
recommandé de débuter à une posologie très basse (plutôt 1
ou 2 mg, maximum 4 mg) selon le schéma de mise en place du
traitement écrit plus haut : le patient devenu non dépendant
aux opiacés serait en danger avec une posologie plus élevée.
Chlorhydrate de méthadone
La méthadone ou chlorhydrate de méthadone est un ago-
niste pur aux récepteurs μdes opiacés. Du fait de cette pro-
priété, il y a risque d’overdose : si le patient n’est pas dépen-
dant physiquement aux opiacés, la dose létale est de
1 mg/kg) ; s’il est dépendant aux opiacés, l’overdose est pos-
sible si ce traitement est associé à d’autres substances ou
médicaments dépresseurs respiratoires. Ce traitement est
réservé aux adultes et enfants de plus de 15 ans, volontaires
pour recevoir un traitement de substitution et dépendants
physiquement aux opiacés.
Quelles modalités de prescription ?
Le traitement ne peut être prescrit que par les médecins exer-
çant dans les CSAPA (Centre de Soins d’Accompagnement et
de Prévention en Addictologie) et par les médecins praticiens
hospitaliers exerçant en service hospitalier [2, 3]. Les services
d’accueil ou d’urgence des établissements hospitaliers ne sont
pas habilités à la prescription de méthadone. L’ordonnance est
limitée à 14 jours, note la posologie et les dates de début et de
fin de traitement en toutes lettres, avec un fractionnement de
la délivrance tous les 7 jours maximum, précise le nom de la
pharmacie qui délivrera le traitement. Au début du traitement,
il est conseillé de fractionner le traitement tous les jours puis
tous les deux ou trois jours et de revoir le patient plus souvent.
Après une stabilisation, une délégation de prescription peut
être faite au médecin généraliste du patient. Cette délégation
note le nom du médecin généraliste qui va prescrire et le nom
de la pharmacie qui va délivrer. Cette délégation peut être faite
pour une période précise ou pour une durée illimitée. Le méde-
cin généraliste doit avoir, pour pouvoir faire sa première ordon-
nance, cette délégation en toutes lettres dont le double sera
communiqué à la pharmacie qui délivrera le traitement. Si le
patient change de pharmacie ou de médecin généraliste, la
délégation doit être refaite par le médecin premier prescrip-
teur. Cette délégation n’est valable que pour un patient
concerné, pas pour d’autres patients. La délégation confère au
médecin généraliste le statut de prescripteur pour ce patient et
les posologies du traitement par méthadone peuvent être mo-
difiées par lui ; lors de ses vacances, son remplaçant est auto-
risé à prescrire sous sa responsabilité et sur les ordonnances
du médecin généraliste délégué. S’il n’y a pas de remplaçant, le
médecin généraliste ne peut pas adresser le patient à un autre
médecin généraliste. Il doit organiser le retour du patient au
médecin premier prescripteur (CSAPA ou service hospitalier).
Très exceptionnellement, si le patient doit s’absenter pour rai-
sons privées ou professionnelles, il pourra être stipulé sur l’or-
donnance une délivrance du traitement exceptionnelle en une
seule fois pour les 14 jours maximum [4].
Quelles galéniques et quels dosages ?
La méthadone existe en sirop et en gélules. La forme sirop
est obligatoire lors de la mise en place du traitement. La
forme gélule ne pourra être prescrite qu’après au moins un
an de traitement par sirop et stabilisation du patient sur le
plan addictologique.
La forme sirop existe en 5 dosages (5, 10, 20, 40 et 60 mg).
La forme gélule existe en 5 dosages (1, 5, 10, 20 et 40 mg).
Ce traitement, quelle que soit sa forme, se prend en une
seule fois par jour. Il y a une équivalence complète entre le
dosage sirop et le dosage gélule. En revanche, la forme gé-
lule est un peu plus longue à agir que la forme sirop
(3/4 d’heure à 1 heure au lieu d’1/2 heure).
La mise en place d’un traitement par gélule oblige à l’envoi
d’un protocole de soins (L. 324-1) qui stipule qui prescrit et
qui délivre le traitement à la Caisse Primaire d’Assurance-
Maladie du patient.
Si la délégation pour une prescription par un médecin géné-
raliste a été faite sous la forme sirop, elle doit être refaite,
après passage auprès du premier médecin prescripteur de
CSAPA ou de service hospitalier, pour la forme gélule selon
les mêmes modalités.
Associations médicamenteuses ?
La méthadone peut entraîner l’allongement du QT. Il est donc
déconseillé pour tous les patients présentant ce trouble. Un
électrocardiogramme doit être réalisé dès que la posologie
de méthadone atteint 120 mg par jour. Bien évidemment,
tous les traitements pouvant aussi entraîner un allongement
du QT seront maniés avec prudence.
La prise d’opiacés purs est déconseillée du fait du risque
d’overdose. La prise de médicaments morphiniques ou de
médicaments à base morphinique est déconseillée mais pas
contre-indiquée, et nécessite des précautions d’emploi im-
portantes (risque d’overdose d’opiacés par potentialisation
des effets dépresseurs centraux).
La prise d’alcool ou de benzodiazépines est fortement dé-
conseillée (risque de décès par dépression respiratoire).
La prise de buprénorphine, Suboxone®ou naltrexone est
contre-indiquée (risque d’apparition brutale d’un syndrome
de sevrage).
Plusieurs traitements sont déconseillés ou entraînent des
modifications de posologie (antiarythmiques, IMAO, bêtablo-
quant, cimétidine, antiH1, etc.).
Des dérives ont été observées
La prise en intraveineux ou en intranasal entraîne une perte
d’efficacité de la substance. Des essais d’injection du sirop
ou de la gélule ont été réalisés. Le plus souvent, il y a ob-
tention d’une pâte difficilement injectable. De même, une
prise en intranasal de la gélule est possible. Rapidement une
tolérance s’installe (augmentation de la posologie) et des brû-
lures nasales apparaissent.
Quand instaurer le traitement ?
Quand le sujet le demande et que la dépendance physique
aux opiacés est avérée (consommation quotidienne, signes
physiques de manque aux tentatives d’arrêt). Lorsque le trai-
tement est débuté, il devient dépendant de la méthadone.
Comment instaurer le traitement ?
Progressivement et à distance des dernières prises d’opia-
cés : 4 à 6 heures s’il s’agit d’héroïne, plus s’il s’agit de mé-
dicaments morphiniques (selon la demi-vie du médicament),
24 h s’il s’agit de buprénorphine.
La mise en place du traitement (ou induction méthadone) se fait
obligatoirement de façon progressive pour éviter les risques
d’overdose qui sont les plus importants dans les premières
117mars 2014MÉDECINE
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