mois après la greffe initiale et ce rein a donc été utilisé pour une deuxième greffe chez une
patiente hémodialysée depuis 16 mois en raison d’une insuffisance rénale terminale
secondaire à une polykystose familiale sévère.
Les deux interventions ont été menées le même jour de façon consécutive. Le greffon a pu
être retiré dans un état parfaitement utilisable pour cette deuxième greffe. Une biopsie
extemporanée a confirmé le caractère limité des lésions liées à la MAT (moins de 20 %). Les
axes vasculaires de la receveuse initiale devenue donneuse, ont été restaurés ad integrum sans
utilisation de matériel synthétique. La transplantation n’a pas posé de problème spécifique
puisque nous avons utilisé la technique que nous utilisons de façon très courante dans le
contexte des transplantations à donneur vivant.
Les suites opératoires de la donneuse ont été marquées par un hématome qui a dû être évacué,
lié à sa thrombopénie. Les suites opératoires de la receveuse finale ont été très simples et trois
mois après la greffe, le rein avait retrouvé une fonction strictement normale.
Que faut-il retenir de cette expérience ? Nous avons montré qu’il était possible techniquement
d’explanter un greffon rénal viable chez un donneur vivant dans la limite des trois premiers
mois après la première greffe. Nous avons montré que cette double utilisation d’un greffon
rénal ne posait pas de problème immunologique spécifique, à la condition d’avoir conservé un
sérum historique du donneur initial et que le cross match soit négatif avec le sérum du
receveur final.
Quels sont les perspectives ? On peut envisager d’utiliser cette technique dans les cas de
récidive de maladie rénale sur le greffon, en dehors du rejet : MAT, hyalinose segmentaire et
focale, et certaines glomérulopathies. Il faut rappeler que cette recherche s’est inscrite dans un
contexte de pénurie d’organes puisqu’à Toulouse comme en France, la liste d’attente de
greffon rénal s’allonge. En France, nous réalisons moins de 3 000 greffes / an alors qu’il y a
environ 3 000 nouveaux inscrits chaque année et plus de 6 000 patients déjà inscrits en liste
d’attente. C’est donc une perspective intéressante pour un certain nombre de patients. C’est
aussi un potentiel avantage au plan économique puisqu’un patient transplanté coût 5 fois
moins cher à la société qu’un patient dialysé (environ 100 000 €/an).
Cette « première » n’aurait pas été possible sans une étroite collaboration entre les différentes
équipes du CHU Rangueil impliquées dans la transplantation (Néphrologie : Pr Durand – Pr
Rostaing – Dr Kamar, Immunologie : Pr Abbal – Dr Fort, Anatomopathologie : Pr Delisle –
Dr Mazerolles, Anesthésie-Réanimation : Pr Samii – Dr Ruiz – Dr Taj). Il faut également
remercier Madame Frémeaux-Bacchi de l’hôpital Georges Pompidou pour son aide dans la