
L’Herceptin
®
: un nouveau
standard du traitement
du cancer de l’estomac ?
Hercetpin
®
: a new standard treatment
for gastric carcinoma?
Frédérique Maire
Hôpital Beaujon,
Service de gastroentérologie-
pancréatologie,
100, boulevard du Général-Leclerc,
92110 Clichy,
France
e-mail : <frederique.maire@bjn.aphp.fr>
Référence
Trastuzumab in combination with
chemotherapy vs chemotherapy alone
for treatment of HER2-positive advanced
gastric or gastro-oesophageal junction
cancer (ToGA): a phase 3, open-label,
randomised controlled trial.
Bang YJ, Van Cutsem E, Feyereislova A,
et al. Lancet 2010 : 376 : 687-97.
La survie des patients ayant un
cancer de l’estomac inopérable
ne dépasse pas 20 % à cinq ans.
Des essais de phases 2 et 3 ont montré
qu’une polychimiothérapie à base
de 5-FU et de platine permettait
d’allonger la survie de ces patients,
comparativement à des soins de
confort ou à une monochimiothéra-
pie. Des résultats intéressants ont été
rapportés en y associant du docétaxel
ou de l’épirubicine [1, 2]. L’human
epidermal growth factor receptor 2
(HER2 ou ERBB2) est un récep-
teur impliqué dans la prolifération
cellulaire, l’apoptose, l’adhésion, la
migration et la différenciation cellu-
laire. Il est exprimé dans 7 à 34 %
des cancers gastriques. Le trastuzumab
(Herceptin
®
) est un anticorps mono-
clonal inhibant la voie de signalisation
médiée par HER2. Chez les patientes
ayant un cancer du sein exprimant
HER2 (20 à 30 % des cas), le trastuzu-
mab a permis d’observer un allonge-
ment significatif de la survie globale.
L’évaluation du trastuzumab pour
traiter le cancer de l’estomac se justifie
par la faible efficacité des chimiothé-
rapies conventionnelles, l’expression
d’HER2 dans un tiers des cas, des
essais précliniques rapportant un
effet antitumoral de cette molécule
en association avec la capécitabine
ou le cisplatine et sa bonne tolérance.
Le but de l’étude de Bang et al. [3],
rapportée dans le Lancet, était d’éva-
luer l’efficacité et la tolérance du
trastuzumab en association avec une
chimiothérapie par 5-FU et cisplatine
en première ligne de traitement du
cancer de l’estomac à un stade avancé.
Patients et méthode
Cette étude internationale multi-
centrique était menée dans 24 centres
en Asie, Amérique centrale et du Sud
et en Europe. Il s’agissait d’une étude
ouverte contrôlée randomisée de
phase 3, incluant des patients ayant
un adénocarcinome de l’estomac ou
de la jonction œsogastrique histo-
logiquement prouvé, à un stade loca-
lement avancé ou métastatique ou en
récidive et exprimant HER2. Cette
expression était affirmée par une
immunohistochimie (IHC) positive à
3+ ou une fluorescence in situ hybri-
dation (FISH) positive [4]. Les critères
d’exclusion étaient, en plus des critères
classiquement retenus, une hyperten-
sion artérielle non contrôlée, une coro-
naropathie nécessitant un traitement
ou une valvulopathie cardiaque.
Randomisation
Les patients étaient randomisés, avec
un ratio de 1/1, pour recevoir soit du
5-FU (par voie intraveineuse ou de la
capécitabine par voie orale) et du
cisplatine, soit ce même schéma plus
du trastuzumab. Six cycles étaient
administrés toutes les trois semaines
selon le schéma représenté sur la
figure 1. Une stratification était réalisée
selon l’index de performance initial, le
type de chimiothérapie (5-FU i.v. ou
capécitabine), la localisation du cancer
primitif et l’extension de la maladie.
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HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n
o
6, novembre-décembre 2010
.concepts et pratique
doi: 10.1684/hpg.2010.0505
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