Lettre économique du Pakistan et d`Afghanistan (n°10)

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Lettre économique du Pakistan et d’Afghanistan (n°10)
Actualités du 26 août au 15 septembre 2011
Sommaire
Pakistan ………………………………………………………………………….......pp. 2-4
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Brèves économiques du 26 août au 15 septembre 2011
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Un déficit énergétique toujours plus pénalisant
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L’accord de transit entre le Pakistan et l’Afghanistan toujours dans l’impasse
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Les emprunts du gouvernement en augmentation constante
Afghanistan…………………………………………………………………….......pp. 5-6
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6 sociétés candidates restent en lice pour l’appel d’offres de la mine de fer
d’Hajigak
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La Chine sur le point de remporter un appel d’offres pour un champ pétrolier
-
L’impôt sur le revenu devrait croître de 10% cette année
-
Les programmes financés par l’USAID remis en question en raison de leurs
dérives et de leurs coûts
-
L’accroissement de la population, source de futurs déséquilibres
PAKISTAN
Brèves économiques du 26 août au 15 septembre 2011
OGDCL, groupe leader pakistanais d’exploitation pétrolière et gazière, a rendu public la
découverte de deux nouvelles sources potentielles d’exploitation gazière. Cette
annonce vient conforter les bons résultats du groupe qui a enregistré un chiffre d’affaires
de plus d’1,8 Md USD cette année.
Les exportations en augmentation ne compensent pas la hausse du déficit
commercial. En effet, durant les deux premiers mois de l’année budgétaire, les
exportations ont crû de 20% par rapport à la même période l’année précédente pour
atteindre 4,2 Mds USD. Cependant les importations, qui ont parallèlement augmenté de
19,5% sur la même période pour un total de 7,5 Mds USD, concourent à la croissance du
déficit commercial (3,3 Mds USD).
La roupie pakistanaise atteint son plus bas niveau par rapport au dollar en
s’échangeant à 87,41 PKR pour un dollar. Du fait des faibles performances économiques
de la dernière année budgétaire et de l’arrêt des contributions externes, la roupie est en
effet plus que jamais sous pression par rapport à la monnaie américaine.
Les pluies de mousson dans les régions du Sindh et du Pundjab ont causé
d’importants dégâts durant le mois d’août. En effet, les très fortes averses qui ont frappé
ces deux régions auraient, selon les premières estimations, touché plus d’1,2 million de
balles de coton, engendrant des pertes considérables. La production totale de coton à
l’échelle nationale pourrait ainsi diminuer de 30 à 40% par rapport à ce qui était prévu.
Le niveau des transferts de la communauté pakistanaise émigrée a connu une
augmentation de 25 à 30% pendant la période de ramadan par rapport à la moyenne
mensuelle habituelle. Ces transferts atteignent ainsi entre 1,25 et 1,3 Md USD. La
tendance à la hausse se poursuit depuis maintenant plus d’un an, pesant de façon de plus
en plus importante sur l’économie nationale.
La bourse de Karachi est à son tour touchée par la crise financière internationale.
Du fait notamment des inquiétudes concernant la croissance américaine, le Karachi Stock
Exchange (KSE) se contracte légèrement en ce début de semaine (perte de 62 points à 11
286 points). En outre, l’indice de la bourse de la capitale économique pakistanaise est
également touché par la vague de violence qui frappe Karachi depuis plusieurs semaines.
Un déficit énergétique toujours plus pénalisant
La crise énergétique que traverse le Pakistan depuis maintenant plusieurs années pèse
fortement sur la situation économique du pays. En effet, elle serait à l’origine d’un
manque à gagner annuel de 2,6 Mds USD, privant ainsi près de 400 000 personnes d’un
emploi du fait de fermetures industrielles consécutives au déficit énergétique chronique.
Selon différents experts de la Commission Pakistanaise de Planification Scientifique et
Technique (PCPST), la moyenne mondiale de génération énergétique par l’utilisation de
charbon est de 42%. Au Pakistan, 7,3% seulement de l’énergie distribuée est produite à
partir de cette source d’énergie. Ainsi, la mise en place de grands projets de génération
électrique utilisant du charbon pourrait permettre de résoudre cette problématique et de
relancer le marché de l’emploi et l’économie pakistanaise. En outre, le pays peut
s’appuyer sur des réserves importantes en charbon dans la région de Thar : elles
atteindraient en effet plus de 175 milliards de tonnes sur environ 9 600 km2.
Du fait de cette crise énergétique, le Pakistan se tourne de plus en plus vers ses voisins et
les investisseurs étrangers. Ainsi, un projet d’importation d’énergie gazière depuis l’Iran
d’une capacité totale de 2 000 MW est prévu et devrait pouvoir être opérationnel
rapidement. Parallèlement, les autorités américaines ont annoncé le déblocage d’1 Md
USD pour la construction du barrage de Diamer-Bhasha sur une période de cinq ans.
Cet accord sera officiellement signé lors de la réunion de dialogue stratégique sur
l’énergie entre les deux pays prévue les 14 et 15 septembre. La Banque Asiatique de
Développement a, de son côté, déjà donné son aval pour le décaissement de 5 Mds USD
pour ce projet d’un coût total de 11,8 Mds USD qui devrait générer à terme 4 500 MW.
L’accord de transit entre le Pakistan et l’Afghanistan toujours dans l’impasse
Du fait de garanties encore insuffisantes fournies par les importateurs afghans, les
autorités pakistanaises prévoient de suspendre à nouveau pour trente jours
supplémentaires la mise en place de l’accord de transit entre les deux pays (APTTA). Des
questions de garanties bancaires et de sécurité restent également en suspens. Le
gouvernement pakistanais est principalement préoccupé par le risque de vol lors des
transports de biens.
L’accord de transit entre les deux pays est maintenant suspendu depuis près de deux mois
et paraît chaque jour un peu plus dans l’impasse. Cet enlisement est à l’origine de
lourdes pertes financières, notamment du fait du blocage de nombreux véhicules afghans
à la frontière.
Les emprunts du gouvernement en augmentation constante
Afin de financer les dépenses budgétaires, le gouvernement pakistanais s’appuie
fortement sur des programmes d’emprunts auprès de la Banque Centrale et des banques
commerciales. En effet, au cours des deux premiers mois de l’année budgétaire en cours,
ces emprunts ont augmenté de 104% par rapport à la même période l’année précédente
pour atteindre un montant de plus de 2 Mds USD. En outre, on peut observer un
changement dans la mise en œuvre de la politique financière suivie par les autorités
pakistanaises. Celles-ci ont en effet fait le choix de limiter les emprunts auprès de la
Banque Centrale (285 MUSD contre 1,4 Md USD l’année précédente) et de s’appuyer de
façon plus importante sur les banques commerciales (augmentation de 73% par rapport à
la période juillet – août 2010). Les faibles performances fiscales mais aussi l’intérêt des
banques commerciales pour investir dans des bons du Trésor à risque limité expliquent
cette tendance.
Seulement deux mois après le début de l’année budgétaire, l’objectif de déficit fiscal
annoncé de 9,7 Mds USD apparaît déjà comme difficilement tenable en raison de
prévisions de recettes fiscales qui apparaissent trop ambitieuses pour pouvoir être
atteintes (ces recettes seraint en effet en augmentation de 26% par rapport à l’année
précédente).
Pour tout complément d’information, veuillez contacter M. Nathanaël TAMAILLON ([email protected])
PAKISTAN : données macroéconomiques (source : Banque centrale)
AFGHANISTAN
6 sociétés candidates restent en lice pour l’appel d’offres de la mine de fer d’Hajigak
Suite à l’appel d’offres lancé par le gouvernement afghan qui avait suscité l’intérêt de 22
compagnies minières, ne restent finalement en lice que 6 soumissionnaires dont le groupe
étatique indien Steel Authority of India Ltd/NMDC regroupant 7 compagnies minières et
aciéristes (JSW Steel, Jinda Steel & Power, Monnet Ispat, JSW Ispat Steel), 2 groupes
iraniens (Gol-e-Gohar Iron Ore Co et Behin Sanate Diba Co) composé de 10 compagnies
minières et industrielles, le canadien Kilo Goldmines et la société américano-afghane Acatco
LLC. La mine d’Hajigak, située à 100 km à l’ouest de Kabul, est la plus grande réserve non
exploitée de minerai en Asie avec 2 milliards de tonnes d’une teneur moyenne de 62% en
fer, valorisées à 350 Mds USD (le coût d’acquisition devrait se situer à 1/1,5 USD la tonne).
Bien que les grands conglomérats mondiaux (Rio Tinto, BHP Billiton, Vale) aient finalement
décidé de ne pas participer aux enchères en raison de l’état d’insécurité du pays, le
gouvernement afghan se félicite finalement de la présence de 6 soumissionnaires pour cet
appel d’offres qu’il avait été obligé d’annuler l’an passé en raison du trop faible nombre de
candidatures. Hajigak offre ainsi une chance à l’Inde de se positionner en Afghanistan dans
le secteur minier, concurrençant la Chine qui est déjà impliquée dans l’exploitation de la
mine cuprifère d’Aynak (réserves valorisées à 100 Mds USD, 4 Mds USD d’investissement).
L’Inde est très présente dans la construction d’infrastructures routières, d’hôpitaux et de
réseaux électriques (2 Mds USD d’investissements au total).
La Chine sur le point de remporter un appel d’offres pour un champ pétrolier
Le groupe énergétique chinois CNPC a proposé la meilleure offre pour l’exploitation de 3
blocs dans le bassin d’Amu Darya, situé au nord-ouest du Pakistan. CNPC était en
concurrence avec l’australien Buccaneer Energy, le britannique Tethys Petroleum et le
pakistanais Shahzad International mais aurait gagné en raison d’une offre supérieure à celle
de ses rivaux, proposant notamment une combinaison de royalties attractives et de promesses
de développement d’infrastructures : 15 cents par baril de brut extrait, 30% d’impôts sur ses
bénéfices et la construction d’une raffinerie estimée à 300 MUSD.
Le champ d’Amu Darya ne contiendrait que 80 millions de barils de brut, un montant très
faible (1 jour de consommation mondiale), mais le gouvernement envisage de conduire à
l’avenir des études géologiques poussées dans le bassin Tajik qui, selon des estimations
préalables, pourrait renfermer jusqu’à 1,8 milliard de barils.
L’impôt sur le revenu devrait croître de 10% cette année
Le Ministère des Finances espère collecter cette année 5,2 milliards d’afghanis (120 MUSD)
en impôt sur le revenu, soit une augmentation de 10% par rapport à l’année budgétaire avril
2010/mars 2011 (4,7 milliards d’afghanis). Les contribuables gagnant de 5 000 à 12 500
afghanis par mois (115 à 290 USD) seraient taxés à hauteur de 2%, ceux dont les salaires
seraient de 100 000 afghanis (2 300 USD) se verraient appliquer un impôt de 10%. Cette
croissance des recettes tiendrait, d’une part, à une augmentation de la base des assujettis du
secteur public qui est passée de 650 000 personnes l’année dernière à 700 000 cette année,
d’autre part, à la mise en place de la loi de finances dans le secteur privé, incluant les
institutions et organisations dont les salariés échappaient jusqu’à présent à toute taxation.
Les recettes fiscales ont dépassé 1 milliard d’afghanis au cours du premier trimestre de
l’année budgétaire 2011/12. Le taux de collecte fiscale avait atteint 9,8% du PIB en
2010/11, en nette augmentation par rapport à l’année précédente (8,9 %).
Les programmes financés par l’USAID remis en question en raison de leurs dérives et
de leurs coûts
De nombreuses voix se font entendre aux Etats-Unis sur le coût et l’efficacité des
programmes financés par l’USAID en Afghanistan qui y travaille depuis plusieurs dizaines
d’années, impliquée essentiellement dans des projets d’infrastructures (routes, barrages,
constructions, réseau électrique, etc.). Autant la finalité de ces projets est pleinement
acceptée, autant l’augmentation de leurs coûts commence à poser question. Dans le secteur
agricole par exemple, une enquête a montré que 20% des fonds alloués (300 MUSD) était
reversé aux talibans pour protéger les agriculteurs. Dans le secteur électrique, le coût de la
centrale thermique de 105 MW de Tarakhil près de Kabul a atteint finalement 300 MUSD
pour 125 MUSD budgété initialement. La construction des 100 km de route Gardez-Khost
entre l’Afghanistan et le Pakistan est revenue à 176 MUSD au lieu de 69 MUSD.
Bien que l’aide américaine cumulée ait déjà dépassé 60 Mds USD, ce sont 17,3 Mds USD
supplémentaires qui ont été demandés par le Président américain dans le prochain budget,
répartis entre USAID (qui récupérera 2,1 Mds USD) et le Ministère de la Défense (qui
emploie plus de 90 000 sous-traitants en Afghanistan).
L’accroissement de la population, source de futurs déséquilibres
L’accroissement rapide de la population commence à poser un sérieux problème aux
autorités afghanes. En effet, avec 6,6 enfants par foyer (soit le taux de fertilité le plus élevé
en Asie) et un taux de mortalité de 161 pour 1000 (enfants de moins de 5 ans), la population
afghane, actuellement de 30 millions, devrait passer à 47 millions dès 2025 et 76 millions en
2050. Cette démographie galopante sera certainement une source d’instabilité économique
pour les prochaines décennies.
Pour tout complément d’information, veuillez contacter M. Hervé Stemmelen ([email protected])
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