Quel nouveau mode de développement ? La crise écologique planétaire atteint un tournant décisif avec le phénomène changement climatique : accumulation de gaz carbonique, montée des températures, s’accélérent ,avec des conséquences qui se font déjà sentir (inondations, disparitions de lacs entiers, sècheresses, tornades), mais dont on sait qu’elles atteindront un caractère dramatique dès que la hausse des températures dépassera 2 ou 3 degrés : fonte des galciers, montée du niveau de la mer et disparition non seulement de la camargue mais de villes entières en bord de mer en Asie, disparition de quartiers entiers à londres, New york.., désertification des terres à une échelle gigantesque, manque d’eau potable. En outre, au rythme de croissance qui est le sien actuellement, dans quelques années la Chine deviendra la première puissance économique mondiale. Or si on généralisait à l’ensemble de la population mondiale, la consommation moyenne d’énergie par habitant aux Etats-Unis, les réserves connues de pétrole seraient épuisées en… 19 jours. Face à la menace qui plane sur la survie de l’espèce humaine elle-même, il est donc certes nécessaire d’avoir une consommation plus économe en eau, en énergie, notamment par l’isolation de nos maisons, de donner la priorité à l’achat de produits bio.. Mais relever le défi énergétique indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité suppose surtout de mettre en place dès maintenant une autre politique énergétique comme d’aménagement du territoire et un autre mode de développement. Une politique énergétique qui accorde les crédits financiers nécessaires à la mise en place d’un véritable programme de recherche et de production des énergies renouvelables destinées à remplacer progressivement les énergies fossiles et qui assure la promotion d’un nucléaire propre et sécurisé par la transparence et la démocratie. Une politique d’aménagement des territoires qui assure la diminution des trajets domicile-travail-loisirs et une véritable qualité de vie urbaine, qui préserve les terres agricoles et les espaces verts par une densification des espaces réservés à l’habitat et une lutte contre l’étalement urbain et qui favorise le développement des transports collectifs et du ferroutage, notamment par une fiscalité à la fois plus efficace sur le plan environnemental et plus juste socialement. Un mode de développement qui permette une plus grande solidarité entre les humains, au lieu de multiplier les sources de conflits et de guerre ( pour l’eau, la nourriture, l’énergie, les espaces naturels, le savoir, le pouvoir, les richesses), Un développement qui ne conduise pas l’activité humaine au gâchis des ressources naturelles (l’air, l’eau) indispensables à la préservation de la vie sur notre planète, et qui, n’oublie jamais que la survie des autres êtres vivants (celle des végétaux comme celle des centaines de milliers d’espèces animales) est indispensable à la survie de l’homme. Il faut donc remettre en cause l’accaparemment des pouvoirs par la vingtaine de grands groupes bancaires et financiers mondiaux qui contrôlent par leur poids fiancier, le développement de toute l’économie mondiale en accroissant les inégalités entre les territoires. Mais il faut également mettre fin à une recherche exhacerbée du profit qui conduit à un processus d’accumulation du capital et des marchandises au prix de la destruction des travailleurs et de notre planète. Oui « nos vies valent plus que tous leurs profits » et , comme nous le disait Evo Morales à la Villette, « nous ne voulons pas vivre mieux, nous voulons vivre bien ». A quoi sert en effet l’accumulation de marchandises si elle ne se traduit pas par une meilleure qualité de vie ? La question, non pas de la décroissance, mais du contenu de la croissance est donc posée ; que produire ?, pour qui ?, Comment ? et qui en décide ? Que produire ? On ne peut, au nom du profit, et face à l’épuisement des ressources pétrolières, laisser la culture des agrocarburants remplacer en France celle du blé ou du maïs, alors que des millions de peuples affamés du tiers monde sont affamés par la montée du prix des céréales . Il faut rechercher d’autres sources d’énergie renouvelables. Une partie croissante du PIB est liée à l’activité d’enfouissement, de stockage ou de destruction des déchets, avec les conséquences que l’on connaît sur l’environnement ; Il faut donner la priorité à la production de produits recyclables . Pour qui produire ? On ne peut continuer de demander aux pays africains, au nom de l’avantage comparatif au sein d’une économie marchande mondialisée, d’abandonner leur agriculture considérée comme moins productive et de perdre leur indépendance alimentaire pour se spécialiser dans la culture de quelques produits destinés à l’exportation comme le café ou le coton, dont les cours mondiaux sont l’objet de stratégies spéculatives sur les les bourses européennes ou américaines . Il doivent donner la priorité à la satisfaction des besoins vitaux de leur population . Comment produire ? Peut-on continuer à ne pas prendre en compte dans les calculs de coûts et les décisions de production comme d’investissements technologiques, l’empreinte écologique, c’est à dire les conséquences sur l’environnement de l’activité productive et de transport des marchandises, comme le coût économique et social de la décontamination et de la remise en état des friches industrielles, ou des risques que font courir des cargos pétroliers comme l’Erika ou certaines usines comme AZF. libérer le travail. Comment, alors que que la révolution informationnelle et le développement du niveau de formation de la population active permettent un développement sans précédent des exigences de réalisation de soi, accepter qu’explosent les souffrances psychiques liées à la charge mentale, au stress et à l’intensification du travail ? Comment, alors que monte l’aspiration à maîtriser son parcours professionnel, accepter que les statuts d’emploi soient constamment déstabilisés avec la généralisation de leur précarisation ? Comment obtenir un travail de qualité et une plus grande créativité, et faire face aux exigences, notamment chez les jeunes, de se voir reconnaître une dignité humaine et un apport singulier à la société,…si l’on demande avant tout au salarié de travailler de plus en plus vite ? Comment accepter la mise en concurrence perpétuelle des travailleurs, une individualisation croissante des rémunérations au sein de l’entreprise alors qu’un, plus grand esprit d’équipe et un travail en réseau devient chaque jour la condition d’une plus grande efficacité du processus de production ? Qui doit prendre les décisions ? Remplacer la micro-rationalité de la course au profit par une macro-rationalité, sociale et écologique, c’est à dire redonner la priorié au politique sur l’économie, au citoyen sur l’expert financier, pose la question de l’appropriation sociale. Non pas seulement l’appropriation sociale des moyens de production, mais celle de l’ensemble de l’activité de production ; son contenu, sa qualité, sa destination et son processus dans le cadre d’un dévelopement durable. Cela suppose que la démocratie ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise et que les salariés conquièrent de nouveaux droits, notamment en matière d’organisation du travail, de développement des ressources humaines et de répartition des richesses, mais aussi participent à la gestion. Cela ne remet pas en cause la possibilité d’une propriété privée de moyens de production, mais cela remet bien en cause les droits de décision attachés aujourd’hui à cette propriété, pour leur préférer le principe « un homme, une voix » des coopératives de production au sein de l’économie solidaire. De même, introduire une macro-rationalité sociale ne passe pas par la suppression du marché du travail, marché qui permet à chacun de choisir où il veut travailler et quel métier il veut exercer, mais cela suppose un dépassement de ce marché par une sécurisation des parcours professionnels et des revenus. Passer à une macro-rationalité sociale et écologique suppose surtout un contrôle sur les décisions d’investissement et de mutations technologiques. Ce contrôle doit être arraché aux banques et aux entreprises capitalistes pour devenir le bien commun de la société. Il faut donc plus d’Etat et surtout un autre Etat. Non pas revenir à l’Etat Keynésien de la social-démocratie, dont le rôle principal est d’assurer la reproduction des forces productives (par ses fonctions régaliennes), la relance de la croissance par une politique budgétaire et la stabilité des prix par la fixation des taux d’intérêt. Non pas revenir à l’Etat détenteur de tous les moyens de production et d’échange et décidant seul des besoins de la population à satisfaire par une planification centralisée des objectifs de production. Mais contruire un Etat démocratique (6ème république), et en faire le garant de la mise en œuvre du projet de développement durable, générateur de progrès social et d’émancipation humaine, élaboré dans la confrontation citoyenne et la coopération internationale. L’appropriation sociale de l’activité de production et notamment des décisions d’investissement et de mutations technologiques passe, en effet, par une maîtrise publique des marchés financiers du local au mondial et la création de pôles publics bancaires et de fonds d’investisements. De même, l’émancipation humaine passe par la remise en cause de l’Economie de marché. Non seulement tout ne doit pas devenir une marchandise, mais la concurrence par les prix s’accompagne le plus souvent d’une baisse de la qualité et le droit pour tous d’accèder aux biens communs de l’humanité que sont l’eau, l’énergie, l’habitat, l’information, la culture supposent non seulement des services publics nouveaux décentralisés et démocratisés, mais la création de pôles publics. Enfin, la globalisation du marché capitaliste, comme la révolution informationnelle, appellent à un partage des savoirs, des pouvoirs et donc des richesses à l’échelle mondiale, appellent à un nouvel internationalisme, porteur de valeurs communes et de défense de la civilisation humaine et de notre planète. Comment le construire sans des politiques de coopération à l’échelle mondiale et sans accueillir dignement, au nom de ces valeurs communes et notamment de la liberté de circulation des être humains, les travailleurs étrangers qui sont conduits à quitter leur pays leur famille et leurs amis pour échapper à la famine dont notre mode de développement est responsable ? En résumé il est urgent de dépasser le mode de développement capitaliste pour mettre en place un mode développement solidaire.