L’
allergie peut prendre de
multiples formes et touche
souvent simultanément
différents organes.
Un début précoce
Les manifestations allergiques com-
mencent chez le nourrisson avec l’al-
lergie alimentaire et l’eczéma ato-
pique. Chez l’enfant plus âgé peut s’y
ajouter la rhinite allergique et
l’asthme. Ainsi, aujourd’hui 8 % de
jeunes enfants et 1 à 2 % des
enfants d’âge scolaire sont touchés
par l’allergie alimentaire, 15 à 20 %
des enfants par la dermatite atopique,
10 % par l’asthme et 15 % par la
rhino-conjonctivite allergique. En fait,
personne n’est à l’abri au cours de la
vie d’un œdème de Quincke, voire
d’un choc anaphylactique après une
piqûre de guêpe ou encore d’une
réaction allergique à un médicament.
«Les études épidémiologiques nous
laissent à penser qu’en France, nous
atteindrons bientôt le chiffre de 50 %
de la population souffrant d’allergie »,
observe le Pr J. Bousquet (Montpel-
lier). Sur la sellette : l’interaction entre
l’environnement (mode de vie occi-
dental, pollution) et les allergènes ;
2 % de personnes souffraient de rhu-
me des foins en 1920, il y en a 30 %
actuellement. Des travaux scienti-
fiques suggèrent que certains pol-
luants peuvent transmettre les grains
de pollen en profondeur dans les
voies aériennes ou modifier l’allergé-
nicité des pollens, ou encore avoir un
effet inflammatoire sur les voies
aériennes, et donc favoriser la péné-
tration des pollens.
La sensation du nez bouché, le nez
qui coule, les éternuements, les yeux
qui piquent, quoi de plus banal ? De
nombreuses personnes ne consul-
tent pas en pensant qu’il n’y a rien à
faire. Bref, elles s’habituent à avoir
une qualité de vie altérée en ignorant
que ces symptômes sont évocateurs
d’une allergie. Bien que d’intensité
variable, la rhinite allergique n’est pas
une affection bénigne vu qu’un mau-
vais fonctionnement du nez peut
entraîner une perturbation du som-
meil, la fatigue, l’irritabilité, et par
conséquent, des répercussions sur la
vie scolaire ou professionnelle.
Sous-diagnostiquée
Pour le Pr J.-M. Klossek (Poitiers),
l’allergie est un problème de santé
sous-diagnostiqué et sous-traité,
d’autant que les allergènes sont
nombreux, les sensibilisations sont
souvent multiples, la symptomatolo-
gie parfois déroutante, sans oublier
que l’allergie peut être associée à
d’autres pathologies inflammatoires
comme la polypose nasale. « En
recherchant les circonstances d’ap-
parition des symptômes et en repé-
rant le terrain prédisposé, l’allergo-
logue pose un diagnostic qui est
confirmé par des tests allergolo-
giques. Toute personne présentant
des symptômes récurrents de la rhi-
nite devrait subir au moins une fois
dans sa vie des tests allergolo-
giques. Environ un tiers des
malades se désensibilisent naturel-
lement et voient disparaître leur
allergie, mais parallèlement un
nombre croissant d’allergiques se
polysensibilisent », estime le
Pr Klossek. Bon nombre d’enfants
traités avec des antibiotiques pour
des infections à répétition sont en
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
réalité allergiques. Or, il est fonda-
mental d’identifier chez l’enfant la
rhinite allergique qui précède sou-
vent l’asthme. C’est dire l’importance
d’un diagnostic pour éviter les éven-
tuels traitements inadaptés, en
sachant qu’une exposition précoce
et prolongée à un allergène majore
le risque de sensibilisation ultérieure.
La prise en charge allergologique
précoce peut dans certains cas
modifier l’histoire naturelle de la
maladie en agissant sur l’environne-
ment ou en désensibilisant. Il est
reconnu que la désensibilisation est
efficace lorsque l’enfant est sensible
à un allergène unique.
Autre constat édifiant : 80 % de
patients asthmatiques sont égale-
ment affectés par la rhinite allergique,
laquelle constitue un facteur aggra-
vant de l’asthme en augmentant la
fréquence des exacerbations de la
maladie. On s’est aperçu que la rhi-
nite et l’asthme sont deux expres-
sions d’une même maladie inflam-
matoire de l’appareil respiratoire,
sous-tendue par les mêmes facteurs
déclenchants communs et les
mêmes médiateurs allergiques et
pro-inflammatoires, tels que l’hista-
mine, les cytokines et les leuco-
triènes. On dispose désormais d’un
antagoniste des récepteurs aux leu-
cotriènes (montélukast) qui est indi-
qué à la fois dans le traitement de
l’asthme et dans celui de l’asthme
allergique. À noter que dans les nou-
velles recommandations de l’ANAES
la corticothérapie inhalée reste la
base du traitement de fond de
l’asthme, avec la recherche de la
dose minimale efficace. Toutefois, si
le contrôle de la maladie n’est pas
satisfaisant, il convient d’abord d’as-
socier les traitements additionnels
(bêta 2 agonistes de longue durée,
antagonistes aux leucotriènes, théo-
phylline) avant d’augmenter la poso-
logie des corticoïdes.
Ludmila Couturier
Soins Libéraux
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Allergies
Un problème en progression
L’allergie ne cesse de progresser et touche tous les âges, du nourrisson
aux personnes âgées. Ainsi 18 millions de Français souffrent d’allergie.
Pourtant une personne sur trois nest pas diagnostiquée. Or la rhinite
allergique altère la qualité de vie et l’asthme non diagnostiqué peut
mettre la vie du patient en danger.
Focus...
Les difficultés
du soin
La découverte du ou
des allergènes en
cause, les mesures
d’éviction et la mise
en place d’un
traitement adéquat
sont susceptibles
d’améliorer la vie
de la personne
allergique.
Mais les allergènes
sont nombreux, les
sensibilisations sont
souvent multiples,
la symptomatologie
parfois déroutante,
sans oublier que
l’allergie peut être
associée à d’autres
pathologies
inflammatoires
comme la polypose
nasale.
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