VERSION DE CONSULTATION Cadre de référence en évaluation des apprentissages au secondaire La différenciation en évaluation Veuillez prendre note que cette version n’a pas fait l’objet d’une révision linguistique Direction de l’évaluation Direction générale de la formation des jeunes Mai 2005 LA DIFFÉRENCIATION EN ÉVALUATION PLAN Introduction Liens avec le contexte global de la réforme et certains documents ministériels 1. La différenciation en évaluation des apprentissages 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 Définition de la différenciation pédagogique Principes de différenciation en évaluation Trois niveaux de différenciation en évaluation Conditions de différenciation en évaluation Rôles des intervenants et de l’élève Communication à l’élève et à ses parents 2. Pratiques pédagogiques et exemples de différenciation en évaluation 2.1 Pratiques prometteuses pour favoriser la différenciation en évaluation 2.1.1 Flexibilité pédagogique 2.1.2 Organisation pédagogique en cycles d’apprentissage 2.1.3 Pratiques évaluatives 2.2 Différenciation et étapes du processus d’évaluation 2.3 Exemples de différenciation en évaluation Conclusion Références La différenciation en évaluation 2 Version de consultation La créativité et le génie ne peuvent s'épanouir que dans un milieu qui respecte l'individualité et célèbre la diversité. (Tom Alexander) INTRODUCTION Liens avec le contexte global de la réforme et certains documents ministériels Les enseignantes et les enseignants ont depuis toujours constaté les différences dans leur classe et tenté d’y répondre le mieux possible. Chaque enseignant doit en effet, à l’intérieur de sa pratique quotidienne, faire face à la difficulté d’accompagner des jeunes différents les uns des autres. En conséquence, on reconnaît officiellement à l’enseignant le droit de prendre les modalités d’intervention pédagogique qui correspondent aux besoins et aux objectifs fixés pour chaque groupe ou pour chaque élève qui lui est confié (article 19 de la Loi sur l’instruction publique - Responsabilité de l’enseignant). De plus, il est du devoir de l’enseignant de contribuer à la formation intellectuelle et au développement intégral de la personnalité de chaque élève qui lui est confié (article 22 de la Loi sur l’instruction publique – Obligations de l’enseignant). Dans leur pratique, les enseignants ont donc déjà expérimenté une différenciation souvent intuitive et spontanée. Le défi actuel est de rendre cette différenciation plus formelle et surtout planifiée, soutenue par une intention pédagogique claire et concertée. La différenciation pédagogique est bien campée dans le Programme de formation de l’école québécoise : « Tout élève peut exploiter ses capacités et apprendre […] Le programme actuel […] permet de prendre en compte l’hétérogénéité qui caractérise tout groupe d’élèves, et il facilite la différenciation pédagogique, condition essentielle à la lutte contre l’échec ».1 Il y est indiqué que les intérêts des élèves doivent être pris en compte, que les styles et les rythmes d’apprentissage doivent être respectés ainsi que les différences des contextes personnels, familiaux et sociaux. Il s’avère donc nécessaire de bien s’approprier le Programme de formation pour pratiquer efficacement la différenciation pédagogique. La différenciation pédagogique s’accorde avec les valeurs fondamentales privilégiées par la Politique d’évaluation des apprentissages, entre autres l’équité qui « implique que l’on tienne compte, dans les pratiques d’évaluation, des caractéristiques individuelles ou communes à certains groupes, afin d’éviter que, par l’évaluation, l’école ne contribue à accroître les différences existantes ».2 C’est une condition essentielle à l’exercice de la justice en évaluation. La vision de la réussite telle que définie par le Ministère à l’intérieur de la Politique d’évaluation indique par ailleurs que « l’évaluation doit être au service de l’élève en vue de lui permettre de réaliser des apprentissages qui contribueront à son plein développement intellectuel, affectif et social, et ce, quels que soient ses capacités ou ses besoins particuliers ».3 Une des orientations de la Politique souligne que l’évaluation des apprentissages doit s’effectuer dans le respect des différences. En constatant les différences dans les capacités, façons d’apprendre et rythmes d’apprentissage des élèves, on demande que « l’enseignant insère dans sa pratique la différenciation pédagogique ».4 Inutile de préciser qu’une bonne compréhension du rôle de l’évaluation dans l’apprentissage est nécessaire pour apprécier les incidences de la différenciation pédagogique sur les pratiques évaluatives. À cette fin, la Politique d’évaluation définit les deux fonctions de l’évaluation, soit l’aide à l’apprentissage et la reconnaissance des compétences. La différenciation en évaluation peut se manifester différemment selon la fonction d’évaluation concernée. En ce qui concerne la fonction d’aide à l’apprentissage, on peut procéder à des évaluations diagnostiques pour offrir des mesures d’aide ou 1 À faire À faire 3 À faire 4 À faire 2 La différenciation en évaluation 3 Version de consultation d’enrichissement appropriées. Dans la fonction de reconnaissance des compétences, on vise à situer le niveau de compétence atteint par l’élève à la fin du cycle. À la fin d’un cycle, l’évaluation sert aussi de base aux décisions liées à la sanction des études. La Politique de l’adaptation scolaire définit, en tant qu’orientation fondamentale qui doit guider toute intervention en mobilisant tous les partenaires, la nécessité d’« aider l’élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage à réussir. À cette fin, accepter que cette réussite éducative puisse se traduire différemment selon les capacités et les besoins des élèves, se donner les moyens qui favorisent cette réussite et en assurer la reconnaissance ».5 Deux voies d’action à privilégier soutiennent cette orientation. Dans l’une d’elle, on souligne l’importance de la prévention et de l’intervention rapide en créant un environnement favorable aux apprentissages et à la réussite de tous les élèves. Cet environnement est décrit comme un milieu qui prend des moyens qui tiennent compte de la diversité tout en préconisant une approche ouverte et souple qui permet de respecter les différences. Dans l’autre voie d’action, on place l’adaptation des services éducatifs comme première préoccupation en incitant à ajuster ou à modifier les façons de faire. L’importance de la différenciation pédagogique est présente dans d’autres documents ministériels : − Les services éducatifs complémentaires : essentiels à la réussite;6 − Le cadre de référence sur les difficultés d’apprentissage à l’école;7 − Le cadre de référence sur le plan d’intervention;8 − Le guide de la sanction des études.9 Le présent chapitre tient compte des orientations et recommandations formulées dans ces documents et tente de les articuler pour en présenter une synthèse qui adopte le point de vue de l’évaluation des apprentissages. De plus, depuis l’introduction dans la Loi sur l’instruction publique des dispositions prévoyant l’établissement du plan d’intervention, le milieu scolaire dispose d’un outil permettant d’adapter les services éducatifs aux besoins des élèves. En amenant les parents et les intervenants à se concerter de façon à mieux répondre aux besoins de l’élève, le plan d’intervention représente un outil indispensable pour faciliter la réussite. Dans un contexte de différenciation en évaluation, le plan d’intervention de l’élève ayant des besoins particuliers est d’autant plus important qu’il doit contenir les décisions concernant l’adaptation de l’enseignement et, par le fait même, de l’évaluation. Comme le plan d’intervention garantit la continuation des actions éducatives d’une année, d’un cycle ou d’un ordre d’enseignement à un autre, il permet de ne pas recommencer l’ensemble de la démarche tout en s’assurant que ces actions éducatives spécifiques se poursuivent. L’équipe-école est ainsi en mesure de savoir quelles adaptations ou modifications ont déjà été expérimentées durant les années antérieures lors des situations d’apprentissage et d’évaluation tout en prenant note de ce qui a été bénéfique afin d’en tirer profit pour l’année en cours. Par ailleurs, le plan d’intervention est révisé périodiquement. On saisit ici toute l’importance de ce plan pour la différenciation en évaluation, étant donné que certaines décisions liées à l’utilisation de modifications ont des incidences directes sur le parcours scolaire de l’élève, comme on le verra plus loin. 5 À faire À faire 7 À faire 8 À faire 9 À faire 6 La différenciation en évaluation 4 Version de consultation 1. La différenciation en évaluation des apprentissages 1.1 Définition de la différenciation pédagogique La différenciation pédagogique est avant tout une manière de penser l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation, une philosophie qui guide l’ensemble des pratiques pédagogiques. C’est une façon d’exploiter les différences et d’en tirer avantage. Pour sa part, le Conseil supérieur de l’éducation indique que la différenciation pédagogique « est une démarche qui consiste à mettre en œuvre un ensemble diversifié de moyens et de procédures d’enseignement et d’apprentissage afin de permettre à des élèves d’âges, d’aptitudes, de compétences et de savoir-faire hétérogènes, d’atteindre par des voies différentes des objectifs communs et, ultérieurement, la réussite éducative ».10 Pour les enseignants, il y a donc idéologiquement un passage obligé d’une culture des ressemblances au profit de la culture des différences. Les différences deviennent alors une source de richesse et de complémentarité. L’acceptation de ces différences amène de grandes réflexions et des changements rentables dans les pratiques des enseignants. Des gains prometteurs sur le plan pédagogique sont en jeu, tant pour les élèves, qui sont amenés à progresser de façon maximale en vivant des succès, que pour les enseignants, surtout lorsque la différenciation est vécue en collégialité avec l’équipe-cycle. Comme ce cadre de référence concerne l’évaluation, l’expression « différenciation en évaluation » est utilisée pour parler des incidences de la différenciation pédagogique sur les pratiques évaluatives. Toutefois, il devient difficile de distinguer strictement ce qui relève de l’apprentissage de ce qui relève de l’évaluation car les deux sont intimement liés, notamment dans ce qu’on définit en tant que situations d’apprentissage et d’évaluation. On comprend donc que ce qui est défini comme différenciation en évaluation n’est pas un courant ou une nouvelle approche à ajouter à la différenciation pédagogique, ou alors une méthode d’évaluation. La différenciation en évaluation, ce n’est pas une fin en soi, c’est plutôt un moyen pour l’enseignant de considérer la diversité des élèves en posant un regard sur ses pratiques évaluatives, sur ce qu’il a l’habitude de faire, tout en se demandant comment il pourrait tenir compte, dès l’étape de la planification, d’une manière concertée, des différences des élèves, qu’ils soient doués ou en difficulté. L’enseignant est invité à poser un diagnostic pédagogique à la suite d’une évaluation dans le but de planifier des interventions qui tiennent compte des différences, et ce, dans un souci de justice, d’égalité et d’équité. Mais la différenciation en évaluation ne fait pas référence à l’élaboration de situations d’évaluation individualisées. Il est clair que la différenciation en évaluation veut favoriser pour chaque élève la démonstration du développement de ses compétences. Elle n’entraîne pas un nivellement par le bas des situations d’apprentissage et d’évaluation et n’a pas pour intention de favoriser les situations d’évaluation « à rabais ». 1.2 Principes de différenciation en évaluation Voici quelques principes sur lesquels repose la différenciation en évaluation : La différenciation en évaluation doit être planifiée en concordance avec la différenciation en apprentissage. Comme il est mentionné dans la Politique d’évaluation, « la cohérence suppose qu’il y a toujours un rapport étroit entre ce qui est évalué et ce qui a fait l’objet d’apprentissage ».11 Il n’y a pas de surprise pour l’élève au moment des situations d’évaluation. Conséquemment, les élèves qui bénéficient d’une pratique pédagogique différenciée au moment des situations d’apprentissage et d’évaluation ont droit à des conditions similaires pendant les situations d’évaluation. En ce qui a trait aux épreuves ministérielles, on doit toutefois s’assurer de respecter les règles provenant de la sanction des études. 10 11 À faire À faire La différenciation en évaluation 5 Version de consultation Le besoin de différenciation en apprentissage comme en évaluation naît de l’hétérogénéité présente au sein des groupes d’élèves. Au point de départ, l’enseignant et les élèves ont tous un point de repère commun et des exigences communes. Toutefois, les différences entre les élèves amènent l’hétérogénéité. Cette hétérogénéité s’avère par ailleurs la force vive de la différenciation : pour que cette force s’actualise, les élèves doivent travailler ensemble avec toute la richesse amenée par les différences des styles cognitifs, des rythmes d’apprentissage, de la motivation, des forces et des limites de chacun. La différenciation profite à tous les élèves, qu’ils soient particulièrement doués ou en grande difficulté. Tous les élèves profitent de la différenciation dans les situations d’apprentissage et d’évaluation. Chaque élève peut réussir à sa mesure lorsqu’on cible la réussite éducative comme défi. Les découvertes sur le cerveau et la psychologie démontrent qu’un individu apprend mieux si un défi raisonnable lui est proposé. En effet, si la tâche est trop difficile pour l’apprenant, qu’il ne peut la réaliser même avec de l’aide, il se sent alors menacé, son mode d’autoprotection se met en place, il se désengage et on observe une régression. De même, si le défi est trop facile à relever ou s’il n’y a pas de défi dans la réalisation de la tâche, l’apprenant se met en mode de relaxation et perd sa motivation à réaliser la tâche et, ultimement, à apprendre. Donc, la finalité de la différenciation pédagogique, c’est plus que lutter contre l’échec scolaire, c’est avant tout amener chaque élève à utiliser ses potentialités au maximum. La différenciation pédagogique est facilitée par une démarche d’évaluation préalable. Une véritable différenciation planifiée des apprentissages à réaliser ne peut reposer que sur une évaluation de ce qu’est l’apprenant et de ce qu’il maîtrise. Comment arriver à cibler un défi raisonnable si on ne sait pas où l’élève en est dans le développement de ses compétences? Cette évaluation diagnostique repose sur l’observation des élèves, de leurs processus et de leurs productions. La responsabilité partagée des élèves d’une même cohorte par les intervenants est essentielle pour permettre à la différenciation des apprentissages et, par ricochet, de l’évaluation, de s’actualiser pleinement de manière concrète. L’arrivée des cycles d’apprentissage confirme et officialise les pratiques de différenciation. L’organisation pédagogique en cycles d’apprentissage n’est pas une finalité, mais bien une structure scolaire permettant aux élèves de mieux apprendre. Ces derniers travaillent au développement des mêmes compétences mais en passant par des voies différentes. La collégialité favorisée par l’organisation pédagogique en cycles d’apprentissage ainsi que le partage des idées et des élèves dans plusieurs types de regroupements permettent une plus grande différenciation des situations d’apprentissage et d’évaluation. Coopérer et travailler de concert avec les membres de l’équipe pédagogique oeuvrant auprès des mêmes élèves en offrant une participation active et continue sont d’ailleurs des compétences professionnelles dont il est question dans le document ministériel La formation à l’enseignement – les orientations – les compétences professionnelles.12 Ce document indique aussi d’autres compétences liées à la différenciation, soit la conception de situations d’enseignement-apprentissage en fonction des élèves concernés, c’est-à-dire en considérant les besoins des élèves, ainsi que l’adaptation des interventions aux besoins et aux caractéristiques des élèves tout en leur offrant des défis qui les font progresser. L’implication active de l’élève permet de mettre en place des pratiques de différenciation en évaluation. La différenciation est facilitée par le développement de la compétence de l’élève à porter un regard sur ce qu’il est, sur ce qu’il sait et sur ce qu’il doit relever en tant que prochain défi d’apprentissage. Il doit ainsi être placé au centre de ses apprentissages et devenir un véritable collaborateur en évaluation, surtout dans sa fonction d’aide à l’apprentissage. Une gestion de classe suscitant la participation de l’élève et sa responsabilisation sur le plan des comportements, des 12 À faire La différenciation en évaluation 6 Version de consultation apprentissages et de l’évaluation de ses acquis est ici privilégiée puisqu’on vise l’autonomie de l’apprenant. L’enseignant a le souci de développer chez ses élèves leur capacité à s’autoévaluer et à mieux se connaître comme apprenants. L’enseignant est responsable du choix des situations d’apprentissage et d’évaluation qu’il propose à son groupe d’élèves mais, par ailleurs, l’élève doit développer sa compétence à jeter un regard sur ses apprentissages et à cibler son prochain défi. L’autoévaluation permet aussi à l’enseignant de recueillir des indices précis sur les forces et difficultés des élèves. Comme les apprentissages se poursuivent toute la vie, l’élève doit réaliser toute l’importance du développement de l’autonomie et d’une responsabilisation en ce qui concerne l’évaluation de ses acquis. Toutefois, la participation de l’élève à son évaluation n’enlève pas la responsabilité de l’enseignant de juger des apprentissages réalisés par l’élève. La Politique précise que le rôle actif de l’élève dans les activités d’évaluation se fait principalement en cours d’apprentissage. Ce rôle « trouve sa raison d’être surtout dans le contexte d’une évaluation en soutien à l’apprentissage » et « ne peut s’appliquer à l’évaluation aux fins de sanction et de reconnaissance des acquis ».13 1.3 Trois niveaux de différenciation en évaluation Qu’implique le respect des principes de différenciation dans les pratiques évaluatives? À ce sujet, des pistes intéressantes de différenciation en évaluation sont proposées. On distingue d’abord trois niveaux de différenciation en évaluation : la flexibilité pédagogique, les adaptations et les modifications. Il est à noter que certains exemples de différenciation cités plus loin relèvent de la flexibilité pédagogique. D’autres exemples décrivent plutôt des adaptations ou des modifications particulières pouvant être mises en place par l’enseignant pour certains élèves ayant des besoins particuliers. La flexibilité pédagogique est une souplesse qui permet d’offrir des choix à l’ensemble des élèves au moment des situations d’apprentissage et d’évaluation. Elle s’adresse d’abord au groupe d’élèves en général, non à un élève en particulier. Au quotidien, cette souplesse ouvre la porte à toutes sortes de possibilités à proposer aux élèves, tant sur le plan du choix de contenus différents (des lectures différentes, par exemple), que sur les plans de structures diverses (travail en individuel, en équipe, collectif), de processus variés (différents degrés de guidance, entre autres) et de productions diversifiées. Cette flexibilité permet de planifier des situations d’apprentissage et d’évaluation où diverses alternatives sont proposées selon les rythmes, styles et niveaux cognitifs des élèves. Toutefois, pendant les situations d’évaluation, ces choix ne doivent modifier en rien le niveau de difficulté des tâches à réaliser, les critères d’évaluation des compétences visées ou les exigences. De plus, par les situations d’évaluation, l’autonomie de l’élève, démontrant le développement de ses compétences, est privilégiée. Les adaptations sont des ajustements ou aménagements des situations d’apprentissage et d’évaluation qui ne viennent pas modifier ce qui est évalué. Elles apportent un changement dans la façon dont se vivent ces situations pour un élève ayant des besoins particuliers. Les adaptations peuvent porter sur les procédures à suivre ou la manière de présenter visuellement les textes, la façon de les disposer, par exemple en offrant des textes plus aérés. Tout en permettant les ajustements ou aménagements habituellement utilisés par l’élève, le contenu des situations d’évaluation demeure le même, ainsi que les critères d’évaluation et les exigences. Les adaptations ne doivent en aucune façon diminuer les exigences ou modifier ce qui est évalué. À titre d’exemple, lors d’une situation d’évaluation en géographie, permettre à un élève ayant des besoins particuliers d’écouter le texte d’accompagnement ou les consignes relève d’une adaptation. Il faut savoir que ce qui est de l’ordre d’une adaptation dans un contexte peut devenir une modification dans un autre contexte. 13 À faire La différenciation en évaluation 7 Version de consultation Les modifications sont des changements dans les situations d’apprentissage et d’évaluation qui mènent à une modification des critères d’évaluation et des exigences liées aux compétences à évaluer pour un élève ayant des besoins particuliers. Le niveau de difficulté des situations d’évaluation est, en conséquence, modifié. Lire les consignes ou le texte à un élève au moment d’une évaluation en lecture est un exemple de modification. Une tâche allégée ou une situation différente de celle offerte à l’ensemble des élèves est un autre exemple de modification. Au moment de la passation de l’épreuve unique provenant du Ministère, Il devient donc nécessaire de demander une exemption pour l’élève qui nécessite une modification puisqu’on ne pourra sanctionner la réussite de l’élève à cette épreuve. Lorsqu’un plan d’intervention prévoit la mise en place de mesures d’adaptation des conditions de passation des situations d’apprentissage et d’évaluation, celles-ci peuvent s’appliquer aux épreuves sous la responsabilité de l’établissement. Dans certains systèmes d’éducation, on définit des directives très précises. Au Québec, on accorde plus de latitude aux milieux scolaires en grande partie grâce au plan d’intervention. Certaines directives plus précises peuvent toutefois apparaître dans les documents d’information sur les épreuves. Par contre, lorsque des adaptations ou des exemptions sont accordées à un élève ayant des besoins particuliers au moment des épreuves uniques imposées par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, il est important de se référer aux règles provenant de la Direction de la sanction des études. Ces règles posent les balises et donnent les directives qui permettent d’encadrer ces adaptations ou exemptions. Toutefois, en l’absence de balises assurant le respect de la nature de ces épreuves uniques, l’application aux épreuves ministérielles des adaptations prévues au plan d’intervention nécessite une autorisation de la Direction de la sanction des études. 1.4 Conditions de différenciation en évaluation Comme il est mentionné précédemment, la différenciation en évaluation sur le plan de la flexibilité pédagogique profite à tous les élèves. Pour les élèves ayant des besoins particuliers, le tableau suivant présente quelques conditions permettant d’aller plus loin en différenciation, soit lors de l’utilisation d’adaptations ou de modifications. Les conditions énoncées sont liées aux valeurs fondamentales et instrumentales de la Politique d’évaluation. La différenciation en évaluation 8 Version de consultation Valeurs de la Politique d’évaluation et conditions pour l’utilisation d’adaptations et de modifications en évaluation Valeurs Conditions pour l’utilisation d’adaptations et de modifications Justice S’assurer d’offrir à tous les élèves des conditions de différenciation en évaluation similaires à celles vécues pendant les situations d’apprentissage et d’évaluation pour ce qui relève de la flexibilité pédagogique. Prévoir uniquement les adaptations ou modifications requises pour permettre à l’élève ayant des besoins particuliers de démontrer ses compétences; l’adaptation ou la modification ne doit pas être un privilège. Réviser ponctuellement l’utilisation d’adaptations ou de modifications par l’élève pour juger de leur nécessité; réévaluer et moduler cette utilisation selon les besoins actuels de l’élève. Égalité S’assurer de donner aux élèves des chances égales de démontrer les apprentissages réalisés, en considérant d’abord la possibilité d’offrir la même situation d’évaluation à tous les élèves tout en faisant preuve de flexibilité pédagogique, avant d’envisager le recours aux adaptations ou modifications. Équité Tenir compte des caractéristiques individuelles des élèves afin d’éviter d’accroître les différences. Offrir des adaptations qui diminuent les effets du handicap ou des difficultés. Planifier des adaptations ou modifications sur une base individuelle au regard des besoins particuliers de l’élève et non d’une catégorie d’élèves. Cohérence Évaluer en tenant compte des apprentissages réalisés. Proposer à tous les élèves des situations d’évaluation qui font preuve de flexibilité pédagogique. Proposer des adaptations ou des modifications qui ont été expérimentées auparavant par l’élève dans un contexte d’apprentissage. Ne pas priver l’élève ayant des besoins particuliers des adaptations ou des modifications auxquelles il a habituellement droit parce qu’il est placé en situation d’évaluation, sous réserve des règles régissant la sanction des études. S’assurer d’agir en concertation avec tous les enseignants qui interviennent auprès de l’élève ayant des besoins particuliers afin que ce qui est permis en tant qu’adaptation ou modification avec un enseignant le soit aussi avec les autres enseignants. Rigueur Prendre des décisions dans le cadre d’un plan d’intervention lorsque l’utilisation d’adaptations ou de modifications est envisagée. Veiller à ce que les adaptations apportées ne changent pas la validité de l’évaluation : elles deviendraient alors des modifications. Prévoir, le cas échéant, les autorisations requises (notamment pour la sanction des études). Transparence S’assurer que l’élève, les parents, la direction de l’école et les autres intervenants concernés soient au courant des adaptations ou des modifications apportées. S’assurer que l’élève et les parents comprennent les implications que peuvent avoir à long terme les modifications proposées sur la possibilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires. La différenciation en évaluation 9 Version de consultation 1.5 Rôle des intervenants et de l’élève L’évaluation et la différenciation en évaluation concernent l’ensemble de l’équipe-école et la commission scolaire. La direction et les enseignants responsables de la cohorte d’un cycle doivent travailler en collégialité afin de mettre en place des interventions toujours plus efficaces à l’intérieur des balises déterminées par la commission scolaire. L’élève est le principal intéressé dans l’exercice de la différenciation en évaluation. À ce titre, il a un rôle actif à jouer. Pour l’exercer pleinement, il apprend à s’interroger sur ce qui pourrait l’aider à actualiser de façon maximale son potentiel. Ainsi, il développe son habileté à comprendre sa façon d’apprendre et de réagir, à s’ajuster lorsqu’il rencontre des difficultés, à déterminer des objectifs à atteindre dans le développement de ses compétences et à se fixer de nouveaux défis à relever. Il participe à la mise en place de mesures lui permettant de mieux réussir les tâches à réaliser à l’intérieur des situations d’apprentissage et des situations d’évaluation. Par exemple, tous les élèves s’intéresseront à l’élaboration et à l’utilisation possible d’un référentiel personnalisé en mathématique, référentiel que certains utiliseront au moment de la situation d’évaluation et d’autres non, selon le besoin. Pour sa part, l’élève ayant des besoins particuliers participe, avec ses parents, à l’élaboration et à la mise en œuvre de son plan d’intervention. Il collabore ainsi à la mise en place des conditions particulières (adaptations ou modifications) lui permettant de réaliser les situations d’apprentissage et d’évaluation. L’enseignant est le premier responsable de l’évaluation et l’intervenant direct auprès de l’élève. De concert avec ses collègues et le personnel des services complémentaires, il planifie puis met de l’avant des interventions favorisant une plus grande différenciation au moment des situations d’apprentissage et d’évaluation. À l’occasion du passage des élèves du primaire au secondaire, les informations disponibles, notamment dans le bilan et le dossier d’aide particulière à l’élève, peuvent aider l’enseignant à poser certains diagnostics pédagogiques. À cet égard, l’utilisation par les écoles primaires d’un bilan qui indiquerait les forces de l’élève et ses défis à relever aiderait les enseignants du secondaire à organiser la différenciation à l’intérieur du cycle. La direction s’assure de la qualité des services dispensés à l’école. De son côté, le personnel des services complémentaires (psychologue, orthophoniste, etc.), grâce à l’observation et à son expertise, offre son soutien dans l’évaluation de certains élèves par l’interprétation de leurs difficultés et par l’identification de besoins particuliers. Ce faisant, ces intervenants accompagnent les enseignants et les élèves en recherche de solutions pour des problématiques spécifiques. Cette catégorie d’intervenants est donc en mesure de suggérer des pistes intéressantes de différenciation, contribuant, entre autres, au plan d’intervention d’un élève ayant des besoins particuliers. La commission scolaire établit les règles de passage entre le primaire et le secondaire et entre les cycles du secondaire. Elle a aussi un rôle important à jouer au sein du comité consultatif des ÉHDAA (Élèves handicapés ou ayant des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage). Ce comité doit donner son avis afin que les élèves ayant des besoins particuliers reçoivent les services auxquels ils ont droit et que des plans d’intervention soient élaborés pour eux. La différenciation en évaluation 10 Version de consultation Tableau des différents rôles par rapport à la différenciation en évaluation Acteurs Descriptions des rôles Élève Collaborer à son évaluation (pendant l’évaluation pour l’aide à l’apprentissage) : se fixer un défi à sa mesure et trouver des stratégies pour le relever. Développer une compétence à s’autoévaluer dans une visée d’autonomie de l’apprenant dans ses apprentissages. Pour l’élève ayant des besoins particuliers : − participer au plan d’intervention avec ses parents; − participer et collaborer à la mise en place de conditions particulières (adaptations ou modifications) pour la réalisation des situations d’apprentissage et d’évaluation. Enseignants de l’équipe-cycle Planifier et réaliser des situations d’apprentissage et d’évaluation favorisant la flexibilité pédagogique. Fournir à l’élève une régulation à partir des critères d’évaluation établis ou reformulés avec lui. Favoriser l’implication de l’élève en évaluation (développement de l’autorégulation). Organiser des activités de remédiation et d’enrichissement en collaboration avec d’autres enseignants, au besoin Offrir des communications à l’élève et à ses parents au sujet de l’évaluation (oralement ou par écrit, par le portfolio, le bulletin, le bilan argumenté…). Pour les élèves ayant des besoins particuliers : − collaborer au plan d’intervention et mettre en œuvre les moyens qui en découlent; − mettre en place de manière concertée les conditions particulières (adaptations ou modifications) pour la réalisation des situations d’apprentissage et d’évaluation, telles que définies au plan d’intervention. Selon le champ d’expertise : Personnel des services complémentaires − observer en classe et hors classe; (psychologues, − se concerter et collaborer avec les parents. psychoéducateurs, conseillers Pour les élèves ayant des besoins particuliers : d’orientation, − offrir des consultations collaboratives (suggestions orthopédagogues, etc.) d’interventions, identification d’objectifs individualisés…); − soutenir l’évaluation diagnostique de certains élèves; − offrir une collaboration complémentaire au plan d’intervention. Directrice ou directeur d’école Informer les enseignants concernés des données pertinentes concernant certains élèves et des mesures déjà prévues au plan d’intervention pour l’adaptation ou la modification de l’évaluation. Être responsable de l’établissement et de l’évaluation du plan d’intervention tout en s’assurant du suivi, notamment sur le plan des conditions particulières à mettre en place au moment de l’évaluation. Soutenir les enseignants afin que les adaptations et modifications utilisées par un élève soient mises en place de manière concertée, notamment au plan des conditions particulières liées à l’évaluation. La différenciation en évaluation 11 Version de consultation 1.6 Communication à l’élève et à ses parents Il est important de noter que les adaptations ou modifications mises en place pour un élève ayant des besoins particuliers doivent être planifiées rigoureusement et consignées dans un plan d’intervention, comme il est mentionné dans la Politique d’évaluation des apprentissages : « Pour les élèves ayant des besoins particuliers, […] l’évaluation des apprentissages prend appui sur le plan d’intervention. »14 Dans le cas où des adaptations ou modifications sont nécessaires, l’enseignant, l’élève lui-même et ses parents savent que l’atteinte d’un niveau de compétence acceptable, tel que décrit dans les échelles des niveaux de cette compétence, prendra plus de temps. Cet élève continue quand même à développer sa compétence selon des défis personnels. Ce type d’information doit aussi être noté dans le bulletin. À ce sujet, la Politique d’évaluation précise que « le bulletin doit […] contenir l’information essentielle qui permet aux parents de savoir si leur enfant progresse, comment il le fait et où il se situe par rapport aux attentes du Programme de formation ».15 Ces informations sur la progression personnelle de l’élève et sur le chemin qui lui reste à parcourir vers les attentes de fin de cycle sont essentielles pour une communication précise de la réalité de l’élève. Le bulletin pourrait, par exemple, signaler les adaptations ou modifications utilisées par l’élève, ces conditions lui ayant permis de réaliser les apprentissages visés, ou alors faire référence au plan d’intervention. La direction de l’école s’assure par ailleurs que l’élève et ses parents comprennent les implications que peuvent avoir à long terme des modifications proposées sur la possibilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires. Au moment de réaliser le bilan de fin de cycle, les échelles des niveaux de compétence permettent de rendre compte de ce que les élèves sont capables de faire. Les décisions qui découlent de ces jugements peuvent aussi relever de la différenciation pédagogique puisqu’elles mènent à une diversification des parcours. 2. PRATIQUES PÉDAGOGIQUES ÉVALUATION ET EXEMPLES DE DIFFÉRENCIATION EN 2.1 Pratiques prometteuses pour favoriser la différenciation en évaluation 2.1.1 Flexibilité pédagogique Il est possible pour tout enseignant de pratiquer la différenciation dans sa classe, et ce, peu importe sa façon d’enseigner. Par exemple, un enseignant qui favoriserait les exposés magistraux dans ses cours pourrait, à la suite des exposés, donner des choix de tâches allégées ou enrichies à l’intérieur des situations d’application proposées. Ce serait un premier pas vers la différenciation. Un enseignant de français pourrait suggérer à ses élèves plus forts des situations d’apprentissage et d’évaluation où ils devraient dépasser leur niveau de lecture, les amenant à se distancier de plus en plus de l’œuvre lue (de réagir jusqu’à interpréter, d’interpréter jusqu’à apprécier une œuvre). Il demeure cependant évident que certaines approches ou pratiques sont plus porteuses de différenciation que d’autres car elles permettent d’aller plus loin en ce sens. Toute approche ou pratique qui permet plusieurs réponses, plusieurs façons de faire, plusieurs procédures, qui mène à l’utilisation d’une variété de ressources, qui est plus ouverte et moins uniformisante se veut prometteuse pour favoriser la différenciation en évaluation. Par exemple, on réfère à l’utilisation, lors des situations d’apprentissage et d’évaluation, des intelligences multiples, des styles d’apprentissage (séquentiel, simultané, verbal ou non verbal; visuel, auditif, kinesthésique…). Dans un même esprit, toute pratique qui suggère des situations d’apprentissage et d’évaluation se préoccupant de ce que les élèves 14 15 À faire À faire La différenciation en évaluation 12 Version de consultation connaissent déjà, tenant compte de leurs centres d’intérêt, de leurs forces et de leurs difficultés, tout en faisant des liens avec la vraie vie, permet une plus grande différenciation. 2.1.2 Organisation pédagogique en cycles d’apprentissage Modalité d’organisation scolaire prometteuse, l’organisation pédagogique en cycles d’apprentissage permet une plus grande différenciation à l’intérieur d’une même cohorte d’élèves. Plusieurs enseignants peuvent ainsi échanger des idées, se concerter au sujet de certains élèves et même intervenir de façon plus pointue auprès d’eux. Par exemple, des décisions prises à la suite de certains diagnostics pédagogiques peuvent mener à un décloisonnement ponctuel des groupes de la cohorte en créant de nouveaux regroupements d’élèves selon leurs besoins particuliers. 2.1.3 Pratiques évaluatives Les pratiques évaluatives évoluent aussi vers une plus grande différenciation, celle-ci devenue nécessaire pour respecter l’esprit d’une approche par compétences. L’enseignant doit évaluer un savoir-agir chez l’élève, fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficaces de ressources. Dans ces conditions, le jugement professionnel de l’enseignant peut difficilement se baser sur un examen uniforme mesurant l’acquisition de connaissances et d’habiletés diverses, comme auparavant. Certaines pratiques sont plus prometteuses pour mesurer le développement de compétences et elles favorisent en même temps une plus grande différenciation. Comme il a été vu précédemment, toute pratique permettant une plus grande autonomie de l’élève et un développement de la capacité à jeter un regard sur ses apprentissages devient nécessaire pour permettre à la différenciation de s’incarner concrètement en classe. Du côté de l’enseignant, l’observation des élèves ainsi que l’utilisation de divers outils de collecte d’informations (grilles, entrevues, portfolios…) et de consignation (journal de bord, dossier anecdotique…) fournissent des informations précieuses menant à l’exercice du jugement professionnel. L’enseignant informe les élèves des attentes, définit et détermine avec eux les exigences ainsi que les critères d’évaluation. Dans une perspective d’évaluation formatrice où l’élève est amené à réguler ses apprentissages, les critères d’évaluation sont plus que des outils de mesure; ils deviennent des repères pour orienter l’action. Ces critères sont élaborés de concert avec les élèves, reformulés par eux et avec eux; ils s’avèrent ainsi un support précieux au questionnement permettant la régulation. Les pratiques d’autoévaluation et de coévaluation chez l’élève se trouvent enrichies lorsqu’une évaluation formatrice guide l’enseignement. Au fil des situations d’apprentissage et d’évaluation, plusieurs stratégies sont identifiées et partagées entre les élèves. La rétroaction sur les productions et processus employés à partir des critères d’évaluation permet aux élèves de rectifier leurs façons de faire et ils « apprennent à apprendre ». Ils apprennent aussi à se connaître en tant qu’apprenants : cognitivement et sur le plan affectif, ils sont plus en mesure de mobiliser les ressources internes ou externes dont ils ont besoin pour développer leurs compétences. Conséquemment, ils deviennent de plus en plus habiles pour se fixer un prochain défi à relever. L’élaboration et la gestion d’un portfolio favorisent le développement la métacognition chez l’élève. Cette approche est gagnante lorsqu’on pratique la différenciation en évaluation, autant pour l’enseignant que pour l’élève lui-même. C’est à travers les réflexions que l’élève fait sur ses travaux et les défis qu’il se donne qu’il peut développer sa capacité à réfléchir sur sa façon d’apprendre. Le portfolio, par sa nature, suscite la différenciation. Moyen de favoriser l’apprentissage chez l’élève en lui permettant d’apprécier sa propre évolution, il se personnalise selon les choix que fait l’élève au moment de son élaboration et de sa gestion. Le portfolio s’articule autour du développement des compétences disciplinaires et permet de cadrer ces dernières à l’intérieur du développement des compétences transversales. L’élève est amené à faire des choix dans les travaux à insérer dans son portfolio selon différents critères de sélection (des travaux qui montrent un progrès, qui ont été réalisés en équipe, qui démontrent la réussite de défis La différenciation en évaluation 13 Version de consultation personnels, qui illustrent des difficultés particulières…). Les travaux du portfolio sont de nature différente et offrent une certaine variété (productions, grilles ou fiches d’autoévaluation et de coévaluation, listes de vérification, photos, organisateurs graphiques…). La pertinence de la réflexion de l’élève pour la justification du choix d’un travail fournit aussi beaucoup de renseignements à l’enseignant sur le cheminement de l’élève, ce qui lui permet d’obtenir un portrait encore plus juste des apprentissages réalisés par ce dernier. Dans le portfolio, le portrait de l’élève s’avère vraiment personnel, indiquant clairement les acquis et les prochains pas à faire. Étapes du processus d’évaluation et différenciation Le processus d’évaluation, constitué de quatre étapes, indique quatre moments où l’enseignant est invité à exercer la différenciation. Le tableau suivant présente différents moyens de l’appliquer selon les étapes du processus d’évaluation. Il faut toutefois noter que, pendant les situations d’évaluation où l’enseignant désire faire une vérification ou faire le point sur les apprentissages réalisés, il demeure possible de faire de la différenciation, mais que les tâches autonomes, sans l’aide d’un pair, de l’enseignant ou d’un intervenant, doivent être privilégiées. Également, à moins d’adaptations ou de modifications spécifiques utilisées par certains élèves ayant des besoins particuliers, les conditions de réalisation et les exigences de la situation d’évaluation devraient être les mêmes pour l’ensemble des élèves, peu importe les choix qui leur seront offerts. La différenciation en évaluation 14 Version de consultation PLANIFICATION Analyser les besoins des élèves : identifier les défis personnels à partir du diagnostic pédagogique. Préciser dans quelles situations d’apprentissage et d’évaluation les élèves auront à démontrer leurs compétences : ces situations peuvent être différenciées en offrant des choix (flexibilité pédagogique). Analyser l’information disponible et délimiter l’information à recueillir selon les élèves pour être en mesure de se prononcer sur le développement des compétences. Déterminer si les élèves feront tous les mêmes tâches et prévoir, s’il y a lieu, les adaptations ou modifications requises, telles que définies au plan d’intervention de l’élève ayant des besoins particuliers. Prévoir des ajustements possibles pour les élèves plus rapides ou plus lents. Prévoir des pauses réflexives avec les élèves pour évaluer la pertinence des stratégies employées et généraliser la portée des apprentissages. Élaborer ou adapter les différents outils nécessaires à la prise d’information. Établir les modalités pour conserver ou colliger l’information recueillie pour chaque élève (cahier de consignation, portfolio, etc.). Prévoir, selon le cas, les adaptations ou exemptions relatives aux épreuves ministérielles (se référer au besoin au guide de sanction des études). Prévoir comment seront communiqués les résultats à l’élève, à ses parents ainsi qu’aux enseignants du cycle suivant ou à d’autres intervenants, s’il y a lieu (communication informelle, bulletin et bilan). PRISE D’INFORMATION et JUGEMENT DÉCISION-ACTION INTERPRÉTATION Pour l’aide à l’apprentissage : Pour l’aide à l’apprentissage : Utiliser différents moyens et outils pour recueillir et consigner les données − Apporter les ajustements au processus − Porter un jugement, avec l’aide de pertinentes pour chacune des compétences : d’enseignement/apprentissage : l’équipe-cycle au besoin, sur les défis grilles, fiches, listes, entrevues, journal de déterminer les mesures de soutien personnels que doit relever l’élève et bord, portfolio, etc. spécifiques, les ajustements au plan sur le chemin qu’il lui reste à parcourir Observer en priorité les élèves ciblés lors d’intervention, les interventions vers les attentes de fin de cycle. de la planification. pédagogiques à privilégier, etc. Pour la reconnaissance des compétences : Observer les compétences disciplinaires et − Favoriser la recherche ou la poursuite − Porter un jugement, avec l’aide de transversales ciblées. d’un défi personnel à relever lors des l’équipe-cycle au besoin, sur le niveau Utiliser différents référentiels pour prochaines situations d’apprentissage et de compétence atteint par l’élève tel interpréter l’information colligée (critères d’évaluation. que défini par l’échelle des niveaux de d’évaluation, attentes de fin de cycle, compétence. − Communiquer informellement ou échelles des niveaux de compétence). formellement (à l’aide du bulletin) les résultats de l’évaluation. Pour la reconnaissance des compétences : − Situer les élèves au regard de ce qui est attendu. − Informer le milieu scolaire, les parents et l’élève au moyen du bilan. La différenciation en évaluation 15 Version de consultation Exemples de différenciation en évaluation En situation d’apprentissage et d’évaluation comme en situation d’évaluation, on distingue quatre portes d’entrées à la différenciation pédagogique. Ces portes d’entrées, ou dispositifs, permettent la différenciation au moment de la planification et de la réalisation des situations. Ces dispositifs permettent de différencier les contenus (sur quoi la tâche va porter), les productions (les produits ou résultats de la tâche), les processus (le comment de la tâche) et les structures (les modalités d’organisation de la tâche). Voici quelques exemples de différenciation en évaluation liée à ces dispositifs. Il faut noter que ces exemples représentent divers niveaux de différenciation en évaluation : certains relèvent de la flexibilité pédagogique, d’autres illustrent des adaptations ou des modifications. Le tableau suivant présente des exemples de différenciation en évaluation, exemples qui relèvent de la flexibilité pédagogique. Les exemples d’adaptation sont indiqués par un astérisque. Les exemples de modifications sont indiqués par un crochet. La différenciation en évaluation 16 Version de consultation Exemples de différenciation au moment des situations d’apprentissage et d’évaluation Offrir des choix permettant de différencier les productions : Offrir des choix permettant de différencier les contenus : Textes variés Sujets différents liés à la compétence à développer Recherches sur des contenus disciplinaires différents Problématiques diverses liées aux domaines généraux de formation Textes de niveau de difficulté moindre Offrir des choix permettant de différencier les structures : Offrir des choix permettant de différencier les processus : Types de consignes différentes : collectives, individuelles, fermées, ouvertes, pictogrammes, reformulation, rappel, modélisation… Variété d’outils : matériel de manipulation, ordinateur, référentiels visuels… Utilisation de diverses stratégies pédagogiques : gestion mentale, styles cognitifs, intelligences multiples, enseignement stratégique… Façons d’évaluer différentes : coévaluation, entrevue, observation directe… Utilisation régulière selon le besoin d’un ordinateur sans correcteur grammatical ou orthographique Écoute de la situation d’évaluation sur bande sonore Réaménagement du texte : utilisation de gros caractères, aération des documents… Soulignement des mots ou phrases-clés dans les consignes Lecture des consignes ou du texte (évaluation autre que la lecture) Lecture des consignes ou du texte au moment d’une évaluation en lecture Transcription mot pour mot des réponses de l’élève par un scribe (évaluation autre que l’écriture) Transcription mot pour mot des réponses de l’élève par un scribe au moment d’une évaluation en écriture La différenciation en évaluation Types de produits différents : affiche, présentation orale, organisateur graphique… Médiums de présentation différents : ordinateur, enregistrement audio, écriture… Types d’évaluation différentes : fiches ou grilles d’autoévaluation et de coévaluation, évaluation collective orale… Tâches réalisées régulièrement selon le besoin avec un ordinateur sans correcteur grammatical ou orthographique Tâches moins élaborées (quantité, longueur) 17 Travail individuel, en dyade, en équipe, collectif (selon les exigences de la situation) Permission de bouger, de se lever Utilisation de coins ateliers, place privilégiée dans la classe (près de l’enseignant, loin de sources de distraction…) Utilisation d’un autre local Modification selon le besoin de l’horaire prévu pour l’ensemble du groupe : fractionner la tâche sur plusieurs périodes, la faire le matin plutôt que l’après-midi ou durant une journée pédagogique, accorder plus de temps, permettre des pauses supplémentaires… Version de consultation Pour l’enseignant, il est possible de différencier les contenus ou le sujet de la tâche. Par exemple, en situation d’évaluation en écriture, on pourra offrir aux élèves deux sujets différents qui permettent le développement de la même compétence. Toujours en situation d’évaluation, cette fois-ci en mathématique, plusieurs problèmes à résoudre seront proposés avec des choix possibles. Certains problèmes pourront nécessiter la mobilisation de plus de ressources que d’autres. En anglais, langue seconde, on demandera aux élèves de produire un texte médiatique pour des destinataires différents, texte plus ou moins étoffé selon l’élève. En éthique et culture religieuse, les élèves devront prendre position sur un enjeu d’ordre éthique de leur choix. En histoire et éducation à la citoyenneté, l’analyse d’un territoire type (par exemple, la métropole) sera abordée à partir de différentes grandes villes. Avec un élève ayant des besoins particuliers, une modification de la situation pourrait s’avérer nécessaire : une partie de la tâche à faire pourrait être enlevée ou le nombre de critères d’évaluation réduit. En lecture, par exemple, on pourrait réduire le nombre de critères d’évaluation pour un élève ayant des besoins particuliers. En musique, la tâche pourrait être modifiée sur le plan de la technique instrumentale pour un élève ayant des difficultés motrices. Le contenu et le processus seraient différenciés dans ce cas. Il est aussi possible de différencier les productions, soit les résultats de la tâche, les produits finis ou les réalisations des élèves. Par exemple, deux types de tâches évaluatives seront proposés pour démontrer le développement de compétences en univers social, une tâche étant de répondre à une série de questions et l’autre, d’élaborer un organisateur graphique sur le même sujet. L’élève choisira entre les deux tâches. Certains élèves feront une recherche sur des sujets différents en science et technologie (traitement des eaux usées, recyclage…) tout en démontrant leur niveau de compétence à mettre à profit leurs connaissances scientifiques et technologiques. Pour le projet personnel d’orientation, les élèves seront amenés à partager leur réflexion en ayant la possibilité de le faire de façons variées (projection multimédia, vidéo, etc.). La longueur de la tâche à réaliser pourra être différente selon l’élève, certains poussant plus loin leur réflexion. La présentation de projets en enseignement moral permettra à des élèves de produire une affiche, à d’autres de créer un sketch ou une chanson. Il est donc possible de différencier à la fois la production et le processus. Donner des choix parmi différentes propositions de création en arts permettra aussi de différencier productions et processus. Certaines adaptations, notées préalablement sur le plan d’intervention d’un élève ayant des besoins particuliers et déjà expérimentées lors des situations d’apprentissage, pourraient permettre la transcription mot pour mot des réponses de ce dernier ou l’enregistrement sur une bande sonore de ces mêmes réponses au moment de la situation d’évaluation. On peut également différencier le processus ou le comment de la tâche. En éducation physique, les élèves choisiront un plateau parmi différents plateaux d’athlétisme : sauts, courses ou lancers. Dans cette situation d’évaluation, les contenus, productions et processus seront ainsi différenciés. À l’occasion d’une situation d’évaluation en géographie, une adaptation pourrait permettre la lecture des consignes et du texte d’accompagnement à un élève ayant des difficultés importantes en lecture. Certains élèves pourraient utiliser l’ordinateur pour écrire leurs réponses. L’ordre des questions pourrait être modifié pour un élève ayant des besoins particuliers. Des adaptations pourraient être possibles sur le plan du temps : ajout de temps pour terminer la tâche, partage de la tâche évaluative en petites parties étalées sur le temps réservé à cette tâche… Finalement, au moment de l’évaluation, il est aussi possible de différencier les structures ou les modes d’organisation de la tâche. Une utilisation optimale de la salle de classe ou d’autres locaux pourrait être envisagée : certains élèves pourraient avoir une place réservée pour eux, le plus loin possible des sources de distractions ou de bruit. Pour utiliser la différenciation des structures à bon escient en évaluation, il devient nécessaire de distinguer les deux fonctions de l’évaluation, soit la fonction d’aide à l’apprentissage et la fonction de reconnaissance des acquis. Tout au long du cycle, au moment où l’évaluation joue son rôle essentiel d’aide à l’apprentissage, il est possible et même souhaitable de faire travailler les élèves en équipe. L’autonomie progressive de l’élève au fil des apprentissages réalisés doit être favorisée. À la fin du cycle, au bilan, la fonction de reconnaissance de compétences en évaluation La différenciation en évaluation 18 Version de consultation devient primordiale : le travail autonome est donc privilégié au moment des situations d’évaluation. Toutefois, l’amorce en équipe de ces situations favoriserait l’enrichissement de la production de certains élèves. Par exemple, des élèves pourraient se placer en équipe pour trouver toutes les idées exploitables sur le sujet proposé. Le plan du projet à réaliser pourrait s’élaborer en dyade. La différenciation en évaluation 19 Version de consultation CONCLUSION Pratiquer la différenciation pédagogique est une façon gagnante d’amener tous les apprenants à développer leurs compétences, puisqu’ils sont tous différents. Il est nécessaire de bien comprendre le rôle de l’évaluation dans l’apprentissage pour mesurer les effets de la différenciation en évaluation, dans sa fonction d’aide à l’apprentissage et dans sa fonction de reconnaissance des compétences. La différenciation en évaluation s’inscrit au service de l’élève, selon ses capacités, en vue de lui permettre de réaliser les apprentissages fondamentaux. Les incidences de la différenciation pédagogique sur les pratiques évaluatives profitent ainsi à tous, tant aux élèves qu’aux enseignants. C’est donc en concordance avec le Programme de formation et la Politique d’évaluation des apprentissages que le Cadre de référence en évaluation suggère aux enseignants des pistes de différenciation afin de guider et de soutenir leurs pratiques évaluatives. La différenciation en évaluation 20 Version de consultation RÉFÉRENCES COLOMBIE-BRITANNIQUE. About Exam Adjudication, [En ligne], ministère de l’éducation, 2005. [http://www.bced.gov.bc.ca/exams/adjudication/] COLOMBIE-BRITANNIQUE. Special education services : A manuel of policies, procedures and guidelines. Developing an Individual Education Plan. Evaluation of student learning, [En ligne] Retrieved dec. 20, ministère de l’éducation, 2000. [http://www.gov.bc.ca/bced] ONTARIO. Guide d’administration – Tests en lecture, écriture et mathématiques, 3e et 6e année, ministère de l’Éducation, 2003-2004, OQRE. ONTARIO. 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