Outils diagnostiques et maladies infectieuses : les machines s’emballent,

La Lettre de l’Infectiologue Tome XXX - no 3 - mai-juin 2015 | 83
ÉDITORIAL
Outils diagnostiques et maladies
infectieuses : les machines s’emballent,
les docteurs tentent de suivre
Diagnostic tools in infectious diseases:
the machines are getting mad,
the doctors try to follow!
Fabrice Bruneel**
** Service de réanimation
médicochirurgicale,
centre hospitalier de Versailles,
Le Chesnay.
À
l’instar de la plupart des disciplines médicales, l’infectiologie
connaît depuis quelques années une perte de ses repères
dans la démarche diagnostique. Certes, l’exercice de la médecine
a toujours exigé un esprit ouvert aux découvertes qui surviennent tout
au long de la vie professionnelle d’un praticien : le défi consiste pour lui
à assimiler ces changements de paradigme dans ses pratiques pour que
lespatients en bénéfi cient. Cependant, le tempo de cette musique s’est
nettement emballé depuis le début du e siècle, ce qui tend à rendre
obsolète une partie de ce qui a été intégré pendant les études médicales,
et justifi e tous les eff orts actuellement déployés pour garantir au système,
et aux patients, que les médecins actualisent régulièrement
leursconnaissances. Même si le développement professionnel
continu(DPC) proposé en France évoque actuellement
Le Château deKafka, il faut reconnaître qu’il tente de répondre à une vraie
nécessité…
Cest dans le domaine des outils diagnostiques que l’emballement
de la machine est le plus diffi cile à suivre pour les infectiologues.
Le plus frappant est sans doute le champ du diagnostic microbiologique,
qui suit depuis quelques années un rythme eff réné dans la validation
denouveaux outils de plus en plus sensibles, rapides et précis.
Lessor de la biologie moléculaire permet de court-circuiter
allègrement les étapes de la culture, qui était jusqu’à récemment
unprérequis incontournable, et le fondement de tout diagnostic
microbiologique. Les expertises dans ce domaine risquent
deseperdre progressivement, tandis que les diagnostics
automatiques” deviendront la règle, les machines indiquant
le(s)micro-organisme(s) identifi é(s) enquelques minutes dans tous
types de prélèvements. Le risque est alors de perdre tout sens
critique, en se laissant impressionner par des noms de micro-
organismes souvent inédits.
Pierre Tattevin*,
* Rédacteur en chef ;
service des maladies infectieuses
et réanimation médicale,
hôpital Pontchaillou,
CHU de Rennes.
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ÉDITORIAL
Ladémarche doit rester critique, sans faire l’économie desquestions
suivantes :
ce micro-organisme est-il la cause des symptômes présentés
par le patient ?
justifi e-t-il un traitement anti-infectieux ?
si oui, lequel ?
En ce qui concerne ce dernier point, la culture reste indispensable
dansla plupart des cas, par le biais des tests phénotypiques
de sensibilité aux antibiotiques (antibiogrammes) qu’elle fournit.
L’imagerie est un autre domaine profondément remanié cesdernières
années, ce qui justifi e ce numéro, consacré au bon usage desexamens
d’imagerie pour le diagnostic des maladies infectieuses.
Au quotidien, eninfectiologie, l’imagerie a pris une place primordiale
surle plan diagnostique et pour orienter les traitements.
Les examens deviennent deplus en plus sophistiqués
etleurinterprétation exige une expertise croissante, ce qui impose
unecollaboration étroite entre infectiologues etradiologues.
Dans ce numéro original, les auteurs –majoritairement desradiologues–
ont fait l’eff ort de synthétiser, dans chacune desmises au point,
lesinformations nécessaires au choix du meilleur examen d’imagerie
etàson interprétation. Nous tenons à les remercier pourceteff ort,
quipermet de mettre à la disposition des lecteurs deLaLettre
del’Infectiologue des articles up-to-date en ce printemps 2015,
notrepolitique éditoriale nous permettant de publier rapidement
desarticles d’actualité. Nous espérons que ce numéro comblera
sesobjectifs, et participera au DPC et à l’épanouissement denoslecteurs!
P. Tattevin déclare avoir desliens
d’intérêts avec Abbott, Astellas,
Astra Zeneca, Aventis, Basilea,
BMS, Durata, Gilead Sciences,
Janssen & Janssen, MSD,
Novartis, Pfi zer, The Medicines
Company et ViiV Healthcare.
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