La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 3 - mai-juin 2016 | 89
ÉDITORIAL
peuvent être acquises hors de l’hôpital : des recommandations de prévention sont
alors données, à l’occasion de voyages ou non. La prévention repose aussi
sur des chimioprophylaxies ciblées sur les micro-organismes les plus fréquents
et sur le bon contrôle du statut vaccinal. Enfin, très récemment, une susceptibilité
génétique particulière de certains patients a été mise en évidence.
L’infectiologue intervient de manière conjointe au transplanteur dans différentes
étapes de la prévention ou de la prise en charge diagnostique et/ou thérapeutique
des infections et dans la gestion pratique de l’immunosuppression.
Ainsi, des consultations ciblées, parfois transdisciplinaires, peuvent être envisagées
avant la transplantation, impliquant le futur receveur (VIH+ et optimisation
du traitement antirétroviral, statut tuberculeux, portage de bactéries
multirésistantes [BMR], allergie à telle famille d’antibactériens, par exemple),
mais aussi le donneur en cas de procédure impliquant un donneur vivant
(antécédent infectieux, voyage en zone d’endémie, par exemple). Le recours
aux consultations avant des voyages internationaux devrait être systématique,
notamment chez les transplantés rénaux et hépatiques, les plus à même de voyager.
Le choix de l’outil microbiologique permettant le diagnostic ainsi que l’optimisation
du traitement anti-infectieux à l’échelon individuel et le bon usage
des anti-infectieux à l’échelon collectif sont des exemples concrets d’une bonne
collaboration entre infectiologues et transplanteurs.
C’est tout le mérite de ce numéro de La Lettre de l’Infectiologue et du Courrier
de la Transplantation que d’illustrer ces concepts en traitant des infections
fongiques, des diarrhées infectieuses, de la réactivation ou de la primo-infection
par l’EBV ou le CMV, de l’hépatite E et, de manière originale, de souligner
dans ce contexte le rôle du microbiote intestinal.
Le point de vue du transplanteur
Pr Faouzi Saliba
Centre hépatobiliaire, hôpital Paul-Brousse, AP-HP, Villejuif ; université Paris-Sud, UMR-S 785, Villejuif ;
Inserm, unité 785, Villejuif.
L’infection est longtemps restée la principale cause de décès après
une transplantation d’organe, à court et moyen termes. Elle constituait un véritable
frein à l’amélioration de la survie des patients après la greffe. L’infection est en outre,
quelle que soit sa nature – bactérienne, virale, fongique, parasitaire – souvent
associée à un dysfonctionnement aigu ou chronique du greffon.
Des progrès importants dans la sélection des patients candidats à la greffe,
dans la sélection des donneurs et dans la technique chirurgicale elle-même
(réduction du besoin de transfusions sanguines), ainsi qu’une meilleure
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