Tout savoir sur
la prévention
et les traitements
Tous les
allergènes
de A à Z
Un guide
indispensable
à toute la famille
DÉRATION FRANÇAISE D’ALLERGOLOGIE
Coordonné par le Dr Joëlle BIRNBAUM
Sous la direction du Pr Benoît WALLAERT
LE GRAND LIVRE DES
ALLERGIES
© Groupe Eyrolles, 2014
ISBN : 978-2-212-55762-6
3
Comprendre
l’allergie
Le système immunitaire permet à notre organisme de se défendre contre les
virus, les bactéries et les parasites en produisant des molécules chargées de
reconnaître l’élément étranger, puis de le détruire. Dans une maladie allergique,
la réponse immunitaire vis-à-vis d’une substance étrangère mais totalement
inoffensive pour notre organisme est anormale et excessive. Ces substances
étrangères inoffensives que nous respirons, touchons ou ingérons, appelées
allergènes, habituellement très bien tolérées, engendrent des manifestations
respiratoires, cutanées, oculaires ou gastro-intestinales chez les personnes
allergiques.
Une anomalie
de fonctionnement
du système
immunitaire
L’anomalie de fonctionnement du système immunitaire dans le cadre des
allergies combine une prédisposition génétique, appelée atopie ou terrain
atopique, des facteurs environnementaux et un dysfonctionnement d’un type
de globules blancs appelés lymphocytes T régulateurs. Le défaut de fonc-
tionnement « normal » de ces lymphocytes T régulateurs est le point clé qui
déclenche la réponse immunitaire vis-à-vis d’un allergène chez les personnes
allergiques.
1 Comment se produit la réaction
allergique ?
Notre système immunitaire fabrique différents types de globules blancs pour
nous défendre contre les attaques des virus, des bactéries et des parasites. Une
fois les agents infectieux détruits, des globules blancs appelés lymphocytes T Un lymphocyte T
QU'EST-CE QUE L'ALLERGIE ?
4
régulateurs arrêtent la réaction immunitaire. Ces lymphocytes T régulateurs empêchent également le déclenchement d’une
réaction immunitaire vis-à-vis de substances inoffensives pour l’organisme telles que les allergènes par l’induction d’une
tolérance. Chez les personnes allergiques, le nombre et l’activité des lymphocytes T régulateurs est moindre et les différents
types de globules blancs libèrent des substances qui entretiennent une inflammation constante au niveau du site de
pénétration de l’allergène. La réaction allergique se décompose en deux phases :
une première phase de sensibilisation sans symptômes mais où l’organisme réagit de façon inadéquate à l’allergène ;
puis une deuxième phase lors d’un nouveau contact avec l’allergène qui entraîne une réaction clinique, immédiate ou
retardée.
2 La phase de sensibilisation
Lors du premier contact, l’allergène est pris en charge par une sorte de globules
blancs sentinelles, les cellules dendritiques présentes au niveau du site de
pénétration. Ces cellules capturent l’allergène, le découpent en petits morceaux
et se déplacent jusqu’aux ganglions localisés à proximité du site de pénétra-
tion de l’allergène. D’autres globules blancs, les lymphocytes B, produisent alors
des anticorps ou immunoglobulines de type E (IgE) capables de reconnaître de
façon tout à fait spécifique l’allergène. Ces protéines solubles produites par le
système immunitaire reconnaissent leur cible, par exemple des bactéries, des
allergènes ou des cellules par une extrémité, et des cellules du système immu-
nitaire par l’autre extrémité. Quand un anticorps rencontre sa cible spécifique, il
peut donc envoyer un signal à la cellule qui doit intervenir.
Une partie des immunoglobulines est présente dans la circulation sanguine
tandis qu’une autre se fixe à la surface d’autres globules blancs présents au
niveau des tissus, les mastocytes, mais aussi du sang, les basophiles. L’en-
semble des éléments sont alors en place pour permettre, lors d’un second
contact avec l’allergène, l’activation de ces cellules qui vont générer les symp-
tômes de la réaction allergique.
Cible de
l’anticorps
Anticorps
Récepteur
pour anticorps
Cellule recevant et
produisant des signaux
suite à la fixation de
l’anticorps et de sa cible
La fixation d’un allergène par un anticorps
QU’EST-CE QU’UN
GANGLION ?
Lieu d’initiation de la réponse
immunitaire, le ganglion est
une petite glande où siègent
différents types de globules
blancs. Les cellules dendritiques
reconnaissent les virus, les
bactéries, les parasites ou
les allergènes, les capturent
et se déplacent vers les
ganglions les plus proches.
Elles y interagissent alors
avec d’autres globules blancs
pour déclencher la réponse
immunitaire. Ceci explique
donc que, lorsque vous êtes
malade, vos ganglions gonflent.
BASOPHILES
ET MASTOCYTES
Ces cellules inflammatoires,
présentes dans le sang
et dans les organes, sont
particulièrement nombreuses
dans la peau, les poumons et
le tube digestif, ce qui explique
la localisation des symptômes
allergiques. Elles fabriquent et
libèrent des substances qui
dilatent les vaisseaux sanguins
(vasodilatation) et contractent
excessivement les muscles des
bronches (bronchoconstriction).
5
Comprendre l’allergie
LA DÉGRANULATION DES MASTOCYTES
Les mastocytes, cellules présentes dans la peau et dans certains organes, recèlent de
nombreuses granulations (petites masses rondes) qui contiennent des médiateurs chimiques
comme l’histamine ou la tryptase. Dans certaines situations comme le contact avec un
allergène, s’ils présentent à leur surface des IgE (immunoglobulines) spécifiques à celui-ci ou
non spécifiques, ou lors de la baisse de la température dans l’urticaire au froid, les mastocytes
explosent en libérant les médiateurs chimiques qu’ils contiennent. Cette réaction, appelée
dégranulation, entraîne des réactions immédiates : urticaire, œdème, choc anaphylactique.
3 La réaction immédiate
La réaction immédiate se déroule dans les 10 à 20 minutes suivant l’exposition à l’allergène et
provoque des symptômes tels que les éternuements, la crise d’asthme ou les démangeaisons
de la peau. Pour provoquer les symptômes d’allergie, les IgE doivent être préalablement fixées sur
certaines cellules, le plus souvent dans les tissus, ce sont les mastocytes, mais aussi dans le sang,
ce sont les basophiles. Les mastocytes et les basophiles captent les IgE par des « crochets » molé-
culaires (les récepteurs) et les retiennent à leur surface. Cette fixation mène à la libération de petites
vésicules contenant des substances chimiques qui engendrent les symptômes de la réaction aller-
gique. Ce sont ces IgE fixées à la surface des mastocytes ou des basophiles qui sont dangereuses
chez les sujets allergiques, car elles reconnaissent et captent leurs allergènes spécifiques lorsqu’il
y a contact.
Mastocyte
portant
des IgE
Contact
avec
l’allergène Relargage
du contenu
des granules
Symptômes
de l’allergie
La libération des substances chimiques responsables de la réaction allergique
QU'EST-CE QUE L'ALLERGIE ?
6
4 La réaction retardée
La réaction retardée, qui apparaît 4 à 6 heures après l’exposition à l’allergène, correspond à l’ac-
cumulation de l’ensemble des cellules inflammatoires. Celles-ci comprennent des lymphocytes T
reconnaissant spécifiquement l’allergène, dits Th2, et des cellules endommageant la muqueuse
respiratoire, les éosinophiles. La réaction retardée génère les mêmes symptômes allergiques que
la réaction immédiate mais de façon plus chronique. L’inflammation locale aboutit, à long terme, à
une modification de l’architecture de l’organe concerné.
QUELQUES MOLÉCULES IMPLIQUÉES DANS LA RÉACTION ALLERGIQUE
Les principales substances libérées par les basophiles et les mastocytes sont l’histamine, la
tryptase, les prostaglandines et les leucotriènes :
L’histamine, responsable des principaux symptômes, entraîne une importante dilatation
des vaisseaux sanguins qui peut conduire à une chute de la pression artérielle. Elle induit
également la contraction des bronches, la formation d’œdème, des démangeaisons et de
l’urticaire. C’est pourquoi les traitements antihistaminiques, qui bloquent l’action de l’histamine,
sont prescrits en cas d’allergie.
La tryptase est surtout impliquée dans la contraction des bronches, mais un taux élevé peut
aussi provenir de certaines maladies non allergiques comme la mastocytose qui implique les
mastocytes.
Les leucotriènes et les prostaglandines augmentent la perméabilité des vaisseaux sanguins,
ce qui conduit à un fort rassemblement de cellules inflammatoires au niveau du site de
pénétration de l’allergène, et donc à la formation d’un œdème. Ces molécules mènent
également à la contraction des bronches. Des antileucotriènes peuvent être prescrits
notamment pour l’asthme à l’effort.
Les mastocytes et basophiles libèrent également des cytokines qui ont pour effet de rassembler
secondairement différents types de globules blancs là où les allergènes ont pénétré, ce qui
aboutit à une réaction retardée plusieurs heures après.
UN AUTRE MÉCANISME, L’HYPERSENSIBILITÉ CUTANÉE RETARDÉE
Dans l’hypersensibilité retardée, la peau réagit envers des molécules chimiques de très petite
taille appelées haptènes. L’haptène qui pénètre la peau est capturé par une cellule dendritique
qui l’amène aux ganglions lymphatiques. Là, il est présenté à des lymphocytes T qui gardent
ce contact en mémoire. C’est la phase de sensibilisation où il n’y a pas de maladie. Lorsque la
peau se retrouve en contact avec le même haptène, les cellules dendritiques le présentent aux
lymphocytes T mémoires qui le reconnaissent comme « non désirable », s’activent, se multiplient,
libèrent des substances induisant des lésions cutanées comme une plaque d’eczéma. Ce
processus est lent : il s’écoule plusieurs heures ou plusieurs jours entre le contact avec l’haptène
et les manifestations allergiques, c’est pourquoi on parle d’
hypersensibilité retardée
. C’est ce
mécanisme qui est à l’œuvre dans les allergies de contact, induites par les allergènes que vous
touchez, et qui donnent des eczémas ou des urticaires de contact.
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