
20  |  La Lettre du Pneumologue • Vol. XVI - n° 1 - janvier-février 2013
Approches diagnostiques deladyspnée chronique del’adulte
mise au point
cardiaque systolique ou diastolique et le niveau de 
dyspnée d’exercice (en effet, le niveau de dyspnée 
est essentiellement lié au niveau de ventilation à 
l’exercice, lui-même en relation avec l’espace mort 
physiologique) et que, au cours des cardiopathies 
ischémiques, une dyspnée d’exercice isolée (sans 
douleur thoracique) est présente chez environ 10 % 
des patients. Le bilan fonctionnel respiratoire peut 
montrer des arguments pour une cardiopathie 
(trouble ventilatoire restrictif dans de rares cas, 
obstruction bronchique minime, diminution des 
pressions maximales à la bouche et, plus fréquem-
ment, altération du transfert du monoxyde de 
carbone [DLCO]).
 ➤
On envisage que la dyspnée puisse être en relation 
avec une BPCO (tabagisme cumulé > 15 paquets-
année, symptômes cliniques éventuels de bronchite 
chronique).
Il existe une très faible corrélation entre le niveau de 
dyspnée d’exercice et le degré d’obstruction bron-
chique. En revanche, il y a une meilleure corrélation 
entre le niveau de dyspnée et la DLCO, retrouvée 
dans la plupart des études (8). En effet, la DLCO est 
le produit du kCO (sa diminution est le reflet de la 
destruction vasculaire pulmonaire liée à l’emphy-
sème, augmentant la demande ventilatoire [4]) et du 
volume alvéolaire (volume accessible à la ventilation, 
dépendant donc de l’obstruction bronchique distale : 
altération de la réponse ventilatoire). Les atteintes 
obstructives et emphysémateuses consécutives au 
tabagisme peuvent être dissociées. Ainsi, certains 
patients ne présentent que la composante emphysé-
mateuse de la maladie responsable d’une diminution 
précoce du kCO puis d’une distension. En pratique, 
lorsqu’un sujet fumeur se plaint de dyspnée, il est 
donc nécessaire de réaliser une spirométrie qui, si elle 
est normale ou peu anormale, doit être complétée 
par la mesure des volumes statiques par pléthys-
mographie et par celle de la DLCO. On complètera 
l’examen, en cas de trouble ventilatoire obstructif, 
par une mesure de la capacité inspiratoire après la 
prise d’un bronchodilatateur d’action rapide. En effet, 
l’effet bénéfique inconstant des médicaments bron-
chodilatateurs est associé à leur effet favorable sur 
la distension dynamique de repos.
 ➤
On envisage que la dyspnée puisse être liée à une 
pathologie interstitielle pulmonaire (sujet âgé, toux 
associée notamment, anomalies évocatrices sur la 
radiographie thoracique).
Là encore, la corrélation entre la dyspnée d’effort 
et les anomalies spirométriques (diminution de la 
capacité vitale) ou pléthysmographiques est faible. 
Cette corrélation est meilleure avec la mesure de 
la DLCO, car une augmentation de l’espace mort 
physiologique est fréquente dans ce cadre.
 ➤
On envisage que la dyspnée puisse être liée à 
une pathologie vasculaire pulmonaire (antécédents 
thrombo emboliques, prise d’anorexigène, etc.).
Une scintigraphie pulmonaire de ventilation-perfu-
sion, un angioscanner thoracique, une échographie 
cardiaque de repos et, éventuellement, à l’effort ainsi 
qu’un cathétérisme cardiaque droit constitueront le 
bilan complémentaire. L’exploration fonctionnelle 
respiratoire est généralement normale en dehors 
d’un trouble ventilatoire obstructif minime (hyper-
tensions artérielles pulmonaires) et éventuellement 
d’une diminution de la DLCO.
 ➤
On envisage que la dyspnée d’exercice puisse être 
liée à une maladie asthmatique.
Une dyspnée d’exercice isolée (asthme induit à l’exer-
cice) est une situation exceptionnelle chez l’adulte 
dans le cadre de la maladie asthmatique, en dehors 
de la situation spécifique du trouble ventilatoire 
obstructif fixé d’origine asthmatique (environ 20% 
des asthmatiques adultes) et du bronchospasme 
induit par l’exercice du sportif. Il n’est donc pas licite 
de réaliser un test à la métacholine systématique si 
le diagnostic d’asthme n’est pas étayé par l’inter-
rogatoire (probabilité a priori intermédiaire), car 
la prévalence de l’hyperréactivité bronchique est 
importante (environ 20 %) par rapport à celle de 
l’asthme (environ 7 %) conduisant à un risque élevé 
de surdiagnostic d’asthme.
 ➤
L’ensemble du bilan fonctionnel de première inten-
tion (radiographie thoracique, échographie cardiaque 
de repos, spirométrie, pléthysmographie, DLCO) est 
normal, la dyspnée “isolée”.
La réalisation d’une gazométrie artérielle doit être 
systématique, à la recherche d’une hypoxémie isolée, 
d’une anémie ou d’une acidose métabolique (rares 
cas cliniques d’acidose métabolique se présentant 
sous la forme d’une dyspnée isolée).
En cas de normalité de l’hématose de repos, on pourra 
alors réaliser une épreuve d’exercice avec mesure de 
V’O2/V’CO2 et de l’hématose au pic de l’effort. Cet 
examen peut faire le diagnostic d’ischémie myocar-
dique, de syndrome d’hyperventilation alvéolaire 
(chronique ou déclenché par l’effort), de pathologie 
interstitielle débutante (plus sensible que la mesure 
de DLCO [9]) ou de pathologie vasculaire pulmonaire 
avec hypertension pulmonaire présente uniquement à 
l’exercice (arguments indirects). Il peut aussi montrer 
une distension dynamique à l’exercice d’une BPCO 
dans une situation où le trouble ventilatoire obstructif 
de repos est discret. Le diagnostic de dyspnée liée 
à un “déconditionnement musculaire” (manque de 
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