Situation économique et financière de l`Inde fin décembre 2016

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Situation économique et financière de
l’Inde fin décembre 2016
1. La croissance demeure dynamique en dépit d’un léger
ralentissement aux derniers trimestres
La croissance du PIB s’est établie à 7,9% (chiffres révisés) au cours de l’année budgétaire 201516 (avril 2015-mai 2016). Après avoir crû de 7,9% en glissement annuel et en termes réels au premier
trimestre 2016, l’économie indienne a marqué une légère décélération aux deuxième et troisième
trimestres (respectivement 7,1% et 7,3% en glissement annuel, soit 7,2% au dernier semestre). Ce
ralentissement correspond à une croissance de 7,3 % de la valeur ajoutée brute sur l’ensemble
des neufs premiers mois (respectivement 7,4%, 7,3% et 7,1% aux premier, deuxième et troisième
trimestres).
L’économie indienne doit l’essentiel de sa croissance au dynamisme de sa consommation intérieure,
les dépenses de consommation du secteur privé (+ 7,6%) et des APU (+ 15,2%, près d’un cinquième
de la consommation totale) ayant progressé, en termes agrégés, de 8,8% en glissement annuel au
cours du semestre avril-septembre et marquant une hausse annuelle de 8,2% sur l’année glissante T4
2015 – T3 2016. Obéré, en amont, par le retournement du cycle du crédit sur fond de dégradation du
bilan des banques publiques et, en aval, par la sous-utilisation des capacités industrielles installées et
la relative décélération de l’investissement public dans les infrastructures, l’investissement apparaît
quant à lui atone (- 5,6% au T3, - 3,5% en glissement annuel sur les neuf premiers mois). Bien que le
solde des échanges extérieurs demeure déficitaire en valeur absolue, la contribution du secteur externe
s’élève néanmoins à 1,1 point sur l’année glissante (T4 2015 – T3 2016) grâce à une forte diminution
des importations tandis que les exportations ressortent à l’équilibre.
La croissance apparaît, en termes structurels, principalement entraînée par le secteur des
services (hors-construction), dont la part dans la valeur ajoutée s’établit à 58,4% au troisième trimestre,
contre respectivement 11,3% et 30,3% pour l’agriculture et l’industrie. La valeur ajoutée progresse,
en termes annuels, de respectivement 3,3%, 5,2% et 8,9% dans le secteur primaire, l’industrie et
les services. Les revalorisations du traitement des fonctionnaires, l’assouplissement de la politique
monétaire, le frémissement des exportations depuis le mois de juin ou encore la hausse des arrivées
touristiques devraient exercer une incidence positive sur la croissance pour les mois à venir. La mise
en œuvre de la taxe harmonisée sur les biens et services (GST) pourrait, enfin, exercer une incidence
positive sur la croissance à moyen terme.
La décision de démonétiser, à effet immédiat, 86% des billets en circulation pourrait en revanche
peser sur la croissance, tant sur la consommation que l’environnement des affaires ; les ventes de
détail auraient ainsi chuté de plus de 50% dans la semaine qui a suivi l’annonce de la mesure tandis
que les ventes de véhicules auraient pour leur part reculé d’un quart par rapport à la normale. Début
décembre, la Banque centrale a d’ailleurs revu à la baisse de 0,5 point à 7,1 % ses prévisions de
croissance pour l’exercice budgétaire actuel. Le FMI a pour sa part abaissé ses prévisions de
croissance d’un point à 6,6% sur la période, tandis que la BAsD estime désormais celle-ci à 7%.
Pour l’exercice 2017-18, les prévisions de croissance ont également été révisées à la baisse de 0,4
point par le FMI, à 7,2 % ; l’économiste en chef du gouvernement conjecture, pour sa part, une
croissance de 6,5% en 2016-17, puis une expansion de 6,75% à 7,5% en 2017-18.
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2. La stabilisation des prix à la consommation a ouvert la
porte à un assouplissement de la politique monétaire
Longtemps considérée comme un facteur d’instabilité, avec des taux de croissance à deux chiffres au
début des années 2010, l’inflation a depuis sensiblement reculé grâce, notamment, aux efforts
mis en œuvre pendant le mandat de l’ancien gouverneur de la Banque centrale. Le taux d’inflation
est demeuré circonscrit à 4,9% en 2015-2016. La variation annuelle de l’IPC s’est infléchie à 3,6%
au mois de novembre puis à 3,4% en décembre, soit en dessous de la cible de moyen terme de 4%
(+- 2 points) fixée par le gouvernement à la Banque centrale.
Après avoir maintenu son taux directeur inchangé à 6,50% depuis le printemps, l’Institut d’émission a
tiré parti de la modération des tensions inflationnistes pour annoncer début octobre, la baisse de 25
points de base à respectivement 6,25 et 5,75% de ses taux de refinancement et de rémunération
des dépôts, qui atteignent désormais leur étiage à six ans. Malgré la diminution drastique de la
monnaie en circulation et le ralentissement de l’activité consécutifs à la démonétisation des grosses
coupures, la RBI a laissé inchangé son taux directeur début décembre à contrecourant des
anticipations du marché. L’incertitude quant à l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation
à court terme a en effet poussé l’Institut d’émission à la prudence.
Dans ce contexte, et alors qu’elle avait accompagné le recul des devises émergentes avec une
dépréciation de 4,5% face au dollar sur l’année calendaire 2015, la roupie s’est, depuis l’an dernier,
stabilisée à un cours moyen de 67,0 USD/INR sur l’année glissante mi-novembre 2015/minovembre 2016. La roupie s’est toutefois légèrement dépréciée depuis le mois de novembre suite à la
conjugaison de la démonétisation et des développements politiques et monétaires américains : elle
s’échangeait, début janvier, aux alentours de 68 USD/INR.
3. Les comptes extérieurs demeurent bien orientés en dépit
de la baisse des exportations
Le déficit courant s’est réduit à 1,1 % du PIB en 2015/16 (après 1,4 % en 2014/15) et à un étiage de
318 M$ au T2 2016 à la faveur d’un recul général de la valeur des échanges extérieurs de biens. Les
exportations de biens ont ainsi reculé de 15,7 % en valeur à 262 Mds USD (- 9,6% en roupies à
17 144 Mds INR) sur l’année budgétaire 2015-2016 et de 5,0% en glissement annuel à 173,1 Mds USD
sur la période janvier-août 2016. Elles aussi érodées par la chute du prix des produits pétroliers, qui
constituaient en moyenne 49,5% de leur valeur sur la période 2011-2015, les importations se sont
pour leur part contractées de 15,3 % à 379 Mds USD sur l’année budgétaire 2015-2016 (- 9,6% à
18 964 Mds INR), en raison notamment du fort repli des importations de produits pétroliers (- 40,1% à
82,9 Mds USD), de charbon et produits cokéfiés (- 25,0% à 13,4 Mds USD).
Après + 25 % à 36 Mds USD en 2014-15, les flux d’IDE entrants ont augmenté de 27% en 2015-16
pour atteindre un pic historique de 44,9 Mds USD en termes bruts. Cette progression s’adosse
aussi aux évolutions réglementaires destinées à renforcer l’attractivité de l’Inde dans le cadre,
notamment, de l’initiative Make in India. La réglementation sur les IDE, déjà assouplie en novembre
2015, l’a été à nouveau en septembre dernier avec la promulgation de nouvelles mesures sur la
libéralisation de neuf secteurs d’activité, dont l’aéronautique, la défense, la pharmaceutique,
l’agroalimentaire et le commerce de détail. Compte tenu de flux d’IDE sortants qui ont pour leur part
doublé à 8,9 Mds USD, le solde net des IDE progresse de 4,8 Mds USD et s’affiche à 36 Mds USD.
Dans ces conditions, la Banque centrale a poursuivi la reconstitution de ses réserves qui
s’établissaient, fin octobre 2016, à 367,2 Mds USD (+ 3,8% en g.a, environ 18% du PIB, dont
341,9 Mds USD en devises).
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4. La situation du secteur bancaire demeure un facteur de
risque pour les finances publiques
Contenu à 3,9 % en 2015/16, étiage depuis 2007-08 (mais 4,1% selon le contrôleur général des
comptes publics), le déficit budgétaire des administrations centrales devrait être ramené cette année à
3,5% du PIB et à 3,2 % en 2017-18. Cette consolidation repose sur une diminution des dépenses
d’investissement, alors que les dépenses de fonctionnement devraient augmenter de 11,8% en raison
des fortes revalorisations salariales du secteur public. La réalisation des objectifs fixés par la loi de
finances apparaît très incertaine car le déficit des administrations centrales a atteint au 1 er semestre
budgétaire (avril-septembre) 83,9% de la cible fixée pour l’exercice. Le déficit des opérations courantes
atteint quant à lui d’ores et déjà 92,1%. Au total et bien qu’orienté à la baisse, le déficit des
administrations publiques devrait demeurer substantiel, autour de 6,9% du PIB en 2015-2016 et
de 6,7% en 2016-2017 (estimation FMI).
La situation du secteur bancaire apparaît, depuis quelques mois, comme l’une des principales
sources d’interrogation sur l’économie indienne. Bien qu’encore légèrement positifs dans leur
ensemble, les ratios de rentabilité des établissements de crédit se sont en effet dégradés,
notamment dans le secteur bancaire public (environ 70% des actifs totaux). Cette dégradation tient en
partie à la hausse des prêts non-performants, en hausse de 4,6 à 7,8% des encours entre mars
2015 et 2016. Les banques ont multiplié par 2,3 leurs provisions qui s’élevaient, à fin mars 2016, à
74,2% du bénéfice avant impôt. La RBI a fait de la réduction des actifs non-performants un objectif
prioritaire et œuvre à la mise en place de solutions. Elle a autorisé début novembre 2016 la
reclassification immédiate de la moitié des actifs restructurés jugés soutenables dans la catégorie des
actifs standards et a décidé d’alléger les contraintes qui encadraient la reclassification sur critères de
performance de la part non-soutenable.
L’Agence Fitch a évalué à 90 Mds USD le coût des recapitalisations nécessaires au secteur bancaire à
l’horizon 2019, soit un chiffre 9 fois supérieur à celui du ministère des Finances (10,4 Mds USD), qui a
annoncé des injections totales de 3,6 Mds USD sur l’exercice budgétaire actuel.
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