LE DSM-5,
UNE INQUIÉTUDE
FRANÇAISE
Le Manuel diagnostique et sta-
tistique des troubles mentaux vient de
faire peau neuve. La cinquième édi-
tion de cette classification américaine
très influente en psychiatrie, plus
connue sous le sigle DSM1, est parue
en mai 2013. Si la première édition
réalisée après-guerre, le DSM-I, n’était
qu’un simple document réservé aux
usages administratifs des psychiatres
américains, le DSM-III, publié en
1980, avait opéré une véritable révo-
lution en incorporant, pour la pre-
mière fois dans l’histoire de la psy-
chiatrie, des critères cliniques très
détaillés pour chaque trouble mental
recensé.
Par la suite, les DSM-III-R, IV et
IV-TR, respectivement publiés en
1987, 1994 et 2000, avaient consa-
cré la domination de cette classifi-
cation dans la recherche psychia-
trique mondiale, au point d’influencer
la forme et le contenu de la Classifi-
cation internationale des maladies
de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS).
De nouvelles maladies,
une orientation
inchangée
Près de vingt ans après sa der-
nière révision majeure, cette nou-
velle édition officielle du DSM était
donc très attendue. Pour marquer le
coup, les psychiatres américains ont
abandonné le chiffrage romain : on
écrit désormais DSM-5, ce qui per-
mettra de planifier plus régulière-
ment des révisions intermédiaires
(DSM-5.1, DSM-5.2, etc.).
À quoi ressemble le nouveau
DSM ? Disons à un gros traité de psy-
chiatrie (947 pages) qui ordonne tous
les diagnostics en fonction de l’âge du
début du trouble et de la proximité
des profils cliniques. Pour chaque
trouble recensé, on trouve une liste de
critères diagnostiques, un long texte
explicatif qui justifie ces critères,
puis un ensemble de caractéristiques
cliniques et épidémiologiques (la pré-
valence, le sex ratio, les facteurs de
risques, l’évolution du trouble, les
différences culturelles à prendre en
compte, etc.).
Par rapport au DSM-IV, quelques
nouvelles étiquettes ont fait leur
entrée dans la classification : la syl-
logomanie (ou accumulation com-
pulsive d’objets), la dermatillomanie
(ou grattage compulsif de la peau),
l’hyperphagie incontrôlée, le trouble
1. Voir Steeves Demazeux, Qu’est-ce que le
DSM ?, Paris, Ithaque, 2013.
JOURNAL
Juillet 2013 116
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