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es prescriptions de morphiniques ont augmenté très
significativement ces dernières années, non seule-
ment suite à la prise de conscience du traitement insuf-
fisant de la douleur aiguë mais également du fait d'un
recours plus large aux analgésiques puissants pour la
prise en charge de la dou-
leur chronique. Aux Etats-
Unis, les analgésiques mor-
phiniques sont les médica-
ments les plus prescrits
juste derrière les régula-
teurs des lipides. L'hydro-
codone a été prescrite 128
millions de fois en 2008 !
C'est donc tout à fait nor-
mal que l'on essaie de
mieux connaître les effets
neurologiques et compor-
tementaux de ces médica-
ments si largement utili-
sés, notamment du point
de vue de l'hyperalgésie
mais aussi des modifica-
tions cognitives.
L'an passé, dans Brain,
les psychiatres du Texas
Health Center de San
Antonio avaient publié un
article montrant qu'un
usage plus prolongé des
morphiniques entraînait des modifications évidentes de
la structure et des interconnectivités fonctionnelles du
cerveau. Les auteurs concluaient:" … prescription
opioid dependence is associated with structural and
functional changes in brain regions implicated in the re-
gulation of affect and impulse control, as well as in re-
ward and motivational functions".
Dans Pain du mois d'août 2011, l'équipe
de Stanford
publie une étude qui confirme ces résultats, par des me-
sures très précises réalisées sous R.M..N
Dix patients souffrant de low back pain modéré à sévè-
re, sans radiculalgies ont été mis sous morphine pendant
un mois. Une R.M..N. a été réalisée avant le traitement,
à la fin des 30 jours et en-
suite 6 mois plus tard.
Treize zones en matière
grise ont montré des modi-
fications volumétriques..
Le degré de ces modifica-
tions a pu être correlé
avec le dosage en morphi-
ne. L'amygdale droite a
perdu du volume tandis les
autres régions ont aug-
menté de volume. Ces
régions sont connues pour
être impliquées dans le
réseau des processus de
l'affect et de la gratifica-
tion.
Les contrôles effectués ±
6 mois après l'arrêt du
traitement ont montré une
persistance des effets
induits.
Parallèlement, dans une
autre étude, 9 personnes,
ayant reçu un traitement
placebo, n'ont pas montré de modifications morphologi-
ques cérébrales.
L'étude de Younger et al. confirme que les morphiniques
induisent des modications structurelles lors des traite-
ments chroniques et ce, après un bref laps de temps.
A suivre de près.
Nr 237 - 03 août 2011
mOrPhInE
attention ! CERVEAU
PAIN 2011; 152: 1803-1810