3. Une inflation à son plus bas historique essentiellement imputable à la baisse des cours du pétrole
L’inflation a atteint son plus bas niveau depuis 13 ans au cours de l’année fiscale 2015/16 à 2,9 % après 4,5 % en
2014/15 et 8,6 % en 2013/14. Conséquence des faibles cours du pétrole – de loin le 1er poste d’importation du pays
(18,9 % des achats totaux au cours de l’année fiscale) - et des produits de base (11,4 % des importations) et d’une Roupie
stable, cette tendance devrait repartir à la hausse pour atteindre 5,1 % en 2016/17. A la faveur de cette quasi disparition
des tensions inflationnistes, la Banque Centrale a abaissé de 325 pts de base son principal taux directeur depuis novembre
2014, à 5,75 %, sans que cela ne produise d’effets notables sur le crédit au secteur privé puisque l’Etat continue de
siphonner les ressources bancaires pour financer son déficit (les crédits au secteur public ont représenté 62 % de
l’ensemble des crédits octroyés par les banques commerciales sur l’année fiscale 2016).
4. Un desserrement en trompe l’œil de la contrainte externe
Alors que le pays était en proie à une crise de sa balance des paiements lors de l’intronisation du gouvernement
Sharif, les pressions sur les réserves de change de la Banque centrale se sont considérablement allégées depuis
plus de 2 ans. D’un montant de 17,7 Mds USD au 12 août dernier, elles sont désormais équivalentes à 4,4 mois
d’importations, contre 0,6 début février 2014.Cette reconstitution des réserves est essentiellement le fait de revenus non
pérennes (décaissement des tranches de l’EFF, émissions d’euro et de sukuk bonds, perception du Coalition Support
Fund, vente des licences 3G/4G, produits des participations dans les entreprises d’Etat, don saoudien…).
Sur le plan externe, malgré une légère amélioration de la position du compte courant sur l’année budgétaire
2015/16 à -0,9 % du PIB contre -1 % en 2014/15 et -1,3 % en 2013/14, les raisons profondes de la vulnérabilité
structurelle de la position externe du Pakistan demeurent. Le déficit commercial, équivalent à 6,5 % du PIB, est
artificiellement maintenu à ce niveau par la faiblesse des cours internationaux des matières premières (18,9 % des
importations du pays en 2015/16 contre 33,3 % en moyenne entre 2012 et 2015) qui entraîne de manière quasi
automatique la baisse des importations (-1,9 % sur la période en g.a) alors que les exportations affichent un recul pour
la deuxième année consécutive (-8,6 % en 2016 en g.a), y compris à destination de l’UE, et ce en dépit de l’octroi du
SPG+
. Sur le plan des IDE, malgré une progression des flux nets (+38,9 % à 1,3 Md USD), ceux-ci ne représentent
toujours que 0,5 % du PIB en rythme annualisé et sont quasi-exclusivement le fait des investissements chinois
; les
Américains et les Saoudiens ayant en effet enclenché un processus de désinvestissement sévère au cours de cette année
budgétaire (-432 M USD cumulés pour les deux pays). Du reste, les transferts de migrants qui ont atteint 19,9 Mds
USD au cours de l’année (+6,4 % en g.a.), ont enregistré leur plus faible progression depuis l’année budgétaire
2013
et peine désormais à compenser le déficit commercial (ils représentent 7,4 % du PIB) en raison du
ralentissement de l’activité dans les pays pétroliers du Golfe où réside près de la moitié des 10 M de travailleurs
pakistanais émigrés. Par ailleurs les premières indications d’un ralentissement des transferts en provenance du
Royaume-Uni sont apparues depuis l’annonce du BREXIT (-53 % entre juin et juillet 2016 et -38 % en juillet en g.a.).
5. En l’absence de réformes structurelles majeures, la gestion post-programme FMI soulève des inquiétudes
Alors que le mécanisme de facilité élargie de crédit du FMI touchera vraisemblablement à sa fin en septembre,
avec le décaissement de la dernière tranche (6,4 Mds USD au total), le Pakistan n’aura pas brillé par sa capacité
à réformer, à l’image des 14 dérogations qui auront été nécessaires en raison du non-respect des objectifs fixés.
En dépit de certaines améliorations, principalement sur le front énergétique grâce à la baisse mondiale des cours du
pétrole dont le Pakistan a su pleinement tirer les bénéfices, le programme de privatisations et de restructuration des
entreprises publiques a fortement déçu suite aux échecs essuyés par la Pakistan International Airlines et la Pakistan
Steel Mills. Par ailleurs, les privatisations des principales entreprises de distribution d’électricité (Faisalabad, Islamabad
et Lahore Electric Supply Companies) sont toujours au point mort malgré l’engagement d’y parvenir avant
septembre. La conclusion du Programme soulève la question de la pérennité des améliorations macroéconomiques
constatées, qui découlent pour partie du contexte externe et de coupes dans les dépenses de développement, tandis
que les réformes structurelles ont été jusqu’à présent timidement engagées (réforme fiscale, secteur de l’énergie,
environnement des affaires).
Si l’octroi du SPG+ par Bruxelles à Islamabad depuis le 1er janvier 2014 a permis une nette augmentation des exportations pakistanaises vers
l’UE les deux premières années (+16,6 % en 2014, +5 % en 2015), celles-ci ont reculé cette année (-2,2 % en g.a.).
30,4 % des flux entrants totaux en 2015/16.
Les transferts de migrants ont progressé de +5,6 % en 2013, +13,8 % en 2014 et +18,2 % en 2015.