PREPARER LES APPRENANTS A COOPERER

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PREPARER LES APPRENANTS A COOPERER :
FAVORISER UN CLIMAT DE CLASSE POSITIF
Howden et Martin (1997) rappellent que l’enseignant doit veiller à certaines conditions afin
d’éviter le sentiment de menace que le travail avec un pair peut générer. Il nous semble important
de mettre l’accent sur la qualité des apprentissages et des relations sociales dans la classe, de
justifier la mise en œuvre de la coopération au service des apprentissages scolaires et de
construire la coopération pour bien travailler ensemble. Il s’agit d’expliciter ce qui est attendu
dans la classe en termes de comportements scolaires et sociaux, de relations aux autres et de créer
les conditions favorables pour que les élèves puissent travailler ensemble. Trois besoins sont
fondamentaux pour l’implication scolaire, à savoir l’autonomie, le sentiment d’appartenance et de
compétence (Deci & Ryan, 1985). Abrami et al. (1996) soulignent que la capacité des élèves
d’assimiler et de traiter l’information nouvelle est considérablement réduite si leurs besoins ne
sont pas satisfaits.
a) Un accent sur la qualité des apprentissages
Mettre l’accent sur la compréhension et les efforts nécessaires pour améliorer les apprentissages
est particulièrement important pour créer une orientation positive de la part des apprenants visant
à maitriser les contenus plutôt qu’à mettre en avant les réponses correctes (Meece, Anderman, &
Anderman, 2006). Il s’agit d’orienter les apprenants vers des buts de maitrise plutôt que des buts
de performance (Darnon, Buchs, & Butera, 2006). Cette orientation vers la maitrise est renforcée
lorsque l’enseignant structure la tâche de manière à réduire la comparaison sociale, délègue une
partie de l’autorité en associant les apprenants à certaines décisions, favorise la reconnaissance de
tous les élèves (et pas seulement de ceux qui donnent les bonnes réponses), valorise leurs efforts,
regroupe les apprenants en stimulant l’entraide entre élèves, évalue et traite les erreurs et gère le
temps en limitant le stress (Galand, Philippot, & Frenay, 2006; Sarrazin, Tessier, & Trouilloud,
2006).
La posture d’observateur de l’enseignant lors des travaux de groupe lui offre la possibilité
d’entendre les élèves en cours d’apprentissage et lui permet de pouvoir réguler l’activité, soit sur
le moment, soit en collectif après celle-ci. Ce procédé permet d’utiliser les mauvaises
compréhensions et les erreurs pour apporter des compléments pertinents et valorise les
contributions de tous les élèves. L’enseignant oriente ainsi les apprenants vers les apprentissages
et leur permet de se sentir en confiance pour apprendre par la coopération.
b) Un accent sur la qualité des relations sociales
Prendre le temps d’introduire des activités orientées sur la communication, la connaissance
mutuelle, le respect, l’entraide, le soutien et la confiance contribue à créer un climat positif au
sein de la classe (Stevahn, Bennett, & Rolheiser, 1995). De plus, il convient de s’assurer que les
membres sont prêts à travailler ensemble au moment où ils doivent le faire. Introduire des
activités centrées sur les relations sociales (visant à briser la glace, créer un climat de confiance,
établir des normes et des objectifs de fonctionnement, Abrami et al., 1996) peut s’avérer utile
pour créer un esprit d’équipe avant d’entrer dans l’activité scolaire, d’autant plus si la tâche est
longue et complexe. Il est important que les activités de climat proposées intègrent tous les élèves
en permettant à chacun de participer activement par un apport significatif.
Activités destinées à briser la glace
Il s’agit de créer des situations confortables et sécurisantes pour la découverte les uns des autres,
sans recours à des habiletés ou connaissances spécifiques pour que tous prennent plaisir à
participer. Le but est de permettre aux apprenants de se connaitre et de découvrir leurs similitudes
et complémentarité. Les élèves pourront alors plus facilement s’appuyer les uns sur les autres en
Buchs, C. (2014b). Préparer les apprenants à coopérer : Favoriser un climat de classe positif. In Apprendre (par) la
coopération. Manuscrit en préparation. [Extrait adapté].
gardant à l’esprit les ressources que chaque membre peut apporter au groupe et la diversité au
sein de leur équipe (Rouiller & Howden, 2010). Ce type d’activités facilite les premiers contacts
et permet de découvrir le plaisir de l’apprentissage coopératif. Ces activités peuvent également
être proposées lors de l’apparition de tensions pour réinstaurer un climat convivial (Abrami et al.,
1996). Des activités amusantes, deux par deux, ou impliquant des déplacements sont sécurisantes,
comme par exemple, proposer aux apprenants de trouver les personnes dans la classe qui
possèdent les caractéristiques listées sur une feuille, ou de questionner les autres pour connaitre
leurs intérêts et de repérer qui partagent les mêmes caractéristiques.
Activités destinées à créer un climat de confiance
Ces activités proposent une ouverture et mettent l’accent sur l’acceptation. Elles donnent
l’occasion aux apprenants de s’apprécier mutuellement afin de renforcer le sentiment
d’appartenance à la classe. Les élèves apprennent à se faire confiance et à faire confiance à
autrui, ce qui permet aux élèves de prendre des risques plus facilement, d’oser proposer leurs
idées, exprimer leurs sentiments et accueillir ceux des autres sans jugement (Stevahn et al.,
1995). La confiance autorise une communication plus ouverte, moins superficielle, favorise
l’entraide, la motivation et l’engagement dans la tâche (Gillies, 2007). Ces activités peuvent
s’ancrer dans des contenus scolaires. L’idée est d’approfondir la connaissance mutuelle et de
faire ressortir les points positifs de tous les apprenants.
Activités visant à établir des normes et des objectifs
Selon Rouiller et Howden (2010), il est important d’établir des valeurs communes dès le début de
l’année. Les valeurs d’entraide, de soutien, de partage, de solidarité, tout comme la démocratie,
l’équité et l’engagement personnel sont en lien direct avec l’apprentissage coopératif. La
cohésion d’un groupe coopératif passe par la définition claire d’objectifs communs et des normes
de comportements (Stevahn et al., 1995). Pouvoir participer à cette définition engage les
apprenants : par exemple, travailler ensemble sur la rédaction des règles de vie ou sur une liste de
valeurs communes permet de donner des lignes directrices dans lesquelles les élèves se
reconnaissent.
L’enseignant doit mettre en place les conditions permettant aux élèves d’apprendre les différentes
manifestations de ces valeurs et des normes de comportements. Il s’agit de les décrire,
d’enseigner les comportements observables, de les faire vivre dans différents contextes et ensuite
de les évaluer de manière formative (Rouiller & Howden, 2010). Une manière de travailler sur les
normes et valeurs communes peut se faire à travers un projet commun. Les élèves, en groupe ou
avec toute la classe, choisissent un centre d’intérêt commun, se fixent des objectifs à court terme
et définissent les priorités et la démarche à suivre en se répartissant les rôles. Ce genre de projet
collectif basé sur des valeurs communes augmente chez les élèves l’intérêt pour la tâche, le
sentiment d’appartenance et de contrôle de leur propre processus d’apprentissage.
Ainsi, favoriser un climat de classe qui met l’accent sur la qualité des apprentissages et des
relations sociales, et stimuler un esprit d’équipe positif permet aux apprenants d’établir les
conditions d’un travail en équipe constructif.
Buchs, C. (2014b). Préparer les apprenants à coopérer : Favoriser un climat de classe positif. In Apprendre (par) la
coopération. Manuscrit en préparation. [Extrait adapté].
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