Conceptualisation et adéquation des différents DSM au cours de ces soixante dernières années , une évolution ,traduction de leurs époques ? A.De Nayer 31 MAI 2014 Déclaration d’intérêts 2013 -2014 Advisory Lundbeck Nalmifène Orateur Astra Zenecca Janssens pharmaceutica Classification internationale des maladies 1949, l'OMS publie sa sixième révision du manuel de la Classification internationale des maladies (CIM) : Première inclusion d’ une section des troubles mentaux. DSM I et II 1952-1968 Le flou des diagnostics est apparu aux États-Unis comme un problème grave en 1941, lors de la mobilisation : les psychiatres n’arrivaient à ranger dans leurs catégories habituelles que 10 % des personnes mentalement perturbées. Dans le même temps, les . recherches — notamment des études épidémiologiques — butaient sur l’absence de catégories clairement définies, les scientifiques éprouvaient des difficultés à échanger des données . Pour remédier à cette situation, l’American Psychiatric Association (APA) a publié en 1952 un manuel présentant 106 catégories clairement définies : le DSM-I. Le premier DSM (DSM-I) 1952, Diagnostique 60 pathologies différentes. Un outil imparfait mais nécessaire Dans les années qui suivirent, plusieurs recherches ont porté sur le degré de concordance des diagnostics psychologiques émis par différents thérapeutes sur les mêmes patients. Par exemple : Aaron Beck et coll. ont demandé à quatre psychiatres d’un hôpital universitaire de diagnostiquer 153 patients. L’accord n’a été que de 70 % pour la distinction entre psychose et névrose, et encore beaucoup plus faible pour toutes les autres catégories (par exemple, 38 % d’accord pour « trouble de la personnalité ») Un outil imparfait mais nécessaire Dans les années qui suivirent, plusieurs recherches ont porté sur le degré de concordance des diagnostics psychologiques émis par différents thérapeutes sur les mêmes patients. Par exemple : Aaron Beck et coll. ont demandé à quatre psychiatres d’un hôpital universitaire de diagnostiquer 153 patients. L’accord n’a été que de 70 % pour la distinction entre psychose et névrose, et encore beaucoup plus faible pour toutes les autres catégories (par exemple, 38 % d’accord pour « trouble de la personnalité ») La deuxième édition du DSM (1968) Plus précise et en accord avec la 8e révision de la Classification Internationale des Maladies (CIM). Elle n’en restait pas moins décevante et fort critiquée. Par ex:Robert Kendell et coll. ont demandé à 5 psychiatres anglais et 3 américains de diagnostiquer des patients (trois Américains et cinq Anglais) après vision des entretiens en vidéo. Un des patients a été étiqueté schizophrène par 69 % des Américains et 2 % des Anglais . Pour un autre patient : 85 % versus 7 %. Le diagnostic :déterminé davantage par la nationalité des psychiatres que par l’état des patients ! . La deuxième édition DSM-II 1968 Diagnostique 145 pathologies différentes. Ces deux premières éditions du manuel : très fortement influencées par la psychopathologie psychanalytique. : -deux formes majeures de troubles , psychoses et névroses. - Insistance sur la dynamique, le sens et l'intensité des troubles, l'origine relevaient d'un conflit intrapsychique Le DSM-II fut déjà l'objet de nombreuses controverses. Un des exemples les plus cités : La nature pathologique de l'homosexualité, retirée du manuel diagnostique au cours d'un vote parmi les membres de l'APA en 1973, suite à trois années des pressions (manifestations, etc.) d'associations représentant les homosexuels. DSM-III (1980) Publié par une équipe dirigée par Robert Spitzer au service de l’APA . Depuis le DSM a pris le tournant actuel , athéorique pour les uns, comportementaliste et antipsychanalytique pour les autres. La personnalité complexe de Robert Spitzer a joué un grand rôle ,ancien adepte des théories de Wilhelm Reich, autoritaire et déterminé à donner au DSM-III la forme qu'on lui connaît maintenant . Robert Spitzer -1932 P En psychanalyse comme enfant puis comme adolescent. Avant de devenir médecin, il a été l'un des utilisateurs des « accumulateurs d'orgone » selon les théories de Wilhelm Reich. Après un usage répété de cette technique, il s'est montré déçu et a écrit un article contre cette méthode, réutilisé plus tard par la FDA dans le dossier d'accusation de Wilhelm Reich Dans les années 1970 devenu psychiatre, déçu par la psychanalyse, cette approche « où l'on ne faisait rien » Il se tourne vers le béhaviorisme pour ensuite s’ intéressé à la dépression puis aux classifications psychiatriques qui ont fait et sa renommée et l'ont exposé aux critiques des « anti-DSM ». En introduction au DSM-III, Spitzer citait Alice au pays des merveilles : « À quoi leur sert d'avoir des noms, demanda le Moucheron, s'ils ne répondent pas à ces noms ? - À eux, ça ne leur sert à rien, dit Alice, mais c'est utile, je le suppose, aux gens qui les nomment. Sinon, pourquoi les choses auraient-elles des noms ? ». Spitzer a pris une part importante dans la déclassification des homosexualités comme troubles mentaux après des négociations ardues et sous la pression de mouvements homosexuels. 1. ↑ WILHELM REICH AND ORGONE THERAPY THE STORY OF ROBERT L. SPITZER’S PAPER, ‘AN EXAMINATION OF WILHELM REICH’S DEMONSTRATIONS OF ORGONE ENERGY’ Robert L. Spitzer, M.D. - New York State Psychiatric Institute • ↑ Malick Briki: Psychiatrie et homosexualité: Lectures médicales et juridiques de l'homosexualité, Ed: Presses Univ. Franche-Comté, 2009, (ISBN 978-2-84867-251-9) • ↑ R.l Spitzer, P.T. Wilson: Classification and nosology in psychiatry and the diagnostic and statistical Manual of American Psychiatric Association, (supprimé dans l'édition suivante, cité par Christopher Lane) • ↑ Son premier travail refusé à la publication par l'American Journal of Psychiatry Rupture radicale avec le DSM-II Purement empirique, détaché de toute théorie, et surtout des théories psychanalytiques. Vise à ramener les pathologies psychiatriques aux pathologies somatiques dont, pour les auteurs , elles ne devaient plus se démarquer Repose sur un modèle biomédical . Evacue toute considération sur l'étiologie des troubles psychiatriques. La différenciation classique névrose vs. psychose s'estompe, l'hystérie est démantelée en plusieurs catégories diagnostiques, de nouvelles catégories comme l'état de stress posttraumatique ou le trouble de la personnalité multiple font leur apparition. Les catégories sont définies par des critères diagnostiques quantitatifs dans le but d'augmenter la fiabilité du diagnostic et sa reproductibilité. . DSM-III (1980) La méthode retenue par l'équipe de Spitzer , quoique vivement contestée par les psychiatres et psychologues cliniciens adeptes d'une psychopathologie raisonnée , a finalement été validée par un vote majoritaire de L’ APA. Pour d'autres, elle réalise ce à quoi la psychiatrie n'avait jamais pu aboutir , une unification des critères diagnostiques . Le DSM était destiné seulement aux psychiatres américains...au départ . La troisième version a connu un succès international inattendu. En peu de temps, elle a été traduite en treize langues, dont le chinois et le japonais. À partir de cette édition, le DSM est devenu la référence du vocabulaire psychopathologique pour les psychiatres et les psychologues d’orientation scientifique, quand bien même ils estimaient bon nombre de diagnostics discutables DSM-III-R 1987 292 diagnostics en 567 pages. Sous la direction de Spitzer. Les sont changements significatifs dans lescatégories critères ont étérenommées, effectués. réorganisées, et des Six catégories ont été supprimées et les autres ont été mises à jour. Les diagnostics controversés tels que les dysphoriques prémenstruels et troubles de la personnalité masochiste ont troubles été considérés. « catégorie Troubles de sexuelle » a été supprimé, maisnon-spécifiés est inclus, parmi d'autre, dans la desl'identité troubles de la personnalité autrement . DSM-IV (1994) ] Il reconnaît 410 troubles psychiatriques. DSM-IV-TR Dernière version du(2000) DSM-IV : révision mineure . Prolonge et approfondit le travail entamé avec le DSM-III Les catégories de diagnostics et la vaste majorité des critères pour les diagnostics ont été inchangées . Les sections textuelles donnant une information supplémentaire sur chaque diagnostic ont été mises à jour dans l'ordre de maintenir une cohérence avec le CIM. Précautions Le DSM-IV-TR explique que soncontenu. utilisation sans compétence médicale peut conduire à une application inappropriée de son DSM-IV un système de classification catégoriques. Les catégories sont des prototypes ,un patient possédant une approximation proche du prototype est dit comme possédant ce trouble. Chaque catégorie de troubles possède un code numérique tiré de la liste de codes CIM-10, utilisé pour des buts administratifs du service (incluant l'assurance) de la santé. Le DSM-IV Afin de permettre d'analyse incluant :une approche globale et intégrative , il rend systématique l'approche axiale des patients selon cinq axes 1.Pathologies psychiatriques caractérisées, troubles développementaux et de l'apprentissage, addictions et intoxications 2.Troubles de la personnalité et retard mental 3.Pathologies autres que psychiatriques ou neuropsychiatriques. Il est également question d'affections médicales générales 4.Problèmes psychosociaux et environnementaux altérant le fonctionnement ou secondaires aux symptômes 5.Échelle de fonctionnement global Le DSM-IV Une section est consacrée aux troubles habituellement diagnostiqués pour la première fois pendant la petite enfance, l'enfance ou l'adolescence. Les troubles qui peuvent débuter à tout âge (y compris chez les jeunes) sont décrits dans la section générale. Le nombre minimum de symptômes par diagnostic, la fréquence et la durée des symptômes sont des données quantitatives. Dans une certaine mesure, elles intègrent la notion dimensionnelle de déviation par rapport à une norme. À la différence de la « classification dimensionnelle des organisations psychologiques ou des classifications psychanalytiques, le DSM-IV individualise des entités diagnostiques fréquemment associées, comme les troubles anxieux et dépressifs. ( notion de concomitance. ) Le DSM-IV : Un Système multiaxial à 5 axes Les troubles communs de l'Axe I incluent dépression, troubles anxieux, trouble bipolaire, TDA, troubles du spectre autistique, anorexie mentale, boulimie et schizophrénie. Les troubles communs de l'Axe II incluent les troubles de la personnalité : trouble de la personnalité paranoïaque, trouble de la personnalité schizoïde,trouble de la personnalité schizotypique, trouble de la personnalité borderline, trouble de la personnalité antisociale, trouble de la personnalité narcissique,trouble de la personnalité histrionique, trouble de la personnalité évitante, trouble de la personnalité dépendante, névrose obsessionnelle et retard mental. Les troubles communs de l'Axe III incluent les lésions cérébrales et autres troubles médicaux et/ou physiques qui peuvent aggraver les maladies existantes ou symptômes présents similaires aux autres troubles. Critiques DSM-IV se prétend athéorique et dégagé de tout ce qu'il considère comme des points de vue non-fondés scientifiquement. Les psychanalystes pour qui le symptôme est l'expression déplacée et/ou « symbolique » d'un trouble et d'une angoisse en partie inconscientes réfutent le point de vue exclusivement descriptif des DSM. Ils considèrent qu'établir des statistiques fiables sur des troubles dont seul le côté visible est pris en compte sont pour le moins sujettes à caution et que c'est promouvoir sciemment la méconnaissance de l'origine des troubles en cause. Les psychiatres de tradition française organo-dynamique ( Henri Ey ) ou d'approche tirée de la phénoménologie] s’ opposént à la vision réductrice du manuel qui tend à esquiver toute réflexion tirée d'une clinique et d'une psychopathologie élaborée. Les manuels avaient pour ambition de fédérer les points de vue, parfois opposés et contradictoires en matière de troubles mentaux. Ils n'y sont parvenus que pour un nombre très faible de maladies qui, pour la plupart, faisaient déjà l'objet de consensus. Développement 1999 Conférence de recherche le DSM–5, National Institute of Mentalsur Health (NIMH),sponsorisée par l'APA et le But établir priorités. Six différents groupes de chercheurs se focalisent chacun sur des un sujet : Nomenclature Neuroscience et génétiques, Diagnostics et problèmes développementaux, Relationnels et de la Personnalité, Handicap et troubles mentaux, Problèmes interculturels. Développement du DSM-5 Sous supervision de L’APA . La rédaction de l'ouvrage est effectuée par 28 membres , expérimentés en recherches, soins cliniques, biologie, génétiques, statistiques, épidémiologie, santé publique et dans la défense des consommateurs. Dans chaque catégorie de diagnostics, les troubles généralement diagnostiqués durant l'enfance sont listés en premier La nouvelle organisation des chapitres vise également à rapprocher davantage les domaines de diagnostics qui semblent liés. Avant même sa publication, le DSM-5 est hautement critiqué et fait l'objet de polémiques. .. Le DSM-5 18 mai 2013 [ En développement, a étédébut exposée ligne pour discussionelle depuis 2010sur le site de l'APA Une première version était en Nombreux changements, incluant des suppressions proposées dans la section schizophrénie. L'APA possède un site de développement officiel des versions antérieures au DSM-5. Sa parution est l'objet d'appréciations diverses, voire de controverses DSM 5 Modifications majeures :Schizophrénie Troubles retirés de la 5e édition : •295.30 Schizophrénie - Type paranoïde •295.10 Schizophrénie - Type désorganisé •295.20 Schizophrénie - Type catatonique •295.90 Schizophrénie - Type indifférencié •295.60 Schizophrénie - Type résiduel •297.3 Trouble psychotique partagé . Troubles majeure de la personnalité: Une reconceptualisation Approche dimensionnelle plutôt de que dite le catégorielle, en vigueur depuis l'apparition des troubles la traditionnelle, personnalité dans DSM-III (1980). Bien que d'alternative prometteuseàl'approche a été mise en section 3 du DSM-5, en guise l'approchedimensionnelle catégorielle, toujours préconisée. La catégorisation dimensionnelle se distingue nettement de celle catégorielle : les trois regroupements (clusters) ont disparu de même que quatre troubles types, soit le Trouble de la personnalité schizoïde, le Trouble de la personnalité paranoïaque, le Trouble de la personnalité histrionique et le Trouble de la personnalité dépendante. La catégorisation alternative offre donc six diagnostiques prototypiques : •Trouble de la personnalité schizotypique •Trouble de la personnalité borderline (limite) •Trouble de la personnalité antisociale •Trouble de la personnalité narcissique •Trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive •Trouble de la personnalité autre - Spécifié à partir des traits Trouble bipolaire Création d'une catégorie spécifique pour le trouble bipolaire et les troubles reliés (auparavant classés dans les troubles de l'humeur avec la dépression) qui sont placés immédiatement après les troubles du spectre de la schizophrénie et les autres troubles psychotiques. Trouble Hypersexualité: Nouvelle catégorie. Majeure partie du temps utilisée pour les accomplissements sexuels, utilisation du sexe en compensation de la déprime ou du stress, efforts répétés mais infructueux pour contrôler ou réduire de façon significative ces fantasmes, etc.). Persiste durant six mois ou plus, Spécifie et désigne le(s) comportement(s) problématiques liés aux cas suivants : masturbation, pornographie, cybersexe, etc Le terme de «trouble hypersexualité» a été choisi car il ne désigne aucune cause (connue) de l'hypersexualité. Addiction sexuelle a été rejetée par l'APA.. S’applique à, parmi d'autres conditions, «un désarroi découlant d'un mode de relations sexuels répétitives impliquant une succession de partenaires sexuels que l'individu ne perçoit que comme des objets dont on se sert» Rôles et Dérives des diagnostics Certains diagnostics traduisent fonction de contrôle social et de Samuel une A. Cartwright répression.,signature deSamuel leurs époques . Adolphus Cartwright médecin pratiqua ◦ • dans le Mississippi et la Louisiane durant la période avant la guerre de Sécession. Wikipédia ◦ • Ex : « drapétomanie » (du latin drapeta, esclave fugitif), la manie « irrationnelle » des esclaves de vouloir s’enfuir. Inventée en 1851 par le médecin américain Samuel Cartwright, dans son rapport d’une enquête sur les coutumes des esclaves noirs. La thérapie était simple : l’amputation des gros orteils, qui rend impossible la course à pied. The myth of mental illness (1961), The myth of psychotherapy (1978. Thomas Szasz, Les diagnostics psychiatriques des leconstructions culturelles, qui Thomas Stephen Szasz, né Tamássont István Szász 15 avril 1920 à Budapest, et mort le 8 septembre 2012, est un psychiatre et ont pour fonction le contrôle d’individus déviants professeur émérite de psychiatrie hongrois à l’Université de New York à Syracuse. Thomas Szasz, fut psychanalyste avant de devenir un des leaders de l’antipsychiatrie. Du mésusage des catégories psychopathologiques Ex : argument ad hominem pour discréditer une théorie . Freud a fait un usage abondant de cette stratégie. En attribuant des diagnostics à des dissidents et des opposants, , Hirschfeld Magnus né le 14 mai 1868 à Kolberg, , mort le 14 mai 1935 à Nice, médecin allemand, sexologue, et l'un des père fondateurs des mouvements de libération homosexuelle. Homosexuel Wilhelm Stekel Né le 18 mars 1868 à Boian en Bucovine, décédé le 25 juin 1940 à Londres, médecin, psychologue et psychanalyste autrichien, disciple de Sigmund Freud. PERVERS Eugen Bleuler Eugen Bleuler, né à Zollikon le 30 avril 1857 et mort dans la même ville le 15 juillet 1939, psychiatre suisse.connu pour avoir inventé et introduit dans le vocabulaire psychiatrique les termes de schizophrénie et d'autisme. Homosexuel Obsessionnel Sándor Ferenczi, Psychanalyste hongrois né le 16 juillet 1873 à Miskolc et décédé le 22 mai 1933 à Budapest, Psychotique Paranoiaque Alfred Adler, Né le 7 février 1870 , près de Vienne, et mort le28 mai 1937 à Aberdeen, médecin et psychothérapeute autrichien d'origine juive (en 1904, convertit au protestantisme). Il est le fondateur de la psychologie individuelle Paranoiaque Sadique Otto Rank Naissance : 22 avril 1884, Vienne, Décès : 31 octobre 1939, New York, Psychologue et psychanalysteNévrosé juif d'origine autrichienne. Psychotique Carl Jung 26-Jul-1875 Kessewil, Switzerland 6-Jun-1961 Névrosé Erich Fromm Né à Francfort le 23 mars 1900 , mort à Locarno le 18 mars 1980, psychanalyste humaniste américain d'origine juive allemande. « Les staliniens démolissent la réputation des opposants en les qualifiant d’espions et de traîtres. Les freudiens le font en les traitant de “malades mentaux” Pour les troubles mentaux Il convient, d’en rester à des catégories descriptives, tant que leurs causes ne sont pas clairement démontrées, la façon de conceptualiser les troubles demeure en principe toujours discutable. De plus, beaucoup de troubles sont manifestement liés à un contexte culturel et à la diffusion de conceptions psychologiques. Ils apparaissent dans une région à une époque, pour ensuite se réduire ou disparaître. Exemple le « trouble personnalité multiple » : apparu à la fin du XIXe siècle (à la faveur de pratiques hypnotiques), devenu une épidémie aux États-Unis et aux Pays-Bas dans les années 1980-90, est aujourd’hui en voie de disparition. Jusqu’au début du XXe siècle, les médecins utilisaient un petit nombre de catégories . Freud s’en tenait à une dizaine : neurasthénie, paranoïa, perversions (homosexualité, pédophilie, sadisme, etc.), névroses hystérique, phobique, obsessionnelle, narcissique, traumatique, de caractère. Kraepelin,distinguait les psychoses exogènes (troubles du métabolisme et d’infections, démence précoce, tumeurs cérébrales) et les psychoses endogènes (folie maniacodépressive, paranoïa, psychose d’involution, etc.) Les significations sont devenues de plus en plus floues Les utilisateurs de ces termes devenant de plus en plus nombreux à travers le monde Exemple le plus typique l’« hystérie » Thomas Sydenham médecin anglais. 1624, -1689, : . Énumérer simplement tous les symptômes de l’hystérie serait un travail de longue haleine tant ils sont nombreux. Ils sont non seulement nombreux mais aussi polymorphes par leur genèse et différents de ceux des autres maladies. C’est un farrago de phénomènes désordonnés et irréguliers XVIIe siècle, Thomas Sydenham: Au XIXe siècle, la description de l’hystérie, considérée alors comme « la reine des névroses », occupait jusqu’à 40 pages dans certains ouvrages médicaux. Le mot a fini par perdre toute spécificité. DSM 5 On reproche notamment au DSM-V de «médicaliser les soucis de la vie quotidienne». Plusieurs n’hésitent pas à parler de «fabrique de fous». Cela suscite de vives inquiétudes que nous dénonçons depuis de longues années la médicalisation à outrance des problèmes psychosociaux. National Institute of Mental Health Se distance tout d’abord du DSM. «Les patients souffrant de troubles mentaux méritent mieux», a écrit l'organisation,pour ensuite tempéré ses propos « le DSM représente «la meilleure information actuellement disponible pour le diagnostic clinique des troubles mentaux». Utilisé notamment par les assureurs pour déterminer les traitements qui seront remboursés, le DSM influence la pratique des psychiatres du monde entier. Ses défenseurs font valoir que le DSM n'est pas un catalogue que le grand public doit éplucher pour se trouver des problèmes, mais un outil destiné aux spécialistes pour les aider à détecter un ensemble de symptômes. Plusieurs psychiatres soutiennent aussi que l'introduction de nouveaux troubles dans le DSM-5 permettra d'établir des diagnostics moins graves . Allen Frances professeur émérite de psychiatrie à la Duke University de Durham Caroline du Nord Critique actif du DSM-5, prévoyait une pandémie de diagnostics psychiatriques avec le nouveau manuel.Il a participé aux précédentes révisions : «Avec le DSM-IV, en 1994, nous avons contribué à créer – plusieurs épidémies.» Aux USA les cas de troubles bipolaires auraient doublé, . .Un des principaux défauts du DSM 5 est de médicaliser les «soucis de la vie de tous les jours».. Grandeur et décadence du DSM. Psychiatrie Sciences humaines et Neurosciences, 2012;2:21-7. Au cours des vingt dernières années, le taux de troubles bipolaires chez l’enfant a été multiplié par 40, d’autisme par 20. Les diagnostics de trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité ont triplé, Les prescriptions médicamenteuses sont devenues incontrôlables, 20 % des adultes américains prennent un psychotrope, 4 % des enfants un stimulant, 4 % des adolescents un antidépresseur. Plus d'images ◦ Plus d'images Selon des études citées par Allen Frances, 50% des Américains et 43% des Européens remplissent déjà au moins une fois au cours de leur vie les critères correspondant à un diagnostic psychiatrique. Le risque est que le DSM-5 fasse basculer une majorité de la population de l’autre côté de la nouvelle frontière de la santé mentale. Conséquence paradoxale ??? Etre déprimé est aujourd’hui beaucoup mieux accepté qu’il y a une trentaine d’années, parce que tout le monde a une fois traversé une phase de dépression ou connaît quelqu’un qui en a traversé une.» « si de nombreuses personnes reçoivent un diagnostic psychiatrique, la stigmatisation de ces troubles diminuera - t ‘elle ? » Wulf Rössler professeur émérite de psychiatrie sociale Zurich, «Il est peut-être temps de reconnaître que les problèmes mentaux font partie de la vie et de la nature humaine. » «Peut-être que ça aidera certains à être plus libres par rapport à leur psychisme, relève Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse. Mais j’ai l’impression que cela dévalorise en même temps le diagnostic de ceux qui souffrent vraiment.» « si plus de 50% de la population correspond à un diagnostic, c’est que l’on psychiatrise des problèmes qui n’ont pas lieu de l’être. Ou alors il faut se poser certaines questions : «Est-ce le fonctionnement de notre société qui est inadéquat? Doit-on revoir notre mode de vie ? » Que penser du DSM-5 et des critiques à son encontre ? Il y a une volonté d'intégrer les connaissances en neurosciences (génétique, imagerie cérébrale), pas directement dans les critères, car il n'y a pas encore de marqueurs biologiques des maladies mentales, mais dans la logique des catégories. Cette nouvelle version n'est pas parfaite, mais il y a une certaine mauvaise foi dans les critiques. D'abord, il n'y a pas une inflation de nouvelles pathologies, il y a eu aussi des suppressions, des réorganisations, donc le nombre total n'a pas bougé. Le DSM référence aux USA Non seulement pour la recherche et l’épidémiologie, mais aussi en matière de tarification, d’avantages sociaux, de programmes thérapeutiques, de remboursements des soins, de procédures médicolégales Il a ainsi fallu supprimer du DSM-III révisé le trouble personnalité multiple introduit dans le DSM-III devant l’épidémie de cette fausse maladie et en raison des procès en chaîne que la reconnaissance officielle de cette supercherie a permis . Borch-Jacobsen M. Folies à plusieurs, de l’hystérie à la dépression, « Une boîte noire nommée Sybil »,Paris : Seuil, Les Empêcheurs de penser en rond, 2002:111-68. Une différence d’approche Les Américains ont une clinique sémiologique, très précise quant au recueil des symptômes. La nôtre est plus phénoménologique, plus proche du vécu subjectif des patients. Aux USA, à cause des assurances, les psychiatres doivent renseigner précisément ce qui s’est passé: . Certains collègues US ont pensé qu’il y avait là une opportunité a des «découvertes .» Certaines firmes pharmaceutiques ont pu également ajouter leur grain de sel en voyant de nouveaux marchés. La révision du DSM-5 serait un processus continu promesse de l’ APA En outre Hansen et ses collègues proposent qu'un groupe indépendant : Suive les données sur les variations dans les diagnostics psychiatriques Coordonne la recherche sur les causes institutionnelles, sociales et culturelles de ces variations Serve de médiateur dans les controverses scientifiques sur les patterns de diagnostics et leurs causes Emettent des recommandations de changements spécifiques au DSM-5. Accusations de conflits d’intérêts financiers avril 2006 1/3 des experts du DSM-IV ont eu ou ont des liens financiers avec l'industrie pharmaceutique. Catégories d’« intérêts financiers » : 1/ honoraires 2/Détenir des actions dans une compagnie pharmaceutique, 3/ Direction d’une startup, 4/membres du comité scientifique ou du conseil d’administration d’une entreprise pharmaceutique, 5/Etre expert pour un litige mettant en cause une compagnie pharmaceutique, 6/Détention d’ un brevet ou un droit d'auteur, 7./Avoir reçu des cadeaux d’une compagnie pharmaceutique ( des voyages, des subventions, des contrats et du matériel de recherche.) Conflits d’intérêts financiers Les « Troubles de l’humeur » et « Schizophrénie et autres troubles Parmi les 170 membres des panels du DSM, 95 (56 %) présentaient psychotiques au moins un des onze » sont les types de liens financiers possibles avec une compagnie de l’industriedeux pharmaceutique. principales catégories pour chez Dans 6 commissions sur 18, des liens avec l’industrie pharmaceutique ont été trouvés lesquelles un traitement plus de 80 % des membres. psychotrope est Ces liens concernent 100 % des membres du groupe de travail habituellement proposé, « Troubles de l’humeur » (n = 8) La transparence en ce domaine devient « Schizophrénie et désordres psychotiques » (n = 7), cruciale lorsque les liens 81 % du groupe « Troubles anxieux » (n = 16), financiers entre 83 % du groupe « Troubles de l’alimentation » (n = 6), chercheurs et industrie pharmaceutique 88 % du groupe « Troubles kinesthésiques liés à la prise de médicaments » (n = 8) sont 83 % du groupe « Troubles dysphoriques prémenstruels » (n = 6) stables et multiples. DSM-5, le manuel qui rend fou LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 13.05.2013 Controverses : Depuis la troisième édition..... Objet de critiques de la part des psychiatres et psychologues cliniciens référent de la Psychiatrie : DSM-5, le manuel qui rend fou psychopathologie psychanalytique . LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 13.05.2013 à 17h35 • Mis à jour le 17.05.2013 à Ancien directeur du DSM, Boris Cyrulnik, critique ce qu’il a lui-même cautionné : «pour satisfaire l’industrie pharmaceutique, les experts font du disease mongering, en recyclant et renommant d’anciennes maladies, ils inventent des maladies douteuses, appelées vaguement « troubles » pour la plupart « Le psychanalyste Jean-François Coudurier le considère comme relevant de la pseudoscience Controverses Tant à sa sortie qu'actuellement, l'orientation se voulant « athéorique » du DSM-IV a provoqué des violentes polémiques tant en Europe qu'aux États-Unis Un article de la revue Prescrire met à nouveau en cause le manque de sérieux et l'arbitraire des rédactions des DSM et indique que de plus en plus de spécialistes prévoient le pire pour la prochaine version, le DSM-5. De nouvelle pathologies « inutiles et dangereuses » exploitées par les firmes pharmaceutiques pour des indications hasardeuses, notamment les neuroleptiques atypiques pour des troubles anxieux, etc. L'article mentionne aussi l'abaissement de seuils de diagnostic, toujours dans la même dynamique commerciale. Il poursuit sur le constat d'une « vision étriquée » de spécialistes disparates. En conclusion, le DSM-5 leur apparaît comme « une combinaison dangereuse de diagnostics non spécifiques et imprécis, conduisant à des traitements d'efficacité non prouvée et potentiellement Chacune des éditions du DSM est dominée par l’esprit du temps et repose sur les théories en vogue lors de son élaboration. Le DSM-I mettait en avant la notion de réaction, défendue par le principal théoricien de l’époque, Adolf Meyer. Le DSM-II était d’essence psychanalytique, en pleine expansion dans les années 1950-1960. Le DSM-III et DSM-IV se sont voulus « athéoriques » En réalité, le DSM-III sanctionnait l’échec de la psychanalyse dans sa prétention à s’ériger en système dominant tant sur le plan psychopathologique que dans le domaine thérapeutique. Il laissait de ce fait une place privilégiée aux théories concurrentes, principalement les approches cognitivo-comportementales et biologiques. Le DSM-5 se voulait en rupture avec ses prédécesseurs. L’ambition affichée était grande mais illusoire (ou trop précoce !) étant donné l’état actuel des connaissances : fonder la nosologie psychiatrique sur des bases scientifiques solides, Neurobiologiques principalement. Il sera finalement dans la ligne des précédents, avec des changements assez mineurs . De plus, les études de terrain pour tester la fiabilité des quelques nouveautés introduites par le DSM-5 n’ont pas pu être menées à leur terme faute de temps. Bernard GrangerHôpital Tarnier (AP-HP), 75006 Paris, France. [email protected] Aucun des changements proposés par les différents DSM ne se fonde sur des travaux épidémiologiques ou scientifiques solides Ils résultent d’un consensus et s’opèrent sous l’influence des auteurs en charge du processus de rédaction John Strauss (entretien). La réalité échappe aux manuels de psychiatrie. Books 2011;19:40 John Strauss Né en 1932, à Cleveland, John Strauss a été l’ étudiant du psychologue Jean Piaget à Genève, avant de retourner aux États-Unis où il s ’ est établi comme psychiatre, à New York. Il a participé à de nombreuses études sur la schizophrénie et publié plus de 200 articles dans des revues scientifiques. «La perpétuelle révision des classifications depuis 1980 finit par lasser.» « Les psychiatres ont un complexe à l’égard des sciences exactes.Ils aspirent à faire de la science alors qu’ils n’en ont pas les moyens ». « Les nosologies comme le DSM sont nécessaires pour que les psychiatres aient des repères et parlent la même langue, mais elles ne rendent pas plus compte des maladies mentales que les plantes séchées et collées dans un cahier ne décrivent la nature » La question principale Les termes utilisés pour nommer les troubles mentaux désignent-ils-une « réalité objective » ou sont-ils seulement des constructions intellectuelles? Raison de cette interrogation : sauf rares exceptions comme les états confusionnels, aucun examen complémentaire ne contribue au diag nostic positif, qui est donc clinique. Il se fonde sur les observations du comportement et les éléments principalement verbaux apportés par le patient et son entourage. Intérêts •Permet • la constitution d’un langage commun chez les cliniciens •des recherches pour saisir la fréquence et l’ étiologie d’un trouble •de prendre des mesures de santé publique. •Reste • un instrument de mesure et non un vade mecum BUT Homogénéiser les diagnostics au maximum en utilisant des items les moins subjectifs possibles afin que les praticiens et les chercheurs puissent parler des mêmes maladies Le DSM est devenu. incontournable On peut regretter que des professionnels de la santé mentale l’ignorent ou le rejettent, généralement pour de mauvaises raisons, tandis que d’autres en font la Bible de la psychiatrie. Le DSM est actuellement la meilleure catégorisation psychopathologique, mais n’en reste pas moins indéfiniment discutable et amendable. DSM Conclusion Le DSM-IV se veut International , athéorique et purement descriptif. Il est un « catalogue » des pathologies mentales.. Un instrument de communication Ne doit pas être un manuel d’enseignement . Description statique des maladies non dynamique » Nécéssaire lorsque la subjectivité,propre au champs d’investigation de la psychiatrie est interpellée Une Classification laissant place à toutes démarche éthiopathogénique Tel l’Esperanto : ubiquitaire tout en n’appartenant à aucune idéologie MERCI de votre aimable attention