
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVI - n° 9 - novembre 2012
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Mise au point
Points forts
semble le plus souvent les caractéristiques suivantes (6) :
•
il existe un lien chronologique (début dans les 2 mois 
qui suivent l’instauration du traitement et arrêt, ou 
amélioration dans les semaines qui suivent l’arrêt du 
traitement),
•
on retrouve des symptômes associant le plus souvent 
courbatures, crampes ou fatigabilité,
•
ainsi que des symptômes, sinon diffus, du moins 
bilatéraux, touchant plus volontiers les gros muscles.
Surveillance et prise en charge préventive
Dans la surveillance et la prise en charge préventive, 
on peut proposer 3 recommandations :
 ✓
la surveillance du traitement comprend un dosage 
des CPK chez les sujets qui sont à risque ou qui pré-
sentent des symptômes musculaires. Il n’est donc 
pas nécessaire de doser les CPK chez un patient sans 
symptôme. Il n’est pas non plus justifié de doser les CPK 
avant la mise sous traitement en l’absence d’antécédent 
de pathologie musculaire. Il est nécessaire d’effectuer 
un dosage des CPK avant et sous traitement dans les 
situations à risque suivantes :
• insuffisance rénale,
• hypothyroïdie,
•
antécédents personnels ou familiaux de maladie 
musculaire génétique,
•
antécédents personnels d’effet indésirable musculaire 
avec un fibrate ou une statine,
• abus d’alcool,
•
âge supérieur à 70 ans, d’autant plus qu’il existe 
d’autres facteurs de risque musculaires ;
 ✓
tout symptôme musculaire inexpliqué apparaissant 
sous traitement doit faire pratiquer un dosage des CPK ;
 ✓
il convient par ailleurs d’être vigilant quant au risque 
d’interactions médicamenteuses dans les cas de pres-
cription d’associations telles que statines et fibrates (le 
gemfibrozil étant contre-indiqué), et d’inter actions liées 
aux statines métabolisées par la voie CYP3A4 avec des 
traitements comme le kétoconazole, les macrolides ou 
le jus de pamplemousse (se référer au Vidal® pour la 
liste complète des interactions).
Conduite à tenir en cas de douleur attribuable 
aux statines (4)
Elle dépend de l’évaluation individuelle du rapport 
bénéfice/risque (par exemple, le traitement peut être 
poursuivi dans une situation de haut risque avec des 
symptômes mineurs). Le médecin peut ainsi favoriser 
une fenêtre thérapeutique pour évaluer la respon-
sabilité du traitement, choisir de changer de statine 
(au moins 3 essais sont possibles) ou encore proposer 
de diminuer la dose. Les alternatives thérapeutiques, 
quand les statines ne sont pas suffisantes ou sont mal 
tolérées, sont l’ézétimibe (le plus souvent bien toléré 
sur le plan musculaire) ou la colestyramine. Les inconvé-
nients majeurs sont les effets indésirables, notables mais 
non dangereux (constipation). Les patients se plaignent 
parfois d’un changement du goût, de sensations de nau-
sée et de ballonnement. Mais, avec le temps, les effets 
indésirables tendent à disparaître. Autre alternative pour 
certains, dans les hypercholestérolémies pures, quand 
l’utilisation des statines n’est pas possible : les dérivés 
des fibrates. Ils n’ont toutefois pas fait leurs preuves 
dans ce cas en termes de diminution des accidents CV.
Il ne faut pas passer à côté de l’urgence d’arrêter le 
traitement en cas d’accident sérieux caractérisé par 
une élévation importante des CPK (supérieure à 10 fois 
la normale) et des douleurs musculaires.
Les douleurs musculaires restent un problème avec 
les statines. Il faut ne pas surestimer la responsabilité 
des statines, mais il faut aussi répondre à l’attente des 
patients qui ont une plainte, en modifiant la stratégie 
thérapeutique quand la responsabilité du traitement 
est probable.
Développement du diabète
L’existence d’un surrisque de développer un diabète 
est apparue relativement tardivement dans le déve-
loppement des statines. La première méta-analyse 
a été conduite chez 91 140 patients dans les essais 
comparant les statines avec des placebos ou des soins 
standard (7). Une augmentation significative de 9 % 
du risque de développer un diabète (IC
95
 : 2-17) était 
commune à toutes les statines, sans hétérogénéité 
entre les études. De façon similaire, une analyse de 
3 études avec l’atorvastatine confirme l’augmentation 
du risque de diabète (+ 10 % [p = 0,26, étude TNT], 
+ 19 % [p = 0,072, étude IDEAL] et + 37 % [p = 0,011, 
étude SPARCL] et identifie les facteurs prédictifs de ce 
risque de développer un diabète au cours du suivi de 
l’étude (8). Une seconde méta-analyse a comparé l’effet 
des fortes doses de statines par rapport à de plus faibles 
doses (9). L’augmentation du risque est de 12 % (IC95 : 
4-22). Le mécanisme par lequel les statines augmentent 
le risque de diabète n’est pas connu, mais cet effet ne 
change en rien les recommandations d’utilisation des 
statines en pratique courante.    
■
Liensd’intérêts
L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec les sociétés GSK, MSD, Genzyme, 
Sanofi, Unilever, Danone et l’université de Montréal pour des activités de 
recherche, et avec les sociétés Abbott, AstraZeneca, Genfit, Genzyme, MSD, 
Pfizer, Sanofi, Servier, AMT, Merck, Lilly, Novo-Nordisk, Casino, Lu-Kraft, 
Unilever et Danone en tant que consultant ou orateur.
1.Bulbulia R, Bowman L, 
Wallendszus K et al. Effects on 
11-year mortality and mor-
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2.
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3. Bruckert E, Hayem G, 
Dejager S, Yau C, Bégaud B. 
Mild to moderate muscular 
symptoms with high-dosage 
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4. Mancini GB, Baker S, 
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Références