La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Juillet 2000 • 3
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Recommandations pour l’omnipraticien
sur l’utilisation du donépézil
par Paul Coolican, M.D., CCFP
ÉDITORIAL
Pour un omnipraticien, la prise en charge de
patients atteints de démence peut poser un problème
de taille. Il doit se fier à plusieurs sources d’information,
c’est-à-dire le patient, ses proches, des voisins et des amis,
pour essayer d’évaluer la fonction cognitive du patient.
Souvent, les personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer (MA) ne sont pas en mesure de décrire
fidèlement leurs antécédents. Quant à l’aidant, au parent
ou au voisin, ils sont parfois obnubilés par un événement
particulier, ce qui les empêche d’apprécier l’état du
malade. Ils diront, par exemple : « Il s’est égaré en ville!
Ça fait 50 ans que nous vivons ici! » Dans ces circons-
tances, le mini-examen de l’état mental de Folstein
(MMSE) et le questionnaire sur l’évaluation de la capacité
fonctionnelle (FAQ) sont des instruments utiles, mais le
jugement clinique joue néanmoins un rôle primordial dans
les décisions thérapeutiques.
Chez le patient atteint principalement d’une démence
légère ou modérée de type Alzheimer, le donépézil peut
ralentir la progression des symptômes de cette maladie
dégénérative. Dans la MA, le déclin des fonctions cogni-
tives est en général insidieux et lent – il s’étend sur des
années. Le donépézil produit un déplacement de la courbe,
mais il ne semble pas en modifier la pente. Sur le plan cli-
nique, on peut observer l’amélioration ou la stabilisation de
la fonction cognitive pendant les premiers 9 à 12 mois.
Toutefois, le déclin cognitif reprend graduellement. Dans
un tel contexte, il est difficile d’évaluer l’efficacité du
traitement. Néanmoins, le donépézil peut aider de façon
importante à prolonger l’autonomie du malade et à retarder
la progression de la maladie jusqu’au stade motivant le
placement en centre de soins de longue durée (CSLD). La
réponse au traitement par le donépézil peut varier beau-
coup, sans compter que les aspects bénéfiques du traite-
ment peuvent être difficiles à évaluer aussi bien par le
malade que par l’aidant et par le médecin.
Les docteurs Dalziel et Bouchard décrivent dans leur
article une démarche pragmatique pour prendre en
charge les patients atteints de la MA qui sont des candi-
dats à un essai thérapeutique par le donépézil. Élaborées
par un groupe d’experts et révisées par deux groupes
d’omnipraticiens, ces recommandations proposent une
stratégie simple et facile à appliquer en médecine
générale. Elles devraient aider tous les protagonistes à
s’occuper adéquatement du patient atteint de la MA
prenant le donépézil. Selon le rapport de la Conférence
canadienne de consensus sur la démence,1il est impor-
tant d’évaluer régulièrement l’état du patient et de noter
au dossier les signes de stabilisation, d’amélioration ou
de déclin continu pour déterminer s’il est opportun de
poursuivre ou non le traitement. Les recommandations
décrites par les docteurs Dalziel et Bouchard proposent
un algorithme simple, conforme aux lignes directrices
consensuelles canadiennes.
Les seuls mots de « placement en institution » sèment
l’effroi. D’abord, chez le malade qui doit quitter pour
toujours son foyer; ensuite, chez l’aidant parce qu’il se
sent coupable de ne pas tenir sa promesse de s’occuper de
son conjoint ou de sa conjointe, de son père ou de sa mère
jusqu’à la fin. De plus, chacun appréhende la progression
inéluctable de la maladie. Les aspects négatifs du place-
ment en CSLD suscitent des émotions qui font oublier les
bienfaits réels pour le malade. Madame Lily Katofsky
nous présente un aperçu général de la démarche pour
placer un malade en nous expliquant chaque étape, tant
du point de vue du patient que de l’aidant.
L’omnipraticien, pour qui les « étapes » du placement
sont compliquées par les exigences de la bureaucratie et
des formulaires à remplir, jettera un regard neuf sur la
signification de cette démarche.
Le programme TriAD a pour but d’offrir de l’informa-
tion et des ressources aux patients atteints de la MA, aux
aidants, aux médecins et aux autres professionnels de la
santé. Madame Linda Leduc présente les résultats d’une
enquête menée auprès des aidants qui se sont inscrits à ce
programme. Ces derniers semblent démontrer l’utilité des
mesures renseignant les aidants sur la prise en charge
d’une personne atteinte de MA.
1. Patterson, C. J. S., Gauthier, S., Bergman, H. et coll. Le
traitement de la démence : Conclusions de la Conférence
canadienne de consensus sur la démence. JAMC 1999;
160(12 suppl.).