
REVUE MÉDICALE SUISSE
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2 décembre 2015
2288
Biopsies de la prostate en
quelle biopsie pour quel patient?
L’adoption de l’IRM dans le parcours diagnostique a déterminé la
transition des biopsies aléatoires aux biopsies ciblées vers les
lésions visibles à l’imagerie. L’utilisation de logiciels rendant pos
sible la fusion d’images IRM et échographiques permet d’amélio
rer significativement la précision diagnostique de ces biopsies. De
plus, pour déterminer l’éligibilité d’un patient à une thérapie
focale, davantage de précision diagnostique est requise au niveau
de toute la glande ; par conséquent, des biopsies avec une densité
d’échantillonnage plus élevée par voie transpérinéale peuvent être
proposées.
Les nouvelles techniques de biopsie de la prostate permettent
une prise en charge personnalisée grâce à une meilleure carac
téri sation de l’agressivité et de l’extension locale du cancer de la
prostate.
Prostate biopsy : which strategy for which patient ?
The adoption of multiparametric MRI within the diagnostic pathway
has allowed urologists to move from random biopsy to targeted
biopsy directed towards MR-visible lesions. The use of software for
MR to TRUS fusion may enhance the diagnostic accuracy of targeted
biopsy. To determine the eligibility for tissue-preserving approaches,
further precision is required, and template prostate mapping biopsy
may be offered.
The employment of novel biopsy techniques provide better charac-
terisation of the disease, and allows a tailored approach to a single
subject.
INTRODUCTION
Depuis la prise de position et la recommandation de l’US Pre-
ventive Services Task Force aux Etats-Unis,1 relayées par les
médias européens, contre l’utilisation de l’antigène spéci-
fique de la prostate (PSA) comme outil de dépistage du cancer
de la prostate en raison des risques de surdiagnostic et de sur-
traitement que les programmes de dépistage faisaient courir
aux patients, les moyens de prise en charge de la maladie à
son stade initial sont totalement revisités en vue de caractéri-
ser les éléments pronostiques du diagnostic et d’optimiser
ainsi le choix thérapeutique.
Dans un passé récent, une élévation du PSA à une valeur
considérée comme pathologique pour l’âge de l’individu inci-
tait à la réalisation d’une série de biopsies aléatoires du tissu
prostatique sous contrôle échoguidé. En conséquence, la
biopsie débouchait sur une proposition thérapeutique sans
connaissance fine de l’atteinte réelle de l’organe et sans élé-
ments solides permettant d’étayer le pronostic du traitement.
Aujourd’hui, de nouvelles techniques de biopsie de la prostate
sont rendues possibles grâce aux progrès de l’imagerie radio-
logique. Elles facilitent le choix individualisé du traitement
parmi l’ensemble des options offertes, de la surveillance ac-
tive à la thérapie focale et aux traitements radicaux classiques.
S’assurer de la qualité de l’échantillonnage biopsique reste
toutefois fondamental.
Il nous paraît dès lors utile de présenter au médecin de
premier recours les méthodes de biopsie de la prostate dont
nous disposons, afin qu’il puisse orienter son patient vers
l’une ou l’autre, en fonction de son profil et de la prise en
charge envisagée.
LOCALISATION DES CANCERS DANS LA PROSTATE
ET BIOPSIE DE PROSTATE
Dans le passé, la plupart (85%) des cancers de la prostate diag-
nostiqués étaient décrits dans la zone périphérique, postérieu-
rement à l’urètre, tandis que 15% des cancers2,3 étaient détectés
dans la zone antérieure. En réalité, ces pourcentages ne repré-
sentaient probablement pas la vraie prévalence de la maladie
dans les différentes zones, mais la conséquence d’un biais de
vérification lié aux tests diagnostiques. Autrement dit, puisque
l’itinéraire diagnostique incluait le toucher rectal et les biop-
sies aléatoires par voie transrectale (figure 1), les cancers
postérieurs étaient plus facilement mis en évidence. Au con-
traire, les cancers de la zone antérieure, difficiles à localiser
par échographie transrectale et difficilement atteignables par
l’aiguille de biopsie, restaient occultes. Cette zone est restée
quasi inexplorée jusqu’à l’arrivée de l’IRM (imagerie par réso-
nance magnétique) multiparamétrique de la prostate, associée
aux biopsies ciblées par fusion d’images.
Deux voies d’abord existent pour les biopsies prostatiques:
transrectale ou transpérinéale (figure 1). La première est
privilégiée pour des raisons pratiques étant donné que ces
biopsies peuvent se faire sous anesthésie locale. Cependant,
l’abord transpérinéal présente d’autres avantages: absence
de contamination par les germes rectaux et prélèvements
précis au sein de toute la glande, y compris apex, base et zone
antérieure.
Dans cet article, nous décrivons la technique standard de
biopsies transrectales échoguidées, puis les biopsies avec fu-
sion d’images et les biopsies «template» transpérinéales.
Drs RODOLFO BURRUNI a, YANNICK CERANTOLA a, JEANYVES MEUWLY b, THOMAS TAWADROS a, Pr PATRICE JICHLINSKI a et Dr MASSIMO VALERIO a
Rev Med Suisse 2015 ; 11 : 2288-92
a Service d’urologie, b Service de radiologie, CHUV, 1011 Lausanne
jean-yves.meuwly@chuv.ch | thomas.tawadros@chuv.ch
patrice.jichlinski@chuv.ch | massimo.valerio@chuv.ch
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