Le soin et la prison Dr Frédéric Meunier SMPR de Lyon Introduction

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Le soin et la prison
Dr Frédéric Meunier
SMPR de Lyon
Introduction
La ligne directrice actuelle
La loi de 1994 confiant les soins aux
détenus à l’hôpital public
Offrir des soins en qualité et dans leur
forme équivalents aux soins en milieu libre
Le soin ; Les soignants
Le soin
Qui soigner ?
Pourquoi ?
L’ambiguïté initiale
Les buts du soin
Pour les cliniciens, le but des soins est de diminuer la
souffrance psychique
Pour le législateur, le but des soins s’inscrit (de plus
en plus) dans une action de prévention (de la
récidive/réitération)
Pour l’AP, le but des soins est aussi une action de
prévention des troubles comportementaux
Et la souffrance engendrée par la prison ?
Soigner ?
Chacun pense avoir une compétence sur la
question de la vie psychique...
Distinction psychique/somatique
Renforcée par la formation des agents
Tout en étant démuni sur que faire
Soigner
Alain
Souffre de «séquelles de psychose
infantile»
Antécédents de violence
Présentation «brute» et singulière
Peur et infantilisation
La prévalence des troubles
psychiques en prison
Dans les pays occidentaux, il y a entre 8 et 15
% de patients psychotiques dans les prisons
Les démographes pénitentiaires constatent
une corrélation augmentation de ce nombre /
diminution des lits d’hospitalisation temps
plein en psychiatrie
Triple potentiel criminologique
Infractions contre les personnes
Infractions contre les biens
Infractions à la législation sur les
stupéfiants
L’exclusion de l’aménagement des peines
La “gestion” pénitentiaire de la violence
La problématique responsabilité pénale /
irresponsabilité
Typologie des psychotiques incarcérés
Violents
Non compliants
Consommateurs de substances psychotropes
Mauvaise insertion sociale
La fonction asilaire de la
prison
LOUIS
25 ans, c’est un jeune homme “abandonné”
Sans domicile, sans secteur donc...
... et à la symptomatologie peu gratifiante
Il veut cambrioler une pizzeria... et entre dans une synagogue.
Délirant, dissocié, il est expertisé et est reconnu
irresponsable...
... hospitalisé quelques jours, il fugue...
La fonction asilaire de la
prison
Quelque temps plus tard, il se masturbe dans la cour d’un
immeuble
Nouvelle expertise, nouvelle hospitalisation
Cette fois il part avant même d’être examiné par quiconque
À la troisième arrestation (vol), il est condamné à 12 mois
fermes, sans expertise...
Les soins se déroulent prison
Plus de dérive, plus de déviance : soigné ou fixé ?
La fonction asilaire de la
prison
La personne détenue n’a pas le souci du quotidien
La prison accueille sans réserve
La difficulté pour les soignants d’évaluer
le comportement (du fait du milieu sécuritaire)
les capacités d’insertion (du fait de la
dépendance)
Les soignants
Une position difficile
L’indispensable caillou dans la chaussure
L’observation
Jacques
Patient psychotique, incarcéré pour des violences,
suspecté d’avoir tué son codétenu
Placé au QI
«fiche de synthèse de comportement»
Les surveillants concluent à une aggravation...
... alors que l’état du patient est inchangé...
... ce qui a changé, en fait, est la capacité d’observation.
Une question de
diagnostic
Mais cette capacité doit être référencée
Il ne suffit pas de faire une observation...
... le but, en médecine est d’aboutir à un
diagnostic
Sans diagnostic pas de thérapeutique
La référence
Ce que possèdent les soignants, c’est une
référence
A un système de pensée, la clinique
A un système de soins, l’hôpital
A un système de protection, l’institution
En réalité, c’est cette référence qui est
sollicitée
La pression sociale
La vie, la mort
Rien de grave ne doit arriver à un détenu
Une clinique souvent éprouvante du fait
d’une question mortifère centrale : la
violence, et en filigrane une obligation de
résultat...
Le statut des soignants
Vis-à-vis des personnes détenues
Nous ne maîtrisons ni les entrées, ni les
sorties
Nous n’avons pas les clés
Nous ne pouvons aggraver leur sort...
Le statut des soignants
Vis-à-vis du cadre pénitentiaire
Indispensables, les soignants
Gênants, car autonomes
Psychiatrie et subversion
La psychiatrie est perçue comme un
pourvoyeur de liberté...
Tous savent que nous n’avons pas de clés
C’est le paradoxe de la psychiatrie que
dehors enferme et dedans libère (de quoi ?)
Surtout comme pourvoyeur de plaisir
les groupes et la baignoire !
De l’impossible
compréhension
Chérif est un toxicomane, petit voleur, incarcéré cette
fois pour des violences graves
Question du Juge sur les soins... faite au Directeur
de la prison
Réponse bienveillante au Juge...
... et son absence à deux consultation
problématique du cadre...
et celle de la discrétion vis à vis de l’intimité...
Conclure
Du 19e siècle...
Au 21e siècle
Conclure !
Brillant
Ou terne
Conclure
Les soignants ont une compétence et un savoirfaire reconnus par les autres intervenants...
... qui ignorent pourtant que l’acte clinique repose
sur le diagnostic...
Soigner, en prison, c’est apporter avec soi une
nouvelle référence.
Le caillou dans la chaussure... Rendre
thérapeutique le quotidien...
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