Dans le droit fil du thème précédent, nous adoptons la délimitation opérée par Spartaco
Greppi et Heiner Ritzmann2, qui s’inspire eux-mêmes de divers travaux précédents3. Leur
travail est en effet celui sur lequel s’appuie l’appareil statistique suisse en matière de finances
de la protection sociale.
Ces auteurs circonscrivent le domaine de la politique sociale en Suisse en s’appuyant sur
le contenu de la Constitution fédérale de 1999 (cf. séance précédente). Ils distinguent ainsi les
domaines suivants4 :
1. La protection des travailleurs
2. Les assurances sociales au sens large
3. La politique de la santé
4. Les mesures conjoncturelles
5. L’aide sociale publique et l’aide aux victimes d’une infraction Les mesures dans le
domaine de l’asile
6. La protection des consommateurs
7. Les mesures en faveur de la formation
8. Les mesures structurelles, spécialement dans l’agriculture (branches, régions,
professions)
9. La protection de la famille
10. La protection des locataires, l’encouragement de la construction de logement et de
l’accession à la propriété.
A ces 10 domaines, on ajoute souvent l’aide sociale privée, qui n’est pas mentionnée
explicitement dans la Constitution fédérale, mais qui découle du principe de subsidiarité
mentionné à l’art. 41.
La liste est également souvent complétée par le domaine des assurances privées. La
Confédération n’a ici qu’un rôle de surveillance. Mais les auteurs qui incluent ce domaine
soulignent qu’historiquement les assurances privées – dont certaines sont obligatoires – ont
joué un rôle pilote, préparant le terrain aux assurances sociales ; que d’autre part les premières
ont une composante sociale et ne peuvent pas être simplement opposées aux secondes, mais
doivent plutôt vues comme complémentaires à ces dernières. Cette complémentarité est même
parfois explicitement prévue et favorisée dans la loi : c’est le cas de la prévoyance
individuelle et des mesures fiscales visant à l’encourager dans le cadre de la politique dite des
trois piliers de la prévoyance vieillesse.
Statistiques financières des prestations de politique sociale
Au sein de ces différents domaines, nous nous intéressons ici plus particulièrement aux
dispositifs et mesures dont l’objectif est de fournir des prestations, et impliquant de ce fait des
transferts financiers aux bénéficiaires des prestations ou à des tiers fournisseurs de prestations.
Une telle approche ne couvre donc pas l’entier de la politique sociale ! Certaines
interventions en matière de politique sociale n’impliquent pas l’existence de prestations, mais
relèvent d’une activité de régulation.
C’est le cas notamment de toutes les mesures législatives, comme par exemple
l’interdiction de travailler la nuit ou la protection des consommateurs.
2 Greppi S. & Ritzmann H., Les comptes globaux de la protection sociale : Méthodes et concepts, Neuchâtel,
Office fédéral de la statistique (OFS), 2002.
3 Cf. notamment Gilliand P. & Rossini S., Le budget social de la Suisse, Lausanne, Réalités Sociales, 1995;
Tschudi H.P., La constitution sociale de la Suisse, Berne, Documents de l’Union syndicale suisse, 1987.
4 Ibid., pp. 38-39.
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