Nombres premiers
Marc de Crisenoy
Les parties II et III sont ind´ependantes.
I] G´en´eralit´es.
D´ef. 1. Un nombre premier est un entier naturel p2 v´erifiant:
xN(x|p=(x= 1 ou x=p)).
Ex. 2. 2,3,5,7,11,13,19,23 sont des nombres premiers.
Rq. 3. Soit pN. On suppose que p2. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes:
i) pest premier, ii) x, y N(xy =p=(x= 1 ou y= 1)).
Exo. 4. Soit pN. On suppose que p2. Montrer que les assertions suivantes sont
´equivalentes: i) pest premier, ii) xN((x|pet x2p) =x= 1).
Lemme 5. Soit pN. On suppose que p2. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes:
i) pest un nombre premier, ii) Div(p)N={1, p}, iii) Div(p) = {−1,1,p, p}.
Notation 6. On note Pl’ensemble des nombres premiers.
Rq. 7. Soient p, q ∈ P. On suppose que p6=q. Alors pet qsont premiers entre eux.
Prop. 8. Soient nZet p∈ P. Alors pest premier avec nssi p-n.
Cor. 9. Soient a, b Zet p∈ P. On suppose que p|ab. Alors p|aou p|b.
Plus g´en´eralement:
Cor. 10. Soit kN. Soient a1, . . . , akZ. Soit p∈ P.
On suppose que p|a1. . . ak. Alors il existe i∈ {1, . . . , k}tel que p|ai.
Cor. 11. Soient kN,aZet p∈ P. On suppose que p|ak. Alors p|a.
Th´eo. 12. Soit nZ. On suppose que n /∈ {−1,1}.
Alors nposs`ede un diviseur premier.
Indication de preuve. Consid´erer D={yN|y2 et y|n}. Montrer que Dposs`ede
un plus petit ´el´ement (pour l’ordre usuel de N). On le note p. Montrer que pest premier.
Cor. 13. Soient u, v Z. Alors uet vsont premiers entre eux ssi il n’existe pas de nombre
premier les divisant tous les deux.
Plus g´en´eralement:
1
Cor. 14. Soit kN. Soient u1, . . . , ukZ. Alors u1, . . . , uksont premiers entre eux
dans leur ensemble ssi il n’existe pas de nombre premier les divisant tous.
Th´eo. 15. Pest infini.
Indication de preuve. Par l’absurde, supposer que Pest fini. Consid´erer 1 + Y
p∈P
p.
II] D´ecompositions en produit de nombres premiers.
1) Des faits combinatoires tr`es simples.
Les r´esultats qui suivent sont valables dans des contextes g´en´eraux, mais nous nous contentons
de les ´enoncer dans celui dont nous avons besoin.
a) Un lemme de classement.
Lemme 16. Soit rN. Soient x1, . . . , xrZ.
Alors il existe une permutation τde {1, . . . , r}telle que xτ(1) . . . xτ(r).
b) Un lemme de regroupement.
Lemme 17. Soient Iet Jdeux ensembles finis non vides.
Soit (ai)iIune famille d’entiers relatifs index´ee par I.
Soit (bj)jJune famille d’entiers relatifs index´ee par J. On suppose cette famille injective.
On suppose que iIjJ bj=aiet que jJiI ai=bj.
Alors il existe une famille d’entiers naturels non nuls (mj)jJtelle que Y
iI
ai=Y
jJ
bmj
j.
Indications.
Pour tout jJ, on note Ej={iI|ai=bj}. V´erifier que (Ej)jJest une partition de I.
Pour tout jJ, on note mjle cardinal de Ej. Conclure.
Cor. 18. Soient Iet Jdeux ensembles finis non vides.
Soit (ai)iIune famille d’entiers relatifs index´ee par I.
Soit (bj)jJune famille d’entiers relatifs index´ee par J.
On suppose que iIjJ bj=ai.
Alors il existe une famille d’entiers naturels (mj)jJtelle que Y
iI
ai=Y
jJ
bmj
j.
Indication.
Justifier qu’il existe J0Jtel que (bj)jJ0soit injective et d’image ´egale `a celle de (ai)iI.
2) Existence de d´ecompositions en produit de nombres premiers.
Th´eo. 19. Soit nZ. On suppose que n2.
Alors il existe kNet p1, . . . , pk∈ P tels que n=p1. . . pk.
Indication de preuve: faire une r´ecurrence ”forte”.
Cor. 20. Soit nZ. On suppose que n2.
2
Alors il existe kNet p1, . . . , pk∈ P v´erifiant p1. . . pktels que n=p1. . . pk.
Cor. 21. Soit nZ. On suppose que n2. Alors il existe `N,q1, . . . , q`∈ P
deux `a deux distincts et m1, . . . , m`Ntels que n=qm1
1. . . qm`
`.
Indications.
Il existe kNet p1, . . . , pk∈ P tels que n=p1. . . pk. On note `le cardinal de {p1, . . . , pk}.
Soient q1, . . . , q`tels que {q1, . . . , q`}={p1, . . . , pk}.q1, . . . , q`sont deux `a deux distincts.
Cor. 22. Soit nZ. On suppose que n2.
Alors il existe `N,q1, . . . , q`∈ P v´erifiant q1< . . . < q`et m1, . . . , m`Ntels que
n=qm1
1. . . qm`
`.
3) Unicit´e dans les d´ecompositions en produit de nombres premiers.
Notation 23. Soit mZ. On note DivP(m) l’ensemble des diviseurs premiers de m.
Lemme 24. Soit mN. Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que m=p1. . . pk.
Alors DivP(m) = {p1, . . . , pk}.
Th´eo. 25.
Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que p1. . . pk.
Soit `N. Soient q1, . . . , q`∈ P. On suppose que q1. . . q`.
On suppose que p1. . . pk=q1. . . q`. Alors k=`et i∈ {1, . . . , k}pi=qi.
Indications. Par r´ecurrence sur k. Supposer l’assertion vraie au rang k. Pour montrer l’assertion
au rang k+ 1, commencer par montrer que pk+1 =q`.
Cor. 26. Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. Soit `N. Soient q1, . . . , q`∈ P.
On suppose que p1. . . pk=q1. . . q`.
Alors k=`et il existe une permutation σde {1, . . . , k}telle que i∈ {1, . . . , k}pi=qσ(i).
Indication.
Utiliser deux fois le lemme de classement.
Lemme 27. Soit mN. Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. Soient m1, . . . , mkN.
On suppose que m=pm1
1. . . pmk
k.
a) On suppose que m1, . . . , mk1. Alors DivP(m) = {p1, . . . , pk}.
b) DivP(m)⊂ {p1, . . . , pk}.
c) On suppose que p1, . . . , pksont distincts deux `a deux. Alors pour tout i∈ {1, . . . , k}, on a:
piDivP(m)mi1.
Indication.
c) sens =. Soit i∈ {1, . . . , k}. Montrer que (mi= 0 =pi/DivP(m)).
Th´eo. 28. Soient m, n N. Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P.
On suppose que p1, . . . , pksont distincts deux `a deux. Soient m1, . . . , mkNet n1, . . . , nkN.
On suppose que m=pm1
1. . . pmk
ket que n=pn1
1. . . pnk
k. Alors:
1)a) m|nssi i∈ {1, . . . , k}mini, b) m=nssi i∈ {1, . . . , k}mi=ni,
3
2) met nsont premiers entre eux ssi i∈ {1, . . . , k}mi= 0 ou ni= 0.
Indications.
1)a) sens =. Il existe qZtel que n=mq. Soit i∈ {1, . . . , k}. Raisonner par l’absurde
(supposer que mi> ni), simplifier par pni
i, obtenir une contradiction.
2) Montrer par double implication que met nne sont pas premiers entre eux ssi il existe
i∈ {1, . . . , k}tel que mi1 et ni1. Puis conclure.
Cor. 29.
Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que p1< . . . < pk. Soient m1, . . . , mkN.
Soit `N. Soient q1, . . . , q`∈ P. On suppose que q1< . . . < q`. Soient n1, . . . , n`N.
On suppose que pm1
1. . . pmk
k=qn1
1. . . qn`
`.
Alors k=`et i∈ {1, . . . , k}pi=qiet mi=ni.
Indications.
Montrer que {p1, . . . , pk}={q1, . . . , q`}. En d´eduire que k=`et que i∈ {1, . . . , k}pi=qi.
Conclure.
Cor. 30.
Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que p1, . . . , pksont distincts deux `a deux.
Soient m1, . . . , mkN.
Soit `N. Soient q1, . . . , q`∈ P. On suppose que q1, . . . , q`sont distincts deux `a deux.
Soient n1, . . . , n`N.
On suppose que pm1
1. . . pmk
k=qn1
1. . . qn`
`.
Alors k=`et il existe une unique permutation σde {1, . . . , k}telle que i∈ {1, . . . , k}pi=
qσ(i)et mi=nσ(i).
Indication.
Utiliser deux fois le lemme de classement.
4) D´ecomposition en facteurs premiers des diviseurs, pgcd et ppcm.
Prop. 31. Soit nN. Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que p1, . . . , pk
sont distincts deux `a deux. Soient n1, . . . , nkN. On suppose que n=pn1
1. . . pnk
k. Alors:
a) (d1, . . . , dk)∈ {0, . . . , n1} × . . . × {0, . . . , nk}pd1
1. . . pdk
k|n,
b) dDiv(n)N!(d1, . . . , dk)∈ {0, . . . , n1} × . . . × {0, . . . , nk}tq d=pd1
1. . . pdk
k,
c) l’application de {0, . . . , n1} × . . . × {0, . . . , nk}dans Div(n)Nqui `a (d1, . . . , dk) associe
pd1
1. . . pdk
kest une bijection,
d) na exactement (n1+ 1) . . . (nk+ 1) diviseurs entiers naturels.
Indications.
b) Soit dDiv(n)N. Si d= 1, le r´esultat est clair. On suppose que d2.
i) Justifier que DivP(d)⊂ {p1, . . . , pk}.
ii) Justifier qu’il existe `Net q1, . . . , q`∈ P tels que d=q1. . . q`.
iii) {q1, . . . , q`}⊂{p1, . . . , pk}donc (par regroupement) il existe d1, . . . , dkNtels que
d=pd1
1. . . pdk
k.
iv) Justifier que i∈ {1, . . . , k}dini.
Cor. 32. Soient m, n N.
4
Soit kN. Soient p1, . . . , pk∈ P. On suppose que p1, . . . , pksont distincts deux `a deux.
Soient m1, . . . , mkNet n1, . . . , nkN.
On suppose que m=pm1
1. . . pmk
ket que n=pn1
1. . . pnk
k.
Alors: a) mn=
k
Y
i=1
pmin{mi,ni}
i, b) mn=
k
Y
i=1
pmax{mi,ni}
i.
III] Valuation p-adique.
La valuation p-adique est un outil tr`es puissant, qui contient l’existence et l’unicit´e de la
d´ecomposition en facteurs premiers.
Lemme 33. Soit nZ\ {0}. Soit dZ\ {−1,0,1}. On note E={kN|dk|n}.
Alors Eposs`ede un plus grand ´el´ement (pour l’ordre usuel de N); il est unique, on le note v.
i) dv|n, ii) kN(dk|nkv), iii) E={0, . . . , v}, iv) d|nssi v1.
iv) Il existe un et un seul kNtel que dk|net dk+1 -n, c’est v.
v) Notons qle quotient de npar dv. On a n=dvqet d-q.
De plus (k, n0)N×Z(n=dkn0et d-n0) =(k, n0) = (v, q).
Indications.
Pour montrer que Eest major´e, on peut observer que |d| ≥ 2 et se souvenir que kN2kk.
D´ef. et notation 34. Soit pun nombre premier.
a) Soit nZ\ {0}. On appelle valuation p-adique de n, et l’on note vp(n), le plus grand
´el´ement de {kN|dk|n}.
b) Le a) permet de d´efinir une application vp:Z\ {0} → N, on l’appelle la valuation p-adique.
Rq. 35. Soit pun nombre premier. Alors:
a) kNvp(pk) = k, b) kNq P \ {p}vp(qk) = 0.
Rq. 36. Soit pun nombre premier. Alors vp(Z\ {0}) = N.
Rq. 37. Soient nZ\ {0}et p∈ P. Alors vp(n) = vp(n).
Prop. 38. Soient m, n Z\ {0}. Soit p∈ P. Alors vp(mn) = vp(m) + vp(n).
Plus g´en´eralement:
Rq. 39. Soit rN. Soient n1, . . . , nrZ\ {0}. Soit p∈ P.
Alors vp(n1. . . nr) = vp(n1) + . . . +vp(nr).
Rq. 40. Soit rN. Soit nZ\ {0}. Soit p∈ P. Alors vp(nr) = rvp(n).
Rq. 41. Soit nN. Alors n= 1 ⇒ ∀p∈ P vp(n) = 0.
Prop. 42. Soient m, n Z\ {0}. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes:
i) met nsont premiers entre eux, ii) p∈ P (vp(m) = 0 ou vp(n) = 0).
Indication.
Montrer l’´equivalence des n´egations.
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