
me
´dicale et clinique psychologique) posent toujours la
question du de
´roulement des de
´pistages ge
´ne
´tiques. En
effet, les proce
´dures varient d’un centre a
`l’autre, allant du
pre
´le
`vement a
`l’issuedelarencontreinformative,a
`
l’instauration d’un de
´lai de re
´flexion, voire a
`la consulta-
tion psychologique obligatoire.
Compte tenu de la diversite
´dessituationsetdes
individus, il nous semble difficile de trancher en la faveur
d’un protocole ou d’un nombre de consultations a
`fixer
Ne
´anmoins, en ce qui concerne notre expe
´rience clinique,
il nous apparaı
ˆt indispensable de proposer un de
´lai de
re
´flexion, afin que le sujet puisse se de
´gager de l’autorite
´
me
´dicale, de la de
´sirabilite
´sociale, ou encore de son
engagement initial (cf. les travaux de Joule et Beauvois). Ce
de
´lai peut faciliter l’appropriation de la de
´marche, notamment
par le fait que le sujet est replace
´au centre de ce processus en
devenant le seul « de
´cideur » (du moins en dehors du regard
ou de la pression me
´dicale implicite
1
ou inconsciente).
Certains chercheurs ont ainsi tente
´d’e
´valuer un certain
nombre de proce
´dures que nous nous proposons de de
´crire ici.
Ge
´ne
´ralement, les mode
`les de consultation sont fonde
´s
sur ceux qui s’adressent aux de
´pistages ge
´ne
´tiques des
maladies de Huntington [17,28] et qui pre
´voient plusieurs
consultations pre
´alables, ainsi que d’autres rencontres a
`
l’issue du test avec suivi psychologique (le lecteur inte
´resse
´
par le ve
´cu d’un patient inscrit dans un de
´pistage pre
´dictif
de la maladie de Huntington peut consulter le livre de Jean
Barema, Le Test, paru en 2002).
Compte tenu des demandes qui sont importantes, Aktan-
Collan et al. [2] ont propose
´un protocole bref consistant en
une consultation informative, un de
´lai de re
´flexion de deux
semaines et une consultation de rendu de re
´sultat. Ce protocole
ae
´te
´e
´value
´sur 271 personnes consultant dans le cadre d’un
diagnostic pre
´dictif des cancers colorectaux he
´re
´ditaires non
polyposiques (HNPCC). 88 % des re
´pondants ont estime
´qu’il y
avait peu de changements a
`apporter a
`cette proce
´dure et 10 %
sugge
`rent qu’une information e
´crite serait utile. 89 % des sujets
conside
`rent que la consultation pre
´alable est tre
`s utile ou utile,
surtout les femmes ayant un bas niveau d’e
´ducation. 53 % des
sujets ont indique
´qu’ils auraient probablement utilise
´un
soutien psychologique au cours du protocole, principalement
les femmes ayant des enfants. 27 % des sujets auraient aime
´un
soutien avant la prise de de
´cision (pe
´riodedere
´flexion) et 87 %
au moment de la phase de de
´couverte des re
´sultats (52 % des
femmes et 35 % des hommes).
Les re
´sultats de cette e
´tude sugge
`rent e
´galement que la
rencontre avec un psychologue devrait e
ˆtre propose
´een
tant que partie inte
´grante des de
´pistages ge
´ne
´tiques. Les
auteurs pointent l’importance de l’e
´vocation des conse
´-
quences psychologiques possibles du re
´sultat, ce qui semble
aider a
`l’ajustement ulte
´rieur. Cette e
´vocation est suscep-
tible d’e
ˆtre facilite
´e par la non-directivite
´au cours de
l’entretien afin de permettre le libre e
´change et de de
´centrer la
consultation du discours rationnel quant au de
´pistage [15].
Ainsi, les diffe
´rents sce
´narios de re
´sultats possibles peuvent
e
ˆtre appre
´hende
´sdefac¸on a
`permettre au sujet d’envisager les
conse
´quences e
´ventuelles (autant que faire ce peut), d’aborder
les difficulte
´s qui se pre
´senteront (pas toujours en rapport
avec un re
´sultat de
´favorable comme nous avons pu
l’observer), ainsi que les croyances, l’expe
´rience personnelle,
les e
´motions et les motivations qui sont associe
´es a
`cette
de
´marche. Dans cette perspective, il nous semble e
´galement
utile d’aborder la possibilite
´de ne pas opter pour le de
´pistage.
Les consultations de ge
´ne
´tique impliquent ainsi d’aider les
familles a
`faire face aux conse
´quences e
´motionnelles, psy-
chologiques, me
´dicales, sociales et familiales et pas seulement a
`
la transmission d’une information me
´dicale complexe. A
`ce
titre, les consultations psychologiques ont toute leur place.
Ne
´anmoins, la mise a
`disposition de ces dernie
`res reste encore
souvent tributaire de la nature de la pathologie en cause. En
effet, les repre
´sentations me
´dicales des pathologies tiennent
une place pre
´ponde
´rante dans l’attribution d’une signification
psychologique douloureuse. Pourtant, du point de vue du
patient et de ses propres mode
`les, nous savons que plus que la
nature de la pathologie, ce sont les attributions, les significa-
tions et les repre
´sentations personnelles qu’il se forge qui sont
de
´terminantes [29]. Lorsque ces consultations sont inte
´gre
´es
au processus de de
´pistage, elles se dotent des objectifs
suivants :
Proposer un soutien e
´motionnel individuel
Faciliter la prise de de
´cision quant a
`la re
´alisation du test
Discuter de la communication familiale afin de
relever les difficulte
´se
´ventuelles face a
`la transmission
de l’information, les conflits
Re
´fle
´chir aux conse
´quences d’un test positif ET ne
´gatif
sur le plan psychologique, sur les relations conjugales, les
projets familiaux, la surveillance me
´dicale et sa fre
´quence
(en termes de ve
´cu possible).
Les travaux entrepris quant a
`la compre
´hension des
me
´canismes en jeu dans l’apparition d’e
´motions difficiles ont
ouvert la voie a
`des tentatives de prise en charge principale-
ment cognitive (ce qui n’exclut pas, bien su
ˆr, l’inte
´re
ˆt d’autres
approches conceptuelles). Les patientes issues de familles a
`
risque de cancers du sein, et qui ont participe
´a
`un
entraı
ˆnement a
`la re
´solution de proble
`mes, ont e
´prouve
´une
re
´duction plus importante de l’anxie
´te
´relative au cancer ;
contrairement a
`celles qui ont e
´te
´oriente
´es vers des
consultations plus ge
´ne
´ralistes. Ces re
´sultats nous semblent
inte
´ressants dans la mesure ou
`il est maintenant admis qu’une
de
´tresse e
´leve
´e interfe
`re avec la surveillance the
´rapeutique
[8,22]. En effet, cette me
ˆme population, dont l’anxie
´te
´
spe
´cifique au cancer e
´tait e
´leve
´e, a montre
´une augmentation
1
Nous ne signifions pas e
´videmment qu’il y a pression me
´dicale, mais
l’interaction, l’information, le poids du « que va-t-il penser », « je ne peux
pas diffe
´rer ou refuser le pre
´le
`vement », sont autant de facteurs implicites
qui peuvent influencer le comportement du sujet. A
`cela s’ajoutent bien
su
ˆr la pression familiale, les pactes fraternels
31