Syndicat de la Médecine Générale, 52 rue Gallieni, 92240 Malakoff
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Monsieur Douste-Blazy :
Les vraies questions et les véritables solutions sont ailleurs
La question de l'Assurance maladie est une question de choix politique avant tout :
- Veut-on un égal accès pour tous à des soins de qualité ?
- Veut-on agir sur les causes des inégalités sociales de santé ?
- Comment réformer le système pour qu'il corresponde à ces objectifs ?
- Comment modifier les recettes pour qu'elles correspondent aux besoins de santé ?
- Qui va conduire le système ainsi défini et comment mettre en place une véritable démocratie sanitaire où les citoyens
soient partie-prenante ?
Le ministre de la santé dans son intervention d’hier n’a pas répondu à ces questions fondamentales :
- Il a surtout fait appel à la “ responsabilisation ” des citoyens qu’il a accusés de “ vagabondage médical ”
alors que les études ont montré que c’était un phénomène minoritaire.
- Il n’a avancé aucune vision globale d'un système de santé publique qui ne se contenterait pas d'être curatif
mais serait aussi basé sur la prévention et sur l'éducation à la santé. Il n'a rien dit d'une action préventive sur les
causes qui engendrent de nombreuses maladies et sont souvent à l’origine des inégalités sociales de santé : quid
du chômage, des conditions de travail difficiles, des logements insalubres ou exigus, de la pollution
environnementale, des pesticides… ?
- Il n'a pas remis en cause le fonctionnement actuel du système de soins. La place de l’hôpital public comme
maillon indispensable d’un système de santé n’a pas été traitée. Il n’a pas ouvert la porte à d’autres modes de
rémunération que le paiement à l'acte ; celui-ci, véritable prime au rendement, n'incite en rien à la prévention ni à
la coordination entre les différents professionnels du soin, avec les professionnels sociaux, avec le système
hospitalier. Bien au contraire, le ministre a critiqué la part de paiement forfaitaire lié au statut de “ médecin
référent ” et a proposé un “ médecin traitant ” qui serait la porte d'entrée d'un système mieux remboursé, mais
aux prestations réduites. A côté de cette filière contrôlée, les citoyens qui ont les moyens de se payer des
assurances supplémentaires pourraient avoir recours directement aux spécialistes dont les tarifs seraient alors
libres (ce que ceux-ci ne cessent de demande).
- Il a présenté l’informatique comme une baguette magique permettant la coordination des soignants et
l’accompagnement des patients : un véritable dossier médical de synthèse serait celui que le patient aurait
d’abord en sa possession, ce qui lui redonnerait la véritable responsabilité de sa santé.
- En mettant une franchise de 1 euro sur les consultations, il a en diminué le remboursement de 5 %,
pénalisant ainsi les citoyens aux revenus faibles et ceux qui sont les plus malades. Cette annonce cache le projet
pourtant déjà élaboré de “ la nouvelle gouvernance ” qui introduit les complémentaires (mutuelles et assurances
privées) dans la gestion-régulation des soins. Celui-ci permettra une baisse de la prise en charge par le régime
obligatoire, aggravant ainsi les difficultés d’accès aux soins de tous ceux qui n’auront pas les moyens de se payer
des assurances complémentaires.
- Il n’a pas proposé de politique cohérente du médicament. L’annonce de la baisse à 10 ans de la durée des
brevets serait très intéressante, mais le cadre législatif qui vient d’être adopté par les instances européennes, avec
l’aval du gouvernement français, a prolongé la durée des brevets sous la pression des lobbys pharmaceutiques.
La prescription souhaitable de génériques ne compensera jamais la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur
toute la chaîne du médicament (mise sur le marché, fixation des prix, formation et information des soignants).
La santé de tous est un bien trop précieux pour être ainsi menacée par des “ contre- réformes ” adoptées dans
l’urgence au mois de juillet.
Le Syndicat de la Médecine Générale :
- demande que se tienne un réel débat citoyen
- affirme qu'il existe des alternatives aux projets gouvernementaux actuels et qu'il est possible de mettre en
place un véritable système de santé solidaire
Contacts : docteur Marie Kayser 06 86 55 80 02 ou docteur Patrice Muller 06 81 44 68 49