Les Enfermés
L’enfermement en prison comme réponse à la délinquance, l’enfermement en soi quand rôde la
folie, l’enfermement à l’hôpital quand la psychiatrie bute sur l’urgence absolue. Toute une semaine
de documentaires pour nous conduire derrière ces murs où nous clôturons nos dérives.
du lundi 2 au vendredi 6 octobre 16h00 – 17h00
SUR LES DOCKS
coordination : Pierre Chevalier
lundi 2 et mardi 3 octobre : Femmes en prison
par Anice Clément
réalisation : Christine Berlamont
Les femmes sont peu nombreuses dans les prisons, 2 265 à ce jour (près de 60 000 hommes
détenus). Un tiers de ces femmes sont incarcérées pour des peines criminelles : meurtres, viols,
agressions sur mineurs, trafic de stupéfiants ; 20 % d’entre elles sont illettrées, 50 % ont un niveau
d’instruction primaire. Le Code pénal est le même que pour les hommes, mais les femmes sont
moins poursuivies et moins condamnées que les hommes. Moins visible, moins agressive, la
délinquance féminine fait moins peur, et le statut de la mère reste valorisant pour les femmes.
Il existe un système carcéral propre à chaque prison, déterminé par son histoire, ses structures, les
habitudes du personnel et la politique définie par son directeur. Chaque prison a ses codes, ses
programmes d'activités. L'ordre et la sécurité y règnent, une politique de réinsertion propose travail,
soins, activités, prise en charge psychologique afin de préparer la sortie. Les femmes condamnées
à de longues peines se trouvent dans trois établissements - Rennes, Bapaume et Joux-la-Ville - ce
qui pose d'énormes difficultés pour le maintien du lien familial (près de 80 % des femmes
incarcérées sont mères de famille). En prison, la vie privée n'existe pas, mais ce que les détenues
vivent le plus mal, c'est « cette expérience de déresponsabilisation, de négation de leur identité ».
Les sentiments de honte et de culpabilité sont plus forts que chez les hommes et le corps devient
le lieu d'expression de la dévalorisation. A quoi sert la prison pour les femmes ayant commis des
crimes ou des violences sexuelles sur enfants ? Ces femmes ont besoin de soins pour comprendre
ce passage à l'acte, la prison est-elle le lieu approprié ? Certaines femmes ne sortiront pas avant
10 ans, voire 15 ans, comment envisager une sortie et une nouvelle vie, après ce temps
d'enfermement qui les fige dans une identité blessée ? Si l'ensemble de la population pénale est
caractérisée par la pauvreté, la précarité et l'exclusion, c'est encore plus vrai pour les femmes dont
la détresse est toujours plus criante.
Reportage à la Poste-aux-Alouettes, Centre de détention de Joux-la-Ville (Yonne) dirigé par
Eugène Reverbéri.
Avec des témoignages de détenues ; Sœur Marie Paule, visiteuse de prison ; Odile Guillaumin,
psychologue du Relais Parents/Enfants d’Auxerre (il existe en France 16 Relais et près de 50 000
enfants qui vivent loin de leurs parents incarcérés) ; Fabienne Marlière, responsable du Relais
Parents/Enfants ; Anne Derache, assistante sociale (prison de Joux) ; Vincent Claudon, directeur
adjoint, responsable du quartier des femmes ; Annie Renard, animatrice de l’atelier tricot ; Anna
Rochelle, comédienne, chanteuse ; Patricia Castejonc, coiffeuse ; et le personnel de surveillance.