Comment, alors que monte l’aspiration à maîtriser son parcours professionnel,
accepter que les statuts d’emploi soient constamment déstabilisés avec la
généralisation de leur précarisation ?
Comment obtenir un travail de qualité et une plus grande créativité, et faire face
aux exigences, notamment chez les jeunes, de se voir reconnaître une dignité
humaine et un apport singulier à la société,…si l’on demande avant tout au salarié
de travailler de plus en plus vite ?
Comment accepter la mise en concurrence perpétuelle des travailleurs, une
individualisation croissante des rémunérations au sein de l’entreprise alors qu’un,
plus grand esprit d’équipe et un travail en réseau devient chaque jour la condition
d’une plus grande efficacité du processus de production ?
Qui doit prendre les décisions ?
Remplacer la micro-rationalité de la course au profit par une macro-rationalité,
sociale et écologique, c’est à dire redonner la priorié au politique sur l’économie,
au citoyen sur l’expert financier, pose la question de l’appropriation sociale. Non pas
seulement l’appropriation sociale des moyens de production, mais celle de
l’ensemble de l’activité de production ; son contenu, sa qualité, sa destination et
son processus dans le cadre d’un dévelopement durable.
Cela suppose que la démocratie ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise et que
les salariés conquièrent de nouveaux droits, notamment en matière d’organisation du
travail, de développement des ressources humaines et de répartition des richesses,
mais aussi participent à la gestion.
Cela ne remet pas en cause la possibilité d’une propriété privée de moyens de
production, mais cela remet bien en cause les droits de décision attachés aujourd’hui
à cette propriété, pour leur préférer le principe « un homme, une voix » des
coopératives de production au sein de l’économie solidaire.
De même, introduire une macro-rationalité sociale ne passe pas par la suppression
du marché du travail, marché qui permet à chacun de choisir où il veut travailler et
quel métier il veut exercer, mais cela suppose un dépassement de ce marché par
une sécurisation des parcours professionnels et des revenus.
Passer à une macro-rationalité sociale et écologique suppose surtout un contrôle
sur les décisions d’investissement et de mutations technologiques. Ce contrôle
doit être arraché aux banques et aux entreprises capitalistes pour devenir le bien
commun de la société.
Il faut donc plus d’Etat et surtout un autre Etat.
Non pas revenir à l’Etat Keynésien de la social-démocratie, dont le rôle principal
est d’assurer la reproduction des forces productives (par ses fonctions régaliennes),
la relance de la croissance par une politique budgétaire et la stabilité des prix par la
fixation des taux d’intérêt. Non pas revenir à l’Etat détenteur de tous les moyens
de production et d’échange et décidant seul des besoins de la population à
satisfaire par une planification centralisée des objectifs de production. Mais contruire
un Etat démocratique (6ème république), et en faire le garant de la mise en œuvre
du projet de développement durable, générateur de progrès social et