permettre de calculer la dérivée des fonctions trigonométriques réciproques : Théorème 29 Sur leurs domaines respectifs, on a : 1 (1) arcsin0 (x) = √ . 1 − x2 1 (2) arccos0 (x) = − √ . 1 − x2 1 (3) arctan0 (x) = . 1 + x2 Exemples Calculer la dérivée des fonctions f suivantes : (1) f : x 7→ arcsin2 (x) (2) f : x 7→ arccos(x2 ) 43 9.2. DÉRIVÉE CHAPITRE 9. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 44 10 Problèmes d’optimisation Activité 16 Un fabriquant de produits alimentaires veut mettre sur le marché un nouveau légume. Il envisage de le mettre dans des boîtes de conserves cylindriques de 750 cm3 . Quelles doivent être les dimensions de la boîte pour qu’il utilise le moins de métal possible ? h r 45 CHAPITRE 10. OPTIMISATION Trouver le maximum ou le minimum d’une fonction est une application fréquente des mathématiques. Pour résoudre ce genre de problèmes, on prendra le soin d’effectuer la marche à suivre suivante : Marche à suivre : + bien lire le problème (faire un schéma ?) ; + identifier et déclarer la ou les variables (inconnues) en jeu, en particulier celle à optimiser. + trouver le lien entre les variables ; + trouver la fonction à optimiser (dépendante d’une seule variable) (domaine ?) ; + étudier la croissance de la fonction à optimiser : calculer la dérivée de la fonction à optimiser, faire un tableau de signe afin d’étudier le signe de la dérivée, déterminer les extrema de la fonction à optimiser ; + répondre à la question. Exemple Trouver les dimensions d’un triangle rectangle d’aire maximale dont l’hypoténuse a une longueur de 1 m. 46 11 Taux relatifs 11.1 Notion de différentielle Définition 23 Soit f une fonction dérivable en x. Soit dx ultrapetit. On définit la différentielle de f en x, notée df (x), comme df (x) = f 0 (x) · dx. Même si la notation ne l’indique pas, il faut rappeler que df (x) dépend de x et de dx. On a donc par définition que df (x) = f 0 (x), dx ou encore dy = f 0 (x) dx si on note y = f (x). Ces quantités sont de véritables quotients. La différentielle, c’est la variation verticale le long de la tangente qui correspond à dx. Cette variation est ultrapetite (ou nulle si la tangente est horizontale). ∆y = dy + ε · dx, avec ε ' 0. Ainsi, on peut approximer la variation ∆y par la différentielle dy avec une erreur extrêmement petite. f (x + dx) f (x) + f 0 (x) · dx ∆f (x) df (x) f (x) f Tx x 47 x + dx 11.1. NOTION DE DIFFÉRENTIELLE CHAPITRE 11. TAUX RELATIFS Exemples Calculer la différentielle des fonctions f suivantes : (1) f : x 7→ x2 − x. (2) f : x 7→ 2x . x2 −1 Les règles de dérivation peuvent se traduire en manipulations algébriques sur les différentielles. Par exemple, si y = f (x) et z = g(x), où f et g sont dérivables en x, on a, pour dx ultrapetit : d(y + z) dy dz = + , dx dx dx ce qui implique (en multipliant par dx) d(y + z) = dy + dz. On déduit de la même manière d(y · z) = dy · z + y · dz et pour z(x) 6= 0 (on abrège z = z(x) ci-dessous) d y z = dy · z − y · dz . z2 Pour la règle de dérivation en chaîne, on considère y = g(x) et z = f (y). Notre convention sur la notation dx est que c’est un ultrapetit, c’est-à-dire non nul. On ne peut, en général, garantir que dy est non nul, puisque y dépend de x. On dirait dans ce contexte que x est la variable indépendante et y une variable dépendante. Pour pouvoir utiliser la variable y et écrire dz = g 0 (y) · dy, il faut donc imposer que dy 6= 0. Si dy 6= 0, alors la règle de dérivation en chaîne donne dz dy dz = · . dx dy dx On a donc une simplification des dy. Réciproquement, dx l’ultrapetit, on a dy = g 0 (x)·dx 6= 0. Alors dz = f 0 (y) · dy et on obtient dz = f 0 (y) · dy = f 0 (y) · g 0 (x) · dx. On en déduit (comme y = g(x)) 0 dz f (g(x)) = = f 0 (y) · g 0 (x) = f 0 (g(x)) · g 0 (x). dx C’est la preuve historique de la règle de dérivée en chaîne. On peut finalement reformuler le théorème de la dérivée de la réciproque avec les différentielles dx 1 1 (rf )0 (y) = = dy = 0 . dy f (x) dx C’est l’illustration du fait que la droite tangente à rf en (y; x) est la réciproque de la droite tangente à f en (x; y). Ainsi, à un incrément ultrapetit dy correspond un incrément ultrapetit dx le long de la tangente et réciproquement. 48 CHAPITRE 11. TAUX RELATIFS 11.2. TAUX RELATIFS OU TAUX LIÉS r f dx f y x dy dy dx y x 11.2 Taux relatifs ou taux liés Activité 17 On a une machine permettant d’insuffler du gaz dans un ballon sphérique au taux de 10 cm3 /s. Trouver le taux d’accroissement du rayon quand celui-ci est de 4 cm. C 49 r 11.2. TAUX RELATIFS OU TAUX LIÉS CHAPITRE 11. TAUX RELATIFS On a déjà vu la dérivée comme étant la pente de la tangente en un point d’une courbe. Dans ce paragraphe, nous allons considérer des problèmes dans lesquels la dérivée sera vue comme un taux d’accroissement (instantané) ou comme une vitesse, c’est-à-dire comme le quotient de deux différentielles. La difficulté des problèmes qui vont suivre va consister à traduire un langage écrit en français dans un langage écrit en langage « mathématique ». Dans ce genre de problème, on vous demandera généralement de trouver un taux de variation, ou une vitesse, lorsqu’on en connaît un autre ou lorsqu’on est en mesure d’en calculer un autre. Pour pouvoir établir une relation entre des taux, il faut connaître un lien entre les variables impliquées. C’est l’élément clé de la solution. Voici une méthode de résolution de ces problèmes : Marche à suivre : + + + + + + bien lire le problème ; identifier les variables et les taux donnés ; traduire les données en termes mathématiques ; trouver le lien entre les variables ; effectuer les calculs requis (dérivées) ; répondre à la question posée. Exemple Un homme se tient en haut d’une échelle de 25 m de longueur, appuyée contre un mur. Un farceur passant par là tire le pied de l’échelle en l’éloignant du mur à une vitesse de 2 m/s. A quelle vitesse l’homme descend-il quand le pied de l’échelle est à 7 m du mur ? 50 12 L’intégrale 12.1 Primitive d’une fonction Le problème fondamental de l’analyse est de retrouver une fonction à partir de sa dérivée. Ce problème peut être délicat en général, mais il est simple lorsque la dérivée est continue. Activité 18 Représenter graphiquement les fonctions dont les dérivées sont représentées ci-dessous : 4 6 3 5 2 4 1 0 3 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 2 3 2 4 1 0 −2 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 −3 (1) −4 (3) 3 5 2 4 1 0 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 2 1 0 −4 −3 −2 −1 0 1 −1 (2) −2 2 3 −3 4 −4 −2 (4) 51 3 4 2 3 4 −2 6 3 2 −5 12.1. PRIMITIVE CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE Activité 19 Dans l’activité 18, le but était de déterminer graphiquement une fonction dont on connaît la fonction dérivée sous forme graphique. Il s’agit maintenant de trouver l’expression algébrique d’une fonction dont la fonction dérivée est donnée sous forme algébrique. (1) Pour chacune des fonctions f ci-dessous, trouver une fonction F dont f est la dérivée : (a) f : x 7→ 2 (c) f : x 7→ −3x2 + 2 (b) f : x 7→ 2x (d) f : x 7→ sin( x2 ) Comment vérifier les solutions proposées ? (2) Soit la fonction F : x 7→ 2x + 3 (a) La fonction F est-elle solution de (1)(a) ? (b) Combien existe-t-il de solution de (1)(a) ? (c) Peut-on trouver une forme générale pour les exprimer toutes ? (3) La recherche de ces fonctions est en quelque sorte l’opération « inverse » de la dérivation. A l’aide des exemples ci-dessus ainsi que des règles de dérivation, essayer de déterminer des règles générales applicables à cette opération « inverse ». Pour cela, (a) Trouver une fonction F dont f définie ci-dessous est la dérivée : i. f : x 7→ cos(x) iv. f : x 7→ x2 + cos(x) vii. f : x 7→ 2x cos(x2 ) ii. f : x 7→ x2 v. f : x 7→ x2 · cos(x) viii. f : x 7→ x cos(x2 ) iii. f : x 7→ 5 cos(x) vi. f : x 7→ cos(x2 ) ix. f : x 7→ cos(x) x (b) Soient G une fonction dont g : x 7→ cos(x) est la dérivée et H une fonction dont h : x 7→ x2 est la dérivée. Reprendre toutes les questions à partir du point (3)(a)iii et écrire F en fonction de (à l’aide de) G, H et f et énoncer les règles que vous avez pu déduire. Par exemple, pour (a)iii, on a F (x) = 5 · G(x). Définition 24 Soit f : I → R une fonction, avec I un intervalle. On appelle primitive de f (sur I) toute fonction F : I → R telle que F 0 (x) = f (x), pour chaque x ∈ I. Exemples Trouver une primitive F des fonctions f suivantes : (1) f : x 7→ 2x (4) f : x 7→ x2 (7) f : x 7→ 4x3 − x (2) f : x 7→ 3x2 (5) f : x 7→ x3 (8) f : x 7→ (3) f : x 7→ x (6) f : x 7→ xn (9) f : x 7→ sin(x) 1 x2 Théorème 30 (Non unicité d’une primitive) Si F (x) est une primitive de f (x), alors F (x) + C est aussi une primitive de f (x). 52 CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE 12.2. VITESSE ET ACCÉLÉRATION Théorème 31 Soient f et g deux fonctions et I un intervalle. f 0 (x) = g 0 (x) ⇔ il existe un nombre C tel que f (x) = g(x) + C Remarques – Le théorème 30 est un des deux sens du théorème 31. Vous aurez besoin du théorème 23 (page 33) pour démontrer l’autre sens. – Le sens ⇒ du théorème 31 peut également s’énoncer de la manière suivante : Soient F et G deux primitives d’une fonction f . Alors il existe un nombre C tel que F (x) = G(x) + C. Voici un tableau avec une primitive F des principales fonctions f , avec n ∈ Q\{−1} : 12.2 f F xn (ax + b)n xn+1 , n 6= −1 n+1 (ax+b)n+1 a(n+1) (h(x))n · h0 (x) (h(x))n+1 n+1 sin(x) − cos(x) cos(x) sin(x) sin(ax + b) cos(ax + b) − cos(ax+b) a sin(ax+b) a h0 (x) · sin(h(x)) − cos(h(x)) h0 (x) · cos(h(x)) sin(h(x)) Des problèmes liés aux primitives Nous avons vu, en étudiant les dérivées, que la fonction vitesse est la dérivée de la fonction position. Maintenant nous pouvons aussi énoncer cette relation en utilisant les primitives. Si x(t) représente la fonction position (en mètres par exemple), on a alors : Z 0 v(t) = x (t) ou bien x(t) = v(t)dt . Activité 20 Soient trois objets en chute dont la vitesse en m/s est donnée par les trois fonctions ci-dessous : – v1 (t) = −9, 8t√ – v2 (t) = −9, 8 t 53 12.2. VITESSE ET ACCÉLÉRATION – v3 (t) = −9, 8 1 − 1 (1+t)2 CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE (1) Pour chacune des fonctions vitesse trouvez sa fonction x(t) correspondante sachant que l’objet touche terre après 6 secondes. (2) Calculez la hauteur initiale de chaque objet. Activité 21 On rappelle que : – la vitesse instantanée est donnée par : Z 0 v(t) = x (t) ou bien x(t) = v(t)dt . – l’accélération instantanée est donnée par : Z 0 a(t) = v (t) ou bien v(t) = (1) Quelques instants après son départ, un TGV passe de 60 km/h à 240 km/h en 50 secondes, avec une accélération constante. (a) Déterminez l’accélération. (b) Quelle distance a-t-il parcourue pendant cette durée ? (2) Un TGV lancé à 240 km/h doit freiner. Son accélération est alors proportionnelle au temps : a(t) = −t m/s2 . (a) En 10 secondes sur quelle distance a-t-il freiné ? (b) Après combien de temps s’arrêtet-il ? (3) Même cas que précédemment mais son accélération est : a(t) = k · t m/s2 , avec k < 0. S’il s’arrête en 16 secondes, sur quelle distance a-t-il freiné ? 54 a(t)dt . CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE 12.3 12.3. AIRE L’aire sous la courbe Le problème est le suivant : comment calculer l’aire sous une courbe donnée (aire située entre la courbe, l’axe des horizontal, x = a et x = b), si cette courbe n’est pas formée de segments de droite ? Activité 22 Déterminer un moyen d’approximer l’aire sous la courbe de f entre 0 et 1 si f est définie par f : x 7→ x2 x2 y 1 1 2 x 1 2 55 1 12.3. AIRE CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE L’activité 22 nous a montré que l’aire peut être découpée en « tranches » et que l’aire de chaque tranche peut être approximée par un rectangle de largeur dx et de hauteur f (xi ). Il restera à montrer que la somme des aires « oubliées » dans l’approximation ne doit pas être plus grande qu’une quantité ultrapetite. Par conséquent, on a pour l’aire A A' N −1 X f (xi )dx. i=0 f f(x i ) xi xi+1 { a b dx Sur ce dessin, chaque quantité f (xi )·dx donne l’aire d’un rectangle qui approxime l’aire sous la courbe f sur l’intervalle [xi ; xi+1 ]. Par continuité, on peut se convaincre que l’erreur sur chaque intervalle est de la forme εi · dx (avec εi ' 0), puisque la distance entre le point le plus haut et le point le plus bas est ultrapetite. En sommant toutes ces approximations, comme la somme des erreurs est ultrapetite, on voit que cela correspond à l’aire sous la courbe de f entre a et b. Définition 25 Soit f : [a; b] → R une fonction continue. L’intégrale de f entre a et b est le nombre du niveau de référence noté Z b f (x)dx a tel que Z b f (x)dx ' a N −1 X f (xi )dx, i=0 pour tout entier positif ultragrand N , dx = (b−a) N et xi = a + i · dx. Le niveau de référence est un niveau deR f , a et b. Par définition, l’intégrale de f entre a et b est du niveau de f , a et b. Le symbole doit s’interpréter comme « la partie observable de la somme ». Avec nos définitions sur les limites, on peut récrire Z b f (x)dx = lim a n→+∞ On peut donner une définition équivalente : 56 n−1 X i=0 f (xi )dx. CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE 12.4. THÉORÈME FONDAMENTAL Définition 26 On dira qu’une fonction f est intégrable sur [a; b] si il existe un nombre L du niveau de et xi = a + i · dx pour i = 0, . . . , référence tel que pour tout N ultragrand, avec dx = b−a N N , nous avons N −1 X f (xi )dx ' L. i=0 Théorème 32 Soit f une fonction continue sur [a; b]. Alors f est intégrable sur [a; b]. Exemple R1 Calculer 0 (−x + 4)dx en utilisant la définition. 12.4 Théorème fondamental de l’analyse On va établir le lien entre le calcul de l’aire sous une courbe (calcul difficile et long d’une intégrale à l’aide de la définition) et la recherche d’une primitive : c’est le théorème fondamental de l’analyse qui établit ce lien. Théorème 33 (Théorème fondamental de l’analyse, 2ème partie) Soit f : [a; b] → R une fonction continue. Soit F : [a; b] → R une primitive de f sur [a; b]. Alors Z b f (x)dx = F (b) − F (a). a Notation : On écrit Z a b b f (x)dx = F (x) = F (b) − F (a). a Ce résultat montre que lorsque f a une primitive, non seulement l’intégrale est bien définie (la somme des différentielles n’est pas ultragrande et sa partie observable est indépendante de l’entier N choisi), mais l’intégrale est la variation globale de la primitive entre a et b. Exemples Calculer les intégrales définies suivantes : Z 1 (1) x2 dx Z 0 Notation : on écrira 0 Z f (x)dx 57 1 (4 − x)dx (2) 12.5. RÈGLES D’INTÉGRATION CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE pour dénoter l’ensemble des primitives de f . On parle d’intégrale indéfinie. Pour l’intégrale Z b f (x)dx, a on parle d’intégrale définie. Il y a une différence majeure entre ces deux calculs : l’un donne une fonction, alors que l’autre donne un nombre. Z Définition 27 (Intégrale impropre) Soit f une fonction intégrable sur [a; +∞[. On note +∞ f (x)dx la valeur de la limite a Z n f (x)dx. lim n→+∞ a Z Pour calculer une intégrale impropre, on choisit un ultragrand N , on calcule N f (x)dx a et on prend la partie observable du niveau de référence (si elle existe et est indépendante du choix de N ). Exemples Calculer : Z +∞ (1) 1 Z 1 dx x3 (2) 3 +∞ 1 dx (x − 2)4 Théorème 34 (Théorème fondamental de l’analyse, 1ère partie) Soit f : [a; b] → R une fonction continue. Alors la fonction A : [a; b] → R définie par Z x A(x) = f (t)dt a est une primitive de f qui s’annule en a. Exemple Soit la fonction f définie par f : x 7→ Rx (1) Calculer 1 (t3 − 4t2 )dt. Rx 1 (t3 − 4t2 )dt (2) Déterminer la dérivée de f . 12.5 Règles d’intégration Nous généralisons maintenant la somme des aires. 58 CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE 12.5. RÈGLES D’INTÉGRATION Théorème 35 (Additivité de l’intégrale) Soit f une fonction continue sur [a; c] et b ∈ [a; c]. Alors Z b c Z Z f (x)dx. a b a c f (x)dx = f (x)dx + Exemple R3 R5 R5 On donne 1 f (x)dx = 6 et 3 f (x)dx = 7. Calculer 1 f (x)dx. Théorème 36 (Monotonicité de l’intégrale) Soit f une fonction continue sur [a; b]. (1) Si f (x) ≥ 0 (resp. > 0) pour chaque x ∈ [a; b] alors b Z f (x)dx ≥ 0 (resp. > 0). a (2) Si f (x) = 0 pour chaque x ∈ [a; b] alors Z b f (x)dx = 0. a (3) Si f (x) ≤ 0 (resp. < 0) pour chaque x ∈ [a; b] alors b Z f (x)dx ≤ 0 (resp. < 0). a On en déduit que si f et g sont des fonctions continues sur [a; b] telles que f (x) ≤ g(x) pour tous les x ∈ [a; b] on a que Z b b Z f (x)dx ≤ a g(x)dx. a Exemple Vrai ou faux ? Justifier. Rb Si f (x) ≤ 2 pour tout x ∈ [a; b], alors a f (x)dx ≤ 2. Nous démontrons maintenant la linéarité de l’intégrale. Notons que si f et g sont continues, alors toute combinaison linéaire de f et g est continue. Théorème 37 (Linéarité de l’intégrale) Soient f et g des fonctions continues sur [a; b]. Soient λ, µ des nombres réels. Alors Z b Z (λ · f (x) + µ · g(x)) dx = λ · a Z f (x)dx + µ · a 59 b b g(x)dx. a 12.5. RÈGLES D’INTÉGRATION CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE On peut donc considérer la linéarité comme la version intégrale des théorèmes du calcul différentiel : (f + g)0 = f 0 + g 0 et (λ · f )0 = λ · f 0 . Exemples Vrai ou faux ? Justifier. Rb Rb (1) Si f (x) = −3 · g(x) pour tout x ∈ [a; b], alors a f (x)dx = −3 · a g(x)dx. Rb Rb (2) Si a f (x)dx = −3 · a g(x)dx pour tout x ∈ [a; b], alors f (x) = −3 · g(x). L’intégration par parties consiste à utiliser la règle du produit : (f · g)0 = f 0 · g + f · g 0 . Théorème 38 (Intégration par parties) Soient f et g des fonctions dérivables sur [a; b] telles que f 0 et g 0 soient continues sur [a; b]. Alors b Z b Z b 0 f (x) · g 0 (x)dx . f (x) · g(x)dx = f (x) · g(x) − a a a Exemple Z π/2 x · sin(x)dx. Considérons l’intégrale 0 Pour intégrer par partie, on pose f 0 : x 7→ sin(x) et g : x 7→ x. On a f (x) = − cos(x) et g 0 (x) = 1, d’où on tire π/2 Z π/2 π/2 Z π/2 x · sin(x)dx = −x · cos(x) + cos(x)dx = sin(x) = 1. 0 On déduit aussi 0 0 0 Z x · sin(x)dx = −x · cos(x) + sin(x) + C. Exemples Calculer les intégrales suivantes par partie. Z 4 √ (1) x · xdx Z 0 10 (x + 1) · (2) √ x − 1dx 1 Nous terminons cette section avec l’intégration par substitution et par changement de variables, qui sont des réciproques de la règle de dérivée en chaîne : (f (g(x)))0 = f 0 (g(x)) · g 0 (x). Théorème 39 (Intégration avec la dérivée intérieure) Soient g une fonction dérivable sur [a; b] et f une fonction dérivable sur g([a; b]) telles que g 0 soit continues sur [a; b] et f 0 soit continue sur g([a; b]). Alors Z a b b f (g(x)) · g (x)dx = f (g(x)) . 0 0 a 60 CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE 12.5. RÈGLES D’INTÉGRATION Exemples Calculer les intégrales suivantes. Z 1 (1) 2x2 · (x3 + 1)3 dx Z (2) 0 2 x3 · (x4 + 1)5 dx 0 Avant d’aborder la dernière méthode d’intégration, nous reparlons de différentielle. Le contexte de l’intégration que nous considérons est le contexte d’une fonction lisse (la primitive) sur un intervalle [a; b]. On peut donc, là aussi, utiliser les différentielles pour simplifier le formalisme. Par exemple, le théorème fondamental de l’analyse dit que, pour une fonction dérivable f dont la dérivée est continue sur [a; b] on a que b Z f 0 (x)dx = f (b) − f (a). a On a donc que Z b Z 0 df (x) ' f (x)dx = a N −1 X b a df (xi ) = N −1 X i=0 N −1 X 0 f (xi ) · dx ' i=0 ∆f (xi ) = f (b) − f (a). i=0 Théorème 40 (Intégration par changement de variable) Soit f une fonction continue sur [a; b]. Soit g dont la dérivée est continue et e, d ∈ R tels que g(d) = a et g(e) = b. Alors b Z e Z f (g(u)) · g 0 (u)du . f (x)dx = a d Exemple Considérons l’intégrale Z 1 q √ 1 + xdx. 0 √ Soit le changement de variable u = 1 + x. Alors x = (u − 1)2 = g(u), la dérivée de g est continue et√son image contient [0; 1] : Si x = 0 alors u = 1 et si x = 1 alors u = 2. De plus f (g(u)) = u et dx = 2 · (u − 1) · du. Ainsi, en remplaçant tous les facteurs, on obtient Z 1 Z q √ 1 + x · dx = 2 0 2 √ Z u · (u − 1) · du = 2 1 de sorte que 2 2 1 √ 2 2 5/2 2 3/2 8+8 2 u − u . = 5 3 15 1 61 u3/2 − u1/2 · du 12.5. RÈGLES D’INTÉGRATION CHAPITRE 12. L’INTÉGRALE √ Puisque g est une bijection sur [1; 2] dont la réciproque x 7→ 1 + x est dérivable (sauf en x = 0), on peut revenir à la variable x et trouver une primitive : q q Z q √ √ 5 4 √ 3 4 1 + x · dx = 1+ x − 1 + x + C. 5 3 Exemples Calculer les intégrales suivantes par changement de variable : Z 1 Z 3 √ √ (x + 1) · 5 − xdx x2 1 + xdx (1) (2) 0 1 62 13 Le calcul intégral Ce chapitre contient quelques applications de l’intégrale. On a déjà vu l’aire sous la courbe. 13.1 Aire entre deux courbes On a déjà vu l’aire entre la courbe et l’axe des x pour une fonction f positive entre Rb x = a et x = b est donnée par a f (x)dx. Le théorème suivant nous permet de calculer l’aire bornée par deux courbes. Théorème 41 (Aire entre deux courbes) Soient f et g deux fonctions continues sur [a; b] telles que f (x) > g(x) pour x ∈]a; b[, f (a) = g(a) et f (b) = g(b). Alors l’aire A du domaine limité par les deux courbes représentatives de f et g est donnée par Z b (f (x) − g(x))dx. A= a Exemples Déterminer l’aire du domaine limité par la courbe représentative de la fonction f et la courbe représentative de la fonction g si : (1) f : x 7→ x2 et g : x 7→ x (2) f : x 7→ x2 − 3x et g : x 7→ −x + 3. 63 13.2. LA MOYENNE 13.2 CHAPITRE 13. LE CALCUL INTÉGRAL La moyenne Activité 23 La fonction f : x 7→ 10 + 8x2 − x4 , pour 0 ≤ x ≤ 3, dans laquelle x est le temps en semaines depuis le début d’une épidémie, représente le nombre de milliers de personnes atteintes d’un certain virus. 26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 f 0 1 2 3 (1) Calculer le nombre de personnes atteintes au début de l’épidémie, après une semaine, deux semaines et trois semaines. En déduire la moyenne arithmétique du nombre de personnes atteintes par le virus durant ces trois semaines. (2) Calculer le nombre de personnes atteintes chaque jour lors des trois semaines de l’épidémie. En déduire la moyenne arithmétique du nombre de personnes atteintes par le virus pendant les trois semaines. (3) Comment procéder pour obtenir la moyenne de la fonction f sur l’intervalle [0; 3] ? 64 CHAPITRE 13. LE CALCUL INTÉGRAL 13.2. LA MOYENNE On aimerait donner un sens précis à la notion de moyenne d’une fonction continue sur un intervalle [a; b]. Ce sens n’est pas ambigu lorsque nous considérons la moyenne de n points, où n est un nombre entier. On va montrer que définir la moyenne d’une fonction continue f sur un intervalle [a; b] comme 1 b−a Z b f (x)dx a est une simple extension. Considérons f une fonction continue sur l’intervalle [a; b]. Le niveau de référence est le niveau de a, b, f . Soit N un entier positif ultragrand. On définit dx = (b − a)/N et xi = a + i · dx, pour i = 0, . . . , N . Alors la moyenne des N points f (xi ) (i = 0, . . . , N − 1) donne une bonne estimation de la valeur moyenne de la fonction. Comme N = (b − a)/dx on a N −1 X ! f (xi ) Z b N −1 N −1 X X i=0 dx 1 1 = b−a · f (xi ) = b−a · f (xi ) · dx ' b−a f (x)dx. N i=0 a i=0 On peut donc poser la définition suivante : Définition 28 Soit f une fonction continue sur l’intervalle [a; b]. On appelle la moyenne µ de f sur [a; b] le nombre Z b 1 f (x)dx. µ= b−a a La moyenne est le nombre µ tel que l’aire sous la courbe f est µ · (b − a), c’est-à-dire Rb que µ est la hauteur du rectangle de base [a; b] dont l’aire vaut a f (x)dx. Le prochain théorème nous dit alors que cette valeur µ est atteinte par f pour un certain c ∈ [a; b]. f µ a f µ a b b Exemple Un météorologiste estime que la température en degré centigrade d’une froide journée d’hiver varie en fonction de l’heure selon l’équation : π T (t) = sin( π3 · t) − 8 cos( 12 · t) − 3 où t est exprimé en heures et t = 0 correspond à minuit. Quelle est la température moyenne exacte entre 6 heures et midi ? 65 13.3. LE VOLUME DE RÉVOLUTION CHAPITRE 13. LE CALCUL INTÉGRAL Théorème 42 Soit f une fonction continue sur l’intervalle [a; b]. Alors il existe un nombre c dans l’intervalle [a; b] tel que f (c) est la valeur moyenne de f sur [a; b]. Ce théorème est simplement la version intégrale du théorème des accroissements finis : dire qu’il existe un nombre c dans l’intervalle [a; b] tel que 1 f (c) = b−a b Z f (x)dx a Rb revient à dire que f (c) · (b − a) = a f (x)dx, ce qui s’écrit aussi F 0 (c) · (b − a) = F (b) − F (a) par le théorème fondamental de l’analyse. Exemple Calculer la valeur moyenne µ de la fonction f sur l’intervalle [a; b], puis déterminer les valeurs de c ∈ [a; b] telles que f (c) = µ : (2) f : x 7→ 3x2 − 2x, a = 0 et b = 1. (1) f : x 7→ 3x − 4, a = −1 et b = 4. 13.3 Le volume de révolution On s’intéresse à trouver la mesure du volume du corps engendré par la rotation de la courbe f : x 7→ f (x) autour de l’axe horizontal entre x = a et x = b. On suppose f continue sur [a; b]. Théorème 43 Soit f une fonction continue sur [a; b]. Le volume V du corps engendré par la rotation de la courbe représentative de f autour de l’axe horizontal entre x = a et x = b est donné par : Z b f 2 (x)dx . V =π· a Exemple (1) Soit la fonction f définie par f : x 7→ x2 + 1. Déterminer le volume du corps obtenu par la rotation du graphe de f autour de l’axe Ox entre x = 0 et x = 2. √ (2) Soit la fonction f définie par f : x 7→ x. Déterminer le volume du corps obtenu par la rotation du graphe de f autour de l’axe Ox entre x = 1 et x = 4. 13.4 La longueur d’arc On s’intéresse à trouver la longueur d’un arc de la courbe f : x 7→ f (x) entre les nombres x = a et x = b. Supposons que f soit dérivable et que sa dérivée soit continue sur [a; b]. 66 CHAPITRE 13. LE CALCUL INTÉGRAL 13.4. LA LONGUEUR D’ARC Théorème 44 (Longueur d’arc) Soit f : [a; b] 7→ R une fonction lisse. Alors la longueur L de l’arc de la courbe représentative de f entre x = a et x = b est donné par : Z bp 1 + (f 0 (x))2 dx . L= a Exemple 3 Déterminer la longueur de l’arc de courbe donnée par son équation : y = (x − 2) 2 entre x = 2 et x = 6. 67 13.4. LA LONGUEUR D’ARC CHAPITRE 13. LE CALCUL INTÉGRAL 68 Bibliographie [1] John Kimber, Bernard Lenggenhager, Olivier Lessmann, Richard O’Donovan, Andreas Pichler, Analyse, Ressources et Développement, 2009, 88 pages. [2] Commission romande de mathématique (CRM), Analyse, Édition du Tricorne, Collection Fondamentum de mathématique, 1997, 243 pages. [3] Ouellet Gilles, Calcul 1, Les éditions Le Griffon d’Argile, 1988, 672 pages. [4] Deborah Hughes-Hallett, Andrew M. Gleason, Calcul intégral, Chenelière/Mc GrawHill, 2001, 371 pages. [5] Bertrand Hauchecorne, Daniel Surreau, Des mathématiciens de A à Z, Édition Ellipse, 1996, 382 pages. [6] Amy Dahan-Dalmenico, Jeanne Peiffer, Une histoire des mathématiques : Routes et dédales, Édition du Seuil, 1986, 322 pages. [7] Déclic, Maths, Terminale S, HACHETTE éducation, 1998, 414 pages. [8] ChronoMath, Une chronologie des MATHÉMATIQUES, http://www.chronomath.com [9] Tangente, Hors série nunéro 13 L’infini, Édition Pôle, 2002, 96 pages. 69 Index activité asymptotes, 14 continuité, 11 croissance d’une fonction, 31 limite, 13 sin(x) , 41 x gauche/droite, 42 optimisation, 45 taux relatifs, 49 ultracalculs, 9 additivité de l’intégrale, 59 aire sous la courbe x2 , 55 aire sous une courbe, 56 angle radians, 42 angle orienté, 42 concavité, 36 continuité d’un produit, 20 d’un quotient, 20 d’une différence, 20 d’une somme, 20 définition, 19, 20 des fonctions composées, 20 sur un intervalle, 21 à droite, 21 à gauche, 21 convexité, 36 croissance, 33 degré d’un polynôme, 18 dérivée arccos, 43 arcsin, 43 arctan, 43 d’un extremum, 31 d’un produit, 28 d’un produit par une constante, 28 d’un quotient, 29 d’une constante, 27 d’une somme, 28 de xn n ∈ Q, 28 de fonctions composées, 29 de la réciproque, 29 de la tangente, 43 définition, 26 des fonctions circulaires, 43 du cosinus, 43 du sinus, 43 en chaîne, 29 première, 26 seconde, 35 différentielle, 47 droite tangente, 27 extremum local, 34 relatif, 34 fonction concave, 35 convexe, 35 croissante, 33 décroissante, 33 dérivable, 26 intégrable, 56 lisse, 67 strictement croissante, 33 strictement décroissante, 33 70 INDEX fraction rationnelle, 18 domaine, 18 intégrale additivité, 59 définie, 58 impropre, 58 indéfinie, 58 monotonicité, 59 intégration avec la dérivée intérieure, 60 par additivité, 59 par changement de variable, 61 par linéarité, 59 par parties, 60 intégrable, 56 intégrale, 56 linéarité, 59 linéarité de l’intégrale, 59 longueur d’arc, 66 maximum local, 34 relatif, 34 minimum local, 34 relatif, 34 moyenne, 65 niveau, 5, 6 d’observation, 6 d’une fonction, 6 d’une propriété, 6 de x, 6 imbrication, 6 le plus grossier, 5 plus fin, 5 propriétés, 6 point d’inflexion, 36 position, 3 primitive, 52 non-unicité, 52 vitesse/accélération, 53 principe de clôture, 8 de la partie observable, 9 de référence, 10 INDEX réciproque, 29 règles d’intégration, 58 de dérivation, 27 sens rétrograde, 42 trigonométrique, 42 somme d’ultrapetits, 56 théorème aire entre 2 courbes, 63 continue ⇒ intégrable, 57 continuité cosinus, 43 sinus, 43 tangente, 43 convexité et f 00 , 36 de la moyenne, 66 de la valeur intermédiaire, 23 de Rolle, 32 dérivable ⇒ continue, 27 dérivée et croissance, 33 des accroissements finis, 32 extremum relatif, 34 fonctions continues, 20 fondamental partie 1, 58 fondamental partie 2, 57 lim sin(x) , 43 x→0 x longueur d’arc, 67 règles sur les limites, 13 ultracalculs, 9 volume de révolution, 66 ultragrand, 6 ultrapetit, 6 ultraproche, 6 vitesse, 3 volume de révolution, 66 radians, 42 71