13-Journal-juillet-2013_Mise en page 1 21/06/13 16:27 Page116 JOURNAL De nouvelles maladies, une orientation inchangée LE DSM-5, UNE INQUIÉTUDE FRANÇAISE Près de vingt ans après sa dernière révision majeure, cette nouvelle édition officielle du DSM était donc très attendue. Pour marquer le coup, les psychiatres américains ont abandonné le chiffrage romain : on écrit désormais DSM-5, ce qui permettra de planifier plus régulièrement des révisions intermédiaires (DSM-5.1, DSM-5.2, etc.). À quoi ressemble le nouveau DSM ? Disons à un gros traité de psychiatrie (947 pages) qui ordonne tous les diagnostics en fonction de l’âge du début du trouble et de la proximité des profils cliniques. Pour chaque trouble recensé, on trouve une liste de critères diagnostiques, un long texte explicatif qui justifie ces critères, puis un ensemble de caractéristiques cliniques et épidémiologiques (la prévalence, le sex ratio, les facteurs de risques, l’évolution du trouble, les différences culturelles à prendre en compte, etc.). Par rapport au DSM-IV, quelques nouvelles étiquettes ont fait leur entrée dans la classification : la syllogomanie (ou accumulation compulsive d’objets), la dermatillomanie (ou grattage compulsif de la peau), l’hyperphagie incontrôlée, le trouble Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux vient de faire peau neuve. La cinquième édition de cette classification américaine très influente en psychiatrie, plus connue sous le sigle DSM1, est parue en mai 2013. Si la première édition réalisée après-guerre, le DSM-I, n’était qu’un simple document réservé aux usages administratifs des psychiatres américains, le DSM-III, publié en 1980, avait opéré une véritable révolution en incorporant, pour la première fois dans l’histoire de la psychiatrie, des critères cliniques très détaillés pour chaque trouble mental recensé. Par la suite, les DSM-III-R, IV et IV-TR, respectivement publiés en 1987, 1994 et 2000, avaient consacré la domination de cette classification dans la recherche psychiatrique mondiale, au point d’influencer la forme et le contenu de la Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 1. Voir Steeves Demazeux, Qu’est-ce que le DSM ?, Paris, Ithaque, 2013. Juillet 2013 116