ARTICLE DE REVUE Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976
969
Valeur des biopsies dans la stadification du cancer de prostate
avant prostatectomie radicale
Laurent SALOMON, Andras HOZNEK, Marie-Aude LEFRERE-BELDA, Jacqueline BELLOT,
Dominique CHOPIN, Claude-Clément ABBOU
Service d’Urologie, CHU Henri Mondor, Créteil, France
RESUME
Le diagnostic de cancer de prostate est affirmé par
l’analyse des biopsies de prostate. En cas de cancer
de prostate localisé où une prostatectomie radicale
peut être proposée comme traitement curatif, ces
mêmes biopsies, reflets directs du cancer, peuvent
apporter des éléments pronostiques importants: ces
éléments permettent de préciser la stadification
tumorale , de mieux sélectionner les patients et de
guider les techniques chirurgicales afin d’améliorer
les résultats anatomopathologiques post-ora-
toires que ce soient en diminuant le nombre de
tumeurs pT3 (extraprostatiques) que le taux de
marges d’exérèse positive.
Seuls les éléments péjoratifs sont un bon reflet du
caractère extraprostatique de la tumeur: un score
de Gleason supérieur à 7, l’existence d’un envahis-
sement extracapsulaire, d’un engainement périner-
veux, d’un envahissement des vésicules séminales,
de 66% de biopsies positives sont en faveur d’une
tumeur extraprostatique. En revanche, l’existence
d’éléments a priori de bon pronostic comme un
score de Gleason faible, une biopsie sur six positive,
un faible envahissement des biopsies ne permettent
pas d’affirmer la présence d’une tumeur peu agres-
sive, intraprostatique (pT2).
Dans l’avenir, on peut envisager que d’autres cri-
tères pronostiques seront découverts qui permet-
tront d’affirmer avec plus de précision le caractère
intra ou extraprostatique des tumeurs prostatiques
au stade localisé.
Mots clés : Biopsie, cancer de prostate, prostatectomie radicale,
stadification.
Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976.
L'utilisation des biopsies de prostate s'est développée
en parallèle avec la meilleure connaissance de l'histoi-
re naturelle du cancer du prostate et l'utilisation du PSA
(Prostate Specific Antigen).
Initialement, les biopsies de prostate étaient faites pour
affirmer le diagnostic de cancer; elles étaient effectuées
par voie périnéale. Maintenant, les biopsies de prostate
ne sont pas seulement utilisées à visée diagnostique,
mais aussi à visée pronostique et de stadification parti-
culièrement avant une prostatectomie radicale. Elles
sont effectuées chez des patients qui ont une élévation
du PSA avec un examen clinique normal (T1c), par
voie endo-rectale [13, 15, 37].
La technique de référence actuelle est celle décrite par
HODGE [41, 42] qui est actuellement la plus adaptée et
la plus utilisée pour diagnostiquer un cancer de prosta-
te, en particulier en cas de tumeur T1c [16, 25, 39, 73,
84, 87, 88, 92]. Les patients fortement suspects d'avoir
un cancer de prostate, mais qui ont eu une première
série de biopsies négatives, peuvent avoir une deuxiè-
me série de biopsies [50, 51] avec des biopsies de la
zone de transition [49, 58] ou des biopsies plus laté-
rales [28, 38]. KARAKIEWICZ [47] et UZZO [85] ont pro-
posé que le nombre de biopsies de prostate, nécessaire
pour obtenir la meilleure rentabilité des résultats des
biopsies, soit adapté au volume de la prostate.
Après le diagnostic du cancer, la décision thérapeu-
tique va dépendre de plusieurs facteurs pronostiques.
Dans le cas de la prostatectomie radicale, les résultats
des biopsies doivent être exploités afin de mieux défi-
nir l’indication thérapeutique [45, 56].
Le but de cet article est de présenter l'ensemble des infor-
mations fournies par les biopsies prostatiques qui peu-
vent être utilis pour la stadification du cancer de pros-
tate avant prostatectomie radicale de manière à mieux
sélectionner les patients pouvant en néficier et d’a-
liorer les résultats anatomopathologiques, en augmentant
le nombre de pT2 (tumeurs intraprostatiques) et en dimi-
nuant le nombre de marges dexérèse positives.
RESULTATS HISTOLOGIQUES
Score de Gleason
Le score de Gleason est considéré comme l'un des fac-
teurs pronostiques essentiel du cancer de prostate [34].
Manuscrit reçu : mai 1998, accepté : juillet 1998.
Adresse pour correspondance : Dr.L.Salomon, Service d’Urologie, CHU Henri
Mondor, 56, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 94010 Créteil.
970
GLEASON [32] a démontré que les cancers de prostate
avaient des degrés relativement stables de malignité et
de taux de croissance, plutôt qu'une augmentation pro-
gressive de cette agressivité tumorale avec le temps.
Néanmoins, alors que les tumeurs de petite taille sont
le plus souvent composées d'un unique grade (le plus
souvent un score de Gleason 2 ou 3), la plupart des
tumeurs palpables sont composées de plusieurs grades,
disposées de façon hétérogène et imprévisible, comme
l'a montré AIHARA [2]. Le plus souvent, le grade tumo-
ral le plus élevé n'est pas observé sur le fragment de
biopsie prostatique. Le score de Gleason des biopsies
correspond au score de Gleason de la pièce de prosta-
tectomie radicale dans 30 à 70% des cas, alors que le
score de Gleason de la pièce de prostatectomie est
sous-estimé dans 30 à 45% des cas [9, 30, 54].
A l'Hôpital Henri Mondor, dans une série de 180 pros-
tatectomies radicales, nous avons trouvé une corréla-
tion entre le score de Gleason des biopsies et celui de
la prostatectomie radicale dans 38,8% des cas, une
sous-estimation dans 43,8% des cas et une surestima-
tion dans 17% des cas. Si l'on regarde le grade cellu-
laire, les résultats étaient respectivement de 58,3%,
25%, et 16,6% des cas, les biopsies prostatiques et la
pièce de prostatectomie radicale étant étudiées par le
même anatomopathologiste. FERNANDES [29] a montré
qu'une tumeur bien différenciée sur la biopsie prosta-
tique est un pauvre facteur prédictif d'une tumeur bien
différenciée ou d'une tumeur localisée à la prostate
après prostatectomie radicale. En revanche un cancer
avec un score de Gleason élevé sur la biopsie prosta-
tique est le plus souvent associé avec une maladie
extra-prostatique et une tumeur peu différenciée sur la
pièce de prostatectomie radicale.
L'utilisation d'une aiguille à biopsie prostatique de 18
Gauge plutôt que d'une aiguille 14 Gauge, ne modifie
pas ces résultats, même si la précision du score de
Gleason diminue en cas de tumeur de bas grade et de
petite tumeur [9]. PARKER [62] préfère l'utilisation
d'une aiguille à biopsie de 14 Gauge, parce que la cor-
rélation entre le score de Gleason des biopsies et celle
de la pièce de prostatectomie lui semble meilleure,
mais SP I R E S [77] a montré que l'utilisation d'une
aiguille de seulement 18 Gauge était suffisante. KOJIMA
[52] propose d'ajuster le score de Gleason au taux de
PSA et au taux de PSAD (densité du PSA). PARKER
[62] propose, pour obtenir une meilleure corrélation
pour le score de Gleason, que le nombre de biopsies
prostatiques soit adapté au volume tumoral, alors que
THICKMAN [83] a démontré que pratiquer plus de 6
biopsies ne permettait pas d'améliorer cette corrélation.
GLEASON [33] pense que cette situation qui paraît faus-
se et source d’erreur, est en fait correcte et vraie comme
l’ont montré CATALONA [14] et KRAMER [53]. Pour ces
derniers, bien que l'utilisation des biopsies prostatiques
à l'aiguille soit associée avec un certain nombre d'er-
reurs significatives dans le score de Gleason, elle pro-
curerait néanmoins des informations valables sur la
population tumorale prédominante, qui reflètent le
potentiel biologique dagressivité tumorale.
L'association du score de Gleason avec d’autres
variables comme le taux de PSA et le stade clinique
permet de prédire le stade pathologique avant prosta-
tectomie radicale [3, 48, 63]. NARAYAN [61] a transfor-
mé le stade clinique en un stade fondé sur les résultats
des biopsies prostatiques : les patients sont classés
comme ayant un stade T2a si les biopsies sont positives
seulement dans un lobe prostatique, et un stade T2b si
les biopsies sont positives dans les deux lobes prosta-
tiques. Cette stadification, fondée sur le résultat des
biopsies prostatiques, semble être supérieure à la stadi-
fication clinique fondée sur le toucher rectal pour pré-
dire le stade pathologique final. L'association du score
de Gleason avec le taux de PSA permet également
d'éviter de pratiquer un curage ganglionnaire ilio-obtu-
rateur inutile [5, 7, 60]. Les patients, avec un taux de
PSA inférieur à 10 ng/ml et un score de Gleason infé-
rieur à 7, présentent un risque d'avoir un curage gan-
glionnaire ilio-obturateur positif seulement dans 1%
des cas avec des limites d'intervalle de confiance de
95% inférieures à 3% [60]. Cette donnée est particuliè-
rement utile en cas de prostatectomie radicale par voie
périnéale.
Au total, le score de Gleason des biopsies est fiable
pour les scores élevés (supérieur ou égal à 7).
Biopsies des vésicules séminales
L'envahissement des vésicules séminales est un mau-
vais facteur pronostique, même en l’absence d'envahis-
sement ganglionnaire. Pouvoir prédire l'envahissement
des vésicules séminales permettrait de récuser la pros-
tatectomie radicale. VA L L A N C I E N [86] effectue des
biopsies des vésicules séminales dans le stadification
des cancers de prostate et a montré que, lorsque celles-
ci étaient positives, il existait une effraction capsulaire
dans 100% des cas et un envahissement ganglionnaire
dans 50% des cas. HODGE [41] et TERRIS [81] ont mon-
tré qu'il était difficile d'obtenir des biopsies des vési-
cules séminales sans traverser la glande prostatique, ce
qui pourrait remettre en cause l'interprétation des résul-
tats. ALLEPUZ LOSA [4] recommande d'effectuer ces
biopsies des vésicules séminales chez les patients ayant
un stade clinique T2b ou plus, et également chez ceux
qui ont un stade clinique inférieur, mais avec des PSA
supérieurs à 20 ng/ml et un score de Gleason supérieur
à 7. STONE [79] effectue ces biopsies chez les patients
qui ont un score de Gleason supérieur à 4, un taux de
PSA de plus de 10 ng/ml et un stade clinique T2b ou
plus. Il propose également que tous les patients qui ont
des biopsies des vésicules séminales doivent avoir un
curage ganglionnaire.
L. Salomon et coll., Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976
GUILLONNEAU [36] effectue des biopsies des vésicules
séminales lorsque les deux biopsies de la base prosta-
tique sur les 6 biopsies systématiques sont positives.
Dans ce cas, 70% des patients ont une invasion des
vésicules séminales, alors que les autres critères pré-
opératoires ne sont pas discriminants (stade clinique,
nombre de biopsies positives et taux de PSA).
Au total, des biopsies des vésicules séminales positives
signent leur envahissement. Ces biopsies sont indi-
quées lorsque les biopsies des bases prostatiques sont
positives ou chez le patient qui a un stade T2c et des
PSA supérieurs à 10 ng/ml.
Analyse de la capsule prostatique et engainement
péri-nerveux
La capsule prostatique peut être mise en évidence sur
les biopsies. Ces biopsies doivent être effectuées tan-
gentiellement à la périphérie prostatique et l'aiguille
doit être placée à 1 ou 2 mm des limites échographiques
de la prostate pour obtenir la glande prostatique et du
tissu péri-prostatique. Le franchissement capsulaire est
évident s'il existe du matériel tumoral dans l'espace
péri-prostatique. Pour RAVERY[66, 68], l'existence d'un
envahissement des tissus péri-prostatiques sur les biop-
sies réalisées de cette façon, a une valeur prédictive
positive de 94% pour prédire un franchissement capsu-
laire.
Par ailleurs, il a été suggéré que l'impossibilité pour le
cancer de prostate d'envahir les espaces péri-nerveux
pouvait indiquer un profil d'agressivité tumorale moins
important [89]. BOSTWICK [10] a démontré que l'enva-
hissement des espaces péri-nerveux était corrélé avec
un franchissement capsulaire et un envahissement des
vésicules séminales mais comme RAVERY[66], il a éga-
lement montré que ce n'était pas le meilleur facteur pré-
dictif comparé au taux de PSA et au score de Gleason
des biopsies. BASTACKY [6] a restreint la définition
d'envahissement péri-nerveux au cas où il existait plus
d'un nerf envahi ou un envahissement d’un nerf d'un
diamètre supérieur à 0,1 mm. De cette façon, cela per-
met d'augmenter la spécificité de l’existence d’un fran-
chissement capsulaire à près de 99%, mais avec une
diminution de la sensibilité à 9%. Néanmoins, si l'on
combine ces résultats avec l'existence d'un score de
Gleason élevé, supérieur à 7, cela permet d'identifier le
risque de localisation du franchissement capsulaire et
de décider s'il faut sacrifier ou préserver toute ou une
partie de la bandelette neuro-vasculaire du côté de cette
biopsie positive.
Au total, visualiser la capsule prostatique nécessite
d’effectuer les biopises en se positionnant à distance de
celle-ci. L’existence d’un franchissement capsulaire sur
les biopsies correspond à un stade pT3a. L'existence
d’un engaînement péri-nerveux est associé dans 70%
des cas à un stade pT3.
Néoplasie intra-épithéliale (PIN)
La néoplasie intra-épithéliale prostatique est reconnue
comme étant une lésion pré-cancéreuse de l'adénocar-
cinome prostatique pour les grades 2 et 3 [8, 59]. Il
s'agit de lésions précancéreuses de cellules proliféra-
tives dans les tubules prostatiques et dans les acini.
La néoplasie intra-épithéliale prostatique a été divisée
en néoplasie de bas et de haut grade. L'existence d'une
néoplasie intra-épithéliale prostatique de haut grade sur
les biopsies prostatiques est fortement corrélée à la pré-
sence d'un adénocarcinome prostatique [8, 22, 74] :
dans une série de 445 patients ayant une néoplasie
intra-épithéliale prostatique, 9 des 115 patients avec un
PIN de bas grade (20%) avaient un adénocarcinome
prostatique alors que 147 sur 232 patients avec un PIN
de haut grade (45,5%) avaient un adénocarcinome
prostatique [55, 72].
En cas d'une première série de biopsies négatives,
ELLIS [24] et ZLOTTA[93] préconisent d'effectuer une
nouvelle série de biopsies en cas de PIN de haut grade
quelque soit le score de PSA et en cas de PIN de bas
grade si le taux de PSA est supérieur à 10 ng/ml (nor-
male inférieure à 4 ng/ml).
Au total, les biopsies doivent être répétées quelque soit
le taux de PSA en cas de PIN de haut grade et que si le
PSA est supérieur à 10 ng/ml en cas de PIN de bas
grade.
RESULTATS MORPHOLOGIQUES
Volume tumoral
STAMEY [78] a montré que les tumeurs d'un volume
inférieur à 0,5 ml étaient probablement trop petites
pour être traitées et correspondaient à des tumeurs dites
non significatives, et que le volume tumoral était lié au
stade pathologique. Différents moyens sont utilisés
pour évaluer le volume tumoral à partir du taux de
PSA, du score de Gleason et du volume prostatique
échographique ou des informations fournies par les
biopsies positives [20, 80]. De nombreuses études ont
été effectuées pour étudier les relations entre le volume
tumoral, la longueur ou le pourcentage de tumeur sur
les biopsies positives, et le nombre de biopsies posi-
tives sur les six pratiquées.
Longueur des biopsies positives
Une tumeur prostatique est dite «significative» s'il y a
plus de 3 mm de tumeur sur une ou deux des six biop-
sies : quand il existe un envahissement tumoral de plus
de 3 mm sur une biopsie, le volume tumoral est alors
supérieur à 0,5 ml. Lorsqu'il existe un envahissement
de plus de 3 mm sur deux des six biopsies, le volume
971
L. Salomon et coll., Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976
tumoral peut être estimé entre 1 à 6 ml [23].
Réciproquement, selon TERRIS [82], la tumeur est non
significative si seulement une des six biopsies est posi-
tive avec moins de 3 mm de long. Quel que soit le
nombre de biopsies positives, la tumeur est également
non significative, si aucune des biopsies n’a plus de 3
mm de long et que le PSAD (densité du PSA) est infé-
rieur à 0,15 et si le grade de Gleason est inférieur à 4-5
ou si il n'y a aucune biopsie avec plus de 3 mm d'enva-
hissement tumoral avec un PSAD inférieur à 0,1 et un
grade de Gleason toujours inférieur à 3 [46, 78].
Généralement, moins de 2 mm de tumeur sur les biop-
sies avec un PSAD inférieur à 0,01, permet de prédire
une tumeur intra-prostatique alors que la longueur tota-
le d'envahissement tumoral des 6 biopsies associée à un
grade de Gleason de 4 ou de 5, est corrélée à une
tumeur extra-prostatique [35, 78]. Cependant, BRUCE a
étudié une série de 49 patients avec des biopsies de
moins de 2 mm de longueur et a montré que l'existence
d'un foyer microscopique d'adénocarcinome prosta-
tique sur une biopsie, ne constitue pas par elle seule un
facteur prédictif du stade pathologique ou une évolu-
tion favorable de l'agressivité tumorale [12].
Au total, la tumeur prostatique est d’un volume signifi-
catif si la longueur de tumeur est supérieur à 3 mm sur
une ou deux biopsies.
Pourcentage de la tumeur sur les biopsies positives
Le pourcentage de tumeur sur les biopsies positives
associé au taux de PSA et au score de Gleason peut pré-
dire le stade pathologique [10]. La tumeur est non
significative s'il y a moins de 50% d'envahissement
tumoral avec un PSAD inférieur à 0,1 avec au plus trois
biopsies positives et avec absence d’un grade de
Gleason de niveau 4 ou 5 [78].
HAMMERER [40] utilise les pourcentages d'envahisse-
ment tumoral sur l'ensemble des biopsies avec le score
de Gleason pour prédire les risques d'envahissement
ganglionnaire et pour identifier les patients qui ne béné-
ficieront pas d'un curage ganglionnaire ilio-obturateur.
A l'opposé, en raison des erreurs pratiquées lors des
biopsies prostatiques, CUPP [18] considère que ce pour-
centage d'envahissement tumoral des biopsies n'est
absolument pas prédictif du volume tumoral. Comme
CUPP, RAVERY[70] a montré également que ce pour-
centage n'était pas un facteur pronostique avant prosta-
tectomie radicale.
Au total, la tumeur prostatique est d’un volume signifi-
catif si le pourcentage de tumeur est supérieur à 50%
sur une ou deux biopsies
Localisation des biopsies positives
La localisation des biopsies positives est un facteur pro-
nostique important qui permet d'obtenir plusieurs
informations : des biopsies positives contro-latérales à
une lésion palpable sont en faveur d'une tumeur d'un
volume important [20].
DANIELS [20] a montré que 42% des patients de stade
T2a et 60% de patients de T2b ont des biopsies posi-
tives contro-latérales à la lésion palpable. Néanmoins,
il peut exister des biopsies contro-latérales positives en
raison d'une tumeur contro-latérale non significative
ou fortuite. Pour identifier le côté dominant de la
tumeur, STAMEY [78], DIETRICK [22] et LOCH [57] ont
utilisé la longueur totale des biopsies positives dans
chaque lobe prostatique.
En cas de tumeur palpable unilatérale, HULAND [44]
préserve les bandelettes neuro-vasculaires du côté
contro-latérale seulement si les biopsies y sont néga-
tives.
NARAYAN [61] a transformé le stade clinique en un
stade fondé sur le résultat des biopsies prostatiques
comme cela a été décrit plus haut pour prédire en asso-
ciation avec le taux de PSA et le score de Gleason, le
stade pathologique final avant prostatectomie radicale.
L'existence de biopsies basales bilatérales est une indi-
cation pour DUNZINGER [23] d'un curage ganglionnaire,
alors que pour GUILLONNEAU [36], elles constituent une
indication de biopsies de vésicules séminales en raison
du fort risque d'envahissement de ces vésicules.
Dans une série de 180 prostatectomies radicales, nous
avons examiné la corrélation entre la localisation des
biopsies positives et la localisation de la tumeur sur la
pièce de prostatectomie radicale : nous avons montré
qu’il existait une valeur prédictive positive de 84% et
une valeur prédictive négative de seulement 36%. Ces
résultats peuvent expliquer le cas de ces patients que
l'on considère à haut risque de cancer de prostate en
fonction de l'examen clinique et du taux de PSA et chez
lesquels, les biopsies sont négatives. De plus ces don-
nées peuvent expliquer que des biopsies négatives dans
une des six régions biopsiées n'éliminent pas le risque
de présence de tumeur dans cette région [74].
CR AW F O R D [17], EP S T E I N [27], FL E S H N E R [30] et
RABBANI [63] ont plus simplement estimé le taux de
faux négatifs des biopsies à 20 et 30%.
Au total, la localisation des biopsies prostatiques posi-
tives permet de préciser la bandelette neuro-vasculaire
à préserver et de porter l’indication de biopsies des
vésicules séminales
Nombre de biopsies positives
Le nombre de biopsies positives sur les 6 biopsies pra-
tiquées est utilisé avec le score de Gleason et le taux de
PSA pour prédire le stade pathologique final, le statut
des marges d’exérèse et le risque de progression après
prostatectomie radicale [1, 43]. Le nombre de ces biop-
972
L. Salomon et coll., Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976
sies positives prédit le risque de maladie extra-prosta-
tique : PELLER [64] a montré que si le nombre de biop-
sies positives était supérieur à 3 et que le score de
Gleason des biopsies positives était supérieur à 6, le
résultat pathologique final après prostatectomie radica-
le était pT3.
RAVERY[66, 67, 68] a montré que si 66% des biopsies
pratiquées étaient positives, la tumeur était extra-pros-
tatique. De la même façon, EPSTEIN [26] a montré que
la tumeur est non significative avec moins de 3 biop-
sies positives et un PSAD inférieur à 0,15, un score de
Gleason inférieur à 7 et moins de 50% d'envahissement
tumoral sur chacune des biopsies positives.
Selon TERRIS [82], seule une biopsie positive sur les six
biopsies pratiquées avec moins de 3 mm de tumeur est
en faveur d'une tumeur significative. Cependant,
WANG [91], PELLER [64] et RAVERY[70, 71] ont mon-
tré qu'avoir une biopsie sur six positives n'était absolu-
ment pas prédictif de l'existence d'une tumeur intra-
prostatique.
Au total, avoir 4 biopsies positives sur 6 est en faveur
d’une tumeur de stade pT3.
RECHERCHES
La recherche d'un marqueur spécifique sur les biopsies
de prostate, qui permettrait de prédire le stade patholo-
gique, avant prostatectomie radicale a donné lieu à plu-
sieurs publications : VON ESCHENBACH [90] a étudié la
corrélation entre la ploïdie des biopsies prostatiques et
celle de la pièce de prostatectomie radicale. BRAWER
[1] et SILBERMAN [76] ont étudié l'angiogénèse et ont
montré que les phénomènes d'angiogénèse existant sur
les biopsies prostatiques étaient bien celles de la pièce
de prostatectomie radicale, mais pour le moment,
aucune application clinique n'a été développée [11,
76].
CONCLUSION
Les biopsies prostatiques peuvent fournir des informa-
tions importantes pour évaluer le pronostic avant pros-
tatectomie radicale et pour préciser la démarche chi-
rurgicale vis à vis du curage ganglionnaire ilio-obtura-
teur et de l'éventuelle préservation des bandelettes
neuro-vasculaires.
Néanmoins, seulement des résultats positifs donnent
des informations utilisables.
L'existence d'un envahissement des vésicules sémi-
nales, d'un envahissement des espaces péri-nerveux et
le nombre important de biopsies positives (supérieurs à
66%) permettent effectivement de prédire une exten-
sion extra-capsulaire. A l'inverse, l'existence de biop-
sies négatives, d'une faible longueur tumorale sur ces
biopsies (inférieur à 3 mm), ou d'un faible pourcentage
d'envahissement tumoral (inférieur à 50%) sur ces
biopsies ne permet pas d’affirmer un stade patholo-
gique final intra-prostatique.
REFERENCES
1. ACKERMAN D.A., BARRY J.M., WICKLUND R.A., OLSON N.,
LOWE B.A. Analysis of risk factors associated with prostate cancer
in extension to the surgical margins and pelvic node metastasis at
radical prostatectomy. J. Urol., 1993,150 :1845-1850.
2. AIHARA M., WHEELER T.M., OHORI M., SCARDINO P.T.
Heterogeneity of prostate cancer in radical prostatectomy speci-
mens. Urology, 1994, 43 : 60-67.
3. AKDAS A., TARCAN T., TURKERI L., BIREN T., KULLU S.,
ILKER Y. The impact of prostate-specific antigen, its density and
the Gleason score in the prediction of extracapsular disease in pros-
tate carcinoma. Eur. Urol., 1997, 31 : 311-316.
4. ALLEPUZ LOSA C.A., SANZ VELEZ J.I., GIL SANZ M.J., MAS
L.P., RIOJA SANZ L.A. Seminal vesicle biopsy in prostate cancer
stadification. J. Urol., 1995, 154 : 1407-1411.
5. BANGMA C.H., HOP W.C., SCHRODER F.H. Eliminating the need
for per-operative frozen section analysis of pelvic lymph nodes
during radical prostatectomy. Br. J. Urol., 1995, 76 : 595-599.
6. BASTACKY S.I., WALSH P.C., EPSTEIN J.I. Relationship between
perineural tumor invasion on needle biopsy and radical prostatecto-
my capsular penetration in clinical stage B adenocarcinoma of the
prostate. Am. J. Surg. Pathol., 1993, 17 : 336-341.
7. BLUESTEIN D.L., BOSTWICK D.G., BERGSTRALH E.J., OES-
TERLING J.E. Eliminating the need for bilateral pelvic lymphade-
nectomy in select patients with prostate cancer. J.Urol., 1994, 151 :
1315-1320.
8. BOSTWICK D.G, QIAN J., FRANKEL K. The incidence of high
grade prostatic intraepithelial neoplasia in needle biopsies. J. Urol.,
1995, 154 : 1791-1794.
9. BOSTWICK D.G. Gleason grading of prostatic needle biopsies.
Correlation with grade in 316 matched prostatectomies. Am. Surg.
Pathol., 1994, 18 : 796-803.
10. BOSTWICK D.G., QIAN J., BERGSTRALH E., DUNDORE P.,
DUGAN J., MYERS R.P., OESTERLING E. Prediction of capsular
perforation and seminal vesicle invasion in prostate cancer. J. Urol.,
1996, 155 : 1361-1367.
11. BRAWER M.K. Quantative microvessel density. A stadification and
prognostic marker for human prostatic carcinoma. Cancer, 1996,
78 : 345-349.
12. BRUCE R.G., RANKIN W.R., CIBULL M.L., RAYENS M.K.,
BANKS E.R., WOOD D.P. Single focus of adenocarcinoma in the
prostate biopsy specimen is not predictive of the pathologic stage of
disease. Urology, 1996, 48 : 75-79.
13. CATALONA W.J., RICHIE J.P, AHMANN F.R., HUDSON M.A.,
SCARDINO P.T., FLANIGAN R.C., deKERNION J.B., RATCLIFF
T.L., KAVOUSSI L.R., DALKIN B.L. Comparison of digital rectal
examination and serum prostate specific antigen in the early detec-
tion of prostate cancer : results of a multicenter clinical trial of 6,630
men. J. Urol., 1994, 151 : 1283-1290.
14. CATALONA W.J., STEIN AJ., FAIR W.R. Grading errors in prosta-
tic needle biopsies : relation to the accuracy of tumor grade in pre-
dicting pelvic lymph node metastases. J. Urol., 1982, 127 : 919-922.
973
L. Salomon et coll., Progrès en Urologie (1998), 8, 969-976
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !