Maths en L˙
1gne Polynômes et fractions rationnelles UJF Grenoble
1 Cours
1.1 Anneau des polynômes
L’idée de la construction sera peut-être compréhensible si on se demande comment
stocker une fonction polynomiale de Rdans Rdans une mémoire de machine : stocker
toutes les valeurs de la fonction étant impossible, un bon procédé pour représenter la
fonction t7→ 4+5t2+ 7t3+t5, par exemple, sera de stocker la suite de ses coefficients ;
on entrera donc dans la machine la suite 405701, ce qui indique que le coefficient de t0
est 4, celui de test 0, celui de t2est 5, etc.
Ce procédé de stockage sera tout bonnement la définition même des polynômes.
Simplement, comme un polynôme peut en théorie être de degré gigantesque, bien plus
grand que les capacités de stockage de toute machine, il faudra se résigner à stocker une
infinité de coefficients, dont seuls les Npremiers seront non nuls (la métaphore technolo-
gique s’écroule alors) : ainsi notre polynôme-exemple sera stocké comme 4057010000 . . .
(puis encore une infinité de 0), occupant inutilement une infinité de cases-mémoire.
Définition 1. Soit (A, +) un groupe de neutre 0. Une suite (an)n∈Nd’éléments de A
est dite à support fini, ou bien nulle à partir d’un certain rang, si le nombre d’indices
npour lesquels an6= 0 est fini. En d’autres termes, il existe un indice Nfini tel que
an6= 0 implique n≤N.
Définition 2. Soit (A, +,·)un anneau commutatif. Notons provisoirement Bl’en-
semble des suites d’éléments de A, à support fini. On définit sur Bune addition et une
multiplication par les formules
(an)n∈N+ (bn)n∈N= (an+bn)n∈N,
et
(an)n∈N·(bn)n∈N= (cn)n∈Noù cn=
n
X
k=0
akbn−k.
Proposition 1. L’ensemble Bmuni des deux lois définies ci-dessus est un anneau
commutatif.
Démonstration : Il est facile de vérifier que (B, +) est un sous-groupe du groupe
abélien (additif) de toutes les suites d’éléments de A. En effet, le neutre de Aest la
suite identiquement nulle, qui appartient à B; la somme de deux suites à supports
finis est à support fini : si an= 0 pour tout n>Net si bn= 0 pour tout n>M,
alors an+bn= 0 pour tout n > max{N, M}(et peut-être pour d’autres indices n
également mais ce n’est pas important) ; enfin si −adésigne l’opposé d’un élément ade
A, alors l’opposé d’un élément (an)n∈Nde Best la suite (−an)n∈N, qui est effectivement
à support fini.
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