AMBASSADE DE FRANCE EN INDE
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE NEW DELHI
2. La stabilisation des prix à la consommation a ouvert la
porte à un assouplissement de la politique monétaire
Longtemps considérée comme un facteur d’instabilité, avec des taux de croissance à deux chiffres au
début des années 2010, l’inflation a depuis sensiblement reculé grâce, notamment, aux efforts
mis en œuvre pendant le mandat de l’ancien gouverneur de la Banque centrale. Le taux d’inflation
est demeuré circonscrit à 4,9% en 2015-2016. La variation annuelle de l’IPC s’est infléchie à 3,6%
au mois de novembre puis à 3,4% en décembre, soit en dessous de la cible de moyen terme de 4%
(+- 2 points) fixée par le gouvernement à la Banque centrale.
Après avoir maintenu son taux directeur inchangé à 6,50% depuis le printemps, l’Institut d’émission a
tiré parti de la modération des tensions inflationnistes pour annoncer début octobre, la baisse de 25
points de base à respectivement 6,25 et 5,75% de ses taux de refinancement et de rémunération
des dépôts, qui atteignent désormais leur étiage à six ans. Malgré la diminution drastique de la
monnaie en circulation et le ralentissement de l’activité consécutifs à la démonétisation des grosses
coupures, la RBI a laissé inchangé son taux directeur début décembre à contrecourant des
anticipations du marché. L’incertitude quant à l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation
à court terme a en effet poussé l’Institut d’émission à la prudence.
Dans ce contexte, et alors qu’elle avait accompagné le recul des devises émergentes avec une
dépréciation de 4,5% face au dollar sur l’année calendaire 2015, la roupie s’est, depuis l’an dernier,
stabilisée à un cours moyen de 67,0 USD/INR sur l’année glissante mi-novembre 2015/mi-
novembre 2016. La roupie s’est toutefois légèrement dépréciée depuis le mois de novembre suite à la
conjugaison de la démonétisation et des développements politiques et monétaires américains : elle
s’échangeait, début janvier, aux alentours de 68 USD/INR.
3. Les comptes extérieurs demeurent bien orientés en dépit
de la baisse des exportations
Le déficit courant s’est réduit à 1,1 % du PIB en 2015/16 (après 1,4 % en 2014/15) et à un étiage de
318 M$ au T2 2016 à la faveur d’un recul général de la valeur des échanges extérieurs de biens. Les
exportations de biens ont ainsi reculé de 15,7 % en valeur à 262 Mds USD (- 9,6% en roupies à
17 144 Mds INR) sur l’année budgétaire 2015-2016 et de 5,0% en glissement annuel à 173,1 Mds USD
sur la période janvier-août 2016. Elles aussi érodées par la chute du prix des produits pétroliers, qui
constituaient en moyenne 49,5% de leur valeur sur la période 2011-2015, les importations se sont
pour leur part contractées de 15,3 % à 379 Mds USD sur l’année budgétaire 2015-2016 (- 9,6% à
18 964 Mds INR), en raison notamment du fort repli des importations de produits pétroliers (- 40,1% à
82,9 Mds USD), de charbon et produits cokéfiés (- 25,0% à 13,4 Mds USD).
Après + 25 % à 36 Mds USD en 2014-15, les flux d’IDE entrants ont augmenté de 27% en 2015-16
pour atteindre un pic historique de 44,9 Mds USD en termes bruts. Cette progression s’adosse
aussi aux évolutions réglementaires destinées à renforcer l’attractivité de l’Inde dans le cadre,
notamment, de l’initiative Make in India. La réglementation sur les IDE, déjà assouplie en novembre
2015, l’a été à nouveau en septembre dernier avec la promulgation de nouvelles mesures sur la
libéralisation de neuf secteurs d’activité, dont l’aéronautique, la défense, la pharmaceutique,
l’agroalimentaire et le commerce de détail. Compte tenu de flux d’IDE sortants qui ont pour leur part
doublé à 8,9 Mds USD, le solde net des IDE progresse de 4,8 Mds USD et s’affiche à 36 Mds USD.
Dans ces conditions, la Banque centrale a poursuivi la reconstitution de ses réserves qui
s’établissaient, fin octobre 2016, à 367,2 Mds USD (+ 3,8% en g.a, environ 18% du PIB, dont
341,9 Mds USD en devises).