La raison et le réel La vérité Théorie et expérience La démonstration La Vérité, Jules Joseph Lefebvre, 1870 (musée d’Orsay.) Pourquoi s’intéresser à la notion de vérité ? Introduction La philosophie part d’un double constat : … nous sommes d’abord dans l’ignorance … nous croyons souvent savoir. nous sommes d’abord pétri de croyances, d’opinions, voire de préjugés, que nous ne soupçonnons pas Philosopher, c’est donc d’abord prendre conscience de cela et essayer d’y remédier Socrate (470-399 av JC), représenté dans un détail de l’école d’Athènes de Raphaël (1511) Qu’est-ce qu’une croyance ? Au sens large, croyance est synonyme d’opinion : Croyance ou opinion = tout ce qui nous semble vrai sans que l’on en soit tout à fait certain. (opinion ne se réduit pas à donner son avis sur ce qui est bien/mal, beau/laid, etc. : jugement de valeur). 1- je crois qu’il est bon en math 2- il me semble qu’il fera beau demain 3- il me semble qu’il n’a pas fermé sa voiture 4- je crois qu’il a tort de faire cela. « au sens le plus large, une croyance est un certain état mental qui pousse à (…) porter un jugement dont la vérité objective n’est pas garantie et qui n’est pas accompagné d’un sentiment subjectif de certitude. En ce sens, la croyance est synonyme d’opinion, qui n’implique pas la vérité de ce qui est cru, et s’oppose au savoir, qui implique la vérité de ce qui est su. » Pascal Engel Tout va bien si nous tenons à nos croyances comme à de simples conjectures, hypothèses Problème : nous avons parfois un sentiment fort de certitude, nous croyons fortement être dans le vrai, alors que nous sommes dans l’erreur… Comment savoir si nous sommes dans le vrai ? La certitude ne semble pas suffisante. Remarque : En un sens, je peux avoir une certitude tout en me trompant En un autre sens, lorsqu’on dit « nous avons aujourd’hui la certitude que le réchauffement climatique est produit par l’activité humaine », une telle certitude exclut l’erreur. Il est donc utile de distinguer deux sortes de certitude : Certitude subjective : sentiment de certitude sans avoir nécessairement de bonnes raisons d’être certain. Certitude objective : certitude fondée sur des preuves. subjectif / objectif Subjectif (faire preuve de subjectivité, un jugement subjectif, une conception subjective…) : relatif à une ou à certaines personnes (les « sujets »), notamment leurs sentiments ou leurs goûts. Syn : personnel, particulier. Objectif : faire preuve d’objectivité, un avis objectif … -Indépendant de nos sentiments propres, nos attachements particuliers (syn : impartial, désintéressé) - une description objective : qui montre la réalité, les « objets » tels qu’ils sont (syn : vrai, vérité) qu’est-ce qu’une vérité? -« La Vérité » : doctrine supposée nous délivrer le sens du monde et de la vie humaine. Connotation religieuse. -« une vérité » : propriété d’une idée (discours, récit, histoire…) vraie. En quoi consiste la différence entre une idée fausse et une idée vraie ? La première nous trompe sur la réalité : elle ne nous montre pas le monde tel qu’il est, mais nous donne une apparence fausse. La seconde nous montre la réalité telle qu’elle est Erreur ou illusion vérité apparences réalité Une vérité est une certaine correspondance entre une idée (ou un discours humain : tout ce qui relève de l’intelligence humaine) et la réalité Intelligence réalité correspondance La réalité ou le réel : -ce qui existe indépendamment de nos désirs, de nos idées, de notre perception. -L’ensemble des faits, et des entités (objets physique, êtres vivants, êtres humains, sociétés, Etats…), leur propriétés, les comportements et lois auxquels ils obéissent On peut comparer la vérité à un tableau réaliste : il représente bien la réalité. A. Dürer Lièvre, 1503, Planche d’anatomie humaine. si ma croyance est vraie, quand je crois que Charles Ier est mort sur l’échafaud, ce n’est pas en vertu d’une qualité propre à ma croyance (qualité que je pourrais découvrir par simple examen de la croyance); c’est à cause d’un événement historique d’il y a deux siècles et demi. Si je crois que Charles Ier est mort dans son lit, c’est là une croyance fausse, toujours pour la même raison (…). Bien que la vérité et la fausseté soient des propriétés des croyances, ce sont donc des propriétés qui dépendent de la relation entre la croyance et autre chose qu’elle, non pas d’une qualité interne à la croyance. Mais une vérité est-elle un savoir, une connaissance ? connaissance ou savoir : -sens ordinaire : ce que l’on a appris et que l’on est capable de restituer. - sens rigoureux (philosophie et sciences) : croyance, opinion idée, vraie et justifiée -il faut remarquer qu’on peut être dans le vrai sans pour autant connaître ce dont on parle. -pour être certain d’être dans le vrai, il faut être capable de justifier notre hypothèse. Distinction Opinion/connaissance – Croire/savoir 1. Il est vrai que la route de droite mène à Larisse 2. Vous croyez que la route de droite mène à Larisse 3. même si vous n’avez pas de raison de le croire 4-conclusion : vous avez une croyance vraie ou une « opinion droite » (Platon). Distinction Opinion/connaissance – Croire/savoir 1. Il est vrai que la route de droite mène à Larisse 2. Vous croyez que la route de droite mène à Larisse 3. Vous avez de bonnes raisons de croire cela 4-conclusion : vous savez qu’elle y mène. Vous avez un savoir ou connaissance. Distinction Opinion/connaissance – Croire/savoir Généralisation: 1-une personne X croit quelque chose (p). 2. p est vraie 3. X manque de bonnes raisons de croire p. (simple intuition) alors X a une croyance vraie ou « opinion droite » (Platon). Distinction Opinion/connaissance – Croire/savoir Généralisation: 1-une personne X croit quelque chose (p). 2. p est vraie 3. X a de bonnes raisons de croire p. alors X a une connaissance, il sait que p est vrai Distinction Opinion/connaissance – Croire/savoir « Opinion droite » ou vraie : croyance vraie que l’on a sans savoir comment la justifier correctement Connaissance ou savoir : croyance vraie justifiée par des raisons solides. Mais quelles sont les sortes de raisons qui nous permettent de justifier nos hypothèses et théories ? Et y a-t-il des raisons décisives, des preuves ? Opposition entre 3 thèses : -Nous avons des certitudes objectives -Nous n’avons aucune certitude objective (scepticisme) -Nous avons des justifications, bien que celles-ci ne soient pas décisives, démonstratives Quelles sont les raisons sur lesquelles nous nous basons pour soutenir nos croyances ? -le témoignage et l’enseignement de personnes crédibles -L’observation des faits et plus généralement l’expérience -le raisonnement (logique), dans ses différentes formes I- le témoignage et l’enseignement sont-ils fiables ? 1-’thèse’ crédule (préjugé) 2-argument sceptique (Descartes) 3-argument mesuré : a- nous ne pouvons pas mettre tout en doute. Il faut plutôt distinguer les autorités et croire de manière raisonnable b- s’enquérir de leurs raisons, de leurs preuves II- perceptions et observations sont-elles fiables ? 1- thèse naïve dogmatique (crédule) : tout ce que nous percevons est réel 2- arguments sceptiques 3- préciser le principe observation 4-ce que nous observons : précisions : faits particuliers / généraux III- le raisonnement est-il fiable ? A- les pseudo-raisonnements B- le raisonnement inductif 1- l’induction amplifiante 2- la critique sceptique (Russell) 3- l’induction scientifique : le principe induction bien formulé C- le raisonnement déductif I- le témoignage et l’enseignement : doit-on croire tout ce que dit autrui ? 1- position crédule (préjugé) -Le petit enfant -L’adulte naïf ou le lycéen qui croit que les connaissances apprises prouvent que ce que l’on croit est vrai L’argument d’autorité « la femme doit se soumettre à l’homme, car Saint-Paul l’a dit : ‘le chef de la femme, c’est l’homme ( 1Cor 11)’ » - « les américains étaient au courant pour Pearl Harbor : M.Magne l’a dit » Principe de ce type d’argument : 2-position sceptique : le témoignage d’autrui (personnes d’autorités comprises) est douteux. Il est évident qu’on ne doit pas se fier aux discours de n’importe quel quiddam : tous les témoignages ne sont pas crédibles. -Certains trompent délibérément : … tout témoignage n’est pas sincère … pouvoir de la persuasion. Rhétorique. Cf. manuel p. 270 -beaucoup se trompent. La confiance aveugle en autrui est sources de préjugés. préjugé : opinion que l’on s’est faite sans aucune remise en cause critique, sans jugement (pré-jugé), donc sans en évaluer le bienfondé. Selon Descartes, trois sources de préjugés, et plus généralement d’erreurs : -l’éducation -la confiance dans les personnes pourvues d’autorité (- la perception sensorielle) -l’éducation -la confiance dans les personnes pourvues d’autorité .autorité naturelle : personnes charismatiques la confiance aveugle et spontanée envers les personnes d’autorité… -autorités instituées … les hommes d’Eglise … les hommes politiques la confiance aveugle et spontanée envers les personnes d’autorité… … les journalistes … les experts et les scientifiques … les enseignants JPPernaut Thèse de Descartes : il faut faire table rase de son éducation et mettre de côté les autorités intellectuelles : tout notre savoir doit être découvert et justifié par nous-mêmes. Objection : Est-ce possible et souhaitable ? ce que fit Descartes, nous ne pouvons pas le faire (une raison pratique / une raison historique) 3- un témoignage, enseignement, discours, etc. peut être fiable sans être indubitable : la critique des sources a- nous ne pouvons pas mettre tout en doute. Il faut plutôt distinguer les témoins et les autorités selon leur fiabilité. Quelques critères : -La source doit être susceptible de connaître la vérité : .. Exemple : critères de compétences (diplômes, …) - La source doit être susceptible d’être sincère : critères de sincérité : exemple : l’impartialité (pas d’intérêt dans l’affaire ; n’entrent pas en jeux ses sentiments ) b- s’enquérir de leurs raisons, de leurs preuves - La transparence est un gage de confiance - Laisse la possibilité de vérifier par soi-même. Transition : -un témoignage peut-être crédible - le recoupement des témoignages accroit considérablement la crédibilité Mais un ensemble de témoignage constitue-t-il une preuve ? Pas une preuve absolue. Contre exemple : tous contre Galilée. II- l’expérience peut-elle prouver quelque chose? 1- position commune : l’expérience (en particulier l’observation directe) est nécessaire et suffisante pour connaître quelque chose .. une expérience ‘ponctuelle’ (une expérience) .. l’expérience répétée ou durable (de l’expérience) L’expérience est indispensable pour tout savoir-faire. Qu’en est-il du savoir ? Savoir-faire : pratique : capacité à mener une certaine activité à bien. Savoir : théorique : capacité à se former une représentation correcte d’un fait, d’un domaine de fait, etc. L’expérience serait nécessaire pour le savoir : connaître la réalité. Elle serait peut être même suffisante. Condition nécessaire : condition sans laquelle un fait ne peut être expliqué / ne peut exister. Condition suffisante : condition qui suffit à expliquer un fait / à son existence (suffit pour qu’il se produise). L’expérience, c’est d’abord le vécu direct, en chair et en os, d’une situation, d’un fait, d’un événement. -Elle repose donc d’abord sur la perception sensible de ce fait: la perception par nos sens (visuel, auditif…) Définition perception : acte mental par lequel l’on se représente un ou des objets qui font impression sur les organes sensoriels (on parle aussi parfois de perception interne : perception de nos propres sentiments/sensations intérieures). -si l’on parle d’expérience pratique, elle repose ensuite sur notre capacité à modifier ce fait, cet objet, suivant les techniques qui conviennent. Position naïve : Ce que nous percevons et observons .. existe .. existe tel que nous le percevons .. s’explique par ce que nous percevons Il suffit de faire l’expce d’un fait pour le comprendre Il suffit donc de -percevoir quelque chose (un fait, un objet) pour l’IDENTIFIER; -percevoir sa composition ou les relations avec son environnement et les autres objets pour le comprendre ou l’EXPLIQUER. 2- position sceptique : l’expérience et la perception ne sont pas fiables -ni pour expliquer un fait ou un phénomène l’argument des sens trompeurs « Tout ce que j’ai reçu jusqu’à présent pour le plus vrai et assuré, je l’ai appris des sens, ou par les sens: or j’ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs, et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompé ». Descartes La Terre peut de prime abord, paraître plate, et plus clairement : être un point fixe autour duquel tourne le soleil. Le géocentrisme est enraciné dans notre perception. Le système de Ptolémée, géocentrique, a été tenu pour vrai de l’antiquité grecque jusqu’au 17ème siècle -ni pour établir un fait, identifier des objets . Un argument radical : l’argument du rêve « Supposons donc que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités-ci, à savoir, que nous ouvrons les yeux, que nous remuons la tête, que nous étendons les mains, et choses semblables, ne sont que de fausses illusions et pensons que peut-être nos mains, ni tout notre corps, ne sont pas tels que nous les voyons. Ces arguments (repris par Descartes) ont été formés par l’école de pensée antique nommée le scepticisme - Sceptique, au sens courant : fait de douter. - la pensée sceptique radicalise cette attitude en préconisant de mettre en doute tout ce dont nous ne doutons pas spontanément. Thèse centrale du scepticisme : on ne peut pas connaître de vérité avec certitude, car aucune procédure intellectuelle n’est capable de garantir une connaissance. Michel de Montaigne (1533-1592) auteur des Essais. Comme tous les humanistes de la Renaissance, Montaigne relie les auteurs antiques. Mais c’est le scepticisme qui lui convient le mieux. Il porte un médaillon frappé de la devise « que sais-je? ». Il faut reconnaitre que la perception et l’expérience ne sont pas suffisantes pour comprendre un fait, le monde. Mais sont-elles vraiment insuffisantes pour savoir que tel fait s’est produit ? Il faut nuancer les arguments sceptiques. Enjeu : une connaissance factuelle est indispensable dans certains contextes pratique : par exemple dans le domaine pénal : seul un scepticisme mesuré convient. 3- dans quelle mesure une observation peut-elle constituer une preuve ? thèse ‘empiriste’ : l’expérience (grec : emperia) au sens de perception sensorielle, est la première source de notre connaissance du réel. Quels arguments peuvent soutenir les empiristes (contre les arguments sceptiques) ? a- l’observation directe On peut préciser des CRITERES de fiabilité -conditions de l’observation: voir en pleine lumière, à bonne distance, etc. -conditions de l’observateur : ..avoir des sens viables (≠défectueux) ..être en bonne condition physique (≠sous l’emprise de drogue) mentale (≠délire lié à la folie) En bref : une observation peut constituer une preuve si elle est réalisée dans des conditions normales, vérifiant certains critères b- « l’observation indirecte » : les images Des images (photos et audiovisuelles) constituent-ils une preuve ? -problème de l’authenticité. (des critères d’authenticité. Mais établit non par l’observation, mais par une démarche scientifique dont il faudra justifier le pouvoir probateur) -supposons qu’elles soient authentiques. Que nous apprend une image ? L’image fournit surtout une illusion de réalité : - Extrait de I.Ramonet, La tyrannie de la communication - éducation aux images : « le monteur, menteur ? » c-de la perception au raisonnement La plupart de nos croyances, hypothèses,.. ne sont pas seulement basées sur la perception des faits ou des images: elle repose largement sur l’interprétation et le raisonnement. Observation : s’appuie sur les sens Raisonnement : s’appuie principalement sur l’intelligence, la raison. Dans quelles mesures nos raisonnements sont-ils corrects ? III- à quelles conditions un raisonnement est-il fiable ? A-qu’est-ce que la raison ? Raisonner : enchaîner des raisons jusqu’à tirer une conclusion. Raisonnement : suite de raisons et de conséquences. Nous effectuons des raisonnements au quotidien. Ex: « il est fatigué » fait observé ? Non : ce jugement est la conclusion d’un raisonnement implicite, basé sur l’observation des signes de la fatigue. Nous sommes presque toujours capable de donner des raisons pour justifier ce que nous pensons. La raison : analyse de la notion. 1-trouver des expressions qui emploie le mot raison, et/ou des mots de la même famille 2- ordonner ces expressions suivant des domaines distincts (= dans quel domaine, contexte, parle-t-on de la raison et/ou des mots de la même famille ?) Expressions où figure des mots de la famille du mot « raison »: 1-« il a fait preuve d’un comportement irrationnel » 2-« il dit avoir un mauvais pressentiment, mais est incapable d’expliquer pourquoi : c’est irrationnel ! » 3- « on comprend les raisons de son acte, il n’empêche que ce sont de mauvaises raisons » 4- « rationaliser la production dans ce contexte économique est tout à fait déraisonnable » 5- « il a de bonnes raisons de faire ce qu’il fait /de penser ce qu’il pense » 6-« il est raisonnable / déraisonnable » Réflexion, vérité, connaissance… Action quelconque « les raisons de son acte »; « le raisonnement qui l’a conduit à agir ainsi »;« Rationner » La morale LA RAISON « Un raisonnement correct »; « penser de manière rationnelle », « de manière logique »; « les raisons qu’il avance pour appuyer sa thèse »« un ratio de ¾ »; « Agir de manière économie , politique, organisation sociale (dé)raisonnable, « ma raison me dit de ne pas y aller »; … « Une politique raisonnable »; « une organisation rationnelle du travail », « rationaliser la production » LA RAISON Réflexion, vérité, connaissance… Action quelconque « Un raisonnement correct »; « penser de manière rationnelle », « de manière logique »; « un ratio de ¾ »; Action individuelle: la morale « les raisons de son acte »; « le raisonnement qui l’a conduit à agir ainsi »;« Rationner » Action collective : politique, organisation sociale ou économique « Agir de manière (dé)raisonnable, « ma raison me dit de ne pas y aller »; … « Une politique raisonnable »; « une organisation rationnelle du travail », « rationaliser la production » LA RAISON Action quelconque (domaine ‘pratique’) Réflexion, vérité, connaissance… (domaine ‘théorique’) « Un raisonnement correct »; « penser de manière rationnelle », « de manière logique »; « un ratio de ¾ »; Action individuelle: la morale « les raisons de son acte »; « le raisonnement qui l’a conduit à agir ainsi »;« Rationner » Action collective : politique, organisation sociale ou économique « Agir de manière (dé)raisonnable, « ma raison me dit de ne pas y aller »; … « Une politique raisonnable »; « une organisation rationnelle du travail », « rationaliser la production » LA RAISON Raison « théorique » : capacité de justifier qu’une idée (croyance, opinion, hypothèse…) est vraie ou fausse Raison « pratique » : capacité de prendre de bonnes décisions et d’accomplir des actions bonnes En un mot : capacité de distinguer le vrai du faux, le bon du mauvais Problème : tous les hommes sont-ils doués de raison ? R1 - La raison (ou intelligence ou entendement ): capacité de comprendre ou de donner des raisons qui justifient une idée, une décision, ou une action. tous les hommes (éduqués) sont doués de raison en ce sens. Aristote : « l’homme est un animal doué de raison (logos) » R2 - La raison : capacité de juger qu’une croyance (plan théorique), une décision ou une action (plan pratique) est bien justifiée. Faculté de bien juger, de bien penser, et de bien agir. tous les hommes ne sont pas actuellement doués de raison en ce sens (même s’ils le sont de manière potentielle) Repère : potentiel / actuel ‘en puissance’ / ‘en acte’ Rationnel /irrationnel peut également avoir ces deux sens. … au sens descriptif : croire quelque chose ou agir de manière irrationnelle, c’est croire qqch ou agir sans aucune raison / de manière rationnelle, c’est le faire avec une raison (quelle qu’elle soit). … au sens normatif : irrationnel : avec des raisons fausses ou insuffisantes; rationnel: avec de bonnes raisons. Domaine considéré Domaine « théorique » Domaine considéré Réflexion, vérité, connaissance Point de vue descriptif : comprendr e sans juger Point de vue normatif : point de vue du jugement, évaluation Domaine « pratique » Action individuelle Action collective Point de comprendre une vue du justification ou un ‘spectateur raisonnement ’ Comprendre les motifs d’une d’un projet, d’une décision, d’une action accomplie Comprendre les motifs d’une politique, d’une décision économique. Point de vue de ‘l’acteur’ Justifier une hypothèse ou un raisonnement donner les motifs d’une projet, d’une décision, d’une action Conduire une politique, prendre une décision économique, etc. Point de vue du ‘spectateur ’ Juger qu’une justification ou un raisonnement est bon ou non (correct ou incorrect). Donner une justification bonne (correcte), raisonner correctement ; Juger qu’une action accomplie ou projetée est bonne ou mauvaise / agir délibérément de manière bonne Juger qu’une politique ou qu’une organisation sociale est bonne ou mauvaise. Mener une bonne politique (ou une Point de vue de Nous pouvons comparer la raison à un outil tel qu’une lentille, qui nous permet de voir le monde et d’agir sur lui. (notons que la raison est un ‘outil’ mental, non physique. C’est une capacité de l’esprit). Une bonne justification, donc le savoir (ou la décision) qu’elle permet d’établir, est -impartiale (n’a pas de parti pris a priori) ou objective (non subjective) --- la raison est une capacité d’être impartial et objectif -universelle , c’est-à-dire : .. elle est compréhensible de tout autre être doué de raison .. elle doit pouvoir (en principe) emporter l’adhésion de tous Le juge et le physicien, deux figures de la raison. Le rôle du premier est de produire la décision la plus raisonnable, le second de produire la théorie la plus rationnelle B- les pseudo-raisonnements Nous avons des raisons de nous méfier du raisonnement : - bien des fois nous croyons justifier correctement une affirmation alors qu’il n’en est rien. -Certains utilisent des pseudo-raisonnements pour persuader en trompant. On parle de « sophismes » : raisonnement qui semble rigoureux et logique, mais qui, en fait, ne l’est pas. Exercice : en quoi les raisonnement ne justifient pas ce qu’ils prétendent établir: 1- « la femme doit se soumettre à l’homme, car Saint-Paul l’a dit : ‘le chef de la femme, c’est l’homme ( 1Cor 11)’ » 1’ – « la CIA était au courant pour Pearl Harbor , car M.Magne l’a dit » 2- « je me suis fait voler ma voiture par un tsigane, mon voisin s’est fait cambriolé par les tsiganes. Les tsiganes sont (donc) tous des voleurs. » 2’- « à chaque fois que j’ai mis ma main dans le feu, je me suis brûlé. C’est donc que le feu brûle (toujours) » 3- « le sida est apparu au moment où le monde se détournait de la foi chrétienne. C’est (donc) un châtiment divin. » 3’- « l’acné apparaît chez ceux qui mangent du chocolat. C’est donc le chocolat qui produit cette poussée d’acné » 4 -« Si nous autorisons l’homosexualité, alors c’est la reproduction humaine qui est menacée, et un jour, l’espèce humaine s’éteindra! » 4’- « si je fais une exception pour toi, alors je serais obligé d’en faire pour tout le monde » 5-«Tous les énoncés du Coran sont vrais, parce qu’ils sont la parole d’Allah. Nous savons que le Coran est la parole d’Allah parce que Mahomet l’a dit. Nous pouvons nous fier à Mahomet, car il est prophète de Dieu. Nous savons qu’il est prophète de Dieu, car le 4- « si l’on écoutait les écologistes, il faudrait s’empêcher de tuer le moindre être vivant... Mais il est évident que nous ne pourrions nous-mêmes pas vivre dans ces conditions. L’écologie ne doit donc pas être une préoccupation politique.» 2- « Rousseau écrit un traité de l’éducation dans lequel il affirme que chaque apprentissage doit apparaître utile à l’enfant. Mais lui-même a abandonné ces enfants ! C’est bien la preuve que son traité ne vaut rien… » 4- « s’il est vrai que l’homme est l’être le plus intelligent de la création, alors la femme ne peut occuper que le deuxième rang! » 7- « soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous » 8-puisque nous vivons plus longtemps, il est logique que nous travaillons plus longtemps… il faut donc repousser l’âge de la retraite. -si nous tolérons l’homosexualité, alors la perpétuation de l’espèce humaine sera menacée. Pente glissante Si nous légalisons le divorce, alors l'unité fondamentale de la société, que sont le couple et le mariage, exploseront, le chaos et l'anarchie régneront alors partout dans le monde, et ce sera la fin de la civilisation. Légalisation du divorce Aucune nécessité Explosion de l’unité Si je fondamentale fais une exception de la pour toi alors je serai société obligé d'en faire pour tout Aucune nécessité le monde. Règne mondial du chaos et de l’anarchie. Fin de la civilisation Il n’y La Bible a pas estde la preuve que Dieu démonstration à existe, et la Bible proprement parler. ne : peut les prémisses mentir nidu se tromper car elle est raisonnement inspirée de sur s’appuient Dieu. sa conclusion ... Dieu garantit la validité de la bible La bible prouve que Dieu existe Il faut dire la vérité car il est existe mal deDieu mentir Raisonnement circulaire ou petition de principe L’argument ad hominem («contre l’homme”) Mme Aubry s’oppose à l’expulsion des Roms hors du territoire français, mais elle a ordonné l’expulsion de Roms hors d’un territoire municipal à Lilles! Preuve que ces expulsions sont légitimes… Principe de ce raisonnement : Darwin dit que l’homme est un singe. N'importe quoi ! Un singe est incapable d’avoir une religion, des arts, de faire des sciences, d’inventer des technologies… la conception de Darwin et des évolutionnistes est donc fausse. L’homme est un singe ≠ L’homme et les singes ont un ancêtre commun Épouvantail – Caricature Les pacifistes s’opposent absolument à la guerre. On ne pourrait donc pas compter sur eux pour défendre notre pays en cas d’attaque. Cela prouve bien l’absurdité du pacifisme. Bien des pacifistes défendraient leur pays tout en s’opposant à la guerre offensive Abus de langage (repose sur l’équivoque ou l’homonymie) L’homme est le seul animal rationnel. Marie n’est pas un homme. Donc Marie n’est pas rationnelle. Soit Dieu a tout créé, Soit vous êtes avec nous, soitla lavie vien’a n’aaucun aucun soit vous êtes contre nous. soit sens Faux dilemme sens on exclut des possibilités pour ne présenter qu’un choix entre deux opposés Un sens ne provenant pas du divin N’être pas avec quelqu’un sans être contre lui On peut facilement imaginer Pourtant… Après avoir été voir un La figure que j’ai vue Dans ces cas, de lalepreuve guérisseur, mes la charge dans ciel étaitrevient celle de logiquement à la personne qui veut prouver douleurs ont disparues. la Vierge Marie. Si tu ne C’est grâce à son me crois pas alors « don », ses pouvoirs. Si prouve moi que c’est tu ne me crois pas, alors impossible! L’efficacité de « pouvoirs » L’existence d’entités explique-moi comment obscurs divines j'ai pu guérir. Renversement de la charge de la preuve Histoire : -les « sophismes » -les Sophistes -la Logique : discipline qui s’attache à déterminer comment distinguer un raisonnement correct d’un raisonnement faux ou douteux. C- le raisonnement inductif, l’expérience et l’expérimentation Nous avons vu à quelles conditions l’expérience brute pouvait servir de preuve. Mais celle-ci ne peut qu’établir qu’un certain fait s’est produit. Pour justifier une vérité concernant sa cause, on ne se base plus sur l’expérience brute mais sur le raisonnement, basé sur l’expérience. Son nom : l’induction. 1- l’induction ordinaire On perçoit un fait (l’effet) par nos sens, mais on suppose qu’un autre fait l’a produit (sa cause), par le raisonnement ou ‘inférence’. t1 Perception t2 Inférence (raisonnement ) Comment savons-nous que cette explication est vraie ? Nous avons observé plusieurs fois que cela se produisait ainsi. Perception en t1 Perception en t2 Perception en t3 Perception en t4 Perception en t5 Perception en t6 Notre expérience nous a habitué à observer la succession des deux faits. Nous supposons qu’il y a là une régularité. En se basant sur cette régularité, et en observant le second fait, on infère que le premier fait l’a produit. 1/ Perception t7’ 2/ mémoire 3/ inférence De même, en se basant sur cette régularité, et en observant le premier fait, on peut anticiper le fait non encore observé. 1/ Perception t7 2/ mémoire 3/ anticipation En un mot, L’expérience (et le raisonnement qui s’appuie sur elle) nous permet spontanément de saisir des régularités, qui nous permettent - d’expliquer les faits observés (en inférant une cause à partir de la perception d’un effet) - d’anticiper, prédire des faits non encore observés. (en inférant un effet à partir de la perception de la cause) Explication et prédiction reposerait donc sur l’induction qui nous fait supposer que dans des circonstances semblables, des séquences semblables d’événements se produiront, à quelques variations près (la réalité est supposée uniforme) Induction : raisonnement par lequel on suppose une régularité (générale) à partir de la perception de faits particuliers. 2- sciences et techniques trouvent leur origine historique dans l’induction. -la recherche de la vérité est d’abord motivée par des intérêts (besoins et désirs). Dans ce cadre, pas besoin de preuve en bon et due forme. Comment savons-nous qu’une idée est vraie ? Parce qu’elle nous permet d’anticiper correctement et de réaliser ce que l’on veut bref, elle est utile. On parle de critères pragmatiques de la vérité. (pragmatique = lié à la vie pratique, à nos besoins, et désirs) La méthode traditionnelle de recherche de la vérité et d’invention des techniques : la méthode des essais et des erreurs 1/idée 2/Essai (test) 3/Echec = erreur 4/correction : nouvelle hypothèse 5/ nouvel essai etc. Si l’essai est concluant, alors c’est que l’hypothèse, la « théorie » est vraie. C’est ainsi qu’on a progressivement formé nos premières conceptions du monde et de la nature - Connaissance et mesure de la terre : Géométrie et cartographie Antiquité égyptienne : invention de la géométrie. ..But : résoudre des problèmes pratiques redistribution des terres; calcul des impôts). ..Moyen : délimiter des surfaces, calculer leurs aires ..Méthodes : empiriques et inductives .. Exemple : théorème de Pythagore On sait par expérience, par induction (mesures répétées) que le carré de l’hypoténuse d’un triangle rectangle est égal à la somme des carrés des côtés adjacents - connaissance de la nature: la botanique .. Sociétés traditionnelles : la connaissance du shaman est fondée sur l’expérience transmises au fil des générations .. Les premières classifications scientifiques (systématiques) suivent le même principe. Dioscoride répertorie 5 à 600 plantes et les classe selon leur usage pratique : médical, alimentaire, cosmétique, technique (résines). 3- la critique sceptique de l’induction - Bertrand Russell et la dinde inductiviste J-1« le soleil se lève. mon maître me donne à manger » J-2 « le soleil se lève. mon maître me donne à manger » J-3 « le soleil se lève. mon maître va me donner à manger » J-4 « le soleil se lève; donc mon maître va me donner à manger » J-5, J-6, etc. : le raisonnement est vérifié. 24 décembre: « le soleil se lève, mon maître va me donner à manger… » Elle va plutôt donner à manger à son maître… Dans un raisonnement inductif, la conclusion n’est que probable : elle peut être fausse. On dit qu’elle est contingente. Affirmation contingente : vraie ou fausse. Affirmation nécessaire : qui ne peut en aucun cas être fausse. -argument humien (Hume) : une succession n’est pas une relation de causalité (relation cause / effet) Le sida est apparu au moment où le monde s’est détourné de la foi chrétienne… c’est bien la preuve qu’il est un châtiment divin! Deux faits peuvent être proches dans le temps et dans l’espace sans que l’un soit la cause de l’autre La relation de contiguïté (proximité spatiale et succession temporelle) n’induit pas de relation de causalité. La perception ne fournit pas réellement d’explication de ce que nous percevons. (Hume reste empiriste : nous n’avons pas d’autres sources de connaissance que notre perception sensible, même si son pouvoir est limité) David Hume, philosophe écossais ( 1711-1776) 4- l’expérience scientifique et l’induction rigoureuse : L’expérience ordinaire est surtout passive (en particulier la perception) esprit réel action C’est pour cela qu’elle est source d’erreur L’expérimentation est en revanche essentiellement active, construite par le chercheur réel expérimentation expérimentation = modification délibérée et contrôlée des conditions d’apparition des phénomènes, afin de déterminer quelles causes les produisent 1er exemple : médecine : la découverte de la cause de la fièvre puerpérale par Semmelweis (mi-XIXème), à l’origine du développement de l’aseptisation des hôpitaux 1/constat : la maladie est plus présente dans le service d’obstétrique A que dans le service B 2/ liste les différences entre les deux services 3/ formule une hypothèse pour chaque différence. H1 : la position couchée est responsable du taux de mortalité surélevé H2 : la présence du prêtre est responsable (effet de suggestion) H3 : un agent infectieux présent dans les cadavres est responsable 4/ concevoir un test pour H1: changer la position des femmes. 5/ effectuer le test. La mortalité ne change pas: H1 est infirmée. 4’/concevoir un test pour H2 : changer le parcours du prêtre 5’/ effectuer le test pour H2 : la mortalité ne change pas. 4’’/ si H3 est vraie, alors une solution antiseptique appliquée aux mains des médecins empêchera la contamination. 5’’/ on effectue le test. H est vérifié : la mortalité baisse. Conclusion : la surmortalité dans les maternités est due à un agent infectieux véhiculé par les cadavres. D’une manière générale, les étapes de la démarche expérimentale : 1) Observation neutre d’un fait (sans idées préconçues) 2) Formulation d’hypothèses explicatives 3) on déduit les « implications vérifiables » : ce qui suit logiquement de l’hypothèse et que l’on peut vérifier par l’expérience 4) expérimentation proprement dite : vérification (confrontation entre l'hypothèse et les faits, la réalité) Claude Bernard (1813-1878) nomme cette démarche la méthode « hypothético-déductive » Bernard remarque que dans l’expérimentation scientifique, l’expérience des faits (observation) et la raison (capacité de raisonner) collaborent : - la raison ..propose, à l’aide de l’imagination, une explication possible (H) .. définit le protocole expérimental - l’expérience vérifie H. -2ème exemple : la physique classique (Newton) 4 lois fondamentales peuvent expliquer la totalité des mouvements des corps macroscopiques. Ex: Loi de la gravitation universelle ( deux corps quelconques s'attirent en raison directe de leur masse et en raison inverse du carré de la distance de leurs centres de gravité) Une loi de la nature telle qu’une loi physique met en évidence une régularité dans certains phénomènes naturels, régularité supposée universelle (valable en tout temps et en tout lieu): Ex : tout corps physiques soumis à telles conditions subira la force de gravitation selon le rapport donné. Ces lois physiques sont des lois déterministes: on ne peut y échapper. (cf. chapitre sur la liberté) C’est par le raisonnement que Newton forma sa théorie. Mais c’est l’expérience qui vînt la confirmer. - l’observation des corps physiques de notre environnement immédiat -l’observation astronomiques : des prédictions vérifiées. En 1705, Edmund Halley affirma que les comètes qui étaient apparues dans le ciel en 1531, 1607 et 1682 étaient en fait une seule et même comète, et prédit à l’aide des lois de Newton qu'elle reviendrait en 1758. La comète de Halley Distinction entre astronomie (science) et astrologie (superstition) La théorie astrologique -thèse 1 : la position des astres déterminent (causalement) notre caractère, nos vies et les événements principaux qui l’affectent . -thèse 2 : la position des astres au moment de notre naissance est déterminante (elle décide de notre signe astral, les 12 signes du zodiaque renvoient à 12 constellations dominantes dans l’année) Notamment pour le caractère (psycho) L’expérience contredit la théorie : 1- non pertinence des prédictions - la plupart des prédictions ne sont pas vérifiées par l’expérience - que certaines prédictions s’avèrent vérifiées est normal : le calcul des probabilités l’explique très bien. 2-l’expérience démontre sans arrêt que la thèse du déterminisme astral est fausse : deux personnes nées sous la même constellation ne sont pas identiques. Cette loi n’en est pas une. L : quelques définitions : fait, théorie, lois: Fait : « ce qui est arrivé, ce qui a eu lieu » (Robert), en un lieu et dans un temps donné - un fait est donc toujours singulier). Théorie : … idée/ fait. Hypothèse expliquant un fait ou un ensemble de faits , en s’appuyant sur d’autres faits (réels ou supposés) et sur des lois. … système de principes et de lois qui permettent de comprendre les faits singuliers composant la réalité Lois (science): énoncé général mettant en évidence une régularité entre des phénomènes (ou différents aspects d’un même phénomène. Problème : l’expérimentation scientifique démontre-t-elle vraiment qu’hypothèses et théories sont vraies ou fausses ? (Pour ) L’expérience et l’induction scientifiques ne sont pas subjectives, contrairement à l’expérience ordinaire et à la simple généralisation. Elle a une valeur objective car : - Contrôle des conditions du phénomène (laboratoire) - Reproductibilité - publication des résultats (= soumission des hypothèses aux autres chercheurs) (Contre ) La vérification demeure fondée sur une induction : sur la répétition de l’expérience. Elle n’équivaut pas à une démonstration au sens fort. 5- falsification contre vérification (Karl Popper) Thèse : on ne peut jamais prouver qu’une théorie scientifique est vraie alors qu’on peut prouver qu’elle est fausse ( on peut la « falsifier »). Une théorie contient des énoncés ‘universels’ ( = des lois ) .. théorie physique newtonienne : « tous les corps sont soumis à la force gravitationnelle » .. théorie économique néoclassique : « tous les agents économiques font des calculs couts/avantages » Thèse : ces énoncés (lois) ne peuvent être prouvés. Application à la découverte de Semmelweis : Le raisonnement de S. est-il démonstratif ? Non. La conclusion n’est que partiellement vraie : la cause de la maladie est un agent infectieux présent dans tout corps en putréfaction (pas seulement dans les cadavres, comme le croyait S.) En fait, le raisonnement suivant n’est pas correct : « -Si H est vrai, alors l’application du test de H fait baisser la mortalité. -(on voit que) l’application du test de H fait baisser la mortalité -Donc H est vraie. » Plus généralement, le raisonnement suivant n’est pas nécessairement vrai : (or) p implique q q (donc) p les lettres symbolisent n’importe quel énoncé En revanche, un seul contre-exemple suffit à réfuter une hypothèse. (exemple de H1 chez Semmelweis) Cela tient à une loi logique : p implique q (or) non q (donc) non p On peut démontrer (par déduction) qu’une hypothèse ou une théorie est fausse : certitude absolue. Exercice : le système de localisation des chauves-souris Cf. texte de Chalmers. Raisonnement expérimental : H1– la chauve-souris se repèrent grâce à ses yeux Implication vérifiable – si H1 est vraie, alors ces chauve-souris aux yeux bandés ne pourront plus se repérer. Test Conclusion : H1 est fausse. H2- elle se repère grâce à ses oreilles. Implication vérif : Test Conclusion ? Conclusion de Popper : il y a du faux dans les sciences, et du probable, mais rien d’absolument démontré. La théorie dite « vraie » est celle qui est la meilleure pour l’instant : N’y a-t-il aucun domaine de la connaissance où l’on puisse acquérir une certitude absolue ? D- le raisonnement déductif et la démonstration Une démonstration peut désigner la preuve qu’apporte l’accusation de la culpabilité de l’accusé, la preuve de l’historien, la preuve expérimentale; etc. Démonstration (sens large) = preuve : raisons telles qu’on ne peut plus raisonnablement mettre en doute la vérité d’une hypothèse ou théorie. Mais au sens restreint, une démonstration est une preuve -qui établit une certitude absolue (conclusion non seulement probable, mais nécessaire) - (donc) qui ne s’appuie pas sur l’expérience, mais sur le seul raisonnement. Un raisonnement pour être démonstratif doit être purement « logique ». Pbl :on a vu que ce qui paraissait logique ne l’était pas toujours (‘vérité’ basée sur l’expérience ou l’induction). Qu’est-ce qu’un raisonnement véritablement logique ? - Il doit vérifier les principes logiques fondamentaux - Sa conclusion doit être purement déductible de ce qui précède C’est à la Logique, la science du raisonnement, de nous enseigner la forme que doit avoir un raisonnement pour être démonstratif. 1- les principes logiques principes : -énoncés fondamentaux (‘premiers’) d’une théorie ou d’un système, tous les autres énoncés en étant des conséquences. -éléments fondamentaux d’un phénomène expliquant les propriétés et le fonctionnement de celui-ci. Syn. ≈ cause. Repère : principes / conséquences. premier principe logique : un discours n’est pas recevable s’il considère que son objet (ce dont il parle) n’est pas identique à lui-même, est différent de lui-même. principe d’identité : A est A (où A symbolise n’importe quel terme ou n’importe quel énoncé). Certains sophistes soutiennent que dans le discours suivant : « Socrate était assis, Socrate est maintenant debout », le sujet Socrate n’est pas le même dans les 2 propositions : « Socrate-assis » est différent de « Socrate-debout » . Aristote répond à bon droit qu’une telle thèse est absurde : le changement de propriété (de « être assis » à « être debout ») n’implique pas de changement de sujet ( de « Socrate » à « Socrate’ »). Bref, le sujet peut rester le même, même s’il change de propriété. être « logique », c’est d’abord être cohérent, ne pas se contredire dans ses pensées ou discours. principe de non-contradiction : il est faux que p et non-p, en même temps et sous le même rapport (p = n’importe quel énoncé) Entre deux opinions contradictoires, si une opinion est vraie, l’autre est fausse, tiers exclus. Principe du tiers-exclus: si p est vrai, alors non p est faux Remarque : ces principes logiques et leurs applications ne sont pas relatifs : ce sont des vérités, absolues. 2- les règles de déduction : Déduire : fait de tirer une conséquence à partir d’une idée de départ, de telle manière que si la première est vraie, alors la conséquence l’est aussi nécessairement. Déduction : raisonnement consistant à inférer à partir de prémisses (énoncés de départ) une conclusion qui en suit nécessairement. Induction : du particulier au général Déduction : du général au particulier ou au général S’il pleut alors je ne vais pas au lycée Il pleut _____________________ (Donc) Je ne vais pas au lycée À chaque fois la conclusion ne peut pas être fausse si les prémisses sont supposées vraies. Si les taux d’intérêt augmentent, la bourse chute Les taux d’intérêt augmentent ______________________ (donc) la bourse chute Ces vérité ne dépendent pas de ce dont on parle : elle repose sur la seule forme du raisonnement. Si John quitte Jennifer, alors Jennifer souffre John la quitte ________________________ (donc) Jennifer souffre Tous ces raisonnements ont en effet la forme logique suivante: P P Q Ce raisonnement est une loi logique. Son nom: Modus Ponens Q Où P………… il pleut John quitte Jennifer Q………… je ne vais pas au lycée Jennifer souffre le symbole est l’implication, et se lit « si…., alors… » (il signifie que si telle proposition p est vraie, alors telle autre s’il pleut, je ne vais pas au lycée Je ne vais pas au lycée Il pleut P Q Q P n’est pas une déduction valide Si les taux d’intérêt augmentent, la bourse chute La bourse chute Les taux d’intérêt augmentent On n’a pas là une déduction : la conclusion n’est pas nécessaire, elle n’est que « contingente » (peut être vraie comme fausse). D’où la critique que Popper fait des « preuves » expérimentales. De même, le raisonnement suivant n’est pas correct : S’il pleut je ne vais pas au lycée Il ne pleut pas Je vais au lycée P Q ¬P Donc ¬ Q S’il pleut, je ne vais pas au lycée Je vais au lycée ___________________ Il ne pleut pas Si les taux d’intérêt baissent, alors la bourse chute La bourse ne chute pas _____________________ Donc les taux d’intérêts ne baissent pas Modus Tollens: P ¬Q ¬P Q Qu’en est-il maintenant si l’on considère le raisonnement suivant : P Q R Pour savoir si la déduction est valide, il faut savoir ce que signifient P, Q, R. Une autre branche de la logique s’occupe de formaliser les propositions elles-mêmes. P. Tous les hommes sont mortels Q. Or les grecs sont des hommes R. donc les grecs sont mortels prémisses conclusion P- tous les oiseaux sont ovipare Q- le colibri est un oiseau R- le colibri est ovipare P-entre deux produits identiques, les consommateurs préfèrent le moins cher Q- les amateurs de vin ont le choix entre deux vins identiques à prix différent R-donc les amateurs de vins préfèrent le vin le moins cher Ces raisonnements ont la même « forme » : 1- tout b est c 2- tout a est b 3- tout a est c a b c Précisions pour les élèves motivés: Pour plus de clarté, la logique contemporaine remplace tous les termes issus des langues naturelles par des symboles. … tous les hommes ou l’homme (en général) devient Ѵ(x) H(x) … Tous les hommes sont mortels : Ѵ(x) [H(x) → M(x)] … on a alors : donc Ѵ(x) [H(x) → M(x)] Ѵ(x) [G(x) → H(x)] Ѵ(x) [G(x) → M(x)] Mais ce raisonnement n’est évidemment qu’un cas particulier du raisonnement général : : Ѵ(x) [P(x) → Q(x)] Ѵ(x) [Q(x) → R(x)] donc Ѵ(x) [P(x) → R(x)] Où P, Q et R représente non plus des propriétés particulières (être un homme, être un grec…) mais des propriétés quelconques. Autres syllogismes valides : P- tous les hommes sont mortels Q-certains européens ne sont pas mortels R-certains européens ne sont pas des hommes Ѵ(x) [H(x) → M(x)] Э(x) [E(x) → ¬M(x)] Э(x) [E(x) → ¬ H(x)] plus généralement: tous les a sont b quelques c ne sont pas b donc quelques c ne sont pas a Ѵ(x) [P(x) → Q(x)] Э(x) [R(x) → ¬Q(x)] Э(x) [R(x) → ¬ P(x)] P- les ovipares ne sont pas des mammifères Q-toutes les grenouilles sont des ovipares R-aucune grenouille n’est un mammifère a n’est pas b tous les c sont a donc aucun c n’est b. Ѵ(x) [P(x) → ¬ Q(x)] Ѵ(x) [R(x) → P(x)] Ѵ(x) [R(x) → ¬ Q(x)] Prenons un autre exemple Tous les batraciens sont des animaux Or les grenouilles sont des animaux Donc les grenouilles sont des batraciens Autrement dit : Tout y est z Or x est z donc x est y Raisonnement non valide , même si les 3 propositions sont vraies. Car il reste possible logiquement : - qu’aucune grenouille ne soit un batracien (nul x ne soit y). - que quelques grenouilles soient des batraciens (quelques x sont y) - que toutes les grenouilles soient des batraciens : (tout x est y). Les raisonnements peuvent ainsi apparaître comme des calculs. Les erreurs de raisonnements apparaissent comme des erreurs de calculs, plus manifestes dans un tel langage que dans nos langues naturelles, plus ambigües. Le logicien est capable de dire si le discours -est cohérent ou contradictoire - établit des propositions nécessaires (toujours v) ou contingentes (v ou f) bref : si la déduction est valide. Mais en tant que simple logicien, il ne peut pas dire si les prémisses sont vraies. Repère : « vérité formelle » ou validité : cohérence des propositions entre elles (non contradiction, déduction valide) « vérité matérielle » ou vérité (tout court) : proposition vraie au sens où elle correspond à la réalité. Repère : Nécessaire / contingent / impossible / possible (sens logique et métaphysique) : - est dit nécessaire une proposition ou un fait qui ne peut pas ne pas être (pour un fait), ou qui ne peut pas ne pas être vrai (pour une proposition). Supposer le contraire est impossible (contradictoire). - est dit contingent un fait qui existe ou une proposition qui est vraie, mais dont il est possible (non-contradictoire) de supposer que ce ne soit pas le cas. - Est dit possible (toujours au sens logique) une proposition ou un fait non contradictoire (même si il n’est pas vrai). contingent nécessaire possible Possible / impossible : -sens courant: … possibilité morale ou légale: permission, autorisation … possibilité matérielle: financière, technique… … possibilité ‘physique’ -sens philosophique … possibilité physique … possibilité logique … possibilité morale Nécessaire: -sens courant -sens philosophique … nécessité morale ou légale … nécessité logique Tout chat est un félin. Tout chat est un animal. Donc tout animal est un félin. tous les clochards dorment sous les ponts or, je dors sous un pont donc je suis un clochard à chaque fois que je vous regarde ,je constate que vous me regardez aussi or, vous me regardez donc je vous regarde souvent ,quand il fait beau les oiseaux chantent or il fait beau donc les oiseaux chantent je déteste les bavards; or , je vous déteste; donc, vous êtes bavard. dans une démocratie, le premier ministre est élu au suffrage universel; en France, le premier ministre n'est pas élu au suffrage universel donc la France n'est pas une démocratie. portée et limites de la science de la déduction - impossible de se tromper si on fait des déductions à partir de données vraies. données vraies + raisonnement correct = conclusion nécessairement vraie = démonstration -Mais comment savoir si les prémisses sont vraies ? .. par expérience : observation et induction .. qui ne sont que probables. .. une autre voie ? 3- démonstration mathématique et système axiomatique La géométrie égyptienne était basée sur l’expérience et l’induction. suffisant pour la pratique / insuffisant pour la preuve (le théorème de Pythagore sera-t-il valable pour toutes les espèces de triangles rectangles que je n’ai pas mesuré ? Et pourquoi est-il vrai ?) Les grecs, libérés des nécessités matérielles, peuvent s’adonner à une telle recherche de la vérité. Ils inventent les mathématiques théoriques, et cherchent donc des démonstrations à ce qui semblait évident. Euclide : Mathématicien grec qui fonde l’école de mathématique d’Alexandrie (- IIIème s.). Son ouvrage les Eléments fit autorité jusqu’au 17ème et même en partie jusqu’au 19ème siècle, où les principes en furent remis en cause. Mais la méthode axiomatique qu’il invente s’impose encore aujourd’hui. PROPOSITION XLVII. Dans les triangles rectangles, le carré du côté opposé à l’angle droit est égal aux quarrés des côtés qui comprennent l’angle droit. Soit ABΓ un triangle rectangle, que BAΓ soit l’angle droit ; je dis que le carré du côté BΓ est égal aux carrés des côtés BA, AΓ. Décrivons avec BΓ le carré ΒΔΕΓ, et avec BA, AΓ les carrés HB, ΘΓ ; et par le point A conduisons AΛ parallèle à l’une ou à l’autre des droites BΔ, ΓE ; et joignons AΔ, ZΓ. Puisque chacun des angles ΒΑΓ, BAH est droit, les deux droites ΑΓ, AH, non placées du même côté, font avec la droite BA au point A de cette droite, deux angles de suite égaux à deux droits ; donc la droite ΓΑ est dans la direction de AH ; la droite BA est dans la direction ΑΘ, par la même raison. Et puisque l’angle ΔΒΓ est égal à l’angle ZBA, étant droits l’un et l’autre, si nous leur ajoutons l’angle commun ΑΒΓ, l’angle entier ΔΒΑ sera égal à l’angle entier ΖΒΓ (notion 4). Et puisque ΔΒ est égal à ΒΓ, et ZB à BA, les deux droites ΔB, BA sont égales aux deux droites ΓB, BZ, chacune à chacune ; mais l’angle ΔBA est égal à l’angle ZBΓ ; donc la base AΔ est égale à la base ZΓ, et le triangle ABΔ égal au triangle ZBΓ (proposition IV). Mais le parallélogramme ΒΛ est double du triangle ABΔ (proposition XLI), car ils ont la même base BΔ et ils sont entre les mêmes parallèles BΔ, AΛ ; le carré BH est double du triangle ZBΓ, car ils ont la même base BZ et ils sont entre les mêmes parallèles ZB, HΓ ; et les grandeurs qui sont doubles de grandeurs égales, sont égales entr’elles ; donc le parallélogramme BΛ est égal au quarré HB. Ayant joint AE, BK, nous démontrerons semblablement que le parallélogramme ΓΛ est égal au carré ΘΓ ; donc le carré entier ΒΔΕΓ est égal aux deux carrés HB, ΘΓ. Mais le carré ΒΔΕΓ est décrit avec ΒΓ, et les quarrés HB, ΘΓ sont décrits avec BA, AΓ ; donc le carré du côté BΓ est égal aux quarrés des côtés BA, AΓ. Donc dans les triangles rectangles, le carré du côté opposé à l’angle droit est égal aux carrés des côtés qui comprennent l’angle droit. Ce qu’il fallait démontrer. Critique sceptique : - Une démonstration repose sur des hypothèses d’autres (théorèmes), un point de départ. Or, -ou bien il peut être prouvé : mais on doit alors prouver cette nouvelle preuve -ou bien celui-ci n’est pas prouvé : la ‘démonstration’ est alors défaillante Montaigne relie les philosophes de l’antiquité et reprend ici les arguments d’Agrippa (1er s). Si on tente de prouver la preuve, alors on peut tomber dans un « cercle logique » : Théorème 41 Théorème 47 Théorème 4 ou on tombe dans une « régression à l’infini » : affirmation théorème 47 preuve (autre affirmation) théorèmes 4 ; 41 preuve ? preuve ? Pour les sceptiques, une démonstration - soit est circulaire - soit recule à l’infini - soit est imparfaite car repose sur principes non prouvés LE PREMIER LIVRE DES ELEMENTS D’EUCLIDE DEFINITIONS. 1. Le point est ce dont la partie est nulle. 2. Une ligne est une longueur sans largeur. 3. Les extrémités d’une ligne sont des points. 4. La ligne droite est celle qui est également placée entre ses points. 5. Une surface est ce qui a seulement longueur et largeur. 6. Les extrémités d’une surface sont des lignes. 7. La surface plane est celle qui est également placée entre ses droites. 8. Un angle plan est l’inclinaison mutuelle de deux lignes qui se touchent dans un plan, et qui ne sont point placées dans la même direction. Etc. Axiomes 1. Les grandeurs égales à une même grandeur, sont égales entre elles. 2. Si à des grandeurs égales, on ajoute des grandeurs égales, les touts seront égaux. 3. Si de grandeurs égales, on retranche des grandeurs égales, les restes seront égaux. 4. Si à des grandeurs inégales, on ajoute des grandeurs égales, les touts seront inégaux. 5. Si de grandeurs inégales, on retranche des grandeurs égales, les restes seront inégaux. 6. Les grandeurs, qui sont doubles d’une même grandeur, sont égales entre elles. 7. Les grandeurs, qui sont les moitiés d’une même grandeur, sont égales entre elles. 8. Les grandeurs, qui s’adaptent entre elles, sont égales entre elles. 9. Le tout est plus grand que la partie Système axiomatique : Ensemble de propositions (énoncés) déductibles directement ou indirectement d’un petit ensemble de principes (axiomes) AXIOMES Théorème Théorème Théorème Les démonstrations mathématiques reposent sur des points de départ non démontré : les axiomes. Pour le sceptique, ce sont donc des pseudo-démonstrations. Pascal (1623-1662) est un génie universel: mathématicien (il publie à 15 ans les Essais sur les coniques), physicien (il prouve l’existence du vide en montrant l’existence de la pression atmosphérique) philosophe et grand penseur chrétien (janséniste). Son œuvre majeure, les Pensées, fut constituée et éditée après sa mort. Les axiomes n’ont pas à être démontrés car leur vérité est évidente. axiome 1 : « les grandeurs égales à une même grandeur, sont égales entre elles » (grandeur : nombre ou grandeur géométrique) soit A, B et C si A=B, et que B=C ,alors A=C axiome 9 : « le tout est plus grand que sa partie » « évidence » au sens de Pascal : est évidente un énoncé reconnu avec certitude comme vrai sans que l’on ait besoin et sans que l’on puisse le démontrer. connaissance intuitive : intuition : connaissance immédiate. connaissance discursive : qui repose sur un raisonnement L’intuition dépend, selon Pascal, d’une capacité mentale plus vaste : le « cœur ». Le cœur sent qu’il y a trois dimensions dans l’espace et que les nombres sont infinis, et la raison démontre ensuite qu’il n’y a point deux nombres carrés dont l’un soit double de l’autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent et le tout avec certitude quoique par différentes voies – et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au cœur des preuves de ses premiers principes pour vouloir y consentir, qu’il serait ridicule que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu’elle démontre, pour pouvoir les recevoir. Pensées 282 Conclusion: la démonstration mathématique est une preuve parfaite : … les termes (concepts) sont définies ou indéfinissables. … on dispose de propositions de départ en soi évidentes (axiomes). … on déduit ensuite des propositions (théorèmes), dont on démontre qu’elles peuvent se déduire des axiomes ou des propositions déjà démontrées. Evidence intuitive des axiomes + logique de la déduction = connaissance parfaite (propositions nécessairement vraie et démontrée) et progressive. 267. - La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent; elle n'est que faible, si elle ne va jusqu'à connaître cela. Que si les choses naturelles la surpassent, que dira-t-on des surnaturelles ? 277. - Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point; on le sait en mille choses. Blaise Pascal, Pensées Prolongement (L) : Thèse de Descartes (thèse « rationaliste ») : la connaissance du monde réel peut prendre modèle sur la connaissance mathématique : partir d’axiomes et être purement déductive, sans s’appuyer sur l’expérience, mais seulement sur la raison. Exposé et critique : voir cours 2009. En fait la plupart des théories allient des éléments empiriques (observationnels) et des éléments rationnels (mathématiques: notamment à travers la mesure). Système de Copernic, héliocentrique. La théorie d’Eratosthène (IIIème av JC, Cyrène) : la circonférence de la terre mesure 39375 km -Égalité des angles alternes / internes (théorèmes), donc α = α or, α = 7.2° (mesure). -7.2 / 360 = distance alexandrie-syène / circonférence terre 7.2 / 360 = 5000 stades (787,5 km) / x x = 250000 stades = 39375 km. (un stade = 157.5m) Mesure contemporaine : 40 075 km La rotondité de la terre : arguments des anciens (Pythagore, Platon, Aristote, …) : - le navigateur perché en haut de son grand mât aperçoit le premier la côte lointaine ; l'observateur en haut d'une falaise voit plus longtemps le vaisseau qui s'éloigne vers l'horizon que celui resté sur la plage - l'étoile polaire n'a pas la même hauteur au-dessus de l'horizon en Grèce qu'en Égypte - éclipses de Lune : l'ombre de la Terre se projetant sur la Lune révèle une section circulaire. Conclusion générale : Pouvons-nous distinguer avec certitude le vrai du faux ? Pouvons-nous justifier de manière décisive qu’une idée est vraie ? Le scepticisme radical… en doute. Mais un tel doute est excessif : Il existe au moins des certitudes absolues en mathématique : des démonstrations (basées sur la déduction logique à partir d’idée vraies). C’est d’ailleurs pour cela que les autres sciences vont d’une part utiliser les mathématiques (exemple de la théorie d’Eratosthène), d’autre part les imiter, en prenant l’allure de systèmes axiomatiques (exemple de la théorie de Newton et de ses 4 axiomes). Mais la connaissance du monde réel (naturel et humain) ne peut pas être simplement mathématique, et ne peut pas être le fruit du seul raisonnement logique. Former des théories pour connaître le monde réel, cela s’appuie nécessairement sur l’expérience du monde (observation et expérimentation). ..On a vu que l’observation, dans des conditions normales, est une preuve qu’un fait s’est produit. ..Pour comprendre ce fait, il faut cependant aller au-delà de l’observation stricte. Il faut interroger le fait, raisonner, trouver une hypothèse, voire une théorie, concernant ses causes (éventuellement les lois auxquelles il est soumis) .. nous induisons les causes explicatives. Cette induction n’est cependant que probable. La répétition des observations et la reproduction des expériences accroissent cette probabilité. A défaut de preuve absolue, nous pouvons alors parler de certitude (objective) très forte. D’une manière générale, il est raisonnable de rejeter l’alternative ‘prouvé donc vrai/ non prouvé donc douteux’, alternative réductrice : il y a des degrés entre le prouvé et le douteux. Ainsi, même un témoignage fiable (suivant des critères de fiabilité) est une bonne raison de croire. Des témoignages concordants constituent une raison très forte (quasi-preuve) Conclusion: nous avons vu comment la philosophie et les sciences peuvent nous éclairer sur ce qui est vrai et faux. Nous devons nous débarrasser de nos opinions non justifiées ou mal justifiées, pour atteindre le savoir., en usant de « conscience critique » , de raison critique. Mais comment s’assurer que telle ou telle hypothèse est vraie ou fausse ? Il y a des éléments de preuves qui ne dépendent pas d’un point de vue particulier (contre le relativisme), parce que tous les utilisent déjà, quelque soit l’époque ou la culture. - Le premier critère est la cohérence logique : une proposition doit être cohérente avec les autres propositions soutenues par ailleurs. Une théorie (ensemble de propositions) qui ne respecte pas le principe de non-contradiction, du tiers-exclus, et les règles de déduction ne peut être acceptée. Mais ce critère ne suffit pas. -En plus d’être cohérent, si elle veut expliquer le monde, la théorie doit s’appuyer sur l’observation des faits dans des conditions normales. Même Bellarmin, lorsqu’il consulte la Bible s’appuie sur ces critères. Donc il n’est pas cohérent lorsqu’il refuse l’observation de Galilée. -Enfin, lorsque l’on veut trouver les causes de ce que l’on observe, il faut faire appel à l’induction. Mais lorsqu’il s’agit de cela, et plus généralement d’expliquer le monde, nous n’avons plus la certitude que nous trouvons en mathématiques : le savoir n’est que probable, et les théories considérées comme vraies sont celles qui résistent à la réfutation Les pouvoirs de la Raison Justifier – donner des raisons - argumenter raisons non décisives (simples arguments) raisons décisives (= preuves ou démonstration, sens large) observations expériences témoignages autres la démonstration (sens restreint) l’observation (sous condition) certaines formes d’expériences l’expérimentation (sous condition) INDEX : -l’interprétation - le sujet, l’esprit et la matière, la conscience - la perception, le vivant - la religion (croyance et raison) - la technique (les techniques, l’expérience et l’induction) - le langage (rhétorique; langue naturelle et langue formelle : logique) - l’histoire (l’histoire des sciences et des techniques, le progrès dans la connaissance) - la liberté (déterminisme et libre-arbitre) - la morale, la politique, la justice (la raison comme capacité de justifier une décision) Sujets de dissertation traitable avec ce seul chapitre - faut-il chercher à tout démontrer ? -peut-on être certain d’avoir raison ? - peut-on prouver une hypothèse scientifique ? - les apparences cachent-elles la réalité ? - la recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ? Sujets de dissertation pour croiser le chapitre avec d’autres: - faut-il chercher à tout démontrer ? -Le langage nous trahit-il ? - y a-t-il des vérités en politique ? Y a-t-il des vérités en morale ? - peut-on démontrer une théorie politique ? Peut-on prouver qu’un principe moral est vrai? - faut-il choisir entre le bonheur et la vérité ? / Faut-il vivre dans l’illusion pour être heureux ? - peut-on se connaître soi-même ? - peut-on connaître autrui ?